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Le Muséum Muséum national d’Histoire naturelle La Lettre d’information Numéro 10 Juillet 2009 1 Juillet 2009 Station de Concarneau : 150 ans de recherche partenariats Page 7 terrain Page 3 © Séché Environnement © P. Lafaite / MNHN © Cyrille d’Haese / MNHN La plus ancienne station de biologie marine du monde - celle de Concarneau - souffle ses 150 bougies. Rattaché au département Milieux et Peuplements aquatiques du Muséum, ce lieu de recherche et de diffusion des connaissances invite communauté scientifique et grand public à fêter l’événement ! Deux colloques sont programmés. Le premier, Biodiversité et Environnement marin : connaissance, gestion et protection (lundi 31 août et mardi 1 er septembre) s’intéresse à la biodiversité et à ses indicateurs, à la gestion des ressources naturelles marines et aux outils d’une gestion intégrée du patrimoine naturel marin. Le second, Biotechnologies marines et applications industrielles (mardi 1 er , mercredi 2 et jeudi 3 septembre), concerne la classification et l’approche moléculaire, les substances marines naturelles, l’exploitation biotechnologique de la biomasse marine. D’envergure internationale, il proposera une table ronde avec les jeunes sociétés de biotechnologie marine. Accueilli par la station de Concarneau, il est organisé par l’European Society of marine Biotechnology (eSmB), le Muséum et l’Université de Bretagne occidentale. Parmi les autres manifestations, trois conférences - La vie marine : biodiversité et ressources, Les médicaments de la mer, La planète vivante : une vue nouvelle sur la vie et sur la planète Terre - et une journée portes ouvertes de la station, le samedi 5 septembre, avec visites guidées, exposés, démonstrations et rencontres avec les chercheurs. Des expositions au Marinarium viendront également rythmer cet anniversaire. Rêves d’Océans, en particulier, réserve du 15 mai au 15 septembre une belle surprise au public. Celui-ci y découvrira, en avant-première du film Océans de Jacques Perrin (sortie le 21 octobre 2009), quarante-six photos sublimes et dix dessins inédits du story board du film. Les visiteurs pourront également revivre, en une vingtaine de photos présentées au sous-sol de la station, les 150 ans d’histoire du vénérable bâtiment autour de trois dates-clés : 1859, 1927 et 1968. Au menu, les grandes étapes de la construction de la station, en passant par les changements de méthodes de travail, mais avec toujours un fil rouge : la recherche pour mieux comprendre les océans ! Séché Environnement L’un des principaux opérateurs des déchets et de l’eau en France est fortement impliqué, par l’essence même de ses métiers, dans la problématique de préservation de la biodiversité. Une préoccupation qui l’a rapproché du Muséum et en fait, aujourd’hui, un partenaire privilégié. Du sol à la cime Retour de Guyane française pour les scientifiques des missions Canopée des forêts tropicales (CAFOTROP). Au programme, la découverte des insectes de la réserve de Nouragues, en compagnie de six adolescents de la commune de Saint-Ménéhould. PLEINE MER Les océans représentent près de 361 millions de km 2 . Ils abritent une faune et une flore d’une très grande diversité, recèlent des ressources vitales et fournissent des services écologiques indispensables aux communautés vivantes sur terre. Patrimoine crucial de l’humanité, la mer regorge d’une biodiversité dont la richesse n’a d’égal que la fragilité. Son avenir, et le développement des activités qui lui sont liées, l’évolution vers une gestion durable et soutenable des ressources marines, ne peuvent exister sans une conscience précise des espèces et des écosystèmes impliqués. Etat, collectivités territoriales, élus, partenaires sociaux, acteurs économiques, associations de protection de l’environnement et experts : pour la première fois de notre histoire, le Grenelle de la Mer a réunit tous les acteurs du maritime autour d’une même table. Dans la lignée du Grenelle de l’Environnement, il ouvre un champ plus large en faveur de la mer, du littoral et du développement d’activités maritimes durable. L’objectif est de doter le pays d’une vraie stratégie maritime à long terme. Le Muséum a pris part à cette grande réflexion, tout comme il contribue depuis toujours à la connaissance et à l’exploitation raisonnée des milieux marins et des organismes qui y vivent. Ses scientifiques participent activement au développement du savoir sur la biodiversité marine, à travers la recherche menée en laboratoire ou sur le terrain, lors d’expéditions. Le département Milieux et Peuplements aquatiques, notamment, étudie les structures et fonctions des organismes aquatiques. Il alimente en particulier des indicateurs utilisables pour la conservation des ressources aquatiques et est impliqué dans les études du changement climatique sur la dynamique des océans. Le département Systématique et Évolution est également présent dans les recherches sur les faunes et les flores marines, à travers l’exploration de la biodiversité et l’analyse des mécanismes adaptatifs de l’évolution. La station marine du Muséum à Concarneau, qui fête cette année ses 150 ans d’existence (voir pages 4 et 5), constitue un autre exemple d’actualité. Respect de l’environnement marin, développement durable, gestion raisonnée des ressources et protection du patrimoine biologique naturel, ses équipes, à l’instar de l’ensemble du Muséum, aspirent à répondre aux grandes interrogations sociétales de notre siècle. Bertrand-Pierre Galey Directeur général L’historique de la station et le programme complet des animations sont disponibles sur www.mnhn.fr/concarneau Le grimpeur Lionel Picard (Tree Clumbing France) et l’entomologiste Éric Guilbert récoltant des insectes dans la canopée.

Muséum national d’Histoire naturelle La Lettre d’information ......Auditorium de la Grande Galerie de l’Évolution Entrée libre dans la limite des places disponibles / 18 h

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Page 1: Muséum national d’Histoire naturelle La Lettre d’information ......Auditorium de la Grande Galerie de l’Évolution Entrée libre dans la limite des places disponibles / 18 h

Le MuséumMuséum national d’Histoire naturelle La Lettre d’information Numéro 10 Juillet 2009

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Station de Concarneau : 150 ans de recherche

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La plus ancienne station de biologie marine du monde - celle de Concarneau - souffle ses 150 bougies.

Rattaché au département Milieux et Peuplements aquatiques du Muséum, ce lieu de recherche et de diffusion des connaissances invite communauté scientifique et grand public à fêter l’événement !

Deux colloques sont programmés. Le premier, Biodiversité et Environnement marin : connaissance, gestion et protection (lundi 31 août et mardi 1er septembre) s’intéresse à la biodiversité et à ses indicateurs, à la gestion des ressources naturelles marines et aux outils d’une gestion intégrée du patrimoine naturel marin. Le second, Biotechnologies marines et applications industrielles (mardi 1er, mercredi 2 et jeudi 3 septembre), concerne la classification et l’approche moléculaire, les substances marines naturelles, l’exploitation biotechnologique de la biomasse marine. D’envergure internationale, il proposera une table ronde avec les jeunes sociétés de biotechnologie marine. Accueilli par la station de Concarneau, il est organisé par l’European Society of marine Biotechnology (eSmB), le Muséum et l’Université de Bretagne occidentale.

Parmi les autres manifestations, trois conférences - La vie marine : biodiversité et ressources, Les médicaments de la mer, La planète vivante : une vue nouvelle sur la vie et sur la planète Terre - et une journée portes ouvertes de la station, le samedi 5 septembre, avec visites guidées, exposés, démonstrations et rencontres avec les chercheurs.

Des expositions au Marinarium viendront également rythmer cet anniversaire. Rêves d’Océans, en particulier, réserve du 15 mai au 15 septembre une belle surprise au public. Celui-ci y découvrira, en avant-première du film Océans de Jacques Perrin (sortie le 21 octobre 2009), quarante-six photos sublimes et dix dessins inédits du story board du film.

Les visiteurs pourront également revivre, en une vingtaine de photos présentées au sous-sol de la station, les 150 ans d’histoire du vénérable bâtiment autour de trois dates-clés : 1859, 1927 et 1968. Au menu, les grandes étapes de la construction de la station, en passant par les changements de méthodes de travail, mais avec toujours un fil rouge : la recherche pour mieux comprendre les océans !

Séché EnvironnementL’un des principaux opérateurs des déchets et de l’eau en France est fortement impliqué, par l’essence

même de ses métiers, dans la problématique de préservation de la biodiversité.Une préoccupation qui l’a rapproché du Muséum et en fait, aujourd’hui, un partenaire privilégié.

Du sol à la cimeRetour de Guyane française pour les scientifiques des missions Canopée des forêts tropicales (CAFOTROP). Au programme, la découverte des insectes de la réserve de Nouragues, en compagnie de six adolescents de la commune de Saint-Ménéhould.

Pleine merles océans représentent près de 361 millions de km2. ils abritent une faune et une flore d’une très grande diversité, recèlent des ressources vitales et fournissent des services écologiques indispensables aux communautés vivantes sur terre.

Patrimoine crucial de l’humanité, la mer regorge d’une biodiversité dont la richesse n’a d’égal que la fragilité. Son avenir, et le développement des activités qui lui sont liées, l’évolution vers une gestion durable et soutenable des ressources marines, ne peuvent exister sans une conscience précise des espèces et des écosystèmes impliqués.

etat, collectivités territoriales, élus, partenaires sociaux, acteurs économiques, associations de protection de l’environnement et experts : pour la première fois de notre histoire, le Grenelle de la mer a réunit tous les acteurs du maritime autour d’une même table. Dans la lignée du Grenelle de l’environnement, il ouvre un champ plus large en faveur de la mer, du littoral et du développement d’activités maritimes durable. l’objectif est de doter le pays d’une vraie stratégie maritime à long terme.

le muséum a pris part à cette grande réflexion, tout comme il contribue depuis toujours à la connaissance et à l’exploitation raisonnée des milieux marins et des organismes qui y vivent.

Ses scientifiques participent activement au développement du savoir sur la biodiversité marine, à travers la recherche menée en laboratoire ou sur le terrain, lors d’expéditions. le département Milieux et Peuplements aquatiques, notamment, étudie les structures et fonctions des organismes aquatiques. il alimente en particulier des indicateurs utilisables pour la conservation des ressources aquatiques et est impliqué dans les études du changement climatique sur la dynamique des océans. le département Systématique et Évolution est également présent dans les recherches sur les faunes et les flores marines, à travers l’exploration de la biodiversité et l’analyse des mécanismes adaptatifs de l’évolution.

la station marine du muséum à Concarneau, qui fête cette année ses 150 ans d’existence (voir pages 4 et 5), constitue un autre exemple d’actualité. respect de l’environnement marin, développement durable, gestion raisonnée des ressources et protection du patrimoine biologique naturel, ses équipes, à l’instar de l’ensemble du muséum, aspirent à répondre aux grandes interrogations sociétales de notre siècle.

Bertrand-Pierre GaleyDirecteur général

L’historique de la station et le programme complet des animations sont disponibles sur www.mnhn.fr/concarneau

le grimpeur lionel Picard (Tree Clumbing France) et l’entomologiste Éric Guilbert récoltant des insectes dans la canopée.

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Jardin des Plantes : du changement !

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l’année Darwinne fait que commencer…À l’occasion du double anniversaire du naturaliste anglais et de L’Origine des espèces (1859), les animations gratuites au muséum se multiplient. De juin à fin octobre, Tête-à-tête avec les insectes présente 60 clichés illustrant les évolutions étonnantes de ces animaux. Jusqu’à fin septembre, Darwin aujourd’hui évoque, sur les grilles de l’École de Botanique, le phénomène évolutif aujourd’hui. Une exposition préparée avec le British Council. Tel un observatoire en plein air, le Jardin des Plantes propose Charles Darwin : jardinier et botaniste, une balade autour des travaux du naturaliste. l’année Darwin inaugure également une nouvelle activité hebdomadaire, Les Lundis du Muséum : débats, conférences, projections de film. le premier cycle de conférence, Lamarck, Darwin et les autres, débute le 21 septembre prochain.

Programme annuel complet sur wwww.mnhn.fr,rubrique “Événements”Les Lundis du Muséum - cycle Lamarck, Darwin et les autresDu 21 septembre au 5 octobre 2009Auditorium de la Grande Galerie de l’ÉvolutionEntrée libre dans la limite des places disponibles / 18 h

Histoire d’orPartez à la conquête de l’Or des Amériques ! l’exposition présente l’épopée du métal précieux avec 280 objets rares, vidéos… Un itinéraire ponctué de thématiques variées : minéralogie, récits d’aventures humaines et de civilisations oubliées, impact écologique et environnemental des exploitations récentes par l’Homme.

Or des AmériquesGalerie de Géologie et de MinéralogieJusqu’au 11 janvier 2010Accessible à tout public dès l’âge de 8 answww.mnhn.fr/or/

Darwin au fil des motsl’année Darwin est l’occasion de découvrir le naturaliste anglais à travers ses écrits : éditions originales de ses œuvres et feuillets de correspondance sont exposés avec des aquarelles sur vélin représentant des espèces décrites dans L’Origine des espèces (1859). issues d’une collection du muséum vieille de trois siècles, ces peintures, d’une précision scientifique et d’une qualité artistique remarquables, illustrent la manière dont Darwin observait ses objets d’étude.

Cabinet d’histoire du Jardin des PlantesJusqu’au 6 juillet

Cétacés... un succèsl’exposition Incroyables Cétacés, programmée du 11 juin 2008 au 25 mai 2009, a connu un grand succès auprès du public. 350 970 visiteurs sont ainsi venus découvrir les mammifères les mieux adaptés à la vie aquatique, soit une fréquentation de 1 174 personnes par jour.

événeMents

expositions

Une collectiond’exception

Plante en voie d’éclosionPrésente pendant 300 ans dans la forêt de Fontainebleau, la sabline à grandes fleurs avait disparu du site depuis 2004. Le Conservatoire botanique national du Bassin parisien (CBNBP), rattaché au Muséum, travaille depuis 10 ans sur un programme de réintroduction de cette plante. C’est une première en France : jusqu’alors, ce type de réimplantation végétale n’avait été mené qu’à titre expérimental. Second point fort, « l’opération associe le grand public et le sensibilise à la préservation de la biodiversité », souligne Philippe Bardin, responsable de l’unité de conservation du CBNBP. Multipliée in vitro et cultivée en jardin pour obtenir 800 individus, la sabline a été réintroduite sur son lieu d’origine le 31 mars 2009 par 80 élèves d’école élémentaire - une classe de CM2 de Thiais et deux classes de CM1 de Fontainebleau. Ces enfants ont vécu une expérience formatrice exceptionnelle. En compagnie de leur institutrice, ils ont été sensibilisés par l’équipe de chercheurs pendant plusieurs mois avant de participer à la plantation à Fontainebleau. Désormais parrains de plusieurs plants, ils reviendront à la floraison de la sabline et chacun recevra un diplôme de “Plantation et d’Éco-parrainage”.

Originaires d’Amérique du Sud et introduits en Europe au temps des expéditions vers le Nouveau Monde, les fuchsias comptent aujourd’hui 104 espèces botaniques et plus de 6 000 variétés cultivées. En partenariat avec le Muséum, la Société nationale d’horticulture de France (SNHF) et la Société pour la recherche et l’acclimatation des espèces botaniques du genre fuchsia (Soraf), l’Arboretum de Chèvreloup ouvre sa collection au public, la plus belle d’Europe : plus de 60 espèces botaniques, ainsi que 300 variétés obtenues en culture. L’exposition Fuchsias, des Andes aux serres de Chèvreloup invite les amateurs à découvrir une plante surprenante.

Fête des Jardins Durant la Fête des jardins de Paris, le public découvrira les coulisses du Jardin des Plantes. Visites guidées des collections végétales : arbres ancestraux, plantes médicinales… Activités dans des lieux secrets : graineterie, laboratoire de cultures in vitro… en exclusivité, les professionnels livreront aussi leurs trucs et astuces aux jardiniers amateurs.

Samedi 26 et dimanche 27 septembre 2009Gratuit

Journées du patrimoineWeek-end insolite à plus d’un titre au muséum ! À l’occasion des Journées européennes du patrimoine, les taxidermistes ouvrent leur atelier au public, le Jardin des Plantes révèle son histoire architecturale au fil de balades commentées... en avant-première, vente de timbres d’exception réalisés en partenariat avec la Poste pour l’opération Premiers jours d’une planche, avec en prime, la dédicace de l’artiste sur l’esplanade de la Grande Galerie de l’Évolution.

Samedi 20 et dimanche 21 septembre 2009Gratuit - accessibilité aux personnes en situationde handicap pour certaines visites

Dimanche, 15 h !nouveauté : chaque dernier dimanche du mois, le public pourra découvrir les différents métiers du muséum en rencontrant par exemple un taxidermiste, un paléontologue, un soigneur… le premier à se dévoiler le 27 septembre : laurent Ballot, jardinier au muséum.

Être Jardinier au Jardin des PlantesAuditorium de la Grande Galerie de l’ÉvolutionDimanche 27 septembre 2009 – 15 h

Avant les dinosaures livre événement sur les grands oubliés de la paléontologie : La Terre avant les dinosaures. Sébastien Steyer, paléontologue au muséum, invite à découvrir la faune avant le règne des dinosaures, il y a près de 370 millions d’années. À la croisée de plusieurs animaux plus étonnants les uns que les autres, le lecteur pourra apprécier les illustrations d’Alain Bénéteau, spécialiste des animaux fossiles. Sorti en mars dernier, l’ouvrage présente les paléontologues comme de vrais Sherlock Holmes de l’histoire du vivant !

208 pages en couleursCoédition Belin / Pour la Science

Bilan carboneAvec pour objectif d’évaluer l’impact de ses activités sur le changement climatique, le muséum a réalisé le Bilan CarboneTm du Jardin des Plantes. résultat : sur ce site, 3 279 tonnes équivalent carbone ont été émises en 2007, soit 2 tonnes par salarié. les principales sources d’émission recensées concernent la dépense énergétique et les déplacements. le Bilan CarboneTm servira à définir des indicateurs permettant de suivre les actions entreprises pour limiter l’impact de ces activités.

renDeZ-voUs

Fuchsias, des Andes aux serres de ChèvreloupArboretum du ChèvreloupDu 6 juin au 15 octobre 2009

KiosQUe

Le Jardin des Plantes bénéficie de plusieurs opérations de rénovation. Certaines sont visibles dès cet été.L’édifice qui abrite le Grand Herbier, construit en 1935 pour 6 millions de spécimens, est aujourd’hui saturé et ne répond plus aux exigences modernes de gestion ni d’étude de la collection. Un programme de rénovation est donc mis en place afin d’améliorer les conditions de conservation, d’augmenter les capacités de rangement et de créer des espaces de gestion et de recherche plus fonctionnels. Le premier coup de pioche donné cet été inaugure un chantier évalué à trois ans. Un édifice provisoire élevé à proximité permettra d’abriter une bibliothèque scientifique et des locaux de recherche. De l’autre côté de la rue Buffon, un bâtiment destiné à accueillir des collections est en cours de construction. D’une superficie de 1 718 m2, il prend place sur l’îlot Buffon-Poliveau. Il accueillera dès septembre personnels et collections du Musée de l’Homme, lui-même en pleine rénovation. Laboratoires de recherche, magasins et bureaux sont prévus au sein d’un ensemble architectural respectueux du site. Des travaux débutent également cet été dans la Grande Galerie de l’Évolution afin d’accueillir la Galerie des enfants. Cet espace dédié aux 6-12 ans, à découvrir en famille ou en groupe, proposera un parcours à travers le vivant, son histoire et son avenir. Son ouverture est annoncée pour 2010. Autre nouveauté pour les visiteurs, trois kiosques de restauration, situés sur l’emplacement d’anciens bâtiments de même nature, doivent voir le jour – le premier dès juillet. Enfin, les admirateurs du Jardin des Plantes pourront parrainer un banc dès l’automne prochain. Le mobilier existant, hétérogène et en mauvais état, sera remplacé par une gamme spécialement créée pour le Muséum. Environ 300 nouveaux bancs seront mis en place pour l’agrément de tous.

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la future Galerie des enfants.

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Du haut des arbres Depuis cinq ans, les scientifiques des missions Cafotrop – Canopéedes forêts tropicales – explorent la planète, à la recherche d’insectes.Ils reviennent, cette fois, de Guyane française. Du 20 avril au 7 mai,ils ont exploré le sol, les troncs et la cime des arbres de la réserve naturelle des Nouragues. Dans leurs bagages, outre le matériel,six adolescents de la ville de Saint-Ménéhould.

« La Canopée, c’est la frontière entre le ciel et la cime des arbres », commence Éric Guilbert, entomologiste au département Systématique et Évolution du Muséum. Au début des années 1980, les premières études sur la Canopée se faisaient par le biais du “fogging”. De gros canons pulvérisaient des insecticides dans les airs : les chercheurs récoltaient ensuite les spécimens qui tombaient. Dans le cadre de sa thèse soutenue en 1994 – La biodiversité des arthropodes de la canopée dans deux forêts primaires de la Nouvelle-Calédonie –, Éric Guilbert a expérimenté cette méthode. « Mais elle ne me semblait pas respectueuse de la biodiversité. De plus, elle n’autorisait que des inventaires indirects : j’avais envie de voir de mes yeux ce qui se passait au-dessus. »

Ainsi naquit CafotropLe chercheur rencontre alors Lionel Picart, un des leaders des “Accrobranchés”, aujourd’hui directeur de la société Tree Clumbing France. Sa discipline permet d’escalader les arbres en toute sécurité. S’appuyant sur cette technique préservant l’environnement, Éric Guilbert réfléchit avec Cyrille d’Haese, également entomologiste au Muséum, à une approche alternative. Ensemble, ils mettent au point un format de mission courte avec une équipe réduite travaillant sur les trois niveaux de la forêt : le sol, le sous-bois et la canopée. « En fait, l’idée est de prendre contact avec les populations locales et de poser des jalons pouvant servir de base à des missions futures », explique Éric Guilbert. En 2005, il retourne en Nouvelle-Calédonie pour expérimenter cette nouvelle méthode. Cette mission test s’étant bien déroulée, d’autres suivront : les expéditions Cafotrop sont nées. Toutes sont dédiées aux hot spots, ces lieux riches en biodiversité1. Elles permettent de les réévaluer et d’alimenter des problématiques comme l’évolution des formes chez les hétéroptères Tingidae.

Six ados en GuyaneLa mission en Guyane constitue la quatrième du programme Cafotrop : sept mois de préparation ont été nécessaires. L’expédition avait pour objet de dresser un inventaire préliminaire des insectes appartenant au groupe des collemboles et des hétéroptères de la réserve naturelle des Nouragues. Un photographe et une journaliste se sont joints aux deux entomologistes et au grimpeur, Lionel Picart. Une grande première pour Cafotrop : six adolescents âgés de 14 à 16 ans ont également accompagné les chercheurs pendant les premiers jours de la mission. Un éducateur, un enseignant et un médecin ont assuré l’encadrement. L’expédition est composée de deux volets. Le premier, dit “pédagogique”, a permis d’initier les jeunes au travail scientifique de terrain, sur le site de Pararé, en plein cœur de la réserve naturelle des Nouragues. Les adolescents ont participé à tous les aspects de la mission. Chaque matin, comme les scientifiques, ils ont revêtu leur “tenue de campagne” et leur équipement de protection, sans oublier de prendre le matériel

nécessaire. Une fois en forêt, les 14 participants se divisaient en groupe : « Un premier équipait les arbres choisis pendant qu’un second commençait à travailler sur le sol et le sous-bois. Dès que les arbres étaient prêts, les uns battaient les branches et les feuillages tandis que les autres chassaient à vue », se souvient Éric Guilbert. De retour au campement, chercheurs et apprentis débriefaient la journée et conditionnaient les spécimens avant de remplir leur carnet de bord.

De la jungle à Paris La mission est restée huit jours sur le site de Pararé. « Nous étions 14 : un avantage pour la récolte ! D’un autre côté, avec les jeunes, notre concentration ne pouvait pas être à son maximum. C’est pour cette raison que nous avons d’emblée découpé la mission en deux parties », poursuit le chercheur. Après huit jours de travail, les adolescents, leurs accompagnateurs et la journaliste ont repris la route pour la France. Commence alors le deuxième volet de l’expédition. Les quatre personnes restantes se sont enfoncées dans la forêt. Direction : Inselberg, un site isolé, à trois heures de marche de Pararé, à la végétation différente. Dix jours durant, les deux entomologistes ont poursuivi leur récolte, toujours avec l’appui technique de Lionel Picart. De retour en France, un tout autre travail commence : il faut présenter des résultats intermédiaires le plus rapidement possible.

Cinq jours après son retour, l’entomologiste est enthousiaste : « Pour les groupes sur lesquels nous travaillons, personne n’est jamais allé chercher des spécimens aussi haut. A priori, nous avons récolté plusieurs espèces nouvelles ». Entre le retour et la publication des résultats définitifs, un an au minimum s’écoulera. Pour les adolescents aussi, le travail s’est poursuivi. « Le 4 juin, ils sont venus nous voir au Muséum : il était important qu’ils découvrent le travail de laboratoire », conclut Éric Guilbert.

Conclusion ? Pas vraiment, le chercheur travaille d’ores et déjà sur d’autres projets. Les aventures Cafotrop ne sont pas prêtes de s’arrêter !

Un BilleT PoUr lA GUyAneChristophe Francart travaille en tant qu’éducateur sportif à Saint-Ménéhould, dans la Marne. Sa spécialité ? Le tree-clumbing. Par le biais de cette activité sportive, la ville souhaite sensibiliser ses jeunes à la sauvegarde de la biodiversité en milieu forestier : c’est le principe du “Projet Canopée”, monté en partenariat avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, en 2007. Désireux de promouvoir cette discipline, l’éducateur organise un concours pour déterminer les 6 meilleurs grimpeurs de la ville. Il réfléchit avec Lionel Picart, le directeur de “Tree clumbing France”, à une récompense. Aussitôt, ce dernier se rapproche d’Éric Guilbert, l’entomologiste qu’il accompagne en mission : il lui propose de monter un projet pédagogique avec les 6 gagnants. L’éducateur et les adolescents se sont préparés un an durant pour partir en mission avec les scientifiques. La récompense fut à la hauteur de leur investissement !

Les missions Cafotrop déjà effectuées : dans la réserve naturelle d’Ipassa-Mingouli au Gabon (2006), dans les Yungas au nord de l’Argentine (2007) et dans le nord de Madagascar (Montagne d’Ambre et Tsingy - 2007).

Deux jeunes en route pour la canopéegrâce à la technique du tree-clumbing.

Au premier plan, le matériel de tree-clumbing ; derrière, un carbet, abri ouvert traditionnel en Guyane.

Lianes vues de la canopée.

Un collembole Poduromorphe. Une punaise adulte (hétéroptère) en plein repas. Exemple d’une association entre plante et insectes ; ici des fourmis qui attaquent ce visiteur indésirable.

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La doyenne mondiale des stations de biologie marine Doyenne des stations marines en activité dans le monde, Concarneau fête ses 150 ans en 2009. Fondée en 1859 par l’embryologiste Victor Coste, professeur au Muséum puis au Collège de France, la station s’inscrit dansle grand mouvement scientifique du XIXe siècle qui a vu naître, en Europeet aux Amériques, la biologie marine. Elle est aujourd’hui rattachéeau département Milieux et Peuplements aquatiques du Muséum.

La station de biologie marine de Concarneau occupe un emplacement privilégié. Implantée sur la côte sud du Finistère, elle se situe à proximité de l’archipel de Glénan et d’un ensemble unique d’estuaires maritimes à haute productivité. À lui seul, le port de pêche de Concarneau constitue une ressource exceptionnelle, en raison de la diversité des zones exploitées et des techniques utilisées. Centre de recherches - fondamentales et appliquées - sur la biodiversité et les biotechnologies marines, la station, dépositaire d’un héritage historique, a pour objectif une meilleure compréhension de la biologie des espèces.Un siècle et demi plus tard, le rêve de Coste - se substituer à la nature et élever des animaux marins - est toujours d’actualité !

De la biologie à la biochimie des organismes marinsÀ l’origine, Coste a pour projet de créer une nouvelle industrie : l’aquaculture1. Lorsqu’il arrive à Concarneau en 1858, il fait procéder à des dragages et à des pêches planctoniques en compagnie d’Alfred Guillou, pilote du port. Coste, Inspecteur général des Pêches et proche du pouvoir, obtient d’importantes subventions et fait édifier les bassins, encore visibles aujourd’hui. Son laboratoire est, au moins en partie, une station de recherche appliquée. Après le captage du naissain2 d’huîtres, base de l’ostréiculture actuelle, il passe à l’élevage des homards et des langoustes, pour lesquels les résultats sont moins heureux.

Il réalise qu’il convient avant tout de connaître leur biologie, leurs comportements alimentaires… Bref, de commencer par la biologie marine de base ! Concarneau devient alors un laboratoire de physiologie, puis de biochimie des organismes marins. Très rapidement, la station évolue en un centre scientifique et intellectuel très actif, avec une certaine originalité par rapport aux autres stations nouvellement créées, plus spécifiquement tournées vers l’étude des organismes dans leur milieu, c’est-à-dire l’écologie marine.

En prise directe avec la sociétéAujourd’hui, la station apporte des réponses aux grandes interrogations sociétales : développement durable, gestion raisonnée des ressources, protection du patrimoine biologique naturel… Ses équipes de chercheurs, techniciens et thésards concentrent leurs efforts sur deux grands axes de travaux. Le premier couvre la biologie expérimentale, la biochimie et la biologie moléculaire des organismes marins. Pour Samuel Iglésias, chercheur en ichtyologie : “L’identification moléculaire s’applique à près de 1 500 espèces de poissons présentes dans l’Atlantique européen, la Méditerranée et dans les zones limitrophes. Ces signatures génétiques représentatives d’espèces vont faciliter et accélérer le travail des systématiciens. Elle vont également trouver des applications dans la traçabilité des produits de la pêche, puisqu’elles permettent d’identifier une espèce à partir d’un produit transformé : filet de poisson, produit cuisiné ou séché, farines…”. Le second axe de travail

aborde l’environnement, les biotechnologies marines et l’écotoxicologie. “Certains aliments, en particulier ceux issus des produits marins, ont des effets protecteurs pour la santé”, explique Martine Fouchereau-Peron, chercheur responsable de l’expertise en biotechnologies marines. Celles-ci, “développées à Concarneau, ont pour but d’identifier des molécules bio actives d’origine marine aux activités physiologiques ciblées. Une réponse aux préoccupations des consommateurs et aux besoins du marché des nutraceutiques3.”

lA mer A Son Grenelle…Le “Grenelle de la Mer”, lancé en février dernier, doit contribuer à la définition de la stratégie nationale pour la mer et le littoral, en identifiant des objectifs et des actions à court, moyen et long termes. Entre mars et juin, quatre groupes travaillent sur les thématiques suivantes : “La délicate rencontre entre la terre et la mer”, qui se déroule au Muséum et auquel participent Guy Duhamel, directeur du département des Milieux et Peuplements aquatiques et Pascale Joannot, chargée des relations avec l’Outre-mer ; “Entre menaces et potentiels, une mer fragile promesse d’avenir” ; “La mer, une passion à partager” et “Planète mer : inventer les nouvelles régulations”. Leurs conclusions seront finalisées en juillet 2009 par un Comité interministériel de la mer (CIMER), qui définira les grandes orientations de la politique maritime. Les réunions ont rassemblé tous les acteurs du monde maritime. Il s’agit in fine de tourner davantage la France vers la mer et de lui permettre d’occuper pleinement la place que lui confèrent ses espaces maritimes. La station marine de Concarneau aura, dans cette perspective, un rôle à jouer !

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Vue de la station depuis la mer.

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L’Ifremer comme partenaireDepuis une trentaine d’années, à Concarneau, la station marine du Muséum et l’Ifremer développent de nombreuses actions conjointes. Une complémentarité féconde pour ces deux établissements aux rôles bien distincts : le Muséum apporte une compétence fondamentale nécessaire à l’expertise de l’Ifremer. Ainsi, pour le programme PIDETOX, dernier en date, sur l’identification génétique des micro-algues toxiques, c’est le besoin d’une identification rapide et fiable des micro-algues qui a conduit l’Ifremer à se rapprocher de la station du Muséum, spécialisée dans l’identification des espèces (poissons et invertébrés) par des caractères génétiques. En contrepartie, l’Ifremer apporte une expertise internationale en matière d’identification des micro-algues, basée sur des caractères morphologiques. « Nous attendons de ce partenariat une aide à l’identification des micro-algues pour une diagnose4 exacte des espèces, explique Élisabeth Nézan, taxinomiste des microalgues à l’Ifremer. Nous souhaitons notamment créer une base illustrée de données sur les critères morphologiques/signatures génétiques, ainsi qu’une banque d’échantillons d’ADN de référence.

Rapprochement européenDans plusieurs domaines, tels la valorisation biotechnologique des co-produits de la pêche et la traçabilité génétique, la station travaille en lien étroit avec la communauté scientifique européenne, dans le cadre de projets comme Seafoodplus et Biotecmar. Elle assure également une mission d’enseignement en accueillant des chercheurs, étudiants et techniciens auxquels sont proposés des stages pratiques en biologie, biochimie marine et des stages de terrain pour l’étude et la découverte du milieu marin.

Le MarinariumDotée d’une mission de diffusion des connaissances sur la biodiversité marine vers un auditoire très large, la station abrite un Marinarium, véritable vitrine du laboratoire de recherche. Ouvert toute l’année au public, il permet à ce dernier d’être en prise directe avec la recherche pratiquée dans la station et de mieux connaître la faune, la flore et l’écologie du littoral. Des aquariums dévoilent les fonds marins de la région, une salle pédagogique permet d’observer des animaux marins nés au Marinarium et abrite un bassin découverte de 120 000 litres ! Chacun peut vivre l’aventure scientifique du monde de la mer : les toutes premières expériences d’aquaculture marine, l’identification des nombreux organismes du plancton, la découverte de molécules d’intérêt thérapeutique ou d’espèces de poissons. Périodiquement, ces animations sont complétées par des expositions temporaires.

La doyenne des stations marines fête ses 150 ans. L’occasion pour tous les publics, scientifiques ou non, de découvrir un laboratoire de biologie marine unique en son genre.

Une HiSToire SCienTiFiqUeUne pléiade de chercheurs de renom a laissé son empreinte à la station marine de Concarneau. Dans les années 1880, Pouchet identifie pour la première fois Dinophysis (phytoplancton), responsable de la production de toxines et de la contamination des mollusques. Laguesse établit les fondements de la découverte de l’insuline. D’Arsonval étudie l’organe électrique de la raie torpille, modèle toujours utilisé en neurobiologie… Les techniques d’élevage d’un poisson plat, la sole, sont mises au point à la fin du XIXe siècle par Fabre-Domergue et Biétrix, de même que sont réalisées par Chabry les expériences de base de l’embryologie expérimentale, fondements de l’ostreiculture et de l’aquaculture. Une découverte qui contribue à la renommée internationale de la station. Dans la première moitié du XXe siècle, la biochimie comparée prend son essor avec Florkin et Roche : ils identifient les disparités de structure dans des molécules qui assurent des fonctions identiques chez des organismes différents. Roche fait une autre découverte majeure en 1952 : l’hormone thyroïdienne active, la T3 (triiodo thyronine). De ces travaux naissent l’évolution biochimique, fondée non plus seulement sur les formes des organismes, mais sur les molécules, bases de la systématique moléculaire et les biotechnologies actuelles.

ConSUlTez le ProGrAmme ComPleT DeS ÉVÉnemenTSDU CenT CinqUAnTenAire SUr www.mnhn.fr/concarneau

leS PArTenAireS DeS 150 AnSMinistère des Affaires étrangères et européennes, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Ministère de l’Écologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, Région Bretagne, Direction régionale de l’Environnement Bretagne, Mairie de Concarneau, Programme de Coopération Transnationale Espace Atlantique, Agence de l’Eau Loire-Bretagne, Séché Environnement, Saur.

leS PArTenAireS De l’exPoSiTion RêveS D’OCÉAnSGalatée Films, Dupon, Pathé, Agence spatiale européenne, Census of Marine Life, Fondation Bettencourt Schueller, EDF, Fondation Total, Véolia Environnement, Fondation Prince Albert 2 de Monaco, Principauté de Monaco, Institut océanographique.

PorTFolio

L’existence d’une structure de recherche et de formation doctorale sur Concarneau est un réel outil pour les acteurs impliqués dans la pêche, la transformation des produits de la mer, la préservation de l’environnement… pour le maintien d’une activité touristique raisonnée. Daniel Sellos, Directeur adjoint de la station marine de Concarneau

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DÉFiniTionS

1. Aquaculture : terme générique désignant toutes les activités humaines de production animale ou végétale en milieu aquatique.

2. naissain : larves de différents mollusques, notamment d’espèces faisant l’objet de cultures marines (huîtres, moules).

3. Aliment nutraceutique : désigne une nouvelle gamme de produits alimentaires qui possèdent des propriétés bénéfiques pour la santé.

4. Diagnose : description scientifique, concise, permettant d’isoler un taxon (espèce, genre, famille…).

1930. Spécimens constituant les collections, conservés dans des flûtes en verre.

Gravure représentant le laboratoire, vers 1859. 1923. le laboratoire et les viviers.le professeur Faure-Fremiet (1883-1971)à sa paillasse.

rÉTroSPeCTiVe

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micrométéorite basaltique l’équipe franco-américaine dirigée par matthieu Gounelle, astrophysicien au muséum, a découvert un fragment d’astéroïde inédit : une micrométéorite basaltique. Baptisée mm40, cet éclat de météore de quelques microgrammes avait été trouvé en terre Adélie en 1991. Bien qu’il soit composé de minéraux typiques du basalte, son étude détaillée montre qu’il ne provient ni de mars, ni de la lune (où les basaltes abondent). il n’est pas non plus issu du gros astéroïde Vesta dont les fragments constituent l’essentiel des météorites basaltiques aujourd’hui répertoriées. objet unique, mm40 s’avère une source précieuse d’informations pour étudier la formation et l’évolution d’une croûte planétaire.

A basaltic micrometeorite from Antarctica : Expanding the inventory of solar system planetary crusts.PNAS, 6 avril 2009.

Cerveau fossile

Un groupe de chercheurs américains et français ont récemment identifié un cerveau de poisson de la famille des requins et des raies (iniopterygien), vieux de 300 millions d’années. C’est la première fois que des tissus mous sont trouvés dans un crâne fossile si ancien. Jamais les conditions de préservation n’avaient été réunies pour connaître en détail l’organisation du système nerveux. Une reconstruction 3D a mis en évidence différents éléments comme le cervelet, la moelle épinière, les lobes optiques et les nerfs.

Skull and brain of a 300-million-year-old chimaeroid fish revealed by synchrotron holotomography.PNAS Early Edition, 2 March 2009.

Vestige marin Découvert aux Antilles à la fin des années 70, l’épave du Dragon vient d’être identifiée. il s’agit du dernier bâtiment de guerre français perdu lors de la guerre d’indépendance américaine (1775-1783). François Gendron, archéologue au muséum, a contribué aux recherches retraçant son histoire.

oiseaux en périll’évolution du climat a un impact visible sur certains oiseaux nicheurs. Telle est la conclusion d’une étude récente croisant plusieurs données européennes. Ses résultats servent de base au premier indicateur d’impacts des changements climatiques sur les êtres vivants d’europe, désormais reconnu par l’Union européenne.

An Indicator of the Impact of Climatic Change on European Bird Populations.PLoS One, 4 Mars 2009.

insoliteolivier Gargominy, ingénieur de recherche au muséum, révèle une énigme : l’épopée de la clausilie romaine. Caractéristique des Apennins italiens, l’escargot est également présent aux arènes de nîmes. l’espèce n’a jamais colonisé d’autres endroits dans le monde. Vraisemblablement importée par les romains lors de voyages commerciaux, elle est prisonnière des murs de l’amphithéâtre depuis près de 2 000 ans !

DéCoUvertes

bioDiversité

Vigie Nature :20 ans d’observationde la biodiversité !

En 2009, Vigie Nature fête ses 20 ans. Développé par le département scientifique Ecologie et Gestion de la Biodiversité du Muséum, ce programme d’observation de la biodiversité s’appuie sur des réseaux d’observateurs volontaires : en tout, 5 000 en France. À l’échelle de l’Europe, c’est plus de 50 000 bénévoles qui s’associent au suivi de la nature ordinaire dans des projets comparables de science participative.Dans un contexte de réchauffement climatique, d’urbanisation et de changements agricoles, les observations réalisées chaque année offrent une vision dynamique de la biodiversité. À partir des données, l’élaboration d‘indicateurs, cartes, bilans… est utile pour imaginer différents scénarios de biodiversité et orienter les choix d’aménagements. Le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) a longtemps fourni l’unique indicateur de biodiversité disponible en France. Il restait insuffisant pour étudier l’évolution globale de la biodiversité. En effet, chaque groupe (oiseaux, insectes, plantes...) réagit singulièrement aux changements des écosystèmes. Le Muséum entend généraliser ce type de dispositif à d’autres groupes de faune et de flore en multipliant les sites d’observation et les espèces étudiées. Pour mener à bien cette initiative, il s’appuiera à la fois sur l’expertise scientifique de ses équipes et les associations naturalistes locales qui coordonnent et animent les structures d’observation sur le terrain.Aujourd’hui, Vigie Nature pilote 3 projets1 d’étude et compte 7 observatoires actifs2, dont celui des Papillons des Jardins qui remporte un vif succès auprès du grand public. Deux nouveaux indicateurs ont été créés : le premier sur l’impact de l’altération des habitats, le second relatif aux conséquences des changements climatiques.

De la coquilledes escargots

À l’occasion de l’année Darwin, l’Open University de Grande-Bretagne a lancé le projet Evolution Megalab. Sollicité par les chercheurs britanniques, le Muséum est aujourd’hui le coordonnateur de ce programme d’étude pour la France. Il s’intéresse à deux espèces d’escargots européens : Cepaea nemoralis et Cepaea hortensis. Leurs coquilles présentent une grande diversité de couleurs et de motifs déterminée génétiquement, qui varie en fonction des lieux, de l’habitat, du climat et d’un prédateur : la grive musicienne. À travers l’observation de ces deux escargots, Evolution Megalab cherche à comprendre comment la variation des facteurs environnementaux (modification des habitats, réchauffement climatique, diminution des populations de prédateurs) influe sur la sélection de caractères morphologiques. Il s’agit donc d’analyser la répartition, à l’échelle européenne et au cours du temps, des différents phénotypes1 chez les deux espèces. L’originalité du projet est d’impliquer à la fois scientifiques et grand public. Les collections des muséums européens, en particulier la gigantesque collection Lamotte du Muséum, permettront ainsi de connaître la situation passée. Le bilan actuel sera lui évalué à partir de données collectées par des volontaires sur les escargots vivant autour de chez eux.

Pour participer : www.evolutionmegalab.org.

1. Phénotype : aspect observable de l’individu.

Sur la piste durhinocéros géant En 2002, en Anatolie centrale1, une équipe franco-turque dirigée par Sevket Sen, paléontologue au Muséum, découvre un fragment d’os de rhinocéros géant, un des plus grands mammifères terrestres (5 mètres au garrot, 15 tonnes). Connu en Asie, l’animal n’était pas attendu en Anatolie.Depuis 2006, les chercheurs mènent de nouvelles fouilles sur le site. Ils y repèrent une variété étonnante d’espèces datant de l’Oligocène (34 à 23 millions d’années) : ruminants, rongeurs, etc. Cette époque géologique est caractérisée par la collision entre les plaques continentales arabo-africaine et eurasiatique. Un mouvement qui a bouleversé la géographie de l’Ancien Monde et généré une recrudescence des migrations de populations animales. Les investigations menées ont modifié la vision de l’Anatolie à l’Oligocène. On la supposait isolée, elle a joué un rôle clef dans la dispersion des faunes terrestres. Les affinités découvertes entre les mammifères de cette époque témoignent d’une continuité territoriale entre l’Europe et l’Asie du Sud, l’Anatolie centrale ayant fait office de pont terrestre entre deux continents.En juin 2009, l’équipe du Muséum repart sur la piste du rhinocéros géant et autres espèces fossiles, notamment au profit des collections du Musée d’HistoireNaturelle d’Ankara.

1. Partie asiatique de la Turquie.

1. Les projets à l’étude s’intéressent à la biodiversité des zones humides, à celle des milieux marins et aux pollinisateurs. 2. Ces observatoires concernent oiseaux, papillons et chauve-souris et, depuis 2009, escargots, plantes.

Gazé © Antoine Cadi / MNHN

Mandibule de Baluchitère trouvée en 2008. © MNHN

Image du fossile contenant le cerveau préservé. © C. Lemzaouda (CNRS / MNHN)

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partenariats

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Pour un enrichissement mutueldes entreprises et des HommesSéché Environnement, l’un des principaux opérateurs en France des déchets - et de l’eau, depuis son entrée dans la société SAUR -, exerce un métier impliqué dans la préservation de la biodiversité. Un engagement inhérent à la stratégie d’entreprise qui, dans le cadre d’activités comme le stockage, comprend notamment la réalisation d’études d’impact sur la faune et la flore puis l’intégration au paysage. Autant de préoccupations qui ont guidé le groupe vers le Muséum… Interview de Daniel Baumgarten, directeur délégué.

À quel point vos activités impactent-elles l’environnement ?

Séché Environnement propose une large gamme de services – recyclage, stockage et valorisation – pour tous les types de déchets, des ordures ménagères aux Déchets industriels banals (DIB) et aux déchets dangereux, à l’exception des radioactifs. Nos activités occupent beaucoup d’espaces naturels, ce qui nous confronte à la problématique des relations entre l’Homme et la nature. Cette exigence créé un premier lien avec le Muséum. Elle nous impose depuis toujours l’animation d’une politique de développement durable. Nous avons franchi un grand pas dans les années 1990 en obtenant l’autorisation de transformer notre site de stockage historique, en Mayenne, en centre dit de “classe 1”, pour les déchets dangereux.

Dès l’ouverture, nous avons demandé à un écologue local de réaliser un état des lieux de la faune, de la flore… Convaincu par la démarche, notre président a ensuite décidé de proposer à cet écologue de mettre en œuvre ses préconisations. Séché en emploie quatre aujourd’hui, dont la mission est la préservation de la biodiversité et du paysage. Chacun d’eux peut exercer un droit de veto sur tous les chantiers engagés par le groupe. Ces experts symbolisent parfaitement notre souci de toujours partir du terrain, pour assurer aux associations, aux riverains… que la nature reprendra ses droits après chacun de nos chantiers.

Comment s’est opérée la rencontre avec le Muséum ?

Pour mener à bien leurs missions, nos écologues bénéficient d’indicateurs fiables : les oiseaux. Leur position très en aval dans la chaîne alimentaire les rend en effet très réactifs à toute atteinte au milieu naturel. Quand l’oiseau ne trouve plus sa nourriture, soit il meurt, soit il se déplace. Dès notre première intervention sur un site, pour ouvrir un centre de stockage de déchets par exemple, nous réalisons un état initial puis planifions les travaux avec un écologue, avant de prendre des mesures de

réhabilitation/préservation. Il se trouve que depuis une quinzaine d’années, le Muséum développe le programme STOC de suivi des oiseaux, comprenant plusieurs milliers de points de mesure. Or, nos sites industriels en abritent eux-mêmes un grand nombre, gérés par des associations locales. Bénéficier d’un protocole Muséum géré par des associations ornithologiques locales indépendantes permet donc à Séché de suivre en toute transparence l’évolution de la population d’oiseaux à la fin de chaque chantier, puis de reverser les résultats dans STOC. Ces derniers sont plutôt bons puisque l’évolution des populations sur nos sites se fait au minimum aussi bien que dans d’autres zones naturelles de la région ! Après le succès de ce partenariat, nous avons découvert le projet de rénovation des Serres du Muséum.

Vous êtes particulièrement impliqué dans la thématique des zones humides, notamment dans l’Ouest de la France. Sous quelle forme ?

Notre président, Joël Séché, participe au Grenelle de la mer au sein du groupe de travail “La délicate rencontre entre la Terre et la Mer” qui aborde, entre autres problématiques, la “trame verte et bleue” lorsqu’elle rejoint la mer. Ce projet est co-piloté par Vincent Graffin, délégué au Développement durable et à l’expertise au Muséum. À travers le groupe SAUR, très présent à l’Ouest sur la bande côtière, Séché gère des installations de production d’eau potable, des stations d’épuration ou encore des golfs. Au cours de nos discussions avec Vincent Graffin et Guy Duhamel, également du Muséum,

nous sommes arrivés à la conclusion que le patrimoine foncier du groupe constitue un ensemble très riche et encore peu étudié. Nous réfléchissons donc à la définition d’une méthodologie scientifique

élaborée et validée par des experts du Muséum, permettant d’analyser l’existant puis d’alimenter le projet “trame verte et bleue” avec nos résultats. Pour sensibiliser notre personnel à la démarche, nous avons sollicité Sandrine Derrien-Courtel, de la station de biologie marine de Concarneau. Elle est venue expliquer ses recherches menées dans la zone de Belle-Île-en-Mer et décrire son travail de mesure scientifique de certaines populations sous-marines.

Séché sera présent aux 150 ans de la station marine de Concarneau…

Nous tenions à marquer notre soutien au Muséum par notre présence au colloque de septembre. Par ailleurs, les organisateurs ont souhaité associer Séché à la journée consacrée aux “Outils d’une gestion intégrée du patrimoine naturel marin”. L’un de nos collaborateurs interviendra donc pour expliquer l’utilisation quotidienne de nos technologies et les enjeux d’une maîtrise de la qualité des eaux en bord de mer. Cet événement pourra être l’occasion de fixer la trame d’une collaboration entre notre groupe et le Muséum, sur la connaissance de l’estran et de la bande côtière.

www.groupe-seche.com

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Séché Environnement est l’un des tout premiers industriels français à avoir intégré le maillage du programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) du Muséum. Son ambition : apporter à la collectivité les données recueillies sur ses sites lors de ses programmes de suivis faunistiques et floristiques. Quatre sites de stockage Séché sont actuellement concernés (Calais, Changé, Le Vigeant et Montech) et étudiés par des ornithologues d’associations naturalistes locales, dont les compétences sont validées par le Muséum. La comparaison de ces résultats avec ceux obtenus sur des milieux du même type permet à Séché de valider la qualité de ses techniques de réhabilitation et celle de ses stratégies en faveur de la biodiversité. Par ailleurs, Séché participe au programme de suivi des amphibiens, basé sur l’analyse de la richesse spécifique du milieu. Celui-ci repose sur l’étude des mares, zones humides et points d’eau des différents sites de stockage des déchets. Ces espèces, corrélées à la qualité des eaux de ruissellement, sont de bons indicateurs de l’impact potentiel de l’activité sur l’environnement.

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« »Nos écologues sont les garants que la nature reprendra toujours ses droits après chacun de nos chantiers.

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Aigrette garzette (Egretta garzetta) ; on la trouve dans les zones humides.

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Sandrine Derrien-Courtel

La vie aquatiqueOcéanographe et chargée de recherche à la station de biologie marinede Concarneau, Sandrine Derrien-Courtel y dirige l’équipe Inventaire,Suivi et Expertise de la biodiversité des fonds marins rocheux.Un choix des plus naturels pour cette Bretonne qui a su nager avantde savoir marcher… Ces environnements, encore mal connus, sont selonelle un excellent miroir des profonds changements environnementaux actuels.

Le MuséumMuSÉuM NATIONAL D’HISTOIRE NATuRELLE57 rue Cuvier - 75005 ParisTél. : 01 40 79 30 00

www.mnhn.fr

DireCTeUr De lA PUBliCATionBertrand-Pierre Galey

DireCTeUr ÉDiToriAlHugo Plumel

rÉDACTriCe en CHeFSophie Landrin

rÉDACTionAgence PCA : Isabelle Servais-Hélie, Anne Béchiri,Élisa Dupont, Laura Henimann

GrAPHiSmeMatthieu Carton

imPreSSionImprimerie Escourbiac - 81300 Graulhet

DÉPôT lÉGAl Juillet 2009

iSSn 1962-4131Téléchargeable sur www.mnhn.fr

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Ar Forc’h Vihan (Pointe de Pern, Ile d’Ouessant, Finistère) : relevé sur stipe de laminaire Laminaria hyperborea.

Sandrine prépare sa plongée dans le cadre du programme REBENT 2009, à Squéouel (Ploumanac’h, Côtes d’Armor).

Le Corbeau (baie de Morlaix, Finistère Nord) : Eunicella verrucosa (Gorgone, groupe des Anthozoaires) et Haliclona simulans (groupe des Spongiaires) imbriquées.

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« L’élément liquide m’a toujours attirée », avoue Sandrine Derrien. Dès son plus jeune âge, les châteaux de sable l’ennuient ! Elle préfère patauger dans les lacs : « C’est là que j’ai goutté à l’eau. »

Femme grenouilleUn jour, depuis sa planche à voile, elle aperçoit une plate-forme et des plongeurs. L’envie de les suivre l’envahit… Le temps de se munir d’un masque et elle plonge. « Hélas, je n’ai pas pu aller bien loin ! » mais le déclic s’est produit : elle veut étudier les fonds sous-marins, reconnaître les espèces, savoir pourquoi elles vivent là, comprendre l’existence de milieux marins si différents.

L’océanographie sinon rienÀ la fin du collège, elle annonce à ses parents qu’elle sera océanographe. Quel joli mot ! « Rien d’autre ne m’intéressait ; j’ai décidé d’aller au bout ! » Après une licence de Biologie des organismes à Rennes, Sandrine Derrien décroche à Brest sa maîtrise d’océanographie. Retour à Rennes pour le DEA de Biologie-Agronomie, option Biologie Aquacole. « Comme j’avais la meilleure note en physiologie des poissons, j’ai eu l’opportunité de faire mon stage à l’Ifremer Brest, sous la direction de Gilles Boeuf, actuel président du Muséum ». Elle va pourtant tout abandonner pour travailler dans plusieurs aquariums à travers le monde.

À l’eauEn 1996, Sandrine Derrien apprend que l’Association pour la Découverte du monde sous-marin (ADMS), à Concarneau, recherche un coordinateur. Hébergée par la station de biologie marine du Muséum, l’ADMS regroupe des chercheurs et des plongeurs qui, grâce aux données et relevés effectués, ont pu lancer les premiers inventaires ZNIEFF1 -Mer des fonds marins de Bretagne. « Je suis entrée par la petite porte au Muséum. Et lorsque l’ADMS a pris fin, j’ai proposé de poursuivre le travail des chercheurs, notamment les inventaires ZNIEFF-Mer ». Elle est nommée ingénieur en 2002. « À trente-cinq ans passés, j’ai enfin trouvé ma place et surtout gagné le pari de convaincre le Muséum du caractère incontournable de l’expertise des milieux marins par rapport à toutes les problématiques que l’on nous pose ». Près de quinze ans après son DEA, elle soutient sa thèse « L’étude des peuplements

subtidaux rocheux (faune et flore) du littoral breton permet-elle de contribuer à l’évaluation de la qualité écologique du littoral et d’en mesurer les changements dans le temps ? » fin 2008 ! Encore faut-il retrousser ses manches et assumer les fonctions de trois personnes : recherches de contrats, missions de terrain en plongée, identifications des organismes fixés (plus de 700 espèces), traitements des données, rapports…

Espèces “sentinelles”La recherche d’indicateurs est nécessaire pour comprendre où se trouvent les espèces et pourquoi elles sont là. « Au sein de la station marine, notre mission consiste à utiliser les fonds marins rocheux pour identifier des espèces “sentinelles” et suivre leurs réactions face aux perturbations anthropiques ou naturelles du milieu », explique Sandrine Derrien. « Nos sujets d’études : pour l’essentiel, les espèces fixées - des organismes accrochés à la roche comme les algues, les éponges… » L’équipe intervient ainsi sur dix secteurs bien définis du littoral breton où sont positionnés à chaque fois trois points de mesure représentant un site différent : en fond de baie, côtier et au large. L’objectif ? Obtenir, notamment pour les pollutions d’origine continentale, un gradient d’éloignement à la côte. « Ayant étudié l’ensemble des sites une première fois, nous disposons désormais d’un point zéro partout ». Ces données à la fois quantitatives et qualitatives offrent désormais à l’équipe des possibilités infinies d’analyses, de traitements et de comparaisons variées, spatiales et temporelles. « Notre travail comporte deux spécificités : le terrain et l’identification des organismes. Cela exige une vraie passion, car non seulement les missions en mer sont difficiles mais, au retour, il faut encore s’occuper des données et des échantillons. »

L’outil REBENTLa mission de Sandrine Derrien a pris de l’ampleur à partir de 2002. À la suite du naufrage de l’Erika, le réseau REBENT2 de surveillance des habitats benthiques côtiers est créé, et sa coordination confiée à Ifremer. La Bretagne est alors retenue comme région pilote. « Je m’y suis associée car j’y croyais fort, en dépit du peu de données quantitatives dont nous disposions et de leur dissémination sur le littoral, sans coordination. Depuis, nous sommes référent national pour l’étude des fonds marins rocheux de la façade Manche/Atlantique ». Arrive ensuite la Directive Cadre sur l’Eau3. L’Ifremer propose d’utiliser l’outil REBENT pour élaborer un protocole sur la façade Manche/Atlantique et Sandrine Derrien est nommée responsable de la gestion des données et de la qualification écologique des masses d’eaux côtières pour l’indicateur biologique “macroalgues subtidales”.

Expertise et conseilONEMA4, DIREN5, Conseil régional de Bretagne, Agence des aires marines protégées… sollicitent aujourd’hui l’avis scientifique de l’équipe, à l’occasion de projets tels la mise en place d’indicateurs nationaux et européens, l’extension en mer du réseau Natura 2000 mer, la création de réserves naturelles régionales, ou encore de parcs marins… À une échelle plus locale, elle peut également être consultée au niveau des impacts de travaux portuaires, de captages en mer… Le risque : que ces opérations d’extraction ou de dépôts de sédiments en mer génèrent un panache de turbidité. « Cette matière en suspension peut réduire de fait la possibilité de photosynthèse de la flore. Les organismes vivants, dont certaines espèces sentinelles indicatrices, sont alors directement touchés. » Pour Sandrine Derrien, toujours heureuse d’être consultée sur un projet concret « Une motivation supplémentaire quand on fait de la recherche appliquée ! », tout l’enjeu consiste à rester à la hauteur des attentes.

Désormais consultée pour toutes les problématiques environnementales en milieu marin, notre équipe est devenue une référence.

ConTACT : [email protected]épartement milieux et peuplements aquatiques

1. ZNIEFF : Zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique2. REBENT : REseau BENThique3. Directive Cadre sur l’Eau : adoptée en 2000 par le Conseil et le Parlement européens, elle définit un cadre pour la gestion et la protection des eaux par grand bassin hydrographique au plan européen.4. ONEMA : Office national de l’eau et des milieux aquatiques5. DIREN : Direction régionale de l’Environnement