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Trois citations « à statut particulier » I « Ô mes amis, il n’y a nul ami » page 2 II „Was tut die Psychoanalyse hier anderes als das alte Wort von Plato bestä- tigen, daß die Guten diejenigen sind, welche sich begnügen von den zu träumen, was die anderen, die Bösen wirklich tun ? “ page 10 III « Timeo Danaos et dona ferentis » page 13

Trois Citations « à Statut Particulier »

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Je propose d'examiner d'un peu près trois citations « à statut particulier » :Montaigne « Ô mes amis, il n’y a nul ami »Platon via Freud « L’homme de bien se contente de rêver de ce que le méchant met en pratique »Virgile « Timeo Danaos et dona ferentis »

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Trois citations statut particulier

I

mes amis, il ny a nul ami

page 2

II Was tut die Psychoanalyse hier anderes als das alte Wort von Plato besttigen, da die Guten diejenigen sind, welche sich begngen von den zu trumen, was die anderen, die Bsen wirklich tun ? page 10 III Timeo Danaos et dona ferentis page 13

I

mes amis, il ny a nul ami

Montaigne, Essais , I, 28 Exemplaire de Bordeaux

A lendroit des quelles il faut emploer le mot quAristote auoit trefamilier. O mes a[mis] il ny a nul ami.

Ambrosius Traversarius Camaldulensis (Ambrogio Traversari, 1386-1439, prieur gnral de lordre des Camaldules [Camaldoli est proche dArezzo]) acheva en 1431 sa traduction en latin, commence dix ans plus tt linstigation de Cosimo de Medici et contrecur, des Vies et doctrines des philosophes illustres, de Diogne Larce ( , ), traduction publie en 1472. Au livre V, qui ouvre sur la vie dAristote, Traversari a lu sur le manuscrit quil consultait : [ ] , , .(Favorinos rapporte, dans le livre II de ses Mmorables, quil [Aristote] disait en toute occasion : mes amis, il ny a pas damis ; mais cela se trouve aussi au livre VII de lthique [ Eudme]. La citation originale est concise : cest une phrase nominale. Favorinos dArles fut, selon Eugenio Amato un des plus fameux intellectuels grecs du IIe sicle aprs J.-C. et lun des reprsentants les mieux cots de la Seconde Sophistique .)

Ce quil rendit de la faon suivante : Refert Fauorinus in secundo Commentariorum illum crebro dicere solitum : o amici amicus nemo.(Favorinos rapporte au livre II de ses Commentaires quil [Aristote] rptait souvent : mes amis, il ny a pas damis.)

Et cest ce texte latin que Montaigne a eu sous les yeux et a adapt, comme le rappelle Jean Card dans son excellente dition des Essais : La Pochothque, 2001, p. 294 note 1. La version du texte de ce passage ( , o est une interjection vocative) faisait alors autorit ; rien de surprenant, par consquent, ce que ce soit celle qurasme ait utilise dans ses Apophthegmata (cf. M. A. Screech, Montaigne, The Essays, Penguin, 1993 mais la source de ce dernier est le Diogne Larce de Traversari).

(Un ami est une raret [Aristote] avait frquemment la bouche : , . Estimant que nombreux taient ceux qui portaient le nom damis, mais quen ralit il ny en avait que trs peu ou aucun.)

En outre, il est tout fait injuste dadresser rasme le reproche davoir mal traduit (mistranslated, James McEvoy, in Too many friends or none at all ?, The American Catholic Philosophical Quarterly, 2003) la formule : on peut hsiter entre paraphrase, glose et commentaire, mais lintention ntait pas de traduire et seul le texte source est fautif.

Cest ici que se situe le tournant que reprsentent les Remarques dIsaac Casaubon (1559-1614), In Diogenem Laertium Not Isaaci Hortiboni, publies sous un pseudonyme en 1583 Genve, puis insres partir de 1593 dans les d. de Diogne Larce par Henri Estienne ; Casaubon avait t nomm 23 ans professeur de grec lacadmie de Genve en 1582 et, lanne suivante, avait pous Florence, lle dHenri Estienne.

(Je lis . Car que certains lisent , comme on le trouve dans le 7e livre de lthique Eudme, ne me convainc pas. Il est en eet possible quAristote se soit servi par crit dune expression dirente de celle quil employait dans son parler quotidien, sans compter que cette faon de dire semble bien plus belle et mieux tourne en omettant , dj implicite dans . La mme opinion est dailleurs rpte dans lthique Nicomaque en [au livre 9]. O (dit le philosophe) , [ceux qui ont de nombreux amis, et qui font tout le monde un accueil amical et familier, passent pour ntre amis de personne si ce nest quils sont sociables])

la lecture antrieure , Casaubon substitue o est le pronom relatif au datif masculin singulier, ce qui est conforme lobservation de Diogne Larce dans la suite de la phrase : cela se trouve aussi au livre VII de lthique [ Eudme] 1245b 20 K , , . , , , . ( = variante de pas mme un, aucun ) Le sens devient donc : Qui a des amis na aucun ami , Cui amici, amicus nemo ; lamiti se mesure la qualit, non la quantit. Aprs coup (mais cest l une facilit), il est un peu surprenant que deux aspects naient pas mis sur la voie les prdcesseurs de Casaubon : la contradiction entre et la teneur du texte auquel renvoie Diogne Larce et, au plan stylistique, lincongruit de linterjection qui, si elle dun emploi lancinant chez Platon, napparat gure chez le Stagirite.

Vers la mme poque, un autre hellniste et philologue denvergure, le Florentin Piero Vettori (1499-1585 = Petrus Victorius ; voir la thse soutenue Paris IV en 2002 par Raphale Mouren, Matre de confrences lcole nationale suprieure des sciences de linformation et des bibliothques) faisait sur notre texte une remarque que rapporte Franois Thurot dans La Morale et la Politique dAristote, t. I (1823), p. 440 en note :

On aurait pu croire qu la suite de la correction (emendatio) propose par Casaubon et entrine par Henri Estienne laaire tait entendue, mais il nen a rien t.

Jean-Pierre Claris de Florian

Le Livre, ses Amis et les deux Chevreuils (1792)Un livre de bon caractre Vouloit avoir beaucoup damis. Beaucoup ! me direz-vous, cest une grande affaire ; Un seul est rare en ce pays. Jen conviens ; mais mon livre avoit cette marotte, Et ne savoit pas quAristote Disoit aux jeunes Grecs, son cole admis : Mes amis, il nest point damis.

Sans cesse il soccupoit dobliger et de plaire ; Sil passoit un lapin, dun air doux et civil Vite il couroit lui : Mon cousin, disoit-il, Jai du beau serpolet tout prs de ma tanire ; De djeuner chez moi faites-moi la faveur. Sil voyoit un cheval patre dans la campagne, Il alloit laborder : Peut-tre monseigneur A-t-il besoin de boire ; au pied de la montagne Je connois un lac transparent Qui nest jamais rid par le moindre zphyre : Si monseigneur veut, dans linstant Jaurai lhonneur de ly conduire. Ainsi, pour tous les animaux, Cerfs, moutons, coursiers, daims, taureaux, Complaisant, empress, toujours rempli de zle, Il vouloit de chacun faire un ami dle, Et sen croyoit aim parce quil les aimoit. Certain jour que, tranquille en son gte, il dormoit, Le bruit du cor lveille, il dcampe au plus vite ; Quatre chiens slancent aprs ; Un maudit piqueur les excite, Et voil notre livre arpentant les gurets. Il va, tourne, revient, aux mmes lieux repasse, Saute, franchit un long espace Pour dvoyer les chiens, et, prompt comme lclair, Gagne pays, et puis sarrte. Assis, les deux pattes en lair, Lil et loreille au guet, il lve la tte, Cherchant sil ne voit point quelquun de ses amis. Il aperoit dans des taillis Un lapin que toujours il traita comme un frre ; Il y court : Par piti, sauve-moi, lui dit-il, Donne retraite ma misre, Ouvre-moi ton terrier ; tu vois laffreux pril... Ah ! Que jen suis fch ! rpond dun air tranquille Le lapin : je ne puis toffrir mon logement : Ma femme accouche en ce moment, Sa famille et la mienne ont rempli mon asile ; Je te plains bien sincrement : Adieu, mon cher ami. Cela dit, il schappe ; Et voici la meute qui jappe. Le pauvre livre part. quelques pas plus loin, Il rencontre un taureau que cent fois au besoin Il avoit oblig ; tendrement il le prie Darrter un moment cette meute en furie

Qui de ses cornes aura peur. Hlas ! dit le taureau, ce seroit de grand cur : Mais des gnisses la plus belle Est seule dans ce bois, je lentends qui mappelle ; Et tu ne voudrois pas retarder mon bonheur. Disant ces mots, il part. Notre livre, hors dhaleine, Implore vainement un daim, un cerf dix-cors, Ses amis les plus srs ; ils lcoutent peine, Tant ils ont peur du bruit des cors. Le pauvre infortun, sans force et sans courage, Alloit se rendre aux chiens, quand, du milieu du bois, Deux chevreuils reposant sous le mme feuillage Des chasseurs entendent la voix. Lun deux se lve et part ; la meute sanguinaire Quitte le livre et court aprs. En vain le piqueur en colre Crie, et jure, et se fche ; travers les forts Le chevreuil emmne la chasse, Va faire un long circuit, et revient au buisson O lattendoit son compagnon, Qui dans linstant part sa place. Celui-ci fait de mme, et, pendant tout le jour, Les deux chevreuils lancs et quitts tour--tour Fatiguent la meute obstine. Enn les chasseurs tout honteux Prennent le bon parti de retourner chez eux ; Dja la retraite est sonne, Et les chevreuils rejoints. Le livre palpitant Sapproche, et leur raconte, en les flicitant, Que ses nombreux amis, dans ce pril extrme, Lavoient abandonn. Je nen suis pas surpris, Rpond un des chevreuils : quoi bon tant damis ? Un seul suft quand il nous aime. En 1759 parut Leipzig chez Johann Paul Kraus un Diogenis Laertii de vitis, dogmatibus et apophthegmatibus clarorum philosophorum libri decem: Graece et Latine qui suivait la traduction de Traversari. Cest celle que Kant utilisa et qui lui inspira Meine lieben Freunde : es giebt keinen Freund ! (au lieu de Keinen Freund hat, wer viele Freunde hat). Robert Genaille, ancien inspecteur gnral de lInstruction publique, publia en 1933 chez Garnier une traduction tablie surtout sur ldition de Carel Gabriel Cobet (FirminDidot, 1850-1862) et qui est toujours disponible en 2 volumes dans la collection GarnierFlammarion (1965, nos 56 et 77). En 1974, Pierre Garniron (traducteur de Leons sur lhistoire de la philosophie, de Hegel) la dclarait trs insusante , ajoutant : Elle nest gure utilisable qu titre de premier moyen

daccs, et surtout pour les aspects biographiques et anecdotiques encore que, mme ce niveau, nous y ayons trouv des inexactitudes. En 1999, Marie-Odile Goulet-Caz (CNRS, chercheur lUPR 76 de Villejuif : Histoire des doctrines de la n de lAntiquit et du Haut Moyen Age. Anne Philologique ; a dirig la traduction de Diogne Larce dans La Pochothque) crivait sans ambages : Tous ceux qui utilisent Diogne Larce savent que malheureusement la traduction de Genaille nest absolument pas able en raison des contresens, des interprtations fantaisistes et des innombrables ngligences quelle prsente. Phavorinos dit enn (Mmoires, liv. II) quil aimait scrier : mes amis, il ny a pas dami (vritable). Et lon peut lire cette phrase en eet dans le septime livre de lthique. Un lment rend lerreur de Genaille dicile comprendre : Cobet (p. 115, 1re col. . 51) a adopt la leon et la traduction Cui amici. Quant la bquille vritable , on la retrouve de temps autre : Florio (1603) Oh you my Friends, there is no perfect Friend et, avec des contorsions, chez mile Faguet (Ce que disent les livres, 1912) : mes amis, il ny a pas damis ! [Ce qui veut dire : Mes amis, ne vous considrez pas comme des amis vritables. Aristote tait impoli trs spirituellement.] Remarque Comme de juste, la traduction due Michel Narcy dans La Pochothque (p. 574) est conforme ce quon attend : Et Favorinus dit, dans le livre II de ses Mmorables, quil disait en toute occasion : Qui a des amis na aucun ami. Mais cest aussi au livre VII de lthique [ Eudme]. On peut dire, sans risque dexagration, que cette formule est au cur du sujet du livre de Jacques Derrida [1930-2004], Politiques de lamiti (1994). Je ne maventurerai pas discuter les facettes de lhermneutique de lamiti que le philosophe fait miroiter aux yeux du lecteur pour lblouir. Derrida conrme la permanence de la version dpasse du texte qui nous intresse en en indiquant deux illustrations en plus de celles que jai dj mentionnes : O Freunde, nirgends ein Freund ! dans une traduction de Diogne Larce en allemand de 1806 et Oh amigos ! no hay ningn amigo dans une traduction en castillan de 1985. Il connat ldition de Cobet et fait tat de celles de Robert Drew Hicks (He who has friends can have no true friend, Loeb, 1925, avec la bquille true), Marcello Gigante ( Chi ha amici, non ha nessun amico , 1962) et Klaus Reich, Otto Apelt et Hans Gnter Zekl (Viele Freunde, kein Freund, 1967). Derrida joue NE PAS VOULOIR trouver la solution quil prtend rechercher : aprs tout, il lui susait de mener une enqute philologique srieuse sur lhistoire du texte pour obtenir la bonne rponse ; il sen garde bien et jongle avec les mtaphores qui lui vitent lexamen des faits.

mes amis, il ny a nul ami est une citation statut particulier . Aristote na jamais rien crit de tel (cela va lencontre de son propos) et lui en attribuer la paternit relve, de nos jours, dun manque dinformation sur le sujet. Traversari, induit en erreur (semble-t-il) par un manuscrit fautif, dpourvu denthousiasme pour la tche quil accomplit et nprouvant pas de dilection particulire pour luvre du philosophe, suit le texte quil a sous les yeux : lattribution de la citation Aristote nest pas de son fait. En bout de chane, Montaigne qui possdait ldition grecque princeps (et fautive) de Diogne Larce parue Ble chez Froben en 1533 sen rapporte ici au texte latin de Traversari : la traduction/adaptation est de son cru, il nest que le vecteur pour la teneur et lattribution. Personne nest proprement parler lauteur de cette citation.

II A Ich meine nur, jedenfalls hatte der rmische Kaiser unrecht, welcher einen Untertanen hinrichten lie, weil dieser getrumt hatte, da er den Imperator ermordet. Er htte sich zuerst darum bekmmern sollen was dieser Traum bedeutete ; sehr wahrscheinlich war es nicht dasselbe, was er zur Schau trug. Und selbst wenn ein Traum, der anders lautete, diese majesttsverbrecherische Bedeutung htte, wre es noch am Platze, des wortes von Plato zu gedenken, da der Tugendhafte sich begngt, von dem zu trumen, was der Bse im Leben tut. in : Der Traumdeutung (1900) [LInterprtation des rves / La Clef des songes] Jestime quen tout tat de cause lempereur romain qui t mettre mort un de ses sujets parce que ce dernier lavait assassin en rve a eu tort. Il aurait d tenter dabord de dterminer quel sens avait ce rve ; selon toute vraisemblance, pas le sens quil lui donnait premire vue. Et quand bien mme un rve ayant un autre contenu aurait signi ce crime de lse-majest, il aurait t bon davoir prsent lesprit ladage de Platon, selon lequel lhomme de bien se contente de rver de ce que le mchant met en pratique. I believe that at all events the Roman Emperor was in the wrong who ordered one of his subjects executed because the latter dreamt that he had killed the Emperor. He should rst have endeavoured to discover the signicance of the dream ; most probably it was not what it seemed to be. And even if a dream of dierent content had the signicance of this oence against majesty, it would still have been in place to remember the words of Plato, that the virtuous man contents himself with dreaming that which the wicked man does in actual life.

Durchschnitt der Menschen in allen Angelegenheiten des Sexuallebens ist ? Oder wissen Sie nicht, da alle bergriffe und Ausschreitungen, von denen wir nchtlich trumen, alltglich von wachen Menschen als Verbrechen wirklich begangen werden ? Was tut die Psychoanalyse hier anderes als das alte Wort von Plato besttigen, da die Guten diejenigen sind, welche sich begngen von den zu trumen, was die anderen, die Bsen wirklich tun ?

B Ist Ihnen nicht bekannt, wie unbeherrscht und unzuverlssig der

Freud, S. (1916): Vorlesung zur Einfhrung in die Psychoanalyse IX. Die Traumzensur, Gesammelte Werke XI, S. 147 La psychanalyse fait-elle autre chose que conrmer la vieille maxime de Platon, que les bons sont ceux qui se contentent de rver de ce que les autres, les mchants, font en ralit ? Freud, Introduction la Psychanalyse, 2e partie, chap. 9, trad. Janklvitch, Payot 1951 p.162.

Are you ignorant of how uncontrolled and undependable the average human being is in all the aairs of sex life ? Or do you not know that all the immoralities and excesses of which we dream nightly are crimes committed daily by waking persons ? What else does psychoanalysis do here but conrm the old saying of Plato, that the good people are those who content themselves with dreaming what the others, the bad people, really do ? Mon propos est sans rapport avec la psychanalyse, freudienne ou autre.

Freud semble avoir susamment tenu la phrase platonicienne pour sen tre servi (au moins) deux fois. Lextrait A contient une allusion un vague empereur romain qui aurait fait excuter un de ses sujets , coupable davoir rv quil lassassinait. Pour certains commentateurs, la source serait Sutone, Vie de Claude, XXXVII :Nulla adeo suspicio, nullus auctor tam leuis extitit, a quo non mediocri scrupulo iniecto ad cauendum ulciscendumque compelleretur. Vnus ex litigatoribus seducto in salutatione armauit, uidisse se per quietem occidi eum a quodam ; dein paulo post, quasi percussorem agnosceret, libellum tradentem aduersarium suum demonstrauit : confestimque is pro deprenso ad pnam raptus est. Pari modo oppressum ferunt Appium Silanum : quem cum Messalina et Narcissus conspirassent perdere, diuisis partibus alter ante lucem similis attonito patroni cubiculum inrupit, armans somniasse se uim ei ab Appio inlatam ; altera in admirationem formata sibi quoque eandem speciem aliquot iam noctibus obuersari rettulit ; nec multo post ex composito inrumpere Appius nuntiatus, cui pridie ad id temporis ut adesset prceptum erat, quasi plane reprsentaretur somnii des, arcessi statim ac mori iussus est. Nec dubitauit postero die Claudius ordinem rei gest perferre ad senatum ac liberto gratias agere, quod pro salute sua etiam dormiens excubaret. Les soupons les plus lgers, les indices les plus futiles veillaient chez lui de vives inquitudes qui le poussaient pourvoir sa sret et faire clater sa vengeance. Un plaideur, layant un jour pris part, lui arma quil avait vu quelquun en songe assassiner lempereur. Un moment aprs, feignant de reconnatre le meurtrier, il dsigna son adversaire qui prsentait un mmoire Claude. Le prince t sur-le-champ traner celui-ci au supplice, comme sil let surpris en agrant dlit. Ce fut de la mme manire, dit-on, que prit Appius Silanus. Messaline et Narcisse, qui avaient conspir sa perte, staient partag les rles. Lun, jouant lpouvante, entra prcipitamment, avant le jour, dans la chambre de son matre, assurant quil avait rv quAppius attentait sa personne ; lautre, affectant la surprise, dit que depuis quelques nuits elle faisait aussi le mme rve. Peu de temps aprs, on annona de dessein prmdit, quAppius slanait vers le palais; et, en effet, il avait reu ordre, la veille, dy paratre point nomm. Claude, persuad quil ne venait que pour raliser le songe, le t saisir aussitt et mettre mort. Le lendemain, il ne craignit pas de raconter toute laaire au snat, et remercia son aranchi de veiller sur ses jours, mme en dormant.

trad. de Cabaret-Dupaty, Paris, 1893, avec quelques adaptations de Jacques Poucet, Louvain, 2001

Pour dautres, lanecdote renverrait un passage de Plutarque, dans la Vie de Dion :K , , . [Denys Ier de Syracuse dit Denys lAncien, 431-357 av. J.-C.] se dbarrassa de Marsyas, un des ociers quil avait promus et aects un commandement, parce quil avait cru voir en songe ce personnage lgorger : Car, dit-il, Marsyas a d former ce projet pendant le jour et sen ouvrir dautres, pour que jaie eu cette vision dans mon sommeil !

(daprs Bernard Latzarus, 1950) Amyot :

Freud, citant de mmoire, ne retient que les circonstances et, au moment de rdiger, sans procder la moindre vrication, invente un arrire-plan. Dans le cas de la phrase platonicienne (extraits A et B), lindirence dont il fait preuve lgard de sa source (si lon ose ainsi dire) est complte. On a essay dy voir une allusion probable au dbut du livre IX de la Rpublique (571a 592b), dont la conclusion est la suivante : , , . , . Mais nous nous sommes trop tendus sur ce point; ce que nous voulions constater cest quil y a en chacun de nous, mme chez ceux qui paraissent tout fait rgls, une espce de dsirs terribles, sauvages, sans lois, et que cela est mis en vidence par les songes. Regarde si ce que je dis te semble vrai, et si tu en conviens avec moi.

(traduction Lon Robin, 1950) Nous sommes loin du compte. Il sagit dune citation statut particulier , car Freud construit au jug une synthse manichenne de souvenirs quil croit avoir gards de ses lectures philosophiques. Freud servant de caution, la prtendue citation passe parfois pour tre de Platon, qui ny est pour rien.

III

Qucqud d st, tm Dns t dn frnts

Note (technique) prliminaireOn constate un ottement, dune dition de lnide lautre, entre ferents et ferents. Il faut bien voir quil sagit dun choix ditorial entre le respect strict du parti pris stylistique de Virgile (comme duom, aquai, exagmen limitation dEnnius, laccusatif pluriel ferents est archasant; ferents = gnitif singulier) et une mise aux normes scolaires et non pas universitaires vise pdagogique (en thme, la seule forme classique admise laccusatif pluriel anim serait ferents). *[Diachronie : Le paradigme latin des thmes en -i-] Accusatif pluriel anim. En indo-europen, il tait form par adjonction de la dsinence -ns au thme vocalisme prdsinentiel rduit. Do, pour les thmes en -y [-i ], *-i-ns (got. gastins hos-

ts ; gr. < -) []. En latin, les faits sont les suivants : [] Dans les thmes en -y [-i ], la nale *-i-ns produit -s, parfois not -eis par graphie rcurrente une poque o la diphtongue ei venait de produire (ainsi ponteis omneis, dans C. I. L., I2 638, de 132 A.C.). Cette nale -s sest maintenue jusqu environ la n de lpoque rpublicaine ; mais elle a t concurrence par la nale -s issue analogiquement du type consonantique dcs, le premier exemple connu tant, dans la Sententia Minuciorum de 107 A.C., ceivs. Au terme dun long processus de gnralisation, cette forme -s a dnitivement triomph vers lpoque dAuguste.

Pierre Monteil, lments de phontique et de morphologie du latin (1973), p. 202Malgr une mauvaise (et tenace) habitude des grammaires et des manuels scolaires qui ne signalent que -es, rappelons que, au tmoignage des manuscrits, laccusatif pluriel des thmes parisyllabiques (et des thmes dits faux imparisyllabiques ) de la 3e dlinaison est trs rgulirement en -is jusqu Cicron et que cette forme se rencontre concurremment -es dans les textes potiques (et mme en prose) lpoque impriale.

Agrg. Lettres modernes, Concours externe, Rapport du jury sur la session 2007 * Comme on peut comprendre, quitte ne pas la partager sans rserve, la dmarche qui consiste moderniser/normaliser/polir/lisser un texte ancien alors quon trouverait trs surprenante celle qui consisterait recouvrir ce texte dune patine articielle destine le vieillir, il semble lgitime de conclure que la leon dorigine est ferents. Eugne Benoist [1831-1887], Les uvres de Virgile, I (1867), p. xxx : Je me suis interdit de rtablir les accusatifs pluriels en is de la troisime dclinaison de peur de trop drouter le lecteur franais.

Cette citation, rpte tort et travers, provient de lnide (II, 49), dans le rcit qune fait Didon de la chute de Troie. Le stratagme du cheval de bois, rouage essentiel de lpisode, repose, avant tout, sur le vu rituel (utum ; le verbe est uure) :

(Voir larticle complet et remarquable de Jules Toutain dans Daremberg et Saglio, do le clich ci-dessus est tir, ainsi que celui, de mme qualit, de Thophile Homolle sous Donarium.) Il faut donc, en plus du sens abstrait du terme, prendre en compte lacception (objet concret constituant une) orande (ddicatoire, votive ou propitiatoire) , comme dans lexemple traditionnel (chez Ptrone) Danai in uoto latent les Grecs se cachent dans leur orande/le cheval de bois .

Giovandomenico Tiepolo (1727-1804), The Procession of the Trojan Horse into Troy v.1760 National Gallery, Londres. Sur le anc du cheval : PALADI VOTVM, inscription dont on ne saurait dire si la drlerie est intentionnelle ou non.

Le mot terme technique, appartenant au vocabulaire religieux apparat ds le v. 17, unique occurrence dans le livre II (30 en tout dans lnide) : uotum pro reditu simulant ; ea fama uagatur (les Grecs) font croire quil sagit dune orande en change de leur retour [sans encombre] : telle est la rumeur qui se rpand , o pro la valeur en change de, en contrepartie de , le vu tant un contrat (da ut dem, donnant donnant : cest du troc) pass avec la divinit (ici, Athna). Dans la suite de lpisode, le narrateur a recours dnum (cf. I, 447 la description dun temple donis opulentum et numine diu qui bncie de riches orandes et de la protection de la desse ; exemple pris chez Cicron : dona magnica quasi libamenta prdarum Delphos ad Apollinem misit Tarquin le Superbe t porter au temple de Delphes de magniques orandes Apollon, prmices [] en quelque sorte du butin fait sur lennemi ) en 3 occasions avant notre citation : 2. 25 2. 26 2. 27 2. 28 2. 29 2. 30 2. 31 2. 32 2. 33 2. 34 Nos abiisse rati et uento petiisse Mycenas : ergo omnis longo soluit se Teucria luctu ; panduntur port ; iuuat ire et Dorica castra desertosque uidere locos litusque relictum. Hic Dolopum manus, hic suus tendebat Achilles ; classibus hic locus ; hic acie certare solebant. Pars stupet innupt donum exitiale Mineru, et molem mirantur equi ; primusque Thymtes duci intra muros hortatur et arce locari, siue dolo, seu iam Troi sic fata ferebant.

Croyant les Grecs partis et faisant voile vers Mycnes, les Troyens ftent leur libration en se rendant, comme une foule de badauds, visiter le camp dsert par leurs ennemis. Une partie dentre eux reste interdite, stupfaite, en prsence de lorande funeste (donum exitiale) Athna (que Virgile appelle tantt Pallas la grecque, tantt Minerua par syncrtisme, mais jamais Athna, forme rarissime), stonnant de la masse du cheval. (Dans deux noncs coordonns, les regardants sont dabord envisags comme un bloc, sujet du verbe au singulier stupet, puis comme une multitude dindividus, sujet du verbe au pluriel mirantur.) 2. 35 2. 36 2. 37 2. 38 2. 39 At Capys, et quorum melior sententia menti, aut pelago Danaum insidias suspectaque dona prcipitare iubent, subiectisque urere ammis, aut terebrare cauas uteri et temptare latebras. Scinditur incertum studia in contraria uolgus.

Aprs Thymts () qui est davis de faire entrer le cheval dans Troie, les voix de Capys () et dautres slvent pour prconiser, parmi les solutions radicales, de jeter la mer insidias suspectaque dona ce pige, cette orande suspecte des Grecs (dona est au pluriel, soit pour saligner sur insidi inusit au singulier, soit pour suggrer une pluralit de personnes donnant leur opinion).

2. 40 2. 41 2. 42 2. 43 2. 44 2. 45 2. 46 2. 47 2. 48 2. 49

Primus ibi ante omnis, magna comitante caterua, Laocoon ardens summa decurrit ab arce, et procul : O miseri, qu tanta insania, ciues ? Creditis auectos hostis ? Aut ulla putatis dona carere dolis Danaum ? Sic notus Ulixes ? aut hoc inclusi ligno occultantur Achiui, aut hc in nostros fabricata est machina muros inspectura domos uenturaque desuper urbi, aut aliquis latet error ; equo ne credite, Teucri. Quicquid id est, timeo Danaos et dona ferentis.

Lors, accourant le premier tandis quune troupe nombreuse vient aprs lui, Laocoon tout enamm descend du haut de la citadelle et de loin : Malheureux citoyens, telle dmence est-elle possible ? Vous croyez les ennemis partis ? Ou pensez-vous que les orandes des Danaens soient jamais exemptes dartices ? Est-ce ainsi que vous connaissez Ulysse ? Ou bien dans cette charpente des Achens enferms se cachent ; ou bien cest un engin fabriqu contre nos murs pour pier nos maisons et pntrer den haut en notre ville ; ou quelque autre pige sy dissimule. Ne vous ez pas ce cheval, Troyens. Quoi quil en soit, je crains les Danaens mme quand ils portent des orandes.

trad. de Jacques Perret, folio classique no 2225 (1991) p.79, dabord publie dans la coll. des Universits de France (Virgile, cherchant varier les dsignations pour parer la monotonie, utilise des tiquettes parfois approximatives et devenues opaques pour le lecteur moderne. Les Grecs sont ainsi appels Danai (descendants de Danas/, fondateur dArgos et pre des Danades), Grai, Achiui, Argiui, Pelasgi ; les Troyens Troiani, Dardanid, Teucri Nos potes de la Pliade se sont servis de procds qui sen inspirent ; quand Du Bellay critTelle que dans son char la Berecynthienne Couronne de tours et joyeuse davoir Enfant tant de Dieux, telle se faisoit voir En ses jours plus heureux ceste ville ancienne

il est vident pour lui que la Brcynthienne est Cyble, ce qui est bien moins agrant pour nous.) Les prcisions quapportent les sources antiques concernant Laocoon (, alors que Lcn est proparoxyton) ne concordent pas, sauf peut-tre sur un point : il tait prtre (, sacerdos). On peut donc carter lide quil nait pas su que les humains ne faisaient aux divinits ni cadeaux, ni dons, ni prsents, mais des orandes. Toujours dans le livre II mais au-del de notre passage, Priam interroge Sinon () : Quidue petunt ? qu religio ? aut qu machina belli ? O (les Grecs) veulent-ils en venir ? est-ce une orande ? ou bien une machine de guerre ? et la rponse du pseudo-transfuge contient la conrmation que nous attendions : Nam si uestra manus uiolasset dona Mineru Car si votre main avait profan lorande destine Athna

car lobjet qui servait de gage au vu nappartenait plus au monde profane mais devenait la proprit exclusive de la divinit : ce transfert sappelle consecratio. Quant imaginer, pour un traducteur ou un commentateur, que les Grecs, au bout de dix annes de sige infructueux, aient pu songer faire un cadeau aux Troyens . . .

Considrer donum comme un synonyme de uotum cest simplier un peu trop. Comme dj indiqu, uotum est prcis, spcique, puisque la dmarche ne peut sadresser qu une divinit ; donum en est un substitut ambigu dans la langue courante, le/la bnciaire ou destinataire pouvant tre, suivant le cas, une divinit ou bien un(e) mortel(le).

VOTUM

DONUM

orande

cadeau

destinataire divin

+

+

+

-

destinataire mortel

-

+

-

+

Le faux-sens portant sur donum est rpandu depuis des sicles (donc pendant toute une priode o il y avait plthore de latinistes) et des gens tout fait estimables nont pas rsist lappel de cette sirne-l. Du point de vue dun angliciste, et pour reprendre la terminologie de Vinay et Darbelnet (1958), cest un faux ami ; mais lexplication est un peu courte car elle ne rend compte ni de Temo a los griegos hasta cuando hacen regalos , ni de Beware of Greeks bearing gifts, ni de Traut nicht dem Pferde, Trojaner ! Was immer es ist, ich frcht die Danaer, auch wenn sie Geschenke bringen (do Danaergeschenk). Source supplmentaire de confusion : synonyme de dnum dans une partie de ses emplois, mnus est, lui aussi, susceptible de prendre le sens doffrande absent douvrages

de rfrence tels que Lewis & Short, Oxford Latin Dictionary, Gaiot ; curiosit : Quicherat lenregistre dans son Thesaurus et le passe sous silence dans son Dictionnaire latin-franais. Illustration chez Snque, Agamemnon, III, 2, le Chur, stance 625a-636 :Vidimus simulata dona molis immens Danaumque fatale munus duximus nostra creduli dextra tremuitque spe limine in primo sonipes cauernis conditos reges bellumque gestans ; et licuit dolos uersare ut ipsi fraude sua caderent Pelasgi : spe commot sonuere parm tacitumque murmur percussit aures, ut fremuit male subdolo parens Pyrrhus Vlixi. Nous avons vu la fallacieuse orande dune masse norme et, dans notre crdulit, nous avons conduit lorande fatale des Danaens de notre propre main et, bien des fois, a trembl sur les premiers degrs du seuil le coursier qui portait, cachs dans ses cavits, des rois et la guerre ; et il et t possible de retourner la ruse pour faire succomber les Plasges eux-mmes leur propre pige : bien des fois ont rsonn les boucliers qui sentrechoquaient et un grondement sourd a frapp nos oreilles quand Pyrrhus a maugr, refusant dobir au trop rus Ulysse.

Jacqueline Dangel (Paris-Sorbonne), Snque, poeta fabricator : lyrique chorale et vidence tragique , in Le Pote architecte : Arts mtriques et Art potique latins (Peeters, 2001), p. 263 Chez Virgile mme, ce smantisme est bien attest ; ainsi, dans lnide (IV, 217), Iarbas adressant des reproches Jupiter : nos munera templis quippe tuis ferimus, famamque fouemus inanem. croire que cest pour cela que nous, nous tapportons des orandes dans tes temples et que nous cultivons en vain ta gloire ! (Cette liste nest pas limitative et on pourrait ajouter ne serait-ce que hons, dans cette question rhtorique que Junon pose dans un monologue intrieur, n. I, 48-49 : Et quisquam numen Iunonis adoret prterea, aut supplex aris imponet honorem ? Qui donc va maintenant adorer la puissance de Junon ou, suppliant, dposera ses orandes sur nos autels ? J. Perret)

Des diteurs du texte ont voqu linuence possible du grec sur donum en tant que terme dsignant un rituel ( (Il., VI, 293) Hcube en prit un pour le porter en orande Athna ), tandis que dautres croyaient

avoir trouv chez Sophocle (Ajax, v. 665) la source de la formule que prononce Laocoon : [Cest Ajax qui parle] , , , , . , . , . Mais je vais au rivage qui borde la prairie, pour purier mes souillures par un bain, et apaiser la colre redoutable de la desse ; puis, je chercherai quelque lieu dsert et jy cacherai mon pe, cette arme qui me fut si funeste, dans le sein de la terre, loin de tous les regards; puissent la nuit et les enfers la garder jamais dans leurs entrailles ! Car depuis le jour o le terrible Hector me t ce funeste prsent, je nai reu des Grecs que des outrages : tant est vrai cet adage, que les dons dun ennemi ne sont point des dons et nont rien que de fatal.

trad. Nicolas Artaud (1794-1861) Ajax fait ici allusion un passage du chant VII de lIliade o Hector et lui procdent un change quon peut qualier de chevaleresque la suite dun combat singulier entre les deux guerriers quaucun des deux ne remporte : le ls de Priam donne son adversaire son pe aux clous dargent avec son fourreau et son baudrier, le ls de Tlamon son ceinturon de pourpre. Cest donc avec lpe quil tient dHector quAjax va se suicider. Le proverbe () dont se sert Sophocle est une phrase nominale, une merveille de concision et un exemple doxymore : venant dennemis (), les cadeaux () nont pas les qualits essentielles de cadeaux ( est un adjectif compos cr pour loccasion avec en 1er terme un prxe ngatif [qui porte laccent tonique] : sont tout sauf des cadeaux , en quelque sorte). On voit bien que le beau vers de Virgile na aucune dette envers celui de Sophocle.

Le comble est atteint lorsquune erreur est verrouille, cadenasse, et russit passer pour une vrit aux yeux dun observateur qui ne peut pas aller au-del des apparences. Wikipedia, dans sa version hellne (), consacre un article Laocoon (). En voici le troisime paragraphe in extenso accompagn de lillustration dorigine :

, : Equo ne credite, Teucri / Quidquid id est, timeo Danaos et dona ferentes, , . / , . "timeo Danaos et dona ferentes", : .

http://el.wikipedia.org/wiki/%CE%9B%CE%B1%CE%BF%CE%BA%CF%8C%CF%89%CE%BDDans lIliade, Virgile fait dire Laocoon : Equo ne credite, Teucri / Quidquid id est, timeo Danaos et dona ferentes, cest--dire : Ne vous ez pas au cheval, Troyens. Quoi quil puisse tre, craignez les Grecs, mme quand ils apportent des cadeaux. De ces vers est ne la phrase clbre et proverbiale timeo Danaos et dona ferentes, et en grec : . (mot mot Crains , limpratif ; lindicatif serait /)

*** Il y a hsitation manifeste, sur Internet, entre et , cf. le billet ; du 23 octobre 2007 sur le site singensanggesungen, nulls blog.***

Sur le site du (Experimental Senior High School of Heraklion), on peut lire no31 : avec la traduction () : . Par ailleurs, le Projet Homre ache Parmi les locutions du grec ancien utilises en grec moderne : cest dire - Je crains les grecs, mme porteurs de prsents. (http://www.projethomere.com/travaux/locutionsgrecques.htm)

Et voil comment on rcrit lHistoire.

Timeo Danaos est une citation statut particulier car on se mprend trs souvent sur sa signication : plus elle est galvaude, plus linterprtation fautive sincruste et lerreur se trouve conforte par la rptition mme. Elle est rpandue et prolonge dans plusieurs langues par des clichs que lorigine classique semble valider. Dans le cas particulier du grec moderne, la situation en est arrive au point o prvaut lopinion quil sagit dun hritage national : cest une falsication de lHistoire.

ANNEXE1) Remarque de Louis-lonore-Marie Magnier [1792-1865] dans son dition de lnide. 2) Timeo Danaos chez douard Fournier [1819-1880], LEsprit des autres (1re d. : 1855) : gauche : droite : p. 65 de la 4e d. (1861) p. 73 de la 8e d. (1886)