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Mission du lundi 7 janvier au vendredi 1 er février 2013. RAPPORT DE MISSION EDUCATION ET PARASCOLAIRE A TOGBOTA AU BENIN GUILLON Benjamin [email protected] +33670.94.31.98.

Rapport Mission UA...Le samedi 8 décembre, je me rends sur Paris pour une formation proposée par l’Association. C’est ma 1ère expérience en solidarité internationale, je suis

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Mission du lundi 7 janvier au vendredi 1er février 2013.

RAPPORT DE MISSION EDUCATION ET PARASCOLAIRE

A TOGBOTA AU BENIN

 

GUILLON Benjamin [email protected]

+33670.94.31.98.

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PRESENTATION Qui suis-je ?

Je m’appelle Benjamin Guillon. J’ai 24 ans. J’ai terminé mon master en septembre 2012 dans le domaine des activités physiques et sportives adaptées pour les personnes en situation de handicap. L’objectif de ce métier, enseignant en Activité Physique Adaptée (APA), est d’utiliser les bienfaits du sport, qu’ils soient sur le plan physique, psychologique ou social, pour améliorer et/ou maintenir la qualité de vie de personnes ayant des besoins spécifiques (à cause d’une maladie, d’un handicap ou autre).

Parallèlement pendant les vacances scolaires, je suis animateur ressource handicap pour intégrer un enfant en situation de handicap dans une colonie de vacances accueillant des enfants valides.

Pourquoi partir ?

Etant tout juste diplômé, j’avais besoin de prendre du recul sur ma formation et sur moi même. Mon idée de départ est de partir découvrir un pays et une nouvelle culture. Je ne souhaite pas partir pour partir, je veux vraiment que cette expérience m’apporte sur le plan professionnel. M’orientant d’abord vers un service civique, pour une 1ère expérience et pour des raisons personnelles, je ne me vois pas partir 6 mois ou plus. Poursuivant mes recherches sur le net, je découvre l’association Urgence Afrique (UA) et son site très bien fait (et très bien répertorié sur google). Je remplis un questionnaire le mardi 13 novembre 2012. Dès le jeudi, j’ai un entretien avec Aurélia qui me propose de partir en mission éducation sur Togbota au Bénin. Elle me laisse le week-end pour réfléchir et m’engager pour le mois de janvier. Le lundi 19 novembre, je confirme. Tout c’est passé très vite !

Ma préparation :

Dès le 20 novembre, je reçois ma convention. Il faut remplir l’ensemble des documents 1 mois avant le départ. Il ne faut pas trainer. Après quelques devis, je réserve mon billet d’avion sur le site internet govoyages.com le 3 décembre. Je prends un avion avec Royal Air Maroc avec une escale à Casablanca. C’est le vol le moins cher, je paye 748 euros l’aller-retour (dont 48 euros de frais divers, voir l’annexe « Mes frais »).

Le samedi 8 décembre, je me rends sur Paris pour une formation proposée par l’Association. C’est ma 1ère expérience en solidarité internationale, je suis curieux. La formation se passe dans une petite salle au bureau parisien. Nous sommes une bonne dizaine à participer. L’ambiance est détendue et très ouverte. Les informations sont générales. Cela permet de rencontrer les autres bénévoles avec lequel je pars. Murielle, infirmière de 50 ans, qui part également sur Togbota et, Barthélémy, futur étudiant infirmier de 18 ans, qui part sur Bopa. Au delà les rencontres et les informations, la formation me permet de réellement prendre conscience que je pars.

Grâce aux documents fournis par UA et la disponibilité d’Aurélia rien n’est laissé au hasard et je ne peux pas oublier quelque chose (sauf les micropurs pour l’eau mais on n’est largement fourni en eau minérale). C’est très rassurant ! Visa, rendez vous au Centre de Vaccination International pour les vaccins, les achats divers et variés, le sac, les besoins sur place, …

Après un dernier appel pour faire le point avec Aurélia, un dernier mail, le vendredi 4 janvier, c’est le départ !

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LA MISSION Ma mission :

Je pars pour faire une mission d’éducation et de parascolaire à Togbota, un des 8 arrondissement de la ville d’Adjohoun au Bénin. Je serai principalement à la case des enfants. Parallèlement, j’ai comme projet de faire un film sur Togbota et les activités d’UA.

Contexte de la mission :

Je suis parti tout le mois de janvier avec une infirmière qui est partie 3 semaines. Pendant les 3 premières semaines, nous sommes 2 en mission et la dernière semaine je suis seul. Je précise ce point car je suis persuadé que suivant le nombre de bénévoles, la période à laquelle on part, la mission et la relation avec les salariés béninois sont différentes.

Présentation des salariés d’UA à Togbota :

- Eugène : responsable du bureau Urgence Afrique au Bénin. Il travaille au bureau à Cotonou et se déplace de temps en temps sur les villes des missions.

- Rodrigue (3ème à droite) : responsable des programmes à Togbota.

- Constance (4ème à droite) : animatrice à la case des enfants.

- Léonel : technicien agricole.

- Jacques (5ème à droite) : piroguier.

- Mélanie (2ème à droite) : cuisinière (femme de Jacques).

- Marguerite : femme de ménage.

Présentation générale de la vie à Togbota :

La mission se déroule du lundi au vendredi. Le lundi matin, le départ se fait à 9h00 de la villa à Cotonou avec Gilbert (le chauffeur). Le vendredi, le départ de Togbota est après le repas du midi.

- LE TRAJET :

De Cotonou, le trajet commence par un trajet en zem (taxi moto) jusqu’au stade de l’Amitié. Là, nous prenons un taxi brousse jusqu’à un carrefour. Nous reprenons un zem pendant une bonne heure et demie. Au bout de ce périple de 2 à 3 heures (selon le pilote du zem et les diverses péripéties comme une crevaison ou une panne), nous arrivons sur les bords de la rivière Ouémé. Jacques vient nous chercher en pirogue pour traverser et arriver à la case des enfants

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- JOURNEE TYPE :

Une journée type à Togbota commence par un petit déjeuner : café ou thé, pain et confiture, vers 8h00. Les enfants arrivent progressivement à la case des enfants. Vers 9h00, Constance débute les activités. Les retardataires prennent le train en route. Vers 12h00, les enfants vont manger à la cantine scolaire. C’est notamment l’une des raisons pour laquelle les enfants viennent à la case. Le repas du midi leur est offert. Les activités reprennent à 15h00 pour se terminer vers 17-18h00. Les bénévoles mangent vers 19-20h00, sachant qu’à partir de 19h30 il fait nuit. Il faut préciser que les habitants de Togbota n’ont pas la notion d’heure. Ils n’ont, pour la majorité, pas de montres ou d’horloges, même si beaucoup (d’hommes) ont un téléphone portable.

- LES REPAS : Que ce soit le matin, le midi ou le soir, les repas sont à la case des enfants. Mélanie prépare tous les jours un menu relativement diversifié. Le plat est souvent constitué de pâtes locales (amiwo, pâte rouge, piron rouge, akassa,…), de riz ou de spaghettis,… accompagné d’un morceau de poulet ou de poisson (un morceau frit ou du thon en boite). En dessert, le succulent ananas béninois est le parfait digestif. Les plats sont souvent cuisinés avec une sauce tomate et des oignions. C’est bon et en bonne quantité. Concernant les repas, c’est une situation relativement gênante puisque seul les bénévoles mangent. Eugène nous a dit que les portions étaient calculées uniquement pour les bénévoles. Or, parfois, les hommes prenaient place à table et mangeaient les restes. Cette situation où nous proposions de les servir était assez déstabilisante. Faut-il tout manger ? Faut-il en laisser ? En France, le repas est souvent un moment convivial synonyme de partage et d’échange sur la journée passée. Avec Murielle, nous nous sommes beaucoup questionnés. Peut être fallait-il tout simplement inviter tout le monde à partager le repas et s’asseoir autour de la table.

- LA NUIT, LA DOUCHE ET LES TOILETTES: La case des bénévoles est un grand dortoir avec 8 couchages. Chaque lit individuel est équipé d’une moustiquaire. C’est très convivial comme dortoir, on y dort bien même si les nuits ont parfois été un peu fraiches (période de l’harmattan oblige).

Pour les douches, des bidons d’eau sont acheminés le lundi. Dans un grand « saladier », la douche se fait grâce à un petit récipient en plastique. Les toilettes sont des toilettes sèches. Le dépaysement est complet et franchement ça se fait bien. Ils sont derrière la case où personne ne passe, pour rassurer les plus constipés !

Case des enfants

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Premiers jours à Togbota :

Les 2 premiers jours à Togbota sont destinés à découvrir les villages : Agué, là où sont situés les cases et le dispensaire d’UA, et Oudjra, situé à 3 km à pied d’Agué. Lors de cette visite, Rodrigue présente le village et leurs habitations, les infrastructures locales (l’école, les bornes fontaines pour l’eau courante, le dispensaire, …) et surtout les personnalités de la localité (chef d’arrondissement, chef d’arrondissement suppléant (photo), directeur de l’école, les instituteurs,…). Lors de ces rencontres, Rodrigue s’efforce de traduire les discussions. En effet, la majorité des personnes parlent le Ouémé (mélange de Fon et de Yoruba). C’est parfois très frustrant de ne pas pouvoir participer aux discussions (il faut s’y faire).

Rodrigue présente l’histoire et les programmes d’UA à Togbota et également les lieux des missions (case des enfants, dispensaire, ferme solidaire et les terres).

Ces 2 premiers jours sont très intéressants. Ce qui me marque le plus est la pauvreté dans laquelle vivent les gens. Même si en partant, je savais qu’il n’y avait pas d’eau courante, ni d’électricité, de le voir et de le vivre, c’est complètement différent ! Je ne vais vivre que 1 mois dans ces conditions, j’oublie rapidement ma condition personnelle et je m’imagine à leur place. Rapidement je me dis qu’il ne faut pas comparer à notre vie française. Les gens sont heureux et souriants, ils sont très contents de voir des « yovos » (« blanc » en Fon) venir les visiter. Les personnalités du village offrent ce qu’ils ont de plus chers : du sodabi. C’est de l’alcool de palme (plus ou moins fort suivant sa fabrication, artisanale bien sur). Ils remercient d’avoir fait ce long déplacement et sensibilisent sur leurs conditions de vie. Un des messages important est d’en parler à notre retour pour qu’on les aide. Mon projet vidéo prend tout son sens.

La case des enfants :

La case des enfants accueille, comme son nom l’indique, les enfants de Togbota âgés entre 2 et 7 ans. Les plus jeunes doivent être propres et « pas trop pleurer », et les plus grands sont ceux qui ne peuvent encore aller à l’école (à cause de leur trop faible niveau). Il y a en moyenne 30 enfants. Parfois, il n’y a personnes car les parents ont besoins d’un coup de main pour travailler. Constance fait alors un tour dans le village pour rencontrer les parents. Les échos sont positifs et les parents reconnaissants. Les enfants lorsqu’ils viennent à la case ont le droit d’aller à la cantine le midi.

Pour moi, la principale difficulté est la barrière de la langue. Les enfants parlent Ouémé. Ils répètent les phrases de français apprises mais la discussion ne va pas plus loin. Ils sont très contents de voir un « yovo ». Globalement il y a ceux qui viennent directement te sauter dans les bras et ceux qui sont un peu méfiants. Tous sont très curieux. Ils me touchent les mains, me les frottent pour voir si je suis « maioui » (noire) dessous. Ils sont également très curieux des poils, sur les jambes notamment. Ils touchent également les cheveux. Le contact est très facile. Je ressens bien le fait que les enfants de la case (et les écoliers qui passent) sont habitués à voir des « yovos » en mission. Dans les quartiers, j’étais parfois le 1er blanc que voyaient certains enfants. Ca donnait des scènes surréalistes où l’enfant pleurait à chaude larme, ou même partait en courant par peur. Je n’avais jamais fait autant pleurer d’enfants.

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A la case, certains retiennent rapidement mon prénom. Au delà ce 1er contact qui se fait naturellement, il m’est difficile de mener une activité. Je seconde toujours Constance. Lors d’activités, nous séparions le groupe en 2. Je prenais les plus éveillés. Avoir une certaine autorité sur le groupe pour cadrer l’activité n’est pas évident. Les enfants se permettent des choses qu’ils ne faisaient pas avec Constance. Lorsque j’haussais le ton ça les faisait beaucoup rire et ils répétaient ma phrase. Pas évident mais c’est compréhensible. J’aurai été le 1er à me marrer si, à leur âge, je m’étais fait engueulé par un chinois … J’ai donc essayer de les sanctionné. Lors de l’activité peinture, je leur enlevais le pinceau des mains. Ca a bien fonctionné. Sur d’autres activités, ça n’a pas du tout fonctionné et tout le monde voulait être « puni ». Pour eux, lorsque je les sanctionnais c’était une super occasion de jouer avec moi. La technique utilisée par Constance est la « chicotte », une branche qu’elle se sert pour les frapper. Qu’on se le dise, et que ça nous plaise ou non, ça fait parti de leur outil pédagogique. En réalité, ça marche plus ou moins puisque les enfants fuient ou pleurent beaucoup ensuite. La faute n’est pas clairement expliquée donc ils recommencent, se reprennent un coup ...

Avec la durée de la mission, les enfants étaient plus à l’écoute de ce que je leur disais. Il faut beaucoup jouer avec eux pour ensuite faire la part des choses et leur dire parfois « non je ne joue pas avec toi parce que tu as fait telle chose ». Malgré mes 5 ans d’expérience dans l’animation avec des enfants français, cette expérience est très enrichissante car il m’a fallu me reposer les bonnes questions sur ma façon d’être avec les enfants. Je me suis remis en question et il m’a fallu reconstruire des techniques qui me seront, j’en suis sûr, réexploité en France.

- LES ACTIVITES PROPOSEES :

Au début, les enfants chantent des chants qu’ils ont appris. C’est parfois du Fon mais principalement des contines en français (avec leur accent bien sur et leurs difficultés à prononcer certaines syllabes comme l’a bien détaillé une bénévole dans son rapport de mission). Ils frappent dans les mains, ils dansent. Ca rythme le début de journée et réveille tout le monde (les enfants comme les animateurs). Ils répondent également des questions de français de base : « comment t’appelles tu ? _ Je m’appelle … ».

Généralement, les activités commencent devant la case. Ils font des rondes, des jeux divers comme le poule/coq, le cheval, …

Les activités peuvent avoir lieu derrière l’école où il y a un grand espace. Ce sont surtout les activités sportives : courses à pied, brouette, cheval, jeux de ballon, … Les enfants se dépassent et sont toujours partants.

Les enfants apprennent également des notions de français. Constance leur fait répéter des mots : les couleurs du drapeau du Bénin (vert, jaune et rouge), des noms d’animaux (poule, coq, poisson, éléphant, girafe, …). Il y a des jeux de société à la case qui sont très utiles pour leur montrer les animaux (ou d’autres choses). Malheureusement il y a beaucoup de cartes avec des animaux qui ne sont pas de leur quotidien (chevaux, vaches par exemple) Il serait intéressant d’imprimer des animaux de leur quotidien (poule, coq, poussin, cochon, poisson, lézard, mouton) pour utiliser un plus grand nombre de support.

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Il faut beaucoup répéter pour que les enfants retiennent. Le groupe est très hétérogène. Cela est lié à l’attention des enfants, leur assiduité (qui ne dépend pas forcément d’eux) et leur attention. Certains enfants sont très éveillés d’autres beaucoup moins, indépendamment de leur âge. Ils répètent machinalement ce qu’on leur apprend sans réellement se rendre compte de ce qu’ils disent. Un exemple simple est lorsque Constance fait répéter les mots et qu’elle dit à un enfant : « assis toi ». Les enfants répètent « assis toi ». Ca crée des situations assez cocasses.

Les enfants font également des activités créatives. Grâce aux feuilles, coloriages, crayons de couleurs et peinture ramenés par les bénévoles, les enfants prennent un plaisir fou à créer et s’exprimer artistiquement. Les enfants ont ainsi peints la porte de la case des bénévoles (photo), où des bénévoles s’étaient « amusés » à écrire en gros, bien visible « Koh Lanta 2012 »… J’ai trouvé ça très moyen lorsqu’on sait ce qu’est cette émission (no comment !).

En discutant avec les enseignants des écoles, il faut se féliciter du travail réalisé à la case puisque les enfants qui ont participés aux activités de la case des enfants sont plus éveillés que la moyenne. Dans cette région très rurale où le niveau à l’école est très bas, il faut s’en féliciter et continuer le travail.

Le soutien scolaire est également une des activités de la case. Les élèves de l’école (de Agué) viennent le mercredi après midi. Enfin, ils sont censés venir. Sur les 4 semaines, je n’ai vu que peu d’élèves et souvent les même. La venue d’un volontaire est une super occasion de sensibiliser leur oreille à du « français de France ». Avec l’accent et leur prononciation, l’apprentissage de l’écriture et de la lecture est difficile. J’ai beaucoup travaillé l’alphabet (même aux élèves de CM2) et notamment la distinction entre les majuscules et les minuscules. Cette base n’est pas acquise. En 4 semaines, j’ai vu de nets progrès pour certains, c’est très encourageant ! Il serait également intéressant de proposer du soutien après la classe.

Ayant ramené un ballon de foot, nous avons joué quasiment 1 soir sur 2, de la fin de l’école au couché du soleil. Ce moment était super intéressant pour rencontrer les jeunes du village (des plus jeunes écoliers aux collégiens en passant par des agriculteurs). Ce sport universel est très fédérateur. Un bel exemple des vertus sociales du sport. Pour la localité, c’est quelques choses de très important tant le travail en solidarité semble difficile. Ca m’a également permis d’être très bien accepté dans la localité. J’étais « Benjamin » et plus « yovo, comment t’appelles ? ». Même lorsqu’on passait dans le village ou en pirogue, j’entendais mon nom. Au delà une certaine satisfaction personnelle, organiser des activités le soir est un très bon outil pour l’intégration du volontaire et développer la solidarité de la localité.

Lors de ma mission, je n’ai que peu côtoyé les jeunes collégiens (qui parlent bien français). Ils sont très curieux et s’intéressent beaucoup à notre culture. Avec Murielle, nous avons fait une sensibilisation sur les maladies sexuellement transmissibles. Avec 8 jeunes collégiens (rentrés à Togbota car c’était férié), la sensibilisation était une discussion ouverte et sans tabou. Ils avaient

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plein de questions notamment sur l’usage du préservatif et son effet dans le plaisir ressenti. Nous leur avons montré comment bien le mettre et nous leur en avons donné 4 chacun. Ce type d’activité est à refaire puisque l’utilisation du préservatif n’est clairement pas entrée dans les mœurs, par manque d’informations et aussi à cause de son coût. Il n’y a pas le virus du sida à Togbota mais les jeunes, qui vont à l’extérieur du village, pourraient le ramener. Il est important de leur faire comprendre qu’ils sont l’avenir de Togbota.

La sensibilisation est une activité à faire par les volontaires. Sans avoir un discours moralisateur d’européen, il s’agit de leur faire partager des connaissances prouvées scientifiquement et bousculer leurs croyances. Travailler avec l’équipe du dispensaire est à faire pour organiser une sensibilisation. Nous avons organisé une sensibilisation sur les risques de l’harmattan aux classes de CE2, CM1 et CM2 de l’école d’Oudjra. Clairement les enfants savent ce qu’on leur a dit (« aller au dispensaire en cas de … » ; comment se laver les mains ; …). Une fois encore le passage de bénévoles est visible, c’est très encourageant. Maintenant il s’agit aussi de donner des moyens à cette jeunesse. Leur apprendre à bien se laver les mains alors qu’il n’y a pas d’eau courante reste paradoxal. Le transfert dans leur vie quotidienne est compliqué à faire !

Le projet vidéo :

Dès mes 1ers jours à Togbota, le projet de réaliser une vidéo prend tout son sens. Les responsables du village souhaitent que les bénévoles soient des messagers de la situation de Togbota en Europe : pas d’eau courante, ni d’électricité, faibles revenus et également le fait qu’ils disposent d’outils archaïques pour exploiter leurs terres. L’objectif pour moi est donc de filmer ces responsables pour que ce soit eux les messagers. L’impact sera plus cohérent et beaucoup plus fort. En jonglant avec les emplois du temps de chacun, j’ai ainsi interrogé le chef d’arrondissement, Gaston Savi et le chef suppléant d’arrondissement, Pierre Agbandjeto. J’ai également filmé les activités de l’association UA : du dispensaire, à la ferme solidaire et passant par la case des enfants. Je filme avec une GoPro Hero 2 ce qui me permet d’avoir une excellente qualité d’image (1080) et un grand angle (170°). J’enregistre le son pour les interviews et les chants avec un enregistreur numérique (Zoom H2N). Je synchronise les 2 et monte le tout sur logiciel (Final Cut Express).

Le projet est de filmer sur mes 3 premières semaines, de faire un 1er montage le week-end pour montrer la vidéo en 4ème semaine avec mon ordinateur. Malheureusement, mon ordinateur n’a pas voulu s’allumer la 4ème semaine. J’ai donc été obligé d’annuler cette partie. J’ai été très déçu de ce problème technique. Quand je vois les réactions, les fous rires surtout, quand ils se voient en photo, la projection de la vidéo aurait été un moment très fort ! J’en ai parlé avec Eugène et je compte sur les prochains bénévoles pour se charger de montrer le film aux habitants de Togbota (et m’envoyer une vidéo ou des photos de cette scène, Merci d’avance !).

Sur la prise des vidéos, il est important de demander aux personnes si elles veulent bien être prises. J’ai ainsi beaucoup de vidéos prises à la case, à l’école mais peu dans les villages. L’archétype du touriste avec son gros appareil photo autour du coup dérange les gens. Il s’agit de bon sens. En France, on ne prend pas en photos des gens sans leur demander et encore moins chez eux. J’ai croisé certains « yovos » qui prenaient des photos à l’arraché comme ça, je trouve ça très irrespectueux. La « photo souvenir du petit noir tout mignon qui sourit et est content », non merci ! Le montage vidéo n’est pas là pour que les gens s’apitoient mais bien pour qu’ils aient envie d’aider !

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L’évolution de ma mission :

Lors des premiers jours, j’attendais beaucoup de la part de Rodrigue. Etant le responsable des programmes je pensais qu’il allait m’orienter. Finalement à la fin de la 2ème semaine, je me suis dit qu’il fallait que j’enclenche la seconde. Dès le lundi de ma 2ème semaine (à la moitié de ma mission), j’ai planifié mon temps (un tableau tout simple avec les jours de la semaine et les activités). Je regrette de ne pas l’avoir fait plutôt. Ca m’a permis de m’organiser et d’anticiper mes activités au maximum (notamment sur le projet vidéo).

D’une manière générale, je me suis trouvé trop attentiste et pas assez curieux. Avec la barrière de la langue et leurs nombreuses discussions en fon, j’avais parfois peur de les gêner. Le mois passe très très vite. Ils sont dans l’attente de propositions, de nouvelles activités mais ils ne vont pas l’exprimer clairement. Dès le début de la mission, il faut être à fond ! J’ai clairement été trop passif les 2 premières semaines. Les 2 dernières semaines ont été super dynamiques. Je suis même aller donner un coup de main à Léonel à la ferme. Je pense qu’il ne faut pas se contenter de sa mission de base. Il faut être curieux de l’ensemble des missions d’UA à Togbota. C’est une équipe qui travaille sur différentes missions mais chacun aide l’autre dans son travail. C’est dans ces semaines que je me suis pleinement épanoui mais il était déjà l’heure de rentrer en France. La mission passe à une vitesse folle !

Bilan de la mission :

Cette mission de solidarité internationale est une première pour moi. Je voulais partir un mois, c’est la bonne durée pour une première expérience mais c’est passé très vite, trop vite !

La question que je me posais le plus était : « comment leur être le plus utile en ne restant qu’un mois ? ». Ca m’a beaucoup travaillé avant et pendant le séjour. Coupler le projet vidéo à ma mission éducative a été la réponse à ma question.

A Togbota, la vie est unique. Vivre sans eau ni électricité à notre époque fut pour moi une expérience très enrichissante. Même si je le savais en partant, le fait de le vivre n’a rien à voir.

Je suis un peu déçu du relationnel humain, lié en grande partie à la barrière de la langue. Attention aussi à ce que les projets des bénévoles soient suivis et menés par les employés d’UA en Afrique. S’ils attendent que des bénévoles viennent sur le terrain pour faire des choses, ça ne sert à rien et UA sera constamment obligé d’envoyer des bénévoles ! J’ai plusieurs fois ressenti cette situation et je tiens à alerter sur ce point ! Parfois ils se laissent clairement vivre, alors qu’ils sont au boulot !

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UN MOIS AU BENIN CE N’EST PAS QUE LA MISSION !

Au delà la mission à Togbota, du vendredi (vers 15h) jusqu’au lundi matin, j’étais totalement libre (sans oublier le règlement intérieur signé avant de partir). Ca permet de découvrir d’autres villes du Bénin et surtout de se débrouiller « seul ». Partir 1 mois au Bénin reste une expérience unique. Chaque moment est important et inoubliable tant le dépaysement est complet !

La vie le week-end. Le week-end, tout en respectant le règlement intérieur (le plus dure est le couvre feu à la villa !), j’ai beaucoup bougé avec les autres bénévoles. Ca fait vraiment un mois de janvier à 2 vitesses avec la mission et les week-ends, et c’est super !

J’ai ainsi pu vivre la fête du vodoun (le 10 janvier) à Ouidha, visiter Porto Novo, Ganvié (photo ci dessus) et la fourmilière de capitale qu’est Cotonou. J’ai également passé un week-end à Bopa où j’ai pu voir comment se passait la mission des autres bénévoles (avec qui j’étais tous les week-ends). Ambroise, le responsable des programmes à Bopa, nous a proposé de faire une randonnée autour du vodou et une balade en pirogue sur la lac Ahémé avec une dégustation de coco (photo ci dessous). Ces 2 activités sont proposées par UA et sont vraiment très bien menées par Ambroise.

Grâce à Léonel, avec les autres bénévoles, nous avons également pu découvrir les soirées nocturnes cotonoises. Il nous a emmené dans des maquis typiquement béninois où on a appris à danser (on a essayé tout du moins…). Nous étions l’attraction (des yovos qui dansent). Des supers soirées et surtout un bel échange !

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L’argent.

La monnaie au Bénin est le franc CFA (anciennement Franc des Colonies Françaises d’Afrique et aujourd’hui Franc de la Communauté Financière Africaine).

650 francs CFA = 1 euro

Le taux est toujours fixe par rapport à l’euro. Le plus simple est de changer des euros à l’aéroport avec des coupures de 50 ou 100 euros.

Le principal souci est le manque de monnaie. C’est indispensable notamment pour payer les zems. A l’aéroport, ils te donneront des grosses coupures (10000, 5000). C’est difficile de les couper après (à part dans certains maquis). Il ne faut pas hésiter à demander au guichet de l’aéroport de la petite coupure (comme sur la photo des billets de 2000).

Il est important de tout le temps négocier. A la base, je n’aime pas forcément ça mais ca fait partie de la culture. Pour les courses de zem, on prend vite ses habitudes et ça devient très plaisant, voir amusant.

On est un « yovo » ce qui signifie un « mec qui a de l’argent ». Même si les sommes sont dérisoires quand on fait la conversion (on arrête vite de la faire d’ailleurs), d’une manière générale ce n’est pas leur rendre service et rendre service aux prochains yovos, d’alimenter cette réputation.

Sur ce point, c’est parfois très gênant leur discours sur le rapport à l’argent et les yovos. Il est évident que nous n’avons pas le même cadre de vie. Un salaire français au Bénin permet d’avoir un cadre de vie de folie. Mais il ne faut pas comparer ! Ce discours peut parfois être énervant mais il témoigne de l’image que nous, yovos, leur renvoyons en allant chez eux, et également du fait que rares sont les béninois venus en France (« la mère patrie »). Certes la vie n’y est pas chère mais il faut faire attention à ne pas faire n’importe quoi de son argent.

La villa.

La villa est située dans le quartier Fidjorossé à Cotonou. C’est un quartier tranquille à l’ouest de l’aéroport et à 5 minutes à pied de la plage.

La villa a un gardien, Raphaël qui est très disponible et très sympa. On s’y sent bien et la terrasse est top pour se reposer, lire, boire une bière, … Faire tout ce qu’on veut le week-end !

Ca permet également de recharger les batteries (de téléphone et appareil photo). J’avais acheté un régulateur de tension pour protéger mes appareils. Le courant coupe assez souvent dans le quartier.

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« ON FAIT LE BILAN CALMEMENT » Le retour en France.

Après une semaine en France, ce mois béninois me paraît loin tant le décalage est important. A mon arrivée à Paris, c’était clairement très difficile. Les gens (que des yovos), la lumière, la météo, les publicités, l’effervescence à la française, j’ai tout pris dans la face. J’étais totalement décalé marchant à 2 à l’heure dans la gare où tout va à 200. Bref le retour en lui même fut difficile. La prise de conscience de tout ce que j’ai vécu ce fait petit à petit. Raconter les nombreuses anecdotes aux proches ce fait petit à petit. Le fait de faire un montage vidéo va beaucoup me servir pour partager cette expérience unique. Mais ça reste à vivre !

Bilan général. Je suis très satisfait de ce mois de janvier. De la préparation où Aurélia nous accueille dans l’association avec simplicité et disponibilité, au séjour en lui même et la rencontre avec les salariés béninois, la mission est une réussite ! L’ensemble de ce mois est très enrichissant. Que ce soit la mission et la vie à Togbota ou les week-ends, le dépaysement est complet. Pas de stress, la patience et le calme sont de rigueur ! Pour une 1ère expérience, j’étais content de rentrer au bout d’un mois mais il est clair que ma prochaine mission durera plus longtemps. Au bout d’un mois j’ai pu prendre la température et mes marques mais c’est passé très vite.

Personnellement, j’ai beaucoup appris et ressort avec une meilleure connaissance de moi-même. Bref, c’est une expérience que je conseille !

Remerciements. Je veux remercier tout particulièrement Aurélia, pour son dynamisme, son énorme engagement au quotidien et sa disponibilité (même en pleine nuit en we lors du départ). Un grand merci à elle qui apporte beaucoup à l’association.

Merci également à Eugène pour sa disponibilité, son écoute, ses conseils et son calme. Merci à l’équipe de Togbota : Rodrigue, Constance, Jacques, Mélanie, Marguerite, avec une mention spéciale pour Léonel pour nos discussions, nos fous rires et son accueil ! Merci à Raphaël et Gilbert. Merci à Ambroise. Merci également aux nombreux béninois rencontrés, à Togbota, dans un taxi, sur la plage, autour d’une béninoise (la bière, je précise). Merci aux autres bénévoles d’UA : Murielle, Laurie, Alice et Barthélémy pour les week-ends passés ensemble, pour l’apprentissage d’Azonto, pour les discussions et le partage, pour les moments de rires et de galères qui ont fait que ce mois de janvier 2013 restera !

Merci enfin à ma famille et mes proches !

Benjamin, le chef Koklo.

Page 13: Rapport Mission UA...Le samedi 8 décembre, je me rends sur Paris pour une formation proposée par l’Association. C’est ma 1ère expérience en solidarité internationale, je suis

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MES FRAIS

Au delà, l’engagement humain je souhaite mettre au claire mes différentes dépenses. Il s’agit d’une mission qui coûte. L’association explique très bien la répartition des frais engagés.

Dépenses Prix Urgence Afrique 710,00

(dont 468,60 de déduction d’impôts) Billets d’avion A/R via Casablanca avec Royal Air Maroc 748,00 Train A/R pour aller à Paris 49,70 + 86,00 Visa 30 jours 50,00 Passeport Timbre fiscal 86,00

Médecin traitant 22,00 Médecin Centre de Vaccination Internationale 35,00 Stamaril : Fièvre jaune (seul obligatoire) 27,00 Typhoïde 17,00 Hépatite A 21,00

Vaccins

Méningite 42,00 Insect écran pulvérisation (x2) 17,80 (2x 8,90) Insect écran trempage (x2) 16,60 (2x8,30)

Anti-moustique

Anti palu : Doxycycline remboursée Trousse pharma Spray antiseptique 3,11 Thermomètre 9,00 Divers (pansements, compresses,…) 20,00 Adaptateur Ondulateur 9,99 Dépenses au Bénin 3 x 50 euros + 1 retrait (pile poil suffisant) 157500 FCFA (242 euros)

TOTAL (sans déduction des impôts) 2212,20 euros TOTAL (avec déduction des impôts) 1743,40 euros