Professur für Berufs- und Wirtschaftspädagogik
Technische Universität Chemnitz Chair of Vocationomics - Chaire de Vocationomie
Université de Technologie 09107 Chemnitz (Allemagne)
Volker Bank
Le ‘Système de Dualité’
de la formation professionnelle
Berichte aus der Berufs- und Wirtschaftspädagogik Papers and Proceedings in Vocationomics
(Bulletins de la Vocationomie) Nr./ No. 11 – Mai 2014
ISSN 2190-8478
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# 011 – Mai 2014 – S. 1 von 17 (1 sur 17)
Volker Bank
Le ‘Système de Dualité’ de la formation professionnelle
Qu’est-ce que le ‘système de dualité’ de la formation professionnelle en Allemagne ? Généralement,
on connaît le système de dualité en Allemagne, comme un modèle succès de de la formation profes-
sionnelle ou vocationnelle. Il est généralement connu que les jeunes apprentis suivent des cours à
l’école tout comme ils poursuivent un apprentissage dans une entreprise. C’est pour ça que l’on
nomme ce système de formation également ‘système de l’alternance’.
Sans aucun doute, ce ‘système’ constitue une approche assez particulière dans le monde de la forma-
tion professionnelle. Pourtant, il y a des débats vifs en Allemagne à propos de l’organisation de l’ap-
prentissage : on discute les ‘lacunes’ de la coopération entre les écoles professionnelles et les entre-
prises, qui ont embauché des apprentis (par exemple Pätzold 1990; Holz, Rauner & Walden 1998;
Euler 2003). Le Trésor publique dépense d’immenses sommes dans l’investigation des ‘problèmes
de l’harmonisation entre l’école professionnelle et l’entreprise’. Vu de l’extérieur, par contre, le sys-
tème d’éducation professionnelle en Allemagne est favorablement perçu. Dans beaucoup de pays, on
lui donne une grande estime et on tente de le copier. Cependant, les essais d’imitation ou d’adaptation
du système de dualité ont presque tous échoué.
Apparemment, un regard plus soigneux est nécessaire pour révéler l’essence du système de dualité.
A ce propos, il faut découvrir la signification de ‘système’ – un système est constitué par la pluralité
de ses ‘éléments’ et par les relations qui les nouent (cf. Hall & Fagen 1956, p. 18 définissent un
système comme étant « a set of objects together with relationships between the objects and between
their attributes »). Le caractère systémique de l’apprentissage en dualité est fondé sur bien plus qu’une
simple alternance entre l’école et l’entreprise. Il faut poser la question, de quelle façon se constituerait
la ‘dualité’ au sein du système de l’apprentissage – et dans les discours intérieures en Allemagne et
en poursuivant le but d’installer un système semblable dans un autre pays.
Pour réponde à cette question, il faudra d’abord faire une esquisse de la structure de la formation
professionnelle et vocationnelle en Allemagne, qui ne se limite pas seulement au système de dualité.
Ce système se trouve au sein de la formation professionnelle, ce qui ne veut pas autant dire qu’il en
constituerait la totalité. Nul système ne peut être compris dans son essence si l’on ignore son histoire;
il faudra donc ajouter quelques remarques historiques à l’esquisse structurelle. Dans un second cha-
pitre, le discours allemand sur l’essence du système de dualité est brièvement présenté alors que le
troisième chapitre contiendra une nouvelle tentative d’explication de l’essence du système.1 Cette
contribution se termine par la question à savoir s’il n’y aurait pas d’autres aspects ou institutions qui
pourraient constituer des systèmes d’apprentissage plus progressifs. Pour cela on va commencer l’ex-
plication avec le cheminement historique, où, un mono-système (apprentissage dans l’entreprise) a
été suivi par le système de dualité (école – entreprise), qui a connu des mutations depuis sa constitu-
tion.
1 Ce chapitre en particulier reprend un nombre d’idées du rapport n°2 „Le système de dualité, expliqué aux enfants“
(malgré son titre foucauldien un texte écrit en allemand), par Bank & Jongebloed 2007.
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(1) La formation professionnelle en Allemagne et sa genèse
Il a été souligné que le système de dualité ne représente pas la totalité de la formation professionnelle
en Allemagne. Il y a également des structures conçues pour rassembler les jeunes sans place d’ap-
prentissage en entreprise : Ce sont les entreprises et non les écoles qui sont le facteur limitant sur le
marché de l’apprentissage. Par exemple, mais sans vouloir être exhaustif, des écoles offrent de nou-
velles options de qualification académique via plusieurs types de contenus professionnels et des
écoles professionnelles à temps plein ont maintenant pignon sur rue.
Le système de la formation professionnelle en dualité, dans sa constitution fondamentale, est assez
bien connu : il est généralement connu que ce système comprend l’enseignement scolaire dans les
écoles professionnelles et l’instruction pratique dans les entreprises. Cette forme d’enseignement pro-
fite des avantages des deux loci didactiques impliqués,2 c’est-à-dire l’entreprise et l’école. Cette ap-
proche d’apprentissage, appelée ‘Duales System’ (système de dualité), est la pierre angulaire de la
formation professionnelle en Allemagne. Elle connaît des formes d’organisation comparables dans
les autres pays et régions germanophones, c’est-à-dire en Autriche, en Suisse allemande et au Tyrol
du Sud (Alto Adige). Tandis que la formation professionnelle ne jouit pas d’une grande réputation
dans beaucoup d’autres pays, dans les régions germanophones, on garde une grande estime pour toute
personne qui a terminé son apprentissage dans le système de dualité. Alors que la reconnaissance
sociale est un indicateur plutôt subjectif ou ‘mou’, le taux de chômage des jeunes pourrait être pris
comme indicateur quantitatif ou ‘dur’. Ce taux se montre traditionnellement très modéré dans les pays
avec un système de dualité.3
Pourtant, le système de dualité ne représente pas la totalité des structures enseignantes de la formation
professionnelle en Allemagne. Malgré tous les efforts investis pour positionner les jeunes sur le mar-
ché du travail et malgré tout le respect qui est donné à ceux qui ont terminé leur formation, il reste
trop de jeunes sans contrat de travail et sans contrat d’apprentissage après la fin de l’éducation géné-
rale. C’est à cette clientèle que s’adressent les écoles du ‘Berufsvorbereitungsjahr’ (BVJ, cours de
préparation professionnelle) et les entreprises du ‘Einstiegsqualifizierungsjahr’ (EQJ, année de qua-
lification professionnelle initiale). A savoir, il y a des réglementations différentes dans les états fédé-
raux (Länder). Le BVJ et l’EQJ, entre autres, sont résumés sous le sigle de ‘BvB’ (‘berufsvorberei-
tende Maßnahmen’). Alors que l’EQJ se déroule dans des entreprises (avec une journée par semaine
en école professionnelle), le BVJ connaît une journée de travail pratique par semaine ou des stages
en bloc dans les entreprises. S’y ajoute le ‘Berufsgrundbildungsjahr’ (BGJ, cours de formation pro-
fessionnelle de base). Comme l’indiquent les appellations (‘-jahr’), toutes les mesures sont conçues
pour une durée d’une année. Le contenu enseigné dans le cours de base (BGJ) est en lien avec une
seule profession. Les cours préparatoires (BVJ) s’orientent vers un champ de professions connexes.
Par exemple, le BVJ ‘travail du bois’ prépare entre autres à la menuiserie, à la charpenterie et à la
construction des instruments de musique en bois. Les participants du cours de base (BGJ) peuvent
continuer leur formation – du moins théoriquement – dans la seconde et troisième année du système
de dualité, sans perte de temps.4 Les participants des cours préparatoires (BVJ, EQJ), après avoir
2 Locus didactique/ loci didactiques (du lat. : « endroit/ endroits didactique(s)») : Milieu d’apprentissage spécifique,
qui vient de l’idée allemande du ‘Lernort’. La littérature connaît un vaste nombre des loci didactiques différents,
comme l’atelier, la salle de classe, le poste de travail, etc. Ici on ne suppose l’existence que de deux loci didactiques,
c’est-à-dire le locus systématique (l’exemple par excellence étant l’école) et le locus systémique (le monde réel). 3 Cet effet se reproduit encore plus fortement que jamais après la crise financière mondiale. Le taux de chômage des
jeunes (la population active de moins de 25 ans) de l’an 2011 est estimé à environ 8 % pour l’Allemagne. Dans les
autre pays où l’on retrouve un système de dualité semblable, le taux de chômage des jeunes est également modéré.
Par contre, les chiffres correspondants pour la France et la moyenne en Europe sont autour des 20 %, le taux de
l’Espagne montant jusqu’à 45 % (voir eurostat 2011). 4 Cette idée a plutôt une valeur théorique. Presque la totalité des ressortissants du BVJ commencent comme faux-débu-
tants dans un apprentissage, donc, en première année de l’apprentissage.
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précisé leurs intérêts professionnels, peuvent entamer un apprentissage non raccourci. Souvent, ils
ont utilisé cette année pour obtenir le certificat d’éducation générale de base (Hauptschulabschluss)
en supplément de leurs nouvelles aptitudes professionnelles. À cause de son caractère provisoire, les
écoles BVJ et BGJ appartiennent à l’ainsi-dit ‘système de transition’.5
Fig. 1 : La structure de la formation professionnelle en Allemagne
Légende
Ecole pro. : école professionnelle (à temps partiel) ; BFS : école professionnelle à plein-temps, BGJ : Cours de
formation professionnelle de base ; BvB : Sigle généralisé des mesures pour les jeunes en chômage ou sans di-
plôme scolaire ; BVJ : cours de préparation professionnelle, EQJ : année de qualification professionnelle ini-
tiale. FOS/BOS : école spécialisée/ professionnelle supérieure.
Source : en partie tiré de Jongebloed 2011, actualisée.
Il y a également des professions qui sont enseignées exclusivement aux écoles professionnelles, avec
des stages brefs dans la vie pratique. Des exemples typiques sont les professions d’assistants de com-
merce et, de façon proéminente, les assistants de laboratoire (MTA : Medizinisch-technische Assis-
tentin/ assistante au laboratoire médical, PTA : Pharmazeutisch-technischer Assistent/ assistant au
laboratoire pharmaceutique, Biologisch-technische Assistentin/ assistante de laboratoire en biologie,
etc.). Normalement, les formations professionnelles scolaires devraient permettre aux jeunes l’accès
direct à un emploi régulier dans une entreprise. Pourtant, très souvent le finissant se voit contraint à
une continuation de sa formation dans le système de dualité, la formation scolaire étant la base des
compétences élémentaires qui manquaient auparavant. Le cas le plus courant est celui du
‘Wirtschaftsassistent’ (assistant au commerce et à l’administration) qui entre l’apprentissage comme
commis dans un commerce, dans une banque, etc.
Finalement, les écoles professionnelles peuvent être considérées comme des véritables centres d’en-
seignement professionnel, puisqu’ils ouvrent également les portes de l’éducation tertiaire via ses
écoles secondaires supérieures ‘Fachoberschule’ (FOS : école spécialisée) et ‘Berufsoberschule’
(BOS : école professionnelle supérieure). Les FOS/ BOS mènent à l’admissibilité aux études tertiaires
5 Un système est défini comme un nombre d’éléments et de leurs relations (voir Hall & Fagen, en haut). Comme les
différentes mesures de soutien ou de scolarisation des jeunes sans travail ne sont ni liées l’une à l’autre, ni effective-
ment nouées au système de dualité, il n’est pas assez précis de parler d’un ‘système’ de transition. Il est préférable de
parler des ‘institutions de transition’.
lycée
pro-
fessionnelBFS
(Ecole pro
plein-temps)BGJ
BvB (BVJ, EQJ, etc.)
En
tre
pri
se
Eco
le p
ro.
Vie active OU BIEN Université, Grande Ecole/ Ecole supérieure,
Ecoles de la formation professionnelle continue (Fachschule, Meisterschule), etc.
BOS
FOS
Système
de Dualité
Education générale
t
+/- 16
ans
+1
+2
+3
+4
+5
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(c’est-à-dire à l’université, université d’application, université de coopération) à partir d’une profes-
sion. Ils sont complétées par le ‘Berufsgymnasium’ (le lycée professionnel), qui mène au baccalau-
réat. L’admission au lycée professionnel ne requiert pas l’acquisition d’un certificat professionnel
préalable. L’enseignement se constitue d’un cours intensif (Leistungskurs) avec référence profession-
nelle (comme la gestion, la santé ou la technique) d’un côté, et des cours standard (Grundkurs) en
éducation générale de l’autre côté.
Les FOS et les BOS s’adressent principalement aux jeunes qui disposent d’un brevet de formation
professionnelle du système de dualité. Les deux institutions forment dans quelques états fédéraux une
école unique de deux cycles. Le certificat du premier cycle, le FOS, donne accès à la ‘Fach-
hochschule’, qui se dissimule depuis quelques années également sous les noms de ‘Hochschule’
(école grande ou supérieure, à ne pas confondre avec la ‘Grande école’ dans le système d’éducation
français) ou bien de ‘Université des sciences appliquées’. Le certificat de l’école BOS, qui demande
une année scolaire supplémentaire, donne accès seulement aux facultés en lien avec le certificat ob-
tenu (par exemple : les élèves d’une école FOS/ BOS filière commerce ont accès aux études en éco-
nomie et en administration mais n’ont pas le droit de commencer des études dans les facultés de
Lettres ou de Sciences). En revanche, le certificat du lycée professionnel autorise à l’inscription dans
toutes les filières aux universités. Les lycées professionnels sont ouverts généralement à tous ceux
qui ont terminé avec succès l’école du premier cycle de l’enseignement secondaire et mais désirent
un curriculum plus concret et plus proche à la vie active que celui offert dans les lycées généraux. Il
arrive que des personnes autour de la trentaine, après une première phase dans leur vie active, s’y
retrouvent, côtoyant des jeunes.
Fig. 2 : Inscriptions annuelles à la formation professionnelle en Allemagne
Source :
Autorengruppe Bildungsberichterstattung 2012, p. 102 (sauf lycée professionnel, FOS/ BOS).
Quant à la quantité des inscriptions aux filières différentes de la formation professionnelle, le nombre
d’inscriptions à la formation professionnelle du système de dualité se situe bien supérieur à 500 000
inscriptions (lesquelles s’effectuent d’ailleurs auprès des chambres de commerce et d’industrie, de
métiers et de l’artisanat, d’agriculture, etc.). Avec les problèmes économiques du début de la première
décennie du siècle, la tendance est à la diminution. Ce nombre va se stabiliser pendant les années à
venir : L’excès de l’offre de jeunes sur le marché de l’apprentissage va diminuer plus vite que l’offre
de postes d’apprentissage en raison du développement démographique. Pourtant, les entreprises ont
de la difficulté à embaucher un nombre suffisant d’apprentis avec des qualifications adéquates pour
couvrir leurs besoins en effectif. Pour estimer l’importance du système de dualité comme voie de
formation, il faut savoir qu’avec la réforme Bologne, la portion des jeunes admissibles aux études du
Sys. de dualité EP à plein temps Instit. d.transition* 1000
Doublettes
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secteur tertiaire qui se sont inscrits dans une formation professionnelle du système de dualité a aug-
menté.6
Néanmoins, les approches de transition différentes garderont leur place dans les années à venir, car
beaucoup de jeunes – voire trop de jeunes ! – quittent l’école avec des compétences en lecture lacu-
naires.7 Par conséquent, ils ne vont pas trouver un emploi en apprentissage malgré l’offre du travail
décroissant vis-à-vis d’une demande du côté des entreprises stable sur le marché d’apprentissage. À
l’heure actuelle, les jeunes dans les institutions de transition représentent environ un tiers de la totalité
des inscriptions annuelles aux différentes filières de la formation professionnelle, tendance décrois-
sante (voir la fig. 2). La formation professionnelle à plein temps en école remporte avec une impor-
tance croissante un cinquième des inscriptions pendant la première décennie du 21ème siècle.
Pour obtenir un portrait d’ensemble de la distribution des personnes qui quittent la formation générale
du secteur secondaire, il faut souligner que s’ajoutent à ces chiffres les inscriptions aux écoles pro-
fessionnelles de qualification générale (les lycées professionnels, les FOS et les BOS) et les inscrip-
tions aux institutions d’éducation tertiaire.
Malgré l’importance croissante des écoles professionnelles à plein temps, malgré tous les problèmes
qui résultent des échecs de la formation générale, malgré même les régulations sur échelle euro-
péenne, qui s’est soumise à la conception des NVQ (National Vocational Qualifications) en Grande-
Bretagne des années 90, la formation en dualité en Allemagne, présumée ‘morte’ de façon récurrente
depuis la fin de la Guerre, reste et restera au centre de la formation des jeunes après la fin de la
scolarisation générale obligatoire. Bien qu’un bon nombre d’états aient tenté une adaptation du sys-
tème de dualité – dernièrement, la Chine a tenté quelques approches (Zhao 2011, p. 45-47) – on n’a
pas pu introduire le concept de façon à ce que toutes les parties prenantes soient satisfaites. En général,
des problèmes sont survenus à cause de l’impatience de la part des entreprises, qui voulaient des
jeunes productifs après seulement quelques semaines (et non après trois années). S’y est ajouté une
résistance à rémunérer les jeunes, même au tarif ‘apprenti’. Du côté de l’État, on a souvent hésité à
financer les écoles avec les finances publiques, sans contributions de la part des entreprises.
Donc, évidemment son histoire est une des raisons pour lesquelles le concept d’apprentissage dans
des structures de dualité forme un véritable ‘système’. Tout système a son parcours historique qui l’a
mené à son état présent. On ne changera pas ce système sans respect pour son histoire, sinon on risque
de le détruire. Qu’on ne le reproduise non plus sans avoir créé un environnement systémique sem-
blable. Quelle est l’histoire du système de dualité dans les pays germanophones ?
L’histoire de l’apprentissage commence au Moyen Âge. Les corporations des arts et métiers avaient
introduit un règlement ferme. Les apprentis vivaient en famille avec leur patron, ils partageaient au-
tant la vie quotidienne que le travail. Après l’acquittement commençait le voyage des compagnons
dans tout le pays. Finalement, la maîtrise était obtenue et, avec elle, le droit de gérer une entreprise
artisanale au sein de son association. Cette description est réduite, bien entendu, mais en principe
cette tradition (apprentissage, voyage, maîtrise) était répandue dans toute l’Europe, du moins en Eu-
rope occidentale. Souvent les échanges des expériences ont dépassé les frontières, et c’est ainsi que
nous avons – même aujourd’hui – des pratiques plus ou moins semblables dans l’artisanat des pays
de l’Europe occidentale, arrivées jusque là avec les migrants (voir Reininghaus 1999), mais surtout
6 Généralement, le taux d’étudiants parmi les admissibles au secteur de l’éducation tertiaire est passé de presque 90%
dans les années 80 à moins de 75% en 2006 ; cela est en faveur du système de dualité (Autorengruppe Bildungsbe-
richterstattung 2012, p. 294). On attend une nouvelle recrudescence de ce taux avec l’implémentation du processus de
Bologne. 7 Confrontés à des textes standards, ces jeunes ont des résultats semblables à ceux des analphabètes fonctionnels. Les
études PISA donnent raison de craindre que, dans une cohorte donnée, cela pourrait aller jusqu’à environ 10 % (ceux
qui, sur une échelle de 5 niveaux, n’ont pas atteint le niveau I), sinon près du tiers (< niveau II ; voir PISA 2000, p. 9,
fig. 1).
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avec les itinérants (voir Elkar 1999). En fait, en France les Compagnons du Devoir assurent le bon
déroulement de l’apprentissage, du voyage et de la maîtrise, qui, à présent, requiert un examen formel
pour pouvoir être accordée:
« Aujourd’hui, l’apprentissage est la voie royale qui mène à tous les diplômes professionnels, du CAP aux titre
d’ingénieur… L’apprenti est considéré comme un salarié sous contrat, avec les avantages qui en découlent: une
reconnaissance sociale (un salaire !) et les devoirs de tous les travailleurs (ponctualité, présence, production, tenue
vestimentaire adaptée, respect). L’apprenti est en alternance dans une entreprise et dans un Centre de Formation
d’Apprentis (CFA). » (Les Compagnons du Devoir [non daté/ 2011]).
Actuellement, les Compagnons reconnaissent 25 métiers. En comparaison, l’état allemand reconnaît
environ 350 professions, non seulement dans l’artisanat mais aussi dans les domaines des professions
industrielles, médicales, sociales et autres (BIBB 2010). De même, il y a des professions commer-
ciales et administratives, des professions dans le secteur de la médecine et celui de la nutrition. Cette
division se produisit au 19e siècle, au cours de la révolution industrielle et de la dérèglementation de
la production, qui, jusque alors, était réglementée par les associations. Après une courte période de
libéralisation totale, on s’aperçut très rapidement que cela menait à de graves problèmes de qualité.
Pour pallier à la situation, on a restitué un règlement léger concernant la question de l’apprentissage.
Les chambres sont chargées par l’État de la supervision de la partie de l’apprentissage en entreprise
(‘zuständige Stellen’ [littéralement ‘institutions chargés’] selon la loi de la formation professionnelle,
§§ 74 f., 79, 84, 84a, 87, 89, 91, 93 BBiG).
Pendant l’industrialisation de l’Allemagne, surtout pendant le temps du Second Empire (après 1871),
les écoles de formation générale continue (‘Fortbildungsschulen’), qui étaient, au départ, des écoles
du dimanche, se transformaient successivement en écoles professionnelles. Le financement et la ges-
tion des écoles du dimanche étaient assurés par les communes. Tandis qu’à l’époque de la transfor-
mation en école professionnelle, le soutien des écoles était dû non seulement aux communes, mais
également aux différents états allemands et – comme aujourd’hui en France – aux associations. De-
puis, l’enseignement aux écoles de formation continue et – plus tard – aux écoles de formation pro-
fessionnelle se déroule séparément de l’entraînement à un poste de travail en entreprise. Les écoles
professionnelles, souvent contestées, ont trouvé un grand support grâce au travail de Georg Ker-
schensteiner (*1854-1932), qui était alors Stadtschulrat (inspecteur de l’enseignement) de la ville de
Munich. C’était lui qui avait souligné l’importance de l’enseignement scolaire à temps partiel en vue
de l’engagement civil des jeunes. Suite à ce compromis historique entre l’intérêt public et les intérêts
des entreprises, on a distribué les tâches et les coûts entre la main publique et les entreprises.
(2) Le discours du système de dualité
En général, les nombreux textes d’introduction dans l’organisation du système de formation profes-
sionnelle discutent les différents loci didactiques qui sont impliqués (Schmiel 1976, p. 137 ff.; Schmiel
& Sommer 1992, p. 114 ff.; Schelten 1994, p. 51 ff.; Arnold & Krämer-Stürzl 1996, p. 76 ff.; Huisinga
& Lisop 1999, p. 32 ff.; Sloane, Twardy & Buschfeld 1998, p. 222 ff.; Rebmann, Tenfelde & Uhe
1998, p. 131 ff.; Arnold & Gonon 2006, p. 102 f.). À l’exception du cas des professions enseignées
dans les écoles à plein temps, les loci didactiques opposés, celui de l’école et celui de l’entreprise,
constituent la dualité du système de formation professionnelle. Cette conception fut établie par les
experts du Conseil allemand de l’Éducation (Deutscher Bildungsrat 1974a, p. 69 ff.; 1974 b). Elle
constituait désormais le fondement théorique de l’enseignement professionnel. Auparavant, cette ap-
proche de formation était pratiquée sans que l’on se rende compte de la valeur théorique des diffé-
rences entre ses loci didactiques. Après tout, au départ, cela n’était rien de plus qu’un compromis
historique qui s’était établi pendant la fin du Second Empire et le début de la République de Weimar.
Le concept de ‘locus didactique’ ne reste pas longtemps limité au cadre des deux institutions ‘école’
et ‘entreprise’. Cette expansion, accompagnée par une pluralisation des loci didactiques, fut renforcée
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par le Deutsche Bildungsrat et par nombre de publications dans le domaine de la formation profes-
sionnelle (voir aussi les sources du paragraphe précédent). Suite à de vives critiques à l’égard du
concept de locus didactique (voir p.ex. surtout Beck 1984), Martin Schmiel proposa la conception du
‘domaine didactique’ pour remplacer l’idée du ‘locus didactique’, qu’il qualifia de trop peu différen-
ciée (1976, p. 138 f.) : À l’école, par exemple, il n’y a pas seulement les salles de classe, mais aussi
les laboratoires de science, de langues, etc. Selon Schmiel, ces sub-loci didactiques font partie d’un
domaine didactique (ici l’école). Bien que cette conception ait sa légitimité au point de vue institu-
tionnel ou organisationnel, la présente contribution se basera uniquement sur le concept de locus
didactique, tel que décrit auparavant, afin d’éviter une confusion linguistique.
Par après, Greinert (1995) a repris le discours des loci didactiques, tout en respectant la critique de
Beck. Prenant cette critique comme point de départ, il a développé sa propre description en utilisant
des critères de la politique de l’ordre (c’est-à-dire la politique de l’ordre économique ; p. 7 ff.). Selon
cette conception des loci didactiques, il y a de différentes formes d’organisation de la formation pro-
fessionnelle : l’approche privée (qu’il appelle également le ‘modèle libéral du marché’) et l’approche
publique (ou le ‘modèle bureaucratique de l’école’ ; p. 10, p. 12). La dualité du système de formation
vocationnelle se trouverait, selon Greinert, dans le fait que ce système serait un système ni purement
bureaucratique ni purement libéral. Il le décrit plutôt comme un modèle dans lequel l’État arrangeait
‘les conditions générales plus ou moins détaillées pour les entreprises privées ou d’autres institutions
d’apprentissage privées dans le domaine de la formation professionnelle’ („für private Betriebe bzw.
sonstige private Ausbildungsträger mehr oder weniger umfangreiche Rahmenbedingungen in der be-
ruflichen Bildung“, p. 14).
Les deux concepts, le locus didactique comme cadre institutionnel (ou bien topographique comme le
suggère Schmiel), le concept d’ordre politique comme cadre institutionnel et politique, manquent leur
objectif d’explication théorique du système de dualité, quoique la quasi-totalité des chercheurs en
vocationomie8 s’y réfèrent. Ils s’y réfèrent en particulier pour expliquer les avantages ou les désavan-
tages du système de dualité. L’objectif est manqué, car la particularité du système de dualité se trouve
exclusivement dans sa construction didactique spécifique. Contrairement aux aspects institutionnel,
topographique et organisationnel, seule la structure juridique, par le hasard de l’histoire, est à l’image
de la double structure didactique. Puisque la structure juridique est plus facile à comprendre que la
structure didactique, elle sera présentée en premier.
(3) Les parallèles des dualités juridique et didactique
La formation professionnelle en Allemagne se déroule dans deux institutions très différentes – les
entreprises et les écoles professionnelles – deux institutions qui sont en plus marquées par différents
systèmes de contrôle et de réglage. Cette observation d’absence de coordination est utilisée comme
argument principal par les critiques du système de dualité pour mettre la validité du système en cause.
La partie de la formation qui se déroule dans les entreprises – généralement jusqu’à quatre jours par
semaine – est réglementée par une loi fédérale, la loi sur la Formation professionnelle, qui a force
dans chacun des seize états fédéraux (Berufsbildungsgesetz, BBiG). Selon l’importance des règle-
ments à trouver, c’est le ministère de l’Économie qui est l’institution responsable. L’entente avec le
ministère de l’Éducation est néanmoins impérative. Le Bundesinstitut für Berufsbildung (BIBB),
l’institut de la formation professionnelle, fut instauré en 1969 avec la publication du BBiG. Il est
mandaté de faire de la recherche en matière de formation professionnelle et de conseiller les deux
ministères.
8 La vocationomie étant la science des relations entre l’économie, les professions, et l’éducation; en Allemagne disci-
pline bien établie, connue sous le nom de ‚Berufs- und Wirtschaftspädagogik’ (voir Bank 2009).
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Fig. 3 : Dualité juridique de la formation professionnelle en dualité en Allemagne
Source : Bank & Jongebloed 2007, p. 2.
Par contre, la partie de la formation qui se déroule dans l’école professionnelle connaît un règlement
décentralisé selon les 16 lois sur l’enseignement des 16 états fédéraux (Bundesländer), la souveraineté
culturelle étant accordé par la Loi fondamentale9 aux états fédéraux. Conséquemment, 16 ministères
de l’Éducation (Kultusministerien) ont la même compétence, chacun pour sa propre juridiction. Une
autre norme de la Loi fondamentale, la liberté de circulation (Art. 11 GG), exige, que les différences
entre les règlements, surtout en ce qui concerne le curriculum, soient minimes. C’est dans cette op-
tique que les ministères de l’Éducation et le ministère fédéral de l’Éducation et de la Recherche ont
fondé la Kultusministerkonferenz (KMK), conférence permanente des ministres des Affaires Cultu-
relles (de l’Éducation, etc.).
Les contrats d’apprentissage relient entres elles les exigences de la loi sur la Formation profession-
nelle (BBiG) et des 16 ministères de l’Éducation. Ces contrats sont uniquement du droit civil (et donc
privé), quoiqu’il soit obligatoire de le déposer auprès l’institution en charge de la formation (‘zustän-
dige Stelle’), c’est-à-dire les chambres. Il est conclu entre le futur apprenti et l’entreprise, par son
représentant. Occasionnellement, on trouve l’opinion, que la jonction pertinente serait la législation
fédérale, notamment la BBiG, la loi sur la Formation professionnelle (comme, par exemple suggèrent
Döring & Stahl 1998, p. 22). Opposé à cette opinion, la présente argumentation, qui est fondée sur
l’idée des deux loci didactiques différents, montre que la jonction juridique se retrouve sur une échelle
beaucoup plus concrète, c’est-à-dire sur l’échelle du contrat entre l’entreprise qui embauche l’apprenti
et l’apprenti en personne. Sur la base des 16 lois d’École, l’apprenti obtient automatiquement, avec
le dépôt du contrat auprès des chambres, le droit d’assistance aux cours à l’école professionnelle, et,
s’il est mineur, l’obligation d’y assister.
La coordination entre les différentes formes d’apprentissage reste la tâche de l’apprenti. Afin que
cette tâche soit praticable, une coordination par des plans différents se réalise à l’échelle plus élevée
(c’est-à-dire le niveau fédéral). Du côté du processus d’apprentissage en entreprise, les instruments
de coordination se trouvent dans le ‘Ausbildungsordnung’, ce qui constitue le régime formel de l’ap-
prentissage. Il comprend des spécifications concernant la durée de l’apprentissage, le nom de la pro-
fession avec une esquisse des tâches de la profession (Berufsbezeichnung et Berufsbild). S’y ajoutent
un plan cadre d’instruction (‘Ausbildungsrahmenplan’) et la définition du contenu des examens et de
9 La Loi fondamentale (Grundgesetz, abb. : GG) est le corpus juridique qui se trouve provisoirement à la place de la
constitution depuis la Seconde Guerre mondiale et, définitivement depuis la réunification.
En
trep
ris
e
Ec
ole
lien
juridique:
Législation fédérale
(BBiG)Législation
par ‚Land‘ (16 lois d‘école)
Ministère de l‘économie
Ministère de l‘éducation
Institut fédéral (BIBB)
16 Ministères d‘école
Conférence permanente
des Ministères d‘école (KMK)
Droit
civil
le
contrat
d‘appren-
tissage
Apprenti,
chef/ repré-
sentant de
l‘entreprise
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leur niveau de difficulté (Prüfungsanforderungen). L’ensemble du règlement (selon §5 BBiG; § 26
HWO : Handwerksordnung : statut des arts et métiers) fait partie de la législation fédérale. Le règle-
ment du côté de l’entreprise trouve sa forme concrète dans le plan d’instruction en entreprise (Ausbil-
dungsplan), qui est spécifique à chaque apprenti, mais qui doit répondre aux limites définies par le
plan cadre d’instruction (Ausbildungsrahmenplan), qui est spécifique à chaque profession. Il doit être
déposé auprès de l’institution chargée (chambre) pour raison de contrôle.
Du côté de l’enseignement scolaire, le règlement comprend les curricula nationaux qui définissent un
certain cadre sur le niveau fédéral (Rahmenlehrpläne). Au niveau des états fédéraux, le cadre donné
peut et devrait être spécifié par les plans d’enseignement (Lehrpläne) ou curricula. Depuis quelques
années les curricula nationaux ne sont plus modifiés régulièrement, à cause des moyens financiers
limités. Finalement, à l’échelle de l’école, se trouvent les plans de distribution des contenus, qui si-
tuent le déroulement de l’apprentissage dans le temps.
L’ensemble des règlements rencontrés tant du côté de l’entreprise que du côté de l’école montre que
l’hypothèse de l’inexistence de la coordination entre les tâches scolaires et celles de l’entreprise n’est
que mal fondée, voire entièrement fausse. La théorie de la gestion parle traditionnellement d’une
coordination par planification (Kosiol 1962). En fait, on commence avec la définition du régime for-
mel de l’apprentissage (Ausbildungsordnung). En fonction de ce dernier, donc sur une base plutôt
abstraite ou idéalisée de la vie pratique, le plan cadre d’enseignement sera construit, et, avec celui-ci,
les 16 plans d’enseignement (curricula). À ce niveau d’agrégation ou d’abstraction, les plans sont
bien moins spécifiques que ce qu’exigerait le fonctionnement d’une école particulière ou celui d’une
entreprise particulière. Une politique républicaine et démocratique ne pourrait pas encourager une
telle orientation en faveur d’un intérêt privé (comme celui d’une entreprise spécifique) ; et on a tou-
jours respecté cette exigence de généralité matérielle (c’est-à-dire des contenus). En dehors des ob-
jectifs matériels de l’enseignement (les connaissances concrètes et le savoir-faire productif), la mo-
bilité de l’apprenti au-delà des limites d’une entreprise ou bien d’une région donnée a toujours été
une préoccupation centrale de toute éducation publique. Par exemple, certaines régions de l’Alle-
magne ont plusieurs entreprises spécialisées dans la production des meubles de cuisine. L’exigence
est telle que les apprentis menuisiers apprennent à construire tant des meubles de cuisine que d’autres
meubles. Le changement de poste de travail ainsi que la mobilité à l’intérieur du pays ou même au
niveau européen doivent impérativement demeurer possibles une fois la formation complétée.
Une coordination standardisée de l’apprentissage demeure, malgré les politiques et les règlements,
difficilement réalisable et ce, pour des raisons bien simples. Par, exemple, une classe peut contenir
jusqu’à trente-deux élèves-apprentis10, auxquels peuvent correspondre de une jusqu’à trente-deux en-
treprises. Laquelle, parmi elles, serait l’entreprise dominante, l’entreprise selon laquelle l’école orien-
terait son organisation ? Et, même s’il n’y avait qu’une seule entreprise correspondante11, est-ce que
ça changerait quelque chose ? Car, en réalité, en entreprise, les 32 apprentis ne seront qu’exception-
nellement chargés de tâches productives identiques en même temps. Sans aucun doute, ils ne le seront
pas pendant toute la durée de l’apprentissage.
Et si l’on changeait l’ordre des priorités, de sorte que les professeurs de l’école professionnelle battent
la mesure ? À part du fait qu’une telle revendication provoquerait un véritable scandale politique, les
entreprises ni ne voudraient ni ne pourraient la mettre en pratique. Leur fonction principale est la
production et leur propre reproduction est du second plan.
10 C’est le chiffre actuel dans la plupart des Länder, au-delà duquel une classe sera divisée en deux. 11 Par exemple, dans certaines villes, l’effectif des caisses d’épargne et le nombre d’apprentis qui s’y trouvent excèdent
même la capacité d’une classe. Autre exemple : dans une ville comme Wolfsburg, il peut y avoir un vaste employeur
(dans cet exemple c’est VW). Les apprentis de Volkswagen remplissent plusieurs classes scolaires et ce, dans un
nombre de professions variées.
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Si l’on doit constater que, au point de vue juridique, la coordination de la pluralité des agents sociaux
impliqués ne peut pas être assurée par une seule loi ou par un règlement général, quel qu’il soit, il
existe tout de même une coordination à ce niveau. Cette coordination juridique est l’une des deux
caractéristiques qui font que l’apprentissage se déroule dans un système de dualité et non dans deux
structures parallèles. Comme souligné auparavant, son importance n’est que de second rang. C’est le
droit civil qui relie les parties prenantes l’une à l’autre, car le droit civil donne le cadre juridique pour
chaque contrat d’apprentissage qui est conclu entre les patrons ou bien les représentants de l’entre-
prise individuelle et l’apprenti. Alors que les lois, les plans et les règlements des institutions et des
différents paliers gouvernementaux impliqués donnent un cadre dans lequel la formation devrait se
dérouler, le contrat d’apprentissage demeure le véritable élément qui fait la liaison, au point de vue
juridique, entre l’entreprise et l’école professionnelle.
Plus que la perspective juridique, l’introduction d’une nouvelle perspective didactique va aider à
comprendre le système de dualité comme un tout. Cette nouvelle perspective didactique serait celle
d’une didactique qui est fondée sur la théorie psychologique de l’apprentissage et sur l’épistémologie.
La question essentielle est : où se trouve le lien constitutif du système de dualité ? Alors que la cons-
titution juridique du système de dualité tient en premier lieu dans le singulier contrat d’apprentissage,
c’est, dans cette nouvelle perspective, la relation entre les deux loci didactiques qui constituerait
l’unité du système. On voit vite que la seule jonction entre les loci didactiques, c’est l’apprenti, ou
plus précisément son cerveau. Après tout, il n’y a aucun autre élément qui appartienne aux deux
parties du système de dualité en même temps : sans l’apprenti, il n’y aurait pas de système de dualité
mais deux systèmes (ou bien simplement deux institutions) de formation professionnelle séparés.
Le locus didactique systématique enseignera aux jeunes un savoir structuré et d’une façon systéma-
tique, qui est orientée vers les contenus de la profession correspondante. Dans le système de dualité,
c’est l’école professionnelle qui forme le locus didactique fondamentalement consacré à la théorie et
qui ouvre la voie vers un apprentissage systématique et structuré (voir aussi Jongebloed 1998, 2004).
Si c’est l’école professionnelle qui est le locus didactique de l’apprentissage systématique, dans le
système de dualité, c’est l’entreprise qui est le locus de la pratique, le locus qui donne la possibilité
d’apprendre la profession dans sa totalité, d’une façon systémique. Ce locus didactique a la tâche
d’initier les apprentis au monde du travail et de les intégrer dans les processus quotidiens tout en les
aidant à comprendre les responsabilités qui découlent de la pratique de leur profession (avec toutes
les conséquences positives comme négatives qui viendront avec). Cela veut dire que – tout en leur
accordant la responsabilité non juridique, mais effective – ils s’apercevront des conséquences réelles
de leurs actions en ce qui concerne les ressources de l’entreprise, les relations sociales et l’intégrité
corporelle ainsi que la santé de leurs collègues.
C’est par là que seront relies les deux loci didactiques: Un processus d’apprentissage complet exige
l’incitation par une certaine résistance dans ce processus (selon Roth 1961, p. 7ff.). Cette résistance
peut être générée précisément dans le processus d’apprentissage qui s’est déroulé dans l’autre locus.
Cela veut dire : la résistance psychologique à l’apprentissage systématique se trouvera au travail quo-
tidien (ou, en général, à la vie quotidienne). La résistance psychologique à l’apprentissage systémique
se trouvera, par contre, à l’école (cf. Jongebloed 1998, p. 281). Autrement dit: les deux processus
d’apprentissage séparés – celui systématique et celui systémique – seront renoués didactiquement par
un certain ‘transfert d’apprentissage’. ‘Transfert d’apprentissage’ veut dire, qu’un processus d’ap-
prentissage (qui se passe avant) va porter une influence spécifique sur un processus d’apprentissage
(qui se passe plus tard). Préférentiellement cette influence devrait être positive.
Apprendre quelque chose d’une façon systématique ne portera pas directement à l’action. Mais, plus
tard, cela peut contribuer à un processus d’apprentissage de façon systémique qui est nécessaire pour
pouvoir agir d’une manière efficace. Par contre, le pouvoir-faire (sic), la capacité pure d’imitation et
de répétition de certaines actions ne garantira pas l’acquis du savoir-faire. Il ne va pas de soi que l’on
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comprenne ce qui se passe véritablement sous l’action, le ‘pourquoi’, le fonctionnement, etc. Par
conséquent, il sera difficile de s’adapter à des nouvelles conditions d’action sans soutien d’un tiers.
Néanmoins, pouvoir exercer quelque tâche d’une façon expérimentée peut faciliter à parcourir un
processus scolaire, un processus d’apprentissage systématique. Cet effet se produit, par exemple, en
fournissant d’un cadre de référence des sujets autrement purement théoriques ou abstraits.
Cependant, force est d’admettre que la réalité ne correspond pas toujours à l’idéal théorique. Même
s’il est bien visible que les contenus appris dans l’entreprise et ceux appris à l’école se joignent dans
le cerveau de l’apprenti – et nulle part ailleurs12 : on a néanmoins essayé encore et toujours de trouver
un moyen de pouvoir installer une jonction, soit par des mesures institutionnelles de coordination soit
par des mesures informelles de coopération soit par des variantes didactiques qui assouplissent l’ap-
proche systémique de la production réelle en entreprise et de l’enseignement systématique en école.
C’est ainsi que se produisent plusieurs variantes didactiques qui assouplissent l’idéal des deux formes
didactiques, systémique et systématique. Du côté systémique, il y a les ateliers d’apprentissage, les
mesures d’instruction interentreprises et l’enseignement interne (voir Fig. 4).
Fig. 4 : Dualité didactique de la formation professionnelle en dualité
Source : cf. Bank & Jongebloed 2007, p. 4.
Un bon nombre d’entreprises estiment trop élevé le risque économique de l’insertion directe des ap-
prentis dans la production. Pour cette raison, beaucoup parmi elles – en particulier dans les profes-
sions manuelles – ont ouvert des ateliers d’apprentissage dans lesquels les apprentis sont introduits
aux techniques et au savoir élémentaires. Les PME, trop petites pour avoir leurs propres ateliers d’ap-
prentissage, ont souvent implémenté des coins d’apprentissage en atelier, à part de la production quo-
tidienne. Ils y feront également des exercices jusqu’à la perfection, sans regard pour le temps utilisé
et sans que l’on ne se concerne pour la productivité. Il doit être souligné que le développement de la
capacité à la productivité ainsi que la prise en charge de responsabilités n’auront pas lieu dans ces
coins ou ateliers d’apprentissage. Quant aux professions commerçantes, certaines entreprises de la
Hanse avaient installé des comptoirs d’exercices (Übungskontor) déjà au Moyen Âge. Cette idée se
reproduit encore aujourd’hui dans quelques entreprises dans le domaine de commerce.
Un rôle semblable au coin d’apprentissage et à l’atelier d’apprentissage est pris, en dehors des entre-
prises, par les ÜBS (‘Überbetriebliche Bildungsstätten’ : centres d’instruction interentreprises). Les 12 Cela reflète bien la conception du constructivisme radical, voir Maturana & Varela 1984, von Glasersfeld 1995, von
Foerster 1997 : selon eux, on ne peut apprendre qu’en reconstruisant une image du monde dans sa propre tête.
En
tre
pri
se
Eco
le
EnseignementProduction réelle
Atelier d‘apprentissage
Instruction interentreprises
Enseignement interne à l‘entreprise
Simulation(p. ex. comptoir d‘entraînement)
Projets, laboratoires, excursions
Atelier pour le travail manuels
locus didactique
systémique
variations didactiques
par introduction
des éléments
systémiques
locus didactique
systématique
variations didactiques
par introduction
des éléments
systématiques
lien
didactique:
l‘apprenti
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ÜBS ont étés introduits pour remplir les tâches d’instruction que les entreprises, très souvent les PME,
ne pouvaient plus assurer à cause d’une spécialisation trop poussée (voir Kath 1995, à propos des
ÜBS, et Autsch 1999, p. 341 ff., pour un bref historique). Le Suisse Rolf Dubs veut souligner l’im-
portance des ÜBS en parlant d’un système de trialité (« Triales System » ; 1993, p. 86 f.), constitué
par l’alternance de l’éducation dans l’entreprise et à l’école, en y ajoutant du moins une période d’en-
traînement dans un centre d’instruction interentreprise.13 Après la réunification, malgré la systémique
assouplie des centres d’instruction interentreprises (ÜBS), particulièrement dans les nouveaux états
membres dans l’est de l’Allemagne, ces centres ont en plus pris le rôle de l’entreprise dans le système
de dualité (pour raison d’un manque de places d’apprentissage dans les entreprises). Juridiquement,
ces centres font partie de l’apprentissage pratique en entreprise (du moins en Allemagne).
Un bon nombre d’entreprises, en particulier les grandes banques privées et les groupes d’entreprises
du secteur industriel, offrent à leurs apprentis un enseignement interne, à l’entreprise. Il est difficile
de décrire les différences par rapport à l’enseignement à l’école professionnelle, sinon peut-être l’ar-
chitecture plus élégante des salles de classe. La redondance du locus didactique systématique ne
semble pas efficace et très souvent ne l’est pas. Pourtant, il peut être raisonnable d’enseigner le savoir
spécifique à l’entreprise ou au groupe, par exemple les formulaires ou les produits et leurs qualités
particulières, parce que la fonction d’une école publique ne peut jamais être soumise aux intérêts
d’une entreprise spécifique.
Du côté systématique, il y a les simulations (comptoirs d’entraînement), les projets, les laboratoires,
les excursions, ainsi que les ateliers pour le travail manuel qui assouplissent le caractère systématique
des écoles professionnelles (voir Fig. 4).
On connaît, dans les écoles, deux formes de simulation. La première n’est qu’un médium didactique
qui aide à faire comprendre des processus (comme une explication ou un vidéo du déroulement d’une
opération donnée ne le pourrait pas démontrer). La seconde se déroule dans un mode plus théâtral :
on joue à être une banque, un magasin, un bureau … ou bien à être investisseur à la bourse. Concer-
nant les comptoirs d’exercices, plus souvent que les entreprises, ce sont les écoles qui copient cette
idée sous le sigle de ‘comptoir d’entraînement’ (Lernbüro), mais avec très peu de variation : en prin-
cipe, il s’agit d’une représentation différente de l’environnement (fournisseurs, clientèle) de ‘l’entre-
prise exercice’ vs. ‘l’entreprise entraînement’.14 Un autre exemple est la simulation boursière, dans
laquelle gagnent toujours les plus hardis et non ceux qui agissent rationnellement, selon la théorie
porte-folio, comme on le ferait dans la vie réelle avec de l’argent réel. Le caractère systématique de
l’enseignement de l’école est altéré en vue d’introduire des méthodes d’enseignement qui compren-
nent des projets (du moins ils changent le type de systématique), des travaux en laboratoire et, en
particulier, des excursions. Finalement, les ateliers pour le travail manuel sont difficiles à distinguer
des ateliers d’apprentissage dans les entreprises ou bien de ceux dans les centres d’instruction inte-
rentreprises (ÜBS).
En poursuivant cette voie d’argumentation, on pourrait parler – comme Dubs – d’un système de tria-
lité, ou bien – depuis l’introduction des comptoirs d’entraînement dans les écoles – d’un système
quadruple. Cette augmentation de la pluralité des parties du système d’apprentissage pourrait facile-
ment être portée à la douzaine. Apparemment, cela refermerait la voie d’explication du système de
dualité que l’on vient d’ouvrir ici.
13 Il faut faire attention au fait qu’il n’y a pas seulement les centres d’instruction interentreprise (ÜBS) mais aussi des
centres d’apprentissage hors entreprise. Ces derniers essaient de substituer l’instruction pratique dans les entreprises
(au sens de BMBW 1993, p. 6). Cette mise en place se produisit dans la plupart des cas à l’Est, dans les nouveaux
Länder, après la réunification de l’Allemagne. 14 Dans le premier cas, l’environnement est représenté par d’autres entreprises exercices, dans l’autre cas, la représenta-
tion de l’extérieur est la tâche du professeur.
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(4) Des conséquences pratiques, en bref
Pour conclure l’argumentation, une esquisse des conséquences pratiques (ou politiques) pour l’orga-
nisation et la didactique du système de dualité est de mise.
On vient de constater que la structure systématique propre aux écoles est progressivement assouplie
par des approches didactiques systémiques. Les écoles modifient leur concept didactique, passant de
la systématique au systémique. En revanche, l’apprentissage systémique et compréhensif peut être
altéré par des parcours de formation plus systématiques. Toutes les approches didactiques ont certai-
nement leur justification et leurs mérites. Mais est-il raisonnable de suivre cette voie – peu importe
la justification – en ce qui concerne la formation professionnelle ? Il semblait raisonnable de prendre
ses précautions afin que l’on ne finisse pas dans deux loci institutionnels qui ne présentent plus de
diversité didactique. D’ailleurs, la pluralité des approches didactiques ne mène pas forcément à un
système de multiples parties ou avec plusieurs aspects : La structure du système de la formation pro-
fessionnelle ne se définira pas par le nombre d’endroits physiques ou topologiques ou le nombre de
ses institutions ou de ses formes juridiques. De même, la question de l’ordre politique et de ses con-
séquences pour le financement est marginale (bien entendu, l’argent jouera son rôle ... mais au niveau
de l’institution et non de la didactique). L’acte d’enseigner et d’apprendre, de même les principes qui
les sous-tendent, n’en seront pas pour autant altérés.
Du point de vue didactique, le système de dualité peut donc être affaibli mais ne peut pas être détruit.
Il n’est altéré ni par l’introduction des parcours de formation systématiques dans les entreprises ni par
l’instruction plus ou moins systémique à l’école professionnelle. La dualité persistera tant que les loci
didactiques garderont leurs spécificités fondamentales, le locus systémique en instruisant de façon
intégrante et réaliste, le locus systématique en enseignant de façon méthodique et réduite.
Après tout, même un système d’éducation professionnelle composé d’une multitude d’approches di-
dactiques restera donc un système de dualité didactique – si ces approches comprennent les caracté-
ristiques essentielles des deux loci didactiques. Cette identité sera conservée malgré toute forme
d’institution et en dépit de la politique de l’ordre, quelle qu’elle soit. L’important c’est le contenu
commun, répandu sur les deux loci didactiques, l’un holistique et continu, l’autre réduit à une repré-
sentation, et ainsi analytique et discret. Ce contenu doit être délivré par les enseignants des deux loci
didactiques dans un cadre temporel qui respecte la capacité mnémonique de l’apprenti.15
Si l’on retrouve cette situation didactique dans la formation professionnelle, cette dernière peut être
qualifiée comme étant un système de dualité. Dans les autres cas, il y a une pluralité des mono-sys-
tèmes – si l’on peut toujours les nommer ‘système’. En pratique, on retrouvera une pluralité des
mono-systèmes, comme par exemple dans les systèmes de formation professionnelle en alternance,
faute d’intérêt pour l’établissement d’un contenu commun et persistant. La pluralité des arrangements
d’enseignement ou d’instruction ainsi que le contenu sont encadrés par une profession (entendu
comme un système social) qui donne le cheminement didactique.
Les environnements d’apprentissage, systémiques comme on les trouve dans les entreprises, systé-
matiques comme on les arrange dans les écoles, garderont leurs avantages didactiques à eux. Ne re-
prochons pas aux écoles professionnelles de s’éloigner de la réalité : après tout, les écoles furent
instaurées pour des raisons de réduction didactique, l’expérience dans la réalité étant trop dangereuse
ou bien trop inefficace. Ne reprochons pas aux entreprises leur intérêt pédagogique apparemment
déficitaire et leur orientation vers la rentabilité dans la production : c’est leur tâche. Les institutions
ont des raisons légitimes de tenir à leurs fonctions didactiques. Aucune institution et aucun locus
15 Le ‘cadre temporel’ doit être introduit exclusivement à cause des limitations de la mémoire. Si un apprenti, faute d’une
bonne mémoire, oublie vite les faits ou bien son savoir-faire, il glisserait dans deux structures moniales en alternance
au lieu de demeurer dans le système de dualité. Si un autre apprenti, plus doué, suivait le même curriculum, le cadre
effectif pourrait aller jusqu’à plusieurs années sinon décennies de décalage.
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didactique mérite une prédominance sur l’autre, d’autant plus que les meilleurs résultats seront obte-
nus par leur combinaison, combinaison dont le point de jonction est l’apprenti.
Dans cette perspective, l’assouplissement des loci didactiques, comme la simulation pseudo-réaliste
à l’école ou l’enseignement à l’entreprise – devraient être moins efficaces, car chaque locus didac-
tique affaiblirait de cette façon ses qualités propres. L’école restera l’institution avec la plus grande
efficacité de la réduction didactique et de l’enseignement, l’entreprise demeurera l’institution la plus
proche de la réalité, puisque la réalité s’y déroule.
Malgré toutes les mesures entreprises pour pallier aux manques de chacun des loci didactiques et
malgré tout ce que l’on peut en dire, l’assurance de la coordination de ces contenus est la tâche ina-
liénable de l’apprenti. Il est bien possible d’y encourager les apprenants par des moyens didactiques
(voir Bank 2003). Néanmoins, toute instruction et tout enseignement ne peut qu’améliorer ou faciliter
les conditions de l’apprentissage. On ne peut, en fin de compte, faire apprendre. De même, on ne peut
pas construire ou organiser un système de dualité, mais on peut le rendre plus vraisemblable par un
soutien adéquat des apprentis. Au contraire, un trop grand attachement aux deux loci didactiques – le
locus systémique et le locus systématique – risque de détruire le potentiel didactique énorme du sys-
tème de dualité (voir Jongebloed 2004).
* * * * * * * *
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Impressum:
Reihe ‚Berichte aus der Berufs- und Wirtschaftspädagogik - Papers and Proceedings in Vocationomics‘ / Herausgeber: Prof. Dr. Volker
Bank
Erscheinungsweise: mehrmals jährlich in elektronischer Form (PDF-Datei)
ISSN 2190-8478
Postdresse: Professur Für Berufs- und Wirtschaftspädagogik, Reichenhainer Str. 41, 09 126 Chemnitz
E-Mail: [email protected]
Telefon: +49 (0) 371.531 - 36 563
Telefax: +49 (0) 371.531 - 800 176
Autor dieser Ausgabe:
Prof. Dr. Volker Bank, Universitätsprofessor an der Professur für Berufs- und Wirtschaftspädagogik der TU Chemnitz;
Adresse wie oben (Homepage: http://www.tu-chemnitz.de/phil/ipp/bwp/bank/ )
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