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Info Info Bulletin N° 3/10 www.musee-armee.ch • Les 180 premiers jours de mon métier de rêve (3) • Histoire des ustensiles de cuisine personnels dans l’armée suisse, partie 1 (5) • Conservation/restauration d’un intégraphe pour la balistique de 1948 (20) Il y a 50 ans: des chars «sud-africains» pour l’armée suisse (26)

Info Bulletin Info - Verein Schweizer Armeemuseum | · • Conservation/restauration d’un intégraphe pour la balistique de 1948 ... teint en un temps de construction si bref

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InfoInfo Bulletin N°3/10 www.musee-armee.ch

•Les180premiersjoursdemonmétierderêve (3)•Histoiredesustensilesdecuisinepersonnels dansl’arméesuisse,partie1(5)•Conservation/restaurationd’unintégraphe pourlabalistiquede1948(20)• Ilya50ans:deschars«sud-africains»pourl’arméesuisse(26)

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Métier de rêve

«Voicilamiseauconcoursdemonfuturem-ploi!» Lorsque j’ai aperçu, dans le bulletin2009VSAMdumoisde septembre, lamiseauconcoursdupostedegérantde laFon-dationHAM,cetteexclamationnondénuéedemodestieest intervenueenprésencedemon épouse. Depuis ce cri du cœur, plusd’uneannéeapassé,dontcinqmois,préci-sément,danscetemploiquiest«monjob».

Iln’estpaspossibled’expliquer,parlaseuleraison, pourquoi l’auteur des présenteslignes a abandonné le métier stable et es-timédegreffemunicipaldanslecantondeNidwald.Maislesouhaitdeliermapassionde connaisseur de la chose militaire à mavieprofessionnelleapesépluslourdquelessobres réflexions. Le désir, également, decréerparmonactionquelquechosedema-gnifiqueentermesdedurabilité,aconstituéunélémentmoteursupplémentairedansmadécision de changer d’emploi. J’ai franchicepaset,depuis, jepuisaffirmeravecfier-té: ma profession et passe-temps préféréne font qu’une et même chose chez moi!

Le 1er mai 2010, j’ai pris à bras-le-corpsle défi de la Fondation HAM. Ce que j’aitrouvé dans mon nouveau poste de travailadépassémesrêveslesplustéméraires.Aucours d’une brève phase d’introduction,mon très méritant prédécesseur s’est en-gagé à me procurer une vue d’ensembleaussi complète que possible des divers tra-vaux à abattre. Mais face au volume exor-bitant du matériel et compte tenu de l’or-ganisation encore jeune qui s’y attèle, ila été indispensable de fixer des priorités.

L’ensembledemonactiviténem’estapparuquelorsque,seul, jesuisdevenuactifàmatabledetravail–oumieux–«surleterrain».

Permettez-moi d’éclairer brièvement lechemin parcouru de la Fondation HAM:c’est l’Association du musée suisse de l’ar-méequi,àvraidire,estàl’originedecettefondation. L’Association ne s’est cepen-dant pas rendue superflue par la créationde sa fondation, bien au contraire! Cetteorganisation est nécessaire pour repré-senter les intérêts de la Fondation HAMet pour lui servir de groupe de soutien.L’Association constitue le fer de lance surle chemin menant à un musée de l’armée.

Inversement, la Fondation représente la«filiale professionnelle» de l’Associationetappuie celle-ciautantque faire sepeut.La répartitiondesmissionset les interfacesentre les deux organisations doivent êtredéfiniesd’unemanièreencoreplusprécise,unetâchequivaêtreempoignéetrèsbien-

ImpressumBulletindesmembresdel’Associationdumuséesuissedel’armée.LebulletincontientégalementlescommunicationsdelaFondationdumatérielhistoriquedel’arméesuisse.Editeur:Associationdumuséesuissedel’armée,casepostale2634,3601ThouneRédaction:HugoWermelinger,[email protected]:GLOBALTRANSLATIONSSàrlencollaborationavecClamaAG

Légende de l’illustration de la page de couverture: Services, ordonnance 1914, voir l’article en page 5

Les 180 premiers jours de mon métier de rêveSpécialiste en armes (h/f, 60-100%)

LaFondationHAMchercheun/unespécialisteenarmespourrenforcersonéquipequicompteactuellement20collaboratricesetcollaborateurs.Votretâcheconsisteenlamiseenœuvreconceptuelleetmatérielledel’ensembleduprocessusd’inventorisationainsiquelasaisieetladescriptionsystématiquesdesdiffé-rentesarmesportatives,armesdepoing,armesautomatiquesetarmesblanches.Dansune phase ultérieure, vous déciderez des modalités de la restauration des armes quis’imposeet,lecaséchéant,vousyprocéderezvous-même.Nousnousadressonsàun/unespécialisteayantbénéficiéd’uneformationartisanaleoutechniqueainsiqued’uneformationcontinueduniveaud’hauteécolespécialisée.Vousmanifestezungrandintérêtpourlesarmeshistoriquesainsiquedel’enthousiasmepourétablirunedocumentationcomplète.Enplus,vousmaîtrisezl’emploiduPC.Leposteestactuellementlimitéàuneduréeminimalede3ans,aveclapossibilitéd’uneprolongationdanslecadred’unchampd’activitésadapté(suiviscientifiquedelacollec-tiond’armesetdestravauxderestauration).Sinousavonséveillévotreintérêt,veuillezadresservotre candidatureà laFondationHAM,M.MartinDudle, casepostale2652,3601Thoune.M.MartinDudle,gérantdeladiteFondation,estàvotredispositionpourrépondreàd’éventuellesquestionspartéléphone,au0796419040.

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tôt.Ainsis’agit-ilparexemplededéfinirlesconditionslégalesdedétentiondumatérielhistoriquedel’armée,demanièreàclarifierla question de la souveraineté sur celui-cilorsdelamiseàjourdelacollection.L’Asso-ciationetlaFondationsauronttoutesdeuxfaire face à leurs tâches sans se disputerleurscompétencesrespectives.

LaFondationHAMestuneentrepriseorga-niséesurlabasedudroitprivé;elledéploieau sein du DDPS une «efficacité discrètemais marquante». Avec nos partenaires ausein du département, nous entretenons enpermanenceunerelationvisantlarecherchede solutions et la coopération. Après tout,la Fondation ne devrait jamais oublier parquielleestfinancée! Je suispersuadéque,grâce à cette manière de penser et d’agir,nouspouvonsgagnerànotrebonnecausetous les groupes d’intérêts importants.

Surlecheminversnotre«grandobjectif»,ilar-rivequelecarcandel’administrationfédéralenousétouffeparfoisunpeu.Mais labonneintégration de notre conseillère et de nosconseillersdefondationdanslapolitique,dansl’administrationetdansl’arméenouspermetfinalement de mener à bien «l’impossible».

Maispassonsmaintenantà lapratique!Ac-tuellement, ils’agitd’acheminervers lacol-lectionlesgrandsmaisaussitrèsintéressantsvolumesdematérielquinesontpasencoretriésouuniquementtriésetmisàjourprovi-soirement.Grâceàl’introductiond’unlogicield’archivageen2011,jesouhaiteêtreenme-suredeprocéderàunimportantpasenavantdanslesensdel’efficacité.L’archivagesysté-matiqueenglobeégalement lanécessitédevérifieretdesaisirànouveaudesinventairesplusanciens.Unobjectifvraimentimposant,comptetenudesdizainesdemilliersd’objets!

La Fondation HAM a été créée de toutespiècesenuntempsrecord.Cequiaétéat-teint en un temps de construction si brefest considérable. Sans les collaboratrices etcollaborateursdelaFondationHAM,touteset toushautementmotivés, sans leConseilde fondation et sans les nombreux autresamis et partenaires, une telle prouessen’aurait jamais été possible. Ce formidableélan des cœurs m’accompagne tout aulong du chemin vers notre grand objectif!

Aurais-je,àl’époqueoùj’aitrouvé,avectantd’aplomb,«monjob»dansleBulletin,réagidemêmesij’avaissucequim’attendait?J’ensuispleinementpersuadéetpuis leprocla-merhautetfort:oui!Mêmes’ilresteénor-mémentàfaire,àmettreenordre,àorga-niser:monpremiersentimentcommequoiils’agissait-làde«monjob»,s’estavérélebon.

MartinDudleGérantFondationHAM

RemarquepréliminaireparHenriHabegger,1ervice-président

Suiteàmonexposédu30octobre2010surlesujet«Delagamelleàlacuisinedecam-pagne»,d’aucunsontexprimélesouhaitquecertainesinformationssoientégalementin-tégréesdansunepublicationetdoncacces-siblesàunpluslargecercled’intéressés.

NotremembreVSAMAlfredKrukquirésideenAllemagneest l’auteurd’une séried’ar-ticlesfouilléssurlesgamellesetlesgourdesdel’arméesuissepubliéedanslarevue«Tanz-bödeler, Magazin für Uniformkunde undMilitärgeschichte».Fortdesonassentiment,j’aimisà jour sesarticlesavec les informa-tionsetlematérieliconographiquelesplusrécents provenant de notre collection dumatériel historique, en vue d’une publica-tion dans notre Bulletin. Compte tenu desonvolume, l’articledoitêtrerépartisur laprésenteetsurlaprochaineédition.

Aprèsmonintroduction,cebulletincontientun article d’Alfred Kruk sur l’histoire desmarmites.Mescomplémentsysontintégrésen italiques. Le matériel iconographique aétécomplété.Ensuite,ontrouveunexposédemaplumesur l’histoiredesservicesper-sonnels.

DansleprochainBulletin,nousvousprésen-terons l’histoiredesgourdesetducouteaumilitaire.

Historique/introduction

Dansl’histoiredelasubsistancedelatroupe,ontrouvelespremiersrèglementsauniveaufédéraldansle«Règlementgénéralmilitairepour la Confédération» du 20 août 1817dont le § 64 retient: «Toutes les troupesappelées au service fédéral sont équipées,par lesarsenauxcantonaux,d’ustensilesdecuisineetdecampagne,conformémentauxdispositionsprescritesparlerèglementàceteffet.»

Dans le«Règlement sur leseffetsetusten-siles de campagne et de campement pourlestroupesfédérales»du18juillet1843,onfixel’attributiondesustensilesparescadron(ordre de grandeur d’une section actuelle)de lamanièresuivante:«Parescadron:unemarmite avec couvercle, un sac à marmiteaveccourroie,unseauàeau,unesoupière,unsacàpain,unepetitehache(appeléeaus-si lahached’escadre)».Deplus,ony règlelesustensilespourlesofficiers.

Dans le «Règlement sur l’habillement etl’équipementdesdifférentesarmesde l’ar-mée fédérale...», édicté en même tempset adopté par la Diète le 8 août 1843, le§139fixaitl’équipementpourlasubsistancede la manière suivante: «Un bon couteaudepocheetunecuiller.Unflacon,avecuncordondebandoulière,decouleuruniformeparcorps.»Onn’avaitdoncpasencorefixédemarmitepersonnelle.

En 1852, le «Règlement sur l’habillement,l’armement et l’équipement de l’armée fé-

Histoire des

ustensiles de cuisine personnels dans l’armée suisse, partie 1

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d’uneforêtclairsemée,creuserdestrousoudestranchéespourlacuisson,leboisdefeuétant souventhumide,et il fallait chercherl’eau loin à la ronde. L’habileté de chacunétait sollicitée.Lacuissonelle-même, l’eau,laviande,leslégumes,toutétaitcompliqué,saleetexigeaitbeaucoupdetemps.Etleré-sultatétaitpresquetoujoursendessousdesattentes.Celanes’étaitquetropmanifestéau coursde laguerre franco-allemandede1870/71.Cesactivités liéesà lapréparationde la subsistance qui demandaient jusqu’àtroisheures,grevaientletempsdereposdela troupe et diminuaient son aptitude aucombat.L’arméeallemandeavaittouchéunemarmiteindividuelle,suiteàl’«Ordregéné-raldecabinet»(AllgemeineKabinetts-OrderAKO)dumoisd’octobre1867.Celle-ciservitd’exempleàlaplupartdesautresmarmitesindividuelles introduites ultérieurementdanslesarméeseuropéennes.Aucoursdelaguerrede1870/71contrelaFrance,cetob-jet,s’étantavéréfacileàmanieretpratique,aétéaccueillifavorablementparlatroupe.Auprintemps1870,l’infanteriek.u.k.aus-tro-hongroise touchaunemarmite selon lemodèle allemand, mais deux hommes de-vaientsepartageruneseulemarmite.

Dans l’armée suisse, on avait observé cedéveloppement. C’est ainsi que le colonelFeiss,plus tard chefd’armede l’infanterie,avaitdéjàsuggéréàcetteépoquel’acquisi-tion de ces marmites. En 1872 et 1874, onneprocéda cependantqu’àdesessais avecunemarmiteselon lemodèleallemand.En1875,laSuisseamalgrétoutintroduit,pourtouteslestroupes,la«gamelleronde1875»(obj.n°2,fig.1et2).(Probablement au vu de la recommandation de 1852 en faveur de ce type de marmite qui était déjà introduite dans de nombreux cantons.) Ce récipientde1,2litre,aveccouvercle,entôleétamée,

danslacolonne«N°obj.»estégalementtou-joursmentionnéedansletexte.

Lesmarmitesdel’arméesuissede1875àcejour

Article d’Alfred Kruk, D-48151 Münster,complétéparHenriHabegger

Lemaintiendelasantéauseind’unearmée,sa capacité à la marche et au combat, sonmoral sont étroitement liés à sa nutrition,enparticulieràlaguerre.Aceteffet,unre-pas chaud par jour était considéré commeindispensable. L’assurerdans le cadrede laguerre a depuis toujours constitué un pro-blèmepourlaconduitedelatroupe.Encam-pagne,l’infanteriepouvaitsebasersurdeuxsourcesdenutrition.Lesvivresetlesusten-silespourlacuisson(marmites,boisdefeu)transportésparcompagniesurlebagagequisuivaitetles«provisionsdebouche»,commeon les appelait à l’époque, sur l’homme,danssonsacàpainousonsacàdos.Leré-seau des communications était insuffisantet mauvais, peu de constructions étaientaménagées.Lebagageétaitatteléetneseprêtait pas au tout-terrain. C’est ainsi qu’ilarrivait souvent qu’à la marche, le bagagese trouvait séparé de son unité. Après unemarcheàpiedouuncombatastreignants,latroupedevaitsereposer,leplussouventversle soir, occuper un bivouac et préparer lanourriture,commelepermettaitlasituationstratégique. Un hameau ou une ferme s’yprêtaientidéalement.Lebagagen’étaitpasàportéedevue,etsonarrivéeincertaine.Onconstituaitunfoyeravecdespierresrassem-blées;uneclôturede jardin réquisitionnée,uneportedegrangeouunearmoireàvête-mentsfournissaient leboissecpour lefeu,et lafontaineoffrait l’eaupotable.Leplussouvent,cependant, ilfallaits’accommoder

dérale»retientau§204:«Touthomme,àpartirdel’adjudantsous-officieretau-des-sous,doitautantquepossibleêtrepourvud’unegamelleindividuelleenferbattuetétamé,aveccouvercle.»

En 1858, le Conseil fédéral a confirmél’introduction de la gamelle et a décidé:«...plusieursCantonsayantdéjàadoptélagamelle individuelle pour leurs troupes,nousnouslivronsàl’espoirquelesautresCantonsimiterontcetexemple.»

En1875, lagamelle rondeentôled’acierétamée, avec couvercle, déjà recomman-dée en 1852, est déclarée d’ordonnance.Ellecorrespondaumodèle introduitdansl’arméefrançaise.Etc’estlàquecommencel’histoire des ordonnances relatives auxustensilespersonnelsde cuisinedans l’ar-mée fédérale; elle s’articule en deux par-ties:

Partie1(Bulletin3/2010) Gamelle/marmiteindividuelle Services

Partie2(Bulletin1/2011) Gourde Couteaumilitaire

Afindenepasdépasserlecadredecetex-posé, nous n’entrons que brièvement enmatièresurlesinnombrablespropositionsetsériesd’essai;cesdernièresserontréser-véesàd’autresrecherchesetàunepubli-cationultérieure.

A la fin de l’article, on trouvera, pourchaque partie, un tableau synoptique ré-capitulant les différentes variantes d’exé-cution corroborées par les sources et/oupar lescollections.L’identificationrelevée

seportaitfixéà l’arrièredu sacàdos. Peuaprès,ons’estrenducomptequ’aveclaga-melleselonlemodèlefrançaisde1842,toutdemêmedésuète,onavaitfaitl’acquisitiond’un ustensile peu pratique. Sa capacitéétait trop restreinte et on renversait tropfacilement son contenu. Il manquait éga-lement un manche. La viande, le café, etc.ne pouvaient être bouillis que l’un aprèsl’autre. Bilan: «Utilisable comme vaisselleenservicedecaserneoudecampagne,peuadaptéentantquemarmite.»Lesinstancesresponsables arrivèrent à la conclusion: «...desinconvénientstrèsgravesvonts’ensuivrepourlasubsistancedelatroupe...»

Fig. 1: Gamelle ordonnance 1875

Fig. 2: Dessin de la gamelle ordonnance 1875

A la fin des années 70, une commission seréunitsouslaprésidenceducolonelRudolf,

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Fig. 3: Marmite individuelle ord, 1882

Infanterie (avec étiquette du modèle)

Fig. 4: Dessin de la marmite individuelle ord, 1882

Infanterie

Fig. 5: Marmite individuelle ord, 1882

Cavalerie (avec étiquette du modèle)

guèrecouronnésdesuccès,carlesfantassinsutilisèrent ce nouvel ustensile de manièremalhabile. De toute évidence, on les avaitmal instruits. Les essais amenèrent cepen-dant un changement. Le bord du fond ducouvercle fut modifié, c’est-à-dire dégradéversl’intérieurcequipermettaitdechauffersur lefeu lagamelleavecsoncouvercle, lapremièreétantplacéedanslesecond.Cettepossibilitén’étaitpasoffertepar lesautresgamelles. Dorénavant, cet ustensile étaitdécoupéenuneseulepiècedeferblanc.Lacavalerieavait,concernant lesmarmites in-dividuelles,desexigencessemblablesàcellesdel’infanterie.Elleacceptadoncenprincipeleurconception,maislacapacitéde1,6litredevait suffire, donc effectivement 1 litre.Chaque cavalier devait toucher sa propremarmitepourlaquelleiln’yavait,entermesdepoidsetdevolume,quepeudeplacesurle cheval. La cavalerie entreprit égalementses propres essais. On pouvait alors raison-nablement cuire la viande et les légumesen une demi-heure, en 3/4 d’heure lorsqueleventsoufflait,etenuneheureavectouslespréparatifs.L’artillerieétaittrèssatisfaitedes possibilités stratégiques qu’offrait sonchariotdecuisineetellepensaitpouvoirsecontenterdelagamelle1875pourledébitdelasubsistance.Celle-ciferaitencorel’af-faire s’il fallaitoccasionnellementprocéderàlacuissonindividuelle,disait-on.

Le 22 septembre 1882, le Conseil fédéralapprouva l’introduction des marmites indi-viduelles, désormais du modèle 1882, pourl’infanterie (obj. n° 5) et pour la cavalerie(obj.n°6,fig.3-6).

instructeursupérieurdel’infanterie.Ellede-vaits’occuperparticulièrementde l’acquisi-tiondenouvellesgamellespourl’infanterie,lacavalerieetl’artilleriesuisse,àl’instardel’exemplaire allemand de 1867. Le modèled’essaiétaitdécoupédansduferblanc,avecunfondsoudé,étamé,capacitéde3 litres.Il était destiné à servir de marmite à deuxhommes.Cette «philosophie des deux hommes» da-tait de l’époque où plusieurs soldats de-vaientsepartagerunemarmite.Entreautres,onétaitd’avisqu’unsoldats’occupaitdelacuisine tandis que les autres étaient librespour d’autres activités. On craignait égale-ment le danger que la cuisson personnelleaveclamarmiteindividuelle«nerelâchelesliens de la camaraderie». D’autres étaientd’avisquetelétaitégalementlecaslorsqueleporteurdelamarmiten’arrivaitpasàbonportaprèslamarcheoulecombat.Bientôt,onréduisitégalementlacapacitéde3à2,7litres. Dans la pratique, on pouvait fairebouillir2 litres.Dans lecouverclede laga-melle,hautde6cm,onpouvaitentreautresrôtir de la viande séparément. Le manchebasculantducouverclefixaitcelui-ciaupotde lagamelle.Onyavait apposédeuxan-neaux(deformecarrée)àtraverslesquelsonpassaitlacourroiedefixationausacouunbâtonpermettantdemieuxtenir«lapoêle»au-dessusdufeu.Uncôtédelagamelleétaitdeformeplatequiseplaçaitsurlesacàdos.

En1881,laIIIedivisionentrepritunrassem-blementdetroupespourdesmanœuvresaucoursdesquellesl’infanteriedevaitprocéderà des essais avec les nouvelles gamelles. Acetteépoque,l’artilleriedisposaitdéjàd’unchariot de cuisine spécial, ce qui avait sus-cité la jalousie des fantassins qui voulaienten détenir un pareil à leur tour. Les essaisavec la gamelle proprement dite n’étaient

Fig. 6: Dessin de la marmite individuelle ord, 1882

Cavalerie

L’artilleriegardalagamelle1875.Lesexem-plaires en surnombre de la gamelle 1875devaient être passés aux troupes de Land-wehr. A la base, le remplacement devaitêtreeffectuéimmédiatementetdemanièrecomplète.Aceteffet,ilavaitfalluacquérir95000 gamelles pour l’infanterie et 5000pour la cavalerie. On avait, pour ce poste,procédé à un appel d’offre en Suisse et àl’étranger. La Schweizer Email-Fabrik Zugdemandait Fr. 2.20 par gamelle. L’entre-prise allemande Hermann Wuppermann àPinneberg(prèsdeHamburg)endemandaitFr.3.25francoBâle.EnAutriche,auprèsdel’entrepriseKleiner&FrischmannàMödling,Berne aurait dû débourser Fr. 3.45 francoBerne.Latechniquedudécoupagesemblaitalorsêtrenouvellecequiexpliquequ’enAl-lemagneonnepouvaittrouverd’autreen-trepriseperformantepourdetelstravauxdedécoupagedemétal. Ladivision techniquede l’administrationdeguerresuisserecom-mandadoncdetenircompte,sansautre,del’offresuisse.Detouteévidence,lemontantd’environ Fr. 220000.– pour de nouvellesgamelles était trop élevé. En tout état decause, le Conseil fédéral n’accorda, pour1883,qu’uncréditdeFr.12883.–

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de360degrés.Aulieudel’anneausoudésurlemanche(pourlebâton),onplaçad’autresélémentsdécoupés.Al’avenir,lamarmitein-dividuelledevaitêtrelaquéeengris-vert.Lenouveau modèle fut introduit en tant quemodèle1914(obj.n°11,fig.11et12).

Fig. 11: Marmite individuelle modèle 1914

Fig. 12: Protubérance rivée (angle de rotation de la

poignée de transport donc 360°)

Dans l’armée suisse, on avait introduit lesmarmites individuelles suivantes jusqu’à laPremièreGuerremondiale:

Ilsembledoncquelesnouvellesgamellesnesuffisaientquepourl’équipementdesnou-vellesrecrues.Danslesannéesquisuivirent,onobserveuneforteusureengamelles;cequi permet d’en conclure un fréquent em-ploi privé. A cette époque, par exemple, ilétaitdansleshabitudesdenettoyerunega-melleutiliséeavecdelaterreoudusableetensuitedelarinceràl’eau;cela,àlalongue,endommageait l’étamage. C’est pour cetteraisonque, lorsdescoursderépétition,oninspectait les gamelles avec sévérité. Lorsd’observations critiques (rouille), le nouvelétamageétaiteffectuéauxfraisdusoldat.

En1890,unecommissionseréunitquidevaits’occuper du renouvellement fondamentaldubagagede l’infanterie (voir«Tanzböde-ler» 59/1998). Pour les gamelles, on pré-voyaità l’avenirde les fabriquerenalumi-nium.Lepremierpasconsistaàfabriquer,àl’essai,desmarmitesindividuellesdumodèle1882 (infanterie) en aluminium (obj. n° 8,fig.7).Lesecondpasconsistaàlesréduire.Danstouslescas,ellesdevaientsuffireàunseul homme. Le manche fut modifié, maison pouvait toujours glisser un bâton pourlemaniementsurlefeu.Lesmodèlesd’essaiétaient laqués de noir. Au fur et à mesurede l’avancementdesessaisavec l’ensembledubagage,ondésignaégalement lesmar-mites individuelles comme modèle 1896 et1896/97(obj.n°9,fig.8).

En juillet 1898, la marmite individuelle futdéclarée d’ordonnance 1898 avec le nou-veaubagage(obj.n°10,fig.9et10).Ellede-vaitremplacerprogressivementlesmarmitesindividuelles d’infanterie modèle 1882 quiétaientlourdesetencombrantes.

Denouvellesexpériencesamenèrentencoreunefoisen1913uneaméliorationdelamar-miteindividuelle.Onrenforçalapoignéedetransport.Grâceàuneprotubérancerondeetrivée,sonanglederotationétaitdésormais

Fig. 7: Marmite individuelle forme 1882 Infanterie

en aluminium

Fig. 8: Dessin de la marmite individuelle modèle 1896

Fig. 9: Marmite individuelle ord, 1898

(avec étiquette du modèle)

Fig. 10: Dessin de la marmite individuelle ord, 1898

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Dès1894,lestroupesdugénieobtinrentlemodèled’infanterie1882,plustardunmo-dèleenaluminium.Dès 1899, l’artillerie de position obtint lemodèled’infanterie1882tantquelesstockslepermettaient,plustardunmodèleenalu-minium.Dès 1900, l’artillerie de montagne avait lamarmiteindividuelleord,1898.Dèsmars1901, les recruesdu trainde l’ar-méeetdutraindeligneavaientlemodèled’infanterie1882.L’infanterie avait la marmite individuelleord,1898.Lacavalerielemodèledecavalerie1882.L’artilleriedecampagnelagamelle1875.

Jusqu’àl’été1918,touteslestroupesdel’ar-méesuisseavaient,àl’exceptiondel’artille-riedecampagneetde lacavalerie,obtenudesmarmitesindividuellesenaluminium.

Aujourd’hui,ons’étonnetoutdemêmedeseffortsquedevaitdéployerl’artilleriedecam-pagne en 1918 pour obtenir des marmitesindividuelles.Onexigeaitdefastidieusesjus-tifications quant aux besoins, comme pourl’infanterie en 1881. A l’époque, on pou-vaitentreautresentendrel’argumentation:«Si jusqu’à présent, la troupe s’est passéedegamelle,ellepeuttoutaussibienconti-nuer.»Onrapported’autrepartausujetdel’attribution de la gamelle 1875 qu’à cetteépoque, l’artilleur «la ressentait profondé-ment comme une humiliation par rapportaux autres». Des esprits conservateurs pro-posèrentmêmedefixerunesorted’assietteaucouvercledelagamelle1875.Cemodèleprovisoire aurait coûté Fr. 1.10 la pièce se-lonlescalculsduServicetechniquemilitaire,autotalenvironFr,35000.–Ontrouve,dansle fonds du matériel historique de l’arméesuisseàThounedesexemplairesdumodèle

d’essaidel’époque,estampillés1917(obj.n°3,fig.13et14).La raison l’emporta.Etona prévu d’acquérir pour l’artillerie de cam-pagne 27000 marmites individuelles 1914 ycomprisuneréservede10%.Prixà lapièce:Fr. 4.90. A cet effet, on demanda au Par-lementuncréditdeFr.145530.–,ycompris10% pour les imprévus. A la fin de la Pre-mièreGuerremondiale,toutel’arméesuisseàl’exceptiondelacavalerieétaitéquipéedemarmitesindividuellesenaluminium.

Fig.13 et 14: Gamelle d’essai avec assiette pour l’artil-

lerie vers 1917 (ouverte et fermée)

Alafin1918, lesstockscontenaient32000gamelles 1875. La division technique pro-posadelestenirprêtespourdes«hommesaptes au tir»; il s’agissait là de toute évi-denced’hommesdetoutesclassesd’âgequidevaient être engagés dans des positionsfortifiées. On disait aussi que les gamelles

pouvaientencore servirdansdeshôpitaux,descampsdeprisonniersetdescampsd’ac-cueil. Lors d’une vente, on devait en obte-nir environ Fr. 2.– Quant à la nécessité deprocéder à la cuisson individuelle, la situa-tions’étaitmodifiéede1882à1918.Leré-seaudescheminsetdesroutesdeSuisseetla construction s’étaient considérablementdensifiés.Presque toutes les troupesdispo-saient de cuisines roulantes avec suffisam-mentdecapacitéstout-terrainqu’ellepou-vaientlargementsuivrelatroupe.L’artillerie fut la première à introduire la cuisine roulante 1880 qui fut reprise par les troupes sanitaires en 1903 après son rempla-cement. La cavalerie avait la forge-cuisine1887/93, les compagnies d’aérostiers cuisi-naientmoyennantleurchariotàustensiles.Plus tard, les artilleurs recevaient leur sub-sistanceàpartirdeleurchariotdebatterie.Finalement,l’infanterieetlestroupesdegé-niereçurentdèsdécembre1909descuisinesroulantesdecompagnie.C’estainsiquelespossibilités de cuisson, propres à chaquearme et par section ou compagnie, furentaméliorées à tel point que la nécessité deprocéder à une cuisson individuelle, parexemplepourdesunitésdansdespositionsexposées,diminuaitrégulièrement.

Lorsqu’en1920uneautremodificationdelamarmiteindividuelleintervint,celle-cifutdepeu d’importance. Pour son identification,nousreproduisonsledessindelacoupeori-ginaledecemodèlequiétaitgrisfoncé.Lemodèleportaitladésignation«marmitein-dividuelle, ordonnance 1898/1920» (obj. n°12/13/14,fig.15et16).Desversionsdecettemarmiteindividuelleexistaientenvertolive,engrisfoncéetennoir.

Fig. 15: Dessin de la marmite individuelle ord, 1898/1920

Fig. 16: Œil de poignée rivé horizontalement (rota-

tion de la poignée toujours de 360°)

Des essais avec du combustible comprimé(barres de charbon, entre autres) pour lacuisson individuelle avaient déjà eu lieuavant 1885. A notre connaissance, cettepossibiliténefutpasretenue.En1912,l’in-fanteriedemontagnedevaitporterpénible-ment,surleshauts,sonboisdecuissondanslessacsàdos.En1912,onyprocédaencoreàdesessaisavecdepetitsbrûleursàalcoolpour lesmarmites individuelles.Riendetelnefutcependantintroduit.C’estpourquoilachaufferette(fig.17 )méritenotreatten-tion.Danslapériodepeuavantetpendant

14 15

la Seconde Guerre mondiale, on procédaencoreunefoisàdesessaisdetroupeavecdessupportsdecuissonpourmarmitesindi-viduelles. Il s’agissait-làde«brûleursméta»(àalcool,fabricantMetaSA),delacuisinièreàbenzinePrimus,du«brûleurRauch»ainsiquedusupportdecuisson«modèleReuge»(àbenzine).Desinformationsrelativesàcessupportsdecuissonnousparviendrontpeut-êtredelapartdenoslecteurs.

Fig. 17: Support pour marmite individuelle

Depuis l’état de 1882 (introduction dela marmite individuelle dans sa nouvelleforme)jusqu’àlafindelaPremièreGuerremondiale,lesconditions-cadresstratégiquesdel’arméesuisseenmatièred’approvision-nement et de subsistance s’étaient large-ment améliorées. La technique de conser-vation,lachimiealimentaire,lestockageetla technique de transport avaient effectuédesprogrèsàpeine imaginables.Leréseauroutieret la constructioncouvraientdésor-maisleterritoireetétaientexcellents.Pourles troupesdemontagne,cesprogrèsn’of-fraient cependant qu’une utilité partielle.Au coursdes60ansd’emploi, lesgamellesen aluminium de l’armée suisse ne se sont

guèremodifiéesdepuisleurintroductionen1898.Ellesreprésentaientunobjetd’usagecourant qui avait fait ses preuves. Malgrétout, des voix réclamèrent une améliora-tiondanslesannéessoixante.Endécembre1966, l’arméeavaitfaitélaboreruneétudesur l’équipement personnel du soldat. Surla base d’une exigence qui en résulta, onrédigea en septembre 1968 un «cahier descharges militaire pour une marmite indivi-duelle». On y lisait: «La nouvelle composi-tiondelasubsistancedelatroupe(rationdesecours et ration individuelle) ainsi que lesconditionsducombat(décentralisation,sur-vie) exigent la préparation rapide, discrèteet individuelleresp. leréchauffementd’ali-mentsetdeboissonssimples,c’est-à-diredescomposantsdelarationdesecoursquidoi-vent être apprêtés par le soldat lui-même.Lagamelle,quidatedesannées1920,nes’yprêteplusentièrement.»

Lecataloguedesexigencescomprenait:Utilitéprincipale:Marmite individuelle pour la cuisson et lerôtimoyennantduboisoudescombustiblessecs.

Utilitésecondaire:Contenant pour des aliments et de l’eauautantquepossibleà l’abridesarmesato-miquesetchimiques.

Calendrier: 1969/70:prototypes,modèlesd’essai.1970/71:essaisàlatroupe.1971/72:choixdumodèle,propositionpourl’acquisition.

Servitude:Marmiteindividuelleen3partiesprincipales:marmite,poêle,assiette.Couleurnoire.Le calendrier prescrit dans le cahier des

chargesmilitairede1968nefutpasrespecté.Despiècesconcrètestémoignentquelamar-mite individuelle d’ordonnance 1898/1920 aétéfabriquéeencouleurgrise(ouéventuelle-mentennoiretgris?)aumoinsjusqu’en1985.Dès1976(peut-êtremêmeavant),onconnaîtdes marmites individuelles dont la surfaceétait de couleur noire comme elle l’étaitpourlesnouvellesmarmitesindividuelles.Endépitdesaproductiondéjàen1989,lanou-vellegamellene fut remiseà la troupesousla désignation de «marmite individuelle en3parties» (obj.n°15,fig.18)quedès1994.Lerécipientadditionnelsupplémentaireétaitunenouveautéetreprésentaitungrandpro-grèspourlesoldat.Cetteassiettesupplémen-tairepermettaitdésormaisdeséparer,lorsdudébit de la nourriture, les différents mets

Tableausynoptiquedesgamelles/marmites

N°obj.

Ord,année

Désignation DécisionConseilfédéral

Utilisa-tion–remisepar

Description(matériau,couleur...)

01 (1852) «Touthomme,àpartirdel’adjudantsous-officieretau-dessous,doitautantquepossibleêtrepourvud’unegamelleindividuelleenferbattuetétamé,aveccouvercle.»

Gamelleselonmodèlefrançais1842

1852,«Rè-glementsurl’ha-billement,l’armementetl’équi-pementdel’arméefédérale»§204(recomman-dation)

Lescan-tons,tous

Ferblanc(battu)étamé

02 1875 Gamelleordonnance1875

? touteslestroupes

Ferblanc(battu)étamé,hauteuraveccouvercle8,2cm,diamètre15,5cm,poids500g,capacité1,2litre

03 ? Gamelledansl’artillerieord,1875(modèled’essai)

Couvercleenformed’assiette,fixéàlagamellemoyennantunechaîne

04 Finannées1870

Marmiteindividuelle3litres(modèled’essai)

Ferblancdécoupé,fondsoudé,capacité3litres

d’une manière plus appétissante. L’emploide la «marmite individuelle en 3 parties»s’estmaintenuauprèsde la troupe jusqu’ànosjours.

Fig. 18: Marmite individuelle en 3 parties

16 17

05 1882 Marmiteindividuellepourl’infanterie

22.9.1882 jusqu’à1893inf.seule

Ferblancétamé,hauteurdelapartieinfé-rieure180mm,ledégradénes’appliquepasàtoutelahauteur,capacité2,7litres

06 1882 Marmiteindividuellepourlacavalerie

22.9.1882 de1884à?

Ferblancétamé,manchedecouvercle(endeuxpièces)rabattable,hauteurpartiein-férieure134mm,ledégradénes’appliquepasàtoutelahauteur,capacité1,6litre

07 ? Marmiteindividuellepourlacavalerie(modèled’essai)

Ferblancétamé,manchedecouvercle(endeuxpièces)rabattable,hauteurpartiein-férieure143mm,ledégradénes’appliquepasàtoutelahauteur,capacité1,8litres

08 ? Marmiteindivi-duelleanalogueformeinfanterie1882,maisenaluminium

? Aluminium,noir,hauteurdelapartiein-férieure185mm,ledégradénes’appliquepasàtoutelahauteur,œildepoignéefixépar2rivets,lesdeuxœilsdemancherec-tangulairesethorizontaux

09 18961897

Marmiteindividuel-lemodèle1896ou1896/97

Aluminium,noir,œildepoignéeavec2rivets,œildemanchesupérieurrectangu-laireethorizontal,œildemancheinfé-rieurrectangulaire,verticaletplusgrand

10 1898 Marmiteindividuelleordonnance1898

2.7.1898 Aluminium,noir,œildepoignéeavec2rivets,œildemanchesupérieurrectangu-laireethorizontal,œildemancheinfé-rieurrondetvertical

11 1914 Marmiteindividuellemodèle1914

Aluminium,vertolive,œildepoignéerondetrivédirectement,anglederotationdelapoignée360°,mancheajouréenbas,œildemanchesupérieurrectangulaireethorizontale

12 1898/20

Marmiteindividuelleordonnance1898/20

Aluminium,vertolive,œildepoignéerond,avecdegréhorizontalmunide2ri-vets,anglederotationdelapoignée360°,mancheajouréenbas,œildemanchesupérieurrectangulaireethorizontal

13 ? Marmiteindividuelleordonnance1898/20

Aluminium,grisfoncé,œildemancherond,avecdegréhorizontalmunide2ri-vets,anglederotationdelapoignée360°,mancheajouréenbas,œildemanchesupérieurrectangulaireethorizontal

14 ? Marmiteindividuelleordonnance1898/20

Aluminium,noir,œildemancherond,avecdegréhorizontalrivédirectement,anglederotationdelapoignée360°,mancheajouréenbas,œildemanchesupérieurrectangulaireethorizontal

15 env.1990

Marmiteindividuelleen3parties

env.dès1995

Aluminium,noir,œildemancherondenformedeboîtierrivédirectement,anglederotationdumanchelimité(270°),man-cheajouréenbas,œildemancherectan-gulaireethorizontal,nouveaurécipientadditionnelenaluminiumpoliquipeutêtreplacédanslecouvercle

Services

Pendantune longuepériode,onnetrouveaucune prescription concernant les servicespersonnels/individuels, et aucune remiseà titre d’équipement personnel du soldatn’était prévue. Le principe du recours auxressources établi par le règlement concer-nant l’équipement de 1843 prévalait alors.Ce fut une commission, engagée en 1902avec la mission de discuter des possibilitésd’amélioration du nouvel équipement del’infanterie,quisesouciaégalementdel’as-pectdesservicesindividuels.Le29mai1914,leConseilfédéralémit,surlabased’unmo-dèle proposé en 1913, une ordonnance enconséquence(ordonnance1914).Celle-cieutpour conséquence d’équiper, pour la pre-mièrefois, lesrecruesde l’infanterieet,aucoursdel’annéesuivante,touteslesarmes.Pourdesraisonsdepoidsetdestabilité,onchoisit le fer étamé pour la fourchette àtroisdentsetl’aluminiumpourlacuiller.Lemanchedelafourchetteétaitajouré,proba-blementpourdesmotifsdepoids.Lesdeuxélémentsétaientfixésl’unàl’autreparuneagrafed’acierrivéeàlacuiller(obj.n°2,fig.19,illustrationdelapagedecouverture).

Fig. 19: Services, ordonnance 1914

Uneexécutionréviséedesservices,désignéedans les tableaux officiels de l’équipementdès 1926 comme ordonnance 1921, nousdonne encore quelque fil à retordre parce

que, sur l’étiquette du modèle, elle figureautant sous la désignation d’ordonnance14aqued’ordonnance1914/23.Ledessinof-ficiel de fabrication de 1929 parle, à notreétonnement,encorede l’ordonnance1914.Lesdeuxélémentsobtinrentdésormaisdesmanchesdroits,lematériaurestantinchan-gé par rapport au premier modèle 1914,et ils étaientégalementfixés l’unà l’autreparuneagrafed’acierdanslemanchedelacuiller(obj.n°3,fig.20et21).

Fig. 20: Services ord 1921

(également désignés ord. 1914a ou ord 1914/23)

Fig. 21: Dessin des services ord 1921

Le pas vers une exécution des services enacier inoxydable (acier au chrome-nickel18/8), pour la première fois avec une four-chetteàquatredents,futfranchiavecl’or-donnance 1950.Afinde relier les éléments

18 19

l’un à l’autre, on choisit un rivet fixé aumanchedelafourchettequipouvaitêtrever-rouillédanslacuillercommeunefermetureàbaïonnette.Cetteexécutionatoutdemêmefaitsespreuvesdepuis60ansetresteenusagesansmodification(obj.n°4,fig.22et23).

Fig. 23: Dessin des services ord 1950Fig. 22: Services ord 1950

Tableausynoptiquedesservices

N°obj.

Ord.année

Désignation Décision

Conseil

fédéral

UtilisationRemise

Description(matériau,couleur...)

1 1843 «Unboncouteaudepocheetunecuiller.Unflacon,avecuncordondeban-doulière,decouleuruniformeparcorps.»

Règlement8.8.1843

pasderemise

2 1914 Servicesordonnance1914

29.5.1914 dès1917,d’abordàfus/car/mitrrgtdès1918àtouteslestroupes

Cuillerenaluminium,fourchetteà3dentsenferétamé,mancheajouré,lesdeuxmanchesélargisaumilieu,agrafedefixationrivéesurlacuiller

3 1921 Servicesordonnance1921

1921(dessindaté30.5.1929)

dès1926àtouteslestroupes

Cuillerenaluminium,fourchetteà3dentsenferétamé,mancheplein,lesdeuxmanchesdemêmelargeursurtouteleurlongueur,agrafedefixationrivéesurlacuiller

4 1950 Servicesordonnance1950

1950(dessindaté2.7.1962)

Cuilleretfourchetteenacierinoxyda-ble,lesdeuxmanchess’amincissantversl’avant,rivetdefixationapposésurlafourchette,cuilleravectrouenfente

Remerciements

M.AlfredKruk:j’aimeraisremerciertrès chaleureusementl’auteurdel’article éditédansle«Tanzbödeler»,quiestàla basedelaprésentepublication,pourses amplesetexcellentstravauxderecherche auxArchivesfédéralesainsiquepour l’autorisationd’utilisersesarticles; M.JürgBurlet:jeremercielerédacteur

du«Tanzbödeler»poursonavalquant àcetarticleetpoursonappuilorsqu’il s’agissaitderépondreàdenombreuses questionstechniques; M.AndreasLaubacher,responsablepour

lesservicesspécialisésdel’équipement personneldelaFondationHAM,mérite égalementmesremerciementspourson appuientrouvantdesréponsesàde nombreusesquestionstechniques«inva- sives»etpourl’accèsàlacollectiondu matérielhistoriquedel’armée.

Sources

Les articles rédigés par M. Alfred Kruk, D-48151

Münster:

– «Die Kochgeschirre der Schweizer Armee von

1875 bis zur Gegenwart» (Les gamelles de l’ar-

mée suisse de 1875 jusqu’à ce jour), édité dans

le «Tanzbödeler» n° 64, 1999

– «Die Feldflaschen der Schweizer Armee ab

1881» (Les gourdes de l’armée suisse dès 1881),

édité dans le «Tanzbödeler» n° 71, 2001

«Messages du Conseil fédéral à l’Assemblée fédé-

rale», publiés par la «Feuille fédérale» des années

1867 à 1947;

Divers règlements de l’armée suisse entre 1817 et

1994;

Dessins d’ordonnance et autres documentations

des objets décrits dans les archives du matériel

historique de l’armée suisse;

Collection du matériel historique de l’armée suisse.

20 21

Conceptd’intervention

Lebutdecetteinterventionestdepermettreuneconservationde l’appareil surune lon-gueduréetouten lui redonnantunaspectvisuel favorisant sont interprétations. Afinderéaliseruntravailquisoitenaccordavecles exigences en matière de conservation/restaurationdupatrimoine,lesinterventionssuivantessontnécessaires: recherchedocumentaire, descriptiondel’appareil, inventaire du matériel faisant partie de

l’appareil, documentationde l’étatde conservation

initial(photoetdescription), réalisation de tests de traitements (net-

toyagepeinture), traitements, protection des parties métalliques, définition des conditions de conservation

préventive documentationdel’étataprèsintervention réalisationdeladocumentationdel’inter-

ventiondeconservation/restauration.

L’intégraphedeballistique«Mariandl»

Conçuen1948par leProf.Dr.P.Curtiet leDr. F. Dubois et fabriqué par l’entreprisede construction Maschinenfabrik AlfredJ.Amsler&Co(Schaffhouse),l’intégraphedebalistiqueaservipourlebureaudebalistiquede la section techniquede laguerre (KTA).Un intégraphe est par définition un instru-ment permettant de résoudre graphique-mentdesintégrationsetdeséquationsdiffé-rentiellesd’untypeparticulier.L’intégraphe

quatreintégrateursetlatablen°3(photo4)comportelesmécanismesd’enregistrement.Latablen°1contientégalement,endessousduplateaudetable, ledispositifélectriquenécessaireau fonctionnement.Laconstruc-tion de cet appareil ainsi que son applica-tion,précédemmentdécrite,laisseàpenserqu’ils’agitd’unmodèleunique.

Photo 2: Vue supérieure de la table n° 1 comportant

les mécanismes pour la prise en compte des facteurs

liés à la résistance de l’air (après restauration)

Photo 3: Vue supérieure de la table n° 2 comportant les

mécanismes d’intégration avec ses quatre intégrateurs

(avant restauration)

«Mariandl»(photo1),d’environ4mètredelongueur et 1 mètre de largeur, permettaitde calculer et de représenter graphique-mentdestrajectoiresdetir,toutenprenantencomptedesfacteurscommelesdonnéesinitiales, la résistance de l’air, l’accélérationdelapesanteur,letempsetlavitessedetir.Concrètement, les données récoltées parl’intégraphepermettaient la réalisationdestabelles et des cartes de trajectoires de tirsdontavaitbesoinl’artilleurpourparamétrer,surleterrain,soncanondefaçonàatteindresonobjectif.

Photo 1: Vue d’ensemble (de face) de l’intégraphe

selon l’état de livraison. De gauche à droite: table n° 1,

table n° 2 et table n° 3

Ladéfinitiondesparamètresainsique l’in-tégrationdescalculsmathématiquesetdesfacteursd’influencesontexclusivementmé-caniques.L’appareilestcomposédetroisélé-ments(assemblésàl’aidedevis)dontdeux,souslaformedetable,assurentsastabilité.Chaque partie remplit une fonction néces-saire au déroulement des calculs: la tablen°1(photo2)comportelesmécanismespourlapriseencomptedesfacteurs liésà laré-sistancedel’air,latablen°2(photo3)com-portelesmécanismesd’intégrationavecses

Photo 4: Vue supérieure de la table n° 3 comportant

les mécanismes d’enregistrement (avant restauration)

Recherchedocumentaire

L’appareil «Mariandl» a pu être conservéavecuncartoncontenantdeladocumenta-tion,cequiestunechancepourunobjetquiapparemmentaétéfabriquéqu’enunseulexemplaire.On trouvedans cesdocumentsessentiellementdesplansrelatifsàlapartieélectrique,maiségalementdesinformationsconcernant les calculs (équations)effectuésparl’appareil.Unepartiedecettedocumen-tation fait référenceàunprojetde remiseen fonctionnement réalisé en 1994 par ungroupe de bénévoles dont certains avaienttravaillésurl’intégraphependantsapérioded’utilisation. Une lettre de correspondancedatantde1993faitréférenceàdesconseilsdonnés par le Technorama de Winterthourconcernantlenettoyage,laconservationetle stockage de l’appareil. Ces informationssont d’un grand intérêt pour les conser-vateurs-restaurateurs qui aujourd’hui tra-vaillent sur cetobjet.Ellespermettentnonseulementdeprendreconnaissancedufaitque cet appareil ait subi une interventionde remis en fonction et de conservationen 1994, mais également de faire des dé-ductions sur les techniqueséventuellementutilisées.Celamontrel’importancedelado-cumentationàeffectuer lorsde tout inter-ventionsurdupatrimoinetechnique.

Conservation et restauration d’un intégraphe pour la ballistique de 1948

22 23

Etatdeconservation

EtatgénéralLa présence d’une couche homogène depoussièreetdecorrosiondesurfacesur lesparties métalliques ainsi que de restes vé-gétaux(feuilles)danslapartieinférieuredel’appareiltémoignentd’unstockagedelon-gue durée (une quinzaine d’années), dansdesconditions inappropriées (humiditééle-véeetmauvaiseisolation).

EncrassementetancienslubrifiantsLes surfaces en acier sont recouvertes d’unecouchehomogèned’unesubstancegrassequi,avec le temps, a absorbé l’accumulation depoussière. Cette couche de protection pour-rait s’agir, selon les mesures de conservationdesannées1994/95(conseilléesparleTechno-rama,Winterthour),d’unmélangedevaselineetdepétrole.Lavaselineétantunesubstancequinesèchepas,celaexpliqueraitlefaitquelapoussièresesoitincrustéedanslacouchedeprotection. On trouve également des tracesd’anciens lubrifiants sur les zones d’interfaceentrelesplateauxenacieretlesélémentsmé-caniquesfixéssurcedernier.Lamêmeobser-vationpeutêtrefaitesurlespartiesinférieuresdes plateaux en acier (photo 5). Les ancienslubrifiants, que l’on trouve sur du matérielhistoriquetechnique,sontsouventconsidéréscommeunesourcededégradation.Bienqu’ilsaientsouventpermisdeprotégerlessurfacesmétalliquesde lacorrosion, l’instabilitéde laplupart des lubrifiants anciennement utilisésposent, sur le long terme, des problèmes delisibilité (compréhension de l’objet) et de ré-versibilité. Ces lubrifiants ont tendance à sé-cher (réticulation) et à jaunir avec le temps.Lespeintures recouvrant lechassisde l’appa-reilsontégalementrecouvertesd’unvoilejau-nâtreliéàlaprésenced’ancienslubrifiantsetàl’accumulationdepoussière.

miditéetdelacunesdanslacoucheprotec- trice.Celles-cipeuventêtresduesàdesdé- fautsdefabrication,àl’usureouencoreà laprésencedepoussière(zonesponctuelles favorisantlacorrosiondelacouchemétal- liqueprotectrice); surlatablen°3,endessousd’unefeuillede

papieretd’unmiroir(déposéàcetendroit pourlestockage),unefortecorrosionavec une forme particulière (liée vraisembla- blementaugondolementdupapier) s’est développée(photo7).Lepapieradansce casfournitl’humiditéetl’aciditénécessaire audéveloppementdecettecorrosion.D’un autrecôté,cettemêmefeuilledepapiera protégélerestedelasurfacedelacorro- sionenévitantl’accumulationdepoussière eten jouantparendroit le rôledematé- riautampon(absorptiond’humidité).Cette altération montre bien l’importance de protégerlessurfacesmétalliques,maisavec des matériaux et des techniques appro- priées.Danscecas,laprotectionauraitété optimale en utilisant un matériau neutre (nonacide)etenévitantlecontactavecla surfacemétallique; surlessurfacesdesplateauxcorrespondant

auxzonessur lesquellessontfixés lesélé- mentsmécaniques(surfacesmisesàjourlors dudémontage),unecorrosions’estparfois également développée, sur les zones où l’humiditéapus’infiltreretoulaprésence degraisse/huileétaitinsuffisante(photo8).

Lesélémentsenlaitonsontrecouvertsd’unepatine homogène de couleur brun foncé.Cetteformedecorrosioneststableetconsti-tue même une protection naturelle pour lemétal. Elle témoigne également du vécu del’objet.

Photo 5: Traces d’anciens lubrifiants sur le côté verso

de la table n° 3

CorrosionDivers types de corrosion sont présents surl’appareil, pour la plupart sur les parties su-périeures,constituéesessentiellementd’acier(parfois revouvert d’une couche d’un autremétal) et d’avantage exposées aux sourcesd’altérations comme la poussière et l’humi-dité.Ondistinguetroistypesdecorrosion: sur les plateaux en acier, une corrosion

généraliséequi seprésente sous la forme depiqûres (photo6). L’observationaubi- noculairemontrequecessurfacessontre- couvertes d’un métal protecteur. Certains détails laissent à penser qu’il s’agit d’une couched’étain(oualliageétain-plomb).En effet,cettecouched’aspectblancargentéa étédéposéeparbain,commelemontrela lignevisibleaucentredesplateaux.D’autre part,l’aciersous-jacentestfortementcorro- déalorsqu’aucunecorrosionn’aétéiden- tifiéesurlacouchemétalliquesuperficielle. Il est connu que l’acier fait l’objet d’une corrosionacceleréeenprésenced’humidité lorsqu’ilestencontactavecl’étain,quilui estprotégé.Onappellecelaunecorrosion galvanique. On peut également observer des soulèvements caractéristiques d’une couche d’étain sur les zones ponctuelles fortementcorrodéesdelaplaqueenacier. Lesprocessusdecorrosiondécritsci-dessus sesontdéveloppéssuiteàlaprésenced’hu-

Photo 6: Corrosion par piqûres, poussière et anciens

produits de protection sur la face supérieure de la

table n° 3

Photo 7: Zones de corrosion plus étendue, en dessous

de la feuille de papier et du miroir, entreposés sur la

face supérieure de la table n° 3

Photo 8: Restes d’anciens lubrifiants et développement

de corrosion sur les zones d’interface entre le plateau

de la table n° 2 et les éléments mécaniques fixés par

vissage

AutresaltérationsCertains composants électriques situés à mi-hauteurdelatablen°1(mécanismepourlapriseencomptedelarésistancedel’air)pré-sentent un début de corrosion (acier et alu-minium)ainsiquedes lacunesauniveaudes

24 25

couchesdeprotection.Cesaltérationsontsû-rementétéamplifiéesparlefaitquecertainesplaques de protection latérales sont man-quantes.Denombreusespiècesde rechange(rouesdentées,engrenages,composantsélec-triques,cames,etc.)sontstockésdemanièredésordonnéedansuntiroirdelatablen°3.

Interventiondeconservation/restaurationSuite aux constatations réalisées ci-dessus etdanslebutdecompléterlesdonnéesconcer-nantl’étatdeconservation(partiesinvisibles),un démontage partiel s’avère nécessaire.Bienqueledémontaged’unobjethistoriquetechnique représente toujours un risque dedégradation(ruptured’éléments,remontageincorrect,etc.),ils’avèredanscertainscasné-cessaire pour éliminer la totalité des résidusd’anciens lubrifiants et stabiliser toutes leszones de corrosion. Un tel démontage doittoujoursêtrejustifiéetl’objetdoitêtredocu-mentéendétail(photographiesetrepèresdepositions)aupréalable,afindes’assurerd’unremontagecorrect.

Ensebasantsurleconceptd’interventiondé-fini en début de travail, les opérations sui-vantesdoiventêtreseffectuées.Dansunpre-mier temps, les surfaces sont dépoussiéréesàl’aided’unpinceauetd’unaspirateur,afind’éliminerlemaximumdeparticulesdepous-sièrequipourraient,durant lenettoyageenprofondeur, abîmer la surface par abrasion.Unnettoyagedes surfacesenmétalnuavecdessolvants(isopropanoletSchellsolT)utili-sésencombinaisonavecdesoutilspeuabra-sifs (éponge ScotchBrite® blanche, brosse àdents, chiffons, ouate) permet ensuite d’éli-miner l’encrassement ainsi que les anciensproduitsdelubrification.Lessurfacespeintessont nettoyées au chiffon à l’aide d’une so-lution d’eau et de savon anionique neutre.Celles-ci doivent être ensuite rincées à l’eau

à l’aide d’une graisse neutre possédant unebonnestabilitésurlelongterme.Lespartiesmétalliquesn’étantpassoumisesàlafriction(plateaux en acier, par exemple) sont proté-gées par l’application d’une couche de ciremicrocristalline (diluée dans le Schellsol T).Cesinterventionspermettentdeprotégerlessurfaces contre la corrosion et d’éviter uneusure ou une rupture (grippage) des piècesdanslecasd’uneéventuelremiseenmouve-ment.

EtatactueletperspectivesLa conservation/restauration de l’intégraphe«Mariandl»estencours.Letravailsurlatablen°3estterminé.L’interventiondoitêtreen-core effectuées sur la moitié inférieure delatablen°1etlatotalitédelatablen°2.Lesinterventions ont été réalisées par Tim Hell-stern,durantunstageréaliséàlaFondationHAM.Dansl’idéal,ceprojetdevraitêtreter-minépar lamêmepersonne, lorsd’un futurstage ou cours militaire. Le travail devrait

déminéralisée et correctement séchées, afind’éviter l’accumulation d’eau dans les zonessensibles(risquesdecorrosion).Lorsdesinter-ventionsdenettoyage,spécialementpourlespeintures, des tests avec divers solvants doi-venttoujoursêtreeffectuésaupréalable.

Pour le traitement des zones corrodées(photo9), laméthodeestadaptéeàchaqueproblématique. D’une manière générale, oncherche à stabiliser ces zones d’oxydationen éliminant les produits de corrosion volu-mineuxethygroscopiques(hydroxydedefer,brun orangé – FeOH) et en préservant lesproduits de corrosion stables (oxyde de fer,noir–FeO).Leszonesponctuellesdecorrosionvolumineuse (plateaux en acier) sont élimi-nées à l’aide d’un scalpel. La lame doit êtrebien aiguisée, son inclinaison par rapport àlasurfacebienajustée(10-20°)etutiliséeencombinaisonavecunehuilefine,afind’éviterdemarquer lemétal.Leszonesétenduesdecorrosionsuperficiellesontéliminéesàl’aided’une éponge faiblement abrasive (Scotch-Brite® gris) en combinaison avec de l’huilefine. Cela permet d’obtenir une surface ho-mogènesurlaquellelesmarquesd’usinageetd’utilisationsontpréservées.Lespetitespiècesenacier(visserie)sonttraitéeschimiquementdansunbaind’EDTAà10%(complexant),sui-vid’untrèslégerbrossage.Pourlesélémentsdeformespluscomplexes,commelesengre-nages,unnettoyagemécaniqueàl’aided’unmicrotours(brosseacier)encombinaisonavecunehuilefinepermetd’éliminerlesproduitsdecorrosion(photo10).Unefoistraitées,lessurfacesmétalliquessontpréparéespouruneconservationsur le longterme.Oncherchegénéralementà les isolerdes facteurs de dégradation comme l’humi-dité, la pollution et la poussière. Les méca-nismes sont, durant le remontage, lubrifiés

donc se poursuivre avec les traitements destablesn°1et2, leconditionnement(embal-lage, palettisation) définitif de l’appareil,quelquesrecherchesdocumentairesainsiquela réalisation de la documentation. Dans laperspective de la recherche, il serait intéres-santdeprendrecontactaveclapersonnequiatravaillésurcetappareil,notammentlorsdelaremiseenservicede1994/95.Lesinforma-tions transmises par cette personne seraientd’ungrandintérêtpourlacompréhensiondel’histoireetdufonctionnementdel’appareil.Cesinformationsseraientindispensablesdanslecasd’uneremiseenfonctionnement,inter-vention qui n’est pas prévue dans le projetdécritdansleprésentrapport.

AntoninTarchini,conservateur/restaurateurHESTimHellstern,étudiantenconservation-restauration,

HauteécoledesartsdeBerne

Sourcesbibliographiques

Curti P., Dubois F., Die mechanische Lösung eines

ausserballistischen Hauptproblems. In: Schweize-

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Photo 9: Surface de la table n° 2 avant élimination

de la poussière et de la couche de protection

Photo 10: Après le traitement de la corrosion

26 27

Conformément à un plan d’opération del’état-major général de l’empire britanniquedu début des années 1950, l’Union sud-afri-caine(depuismai1961,Républiqued’AfriqueduSud)auraitdû,danslecasd’uneoffensivesoviétiqueàtraversleProche-Orientendirec-tionducanaldeSuez,déplaceraussitôtquepossibledeuxdivisionsblindéesdanscetteré-gion.Ceplandevintcaducàlasuitedel’échecdelamanœuvredeSuezdesformationsbri-tanniques, françaises et israéliennes à la findel’automne1956.L’Unionsud-africainequin’avaitdésormaisplusd’emploipoursescharsde combat lourds voulut se débarrasser deceux-ci.

Verslafindel’année1959,lesdiscussionsau-tourdel’Organisationdestroupes61(OT61)comprenant laconstitutiondetroisdivisionsblindéesétantencorepleinementencours,leServicetechniquemilitaire(STM)eutventdufaitque l’Union sud-africainevoulaitmettreenventeunnombreimportantdecharsCen-turion,tousàl’étatneufetpeuutilisés,àdesconditionsextrêmementfavorables.

Déjà au milieu de février 1960, un groupede spécialistes de chars des Ateliers fédé-rauxThoune(A+F),mandatéparleDéparte-ment militaire fédéral (DMF) et conduit parlechefdelasectionvéhiculesdecombatduServicetechniquemilitaire,s’embarquapourl’AfriqueduSudafind’inspecteretd’experti-serlematérieldel’offre.Onsoumitautotal203charset17charsdedépannageàunexa-mensévère.Celui-cirévélaquelaconfigura-tiondesvéhiculescorrespondaitàcelledenoschars55etcharsdedépannage56.Deplus,

delivraisonetlesdocumentsd’expédition.Ils’agissaitaussidevérifierl‘étatetl’intégralitéde l’équipement des chars et de procéder àdes réparations et des remplacements là oùc’étaitnécessaire. Il fallaitégalementprépa-rerlesvéhiculespourleurtransportmaritimevers Amsterdam. Ce dernier s’effectua surdeuxnaviresspéciauxnorvégiens,decatégo-rie «cargo lourd», que le Service techniquemilitaireavaitaffrétés.

Le27décembre, soitavecunretarddetroissemaines, le cargo«ChristenSmith»arrivaàDurban. Jusqu’au6 janvier1961,on le char-geaavec47chars,10charsdedépannageet538 tonnes de pièces de rechange. Contrai-rementauxpiècesderechangechargéesparlesgruesportuaires,lescharsétaientchargésaumoyendelagruedechargedunavire.Lesvéhicules furent calés et arrimés sur le pont

cesvéhiculesaffichaientpeudekilomètresaucompteur.En revanche, ilsétaient,enpartiedumoins,trèsencrassésettouspeintsencou-leursablepourledésert.

Alasuitedesrésultatspositifsdel’inspection,de l’offre intéressanteetconformémentauxbesoins militaires en chars supplémentairespour équiper une troisième division blindéeavec chacune deux régiments de chars, onnégociaaveclesSud-Africainspuisconclutuncontratpourlaventede100charsCenturionet de 10 chars de dépannage, y compris unlot correspondant de pièces de rechange. Al’automne1960,lesChambresfédéralesdon-nèrent leuraval à cetteacquisitiond’unvo-lumede30millionsdeCHFdanslecadreduprogrammed’armement1961.Mais,cefaisant,on préparait aussi une modernisation ultér-ieuredesformationsdecharsenprononçant,parallèlement à l’acquisition des Centurions,unpremiercréditpourlaconstructionde150nouveauxcharsdutypechar61,développéenSuisse.

Alafinoctobre1960,uneéquipedequatrelogisticiensserenditsousmadirectionàDur-ban,lavilleportuairesurl’océanindien,aveclamissiondereprendre,devérifier,d’embal-ler et d’embarquer le matériel acheté. Uneénormetâchenousyattendait,carils’agissaitdepréparer,enquelquessemaines,lematérielpourlepremiertransportmaritime.Jusqu’au20 décembre 1960, plus de 900 tonnes depièces de rechange furent emballées dansplus de 7000 caisses, avec l’appui de mili-taires et d’auxiliaires sud-africains. Parallèle-ment,ilnousincombaitd’établirlesbulletins

inférieur,surlepontintermédiairemaiséga-lementsurlepontlui-même.Enraisondelavitesse de levage réduite de la grue du na-vire, lechargement,avanttoutsur lespontsinférieuret intermédiaire,prenaitbeaucoupde temps. «Bellis», le second cargo, arriva àsontourle18janvier1961.Le25janvier,onavaitterminélechargementde53charsetde374tonnesdepiècesderechange.Deuxjoursplus tard, lorsd’uneescaleàPortElizabeth,onchargeaencore20UniversalCarriersavantque le«Bellis»neprît lamerpour l’Europe.A Amsterdam, les véhicules (à l’exceptiond’unchardestinéàêtretransforméenchar-pontàLeedsenAngleterre)et lespiècesderechangefurenttransbordéssurdeschalandsrhénansetexpédiésàBâle,etdelààThouneparchemindefer.

Lespremierschars«sud-africains»arrivèrentàThounele6mars1961,lemêmejourqu’unedémonstration du programme d’armement1961 aux Ateliers fédéraux. La critique rela-tive à l’acquisition de «chars rongés par larouille» dura encore quelque temps et elleconstituait également un sujet de prédilec-tionau carnavaldeBâle.Peuaprès l’arrivéedespremierschars,lesA+FThouneétablirentetentreprirentunprogrammederévisionetdenormalisation.Déjààlafin1961,lesdeux

Il y a 50 ans: des chars «sud-africains» pour l’armée suisse

Chargement d’un char à Durban moyennant la grue

du navire

Chargement sur le pont du «cargo lourd»

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premiers chars étaient prêts à être remis, etjusqu’àfin1964, tous les charsétaientprêtsà l’engagement. Plus de la moitié d’entreeuxétaientéquipésdunouveaucan10,5cmchars60. Les voix critiques se turent lorsquelescharsfurentpeintsengris-vert,munisdeplaquesdelasérieM+78800etengagésparnostroupes.Lorsd’undéfilédecharsenau-tomne1963,seulsdesinitiésontobservéquel’onmontraitalorsdes«sud-africains».Parlasuite, ces chars furent engagés pendant en-

viron 25 ans, d’abord dans les divisions mé-canisées et, plus tard, dans les divisions decampagne.Cetachat s’estavéréavantageuxégalementsurleplanfinancier,carlescoûtsse montaient à environ CHF 275000.– par«sud-africain», y compris le transport, la ré-vision,lanormalisationetl’équipementavecla mitrailleuse 51, la station radio SE 407 etleslance-potsfumigènes.Encomparaison,lechar61coûtaitenviron1,1milliondeCHF.

WalterLauchenauerAncienchefdelasectiondesvéhiculesde

combatGA,3052ZollikofenLesillustrationsproviennentdelavastedocumentationappartenantàl’auteur.

Dans les médias suisses, on critiquait cette acquisition. Les chars «sud-africains» étaient qualifiés de «chars

rongés par la rouille» et constituaient un sujet pour le carnaval de Bâle.