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GRAND ÉVANGILE DE JEAN TOME 4 Révélations du Christ à Jacob Lorber Traduit de l'allemand par Catherine Barret HELIOS 1

La Grande Evangile de Jean - Vol. 4 (Jakob Lorber)

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L'œuvre principale de Nouvelle Revelation est le récit détailé des trois années d'enseignement de Notre Seigneur Jésus en 11 volumes - GRAND ÉVANGILE DE JEAN - Révélations du Christ à Jacob LorberTraduit de l'allemand par Catherine Barret - HELIOS. Titre original : Johannes, das Grosse Evangelium, Band 10. Empfangen vom Herrn durch Jakob Lorber. Lorber Verlag, Postfach 1851, D-74308 Bietigheim-Bissingen. La traduction et l’impression du livre present ont été élaborées avec le soutien des editions Lorber-Verlag et celui de l’Association de Soutien de l’Oeuvre de Jacob Lorber – D - Bietigheim

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  • 1.GRANDVANGILE DE JEANTOME 4Rvlations du Christ Jacob LorberTraduit de lallemandpar Catherine Barret HELIOS1

2. Titre original : Johannes, das Grosse Evangelium, Band 4.Empfangen vom Herrn durch Jakob Lorber.Lorber Verlag, Postfach 1851,D-74308 Bietigheim-Bissingen.Pour la traduction franaise : Editions HELIOS 1995Case Postale 3586CH-1211 Genve 3ISBN 2-88063-154-82 3. Volume IVJsus dans la rgion de Csare de Philippe Matthieu, chap. 16 (suite)Chapitre premierDe la vraie sagesse et de la vnration active de Dieu1. Mtant lev avec tous ceux qui, prs de Moi, ont agrablement sommeill plusde trois heures, Je fais aussitt venir Moi les trois(*) et leur demande pourquoi ilsne se sont pas eux aussi abandonns un sommeil rparateur pendant ces troisheures.2. Mathal dit : Seigneur, Toi le trs glorieux, Toi le trs sage, qui peut dormir,quand Ta parole le restaure dj si puissamment ! Nous nous sentons tous troisaussi fortifis que si nous avions dormi au mieux toute la nuit ! Mais nous avonsmis profit selon nos possibilits ces trois heures en Ton nom, et, avec Tatrs bienveillante permission, nous avons appris des choses quaucun mortelnavait certes encore rves, et nous Ten remercions prsent du plus profond ducur ; Tu es le Seigneur, et Toi seul es tout, partout et en toute chose ; cestpourquoi Toi seul vont tout notre amour et notre vnration ! 3. Je dis : Cest bien, Je sais tout ce que vous avez discut et appris avant letemps qui vous tait prescrit ! Mais puisque vous avez appris ces choses, gardez-les par-devers vous pour le moment, et, par la suite, nen faites pas mauvais usage; les enfants de cette terre ne comprennent pas ces choses, car ils ne viennent pasdu mme lieu que vous. Mais vous apprendrez encore de bien plus grandes choses; quand le Saint-Esprit descendra sur vous, le jour o Je le rpandrai sur vous duhaut du ciel, alors seulement vous serez guids en toute vrit ! Ce sera lesprit delamour, le Pre Lui-mme, qui vous lvera et vous enseignera, afin que vouspuissiez venir tous l o Je serai.4. Car en vrit Je vous le dis : nul ne viendra Moi si le Pre ne la attir jusquMoi ! Vous devez tous tre enseigns par le Pre, cest--dire par lamour ternelen Dieu, si vous vous voulez venir Moi ! Vous devez donc tous tre aussiparfaits quest parfait le Pre dans les cieux ! Cependant, ni le plus grand savoir,ni la plus riche exprience ne vous y mneront, mais seulement lamour vivant enDieu, et un mme amour pour le prochain ; cest l le grand secret de larenaissance de votre esprit par Dieu et en Dieu.5. Mais avant cela, chacun devra franchir avec Moi la porte troite du pluscomplet renoncement lui-mme, jusqu ce quil devienne ce que Je suis. Chacundoit cesser dtre quelque chose lui-mme pour pouvoir devenir tout en Moi.6. Aimer Dieu par-dessus tout signifie sabsorber et se dissoudre en Dieu et demme, aimer son prochain signifie ne faire quun avec lui, sans quoi on ne pourrajamais laimer totalement ; et un demi-amour ne sert ni celui qui aime, ni celui qui(*)Mathal, Philopold et Murel. (N.d.T.) 3 4. est aim.7. Si, dune haute montagne, tu veux voir parfaitement de tous cts, tu devrastoujours en gravir la plus haute cime ; car dun sommet moins lev, une bonnepartie du paysage restera toujours cache ta vue. De mme, dans lamour, leschoses les plus extrmes doivent venir du plus profond de vous pour que ses fruitsse rvlent vous.8. Votre cur est un champ, et lamour actif est la semence vivante ; mais vosfrres pauvres sont le fumier de votre champ. Celui dentre vous qui smerabeaucoup dans son champ bien fum fera aussi une bonne rcolte. Plus vousfumerez votre champ de pauvres nombreux, plus il sera fertile ; et plus vous ysmerez de bonne semence, plus riches seront vos rcoltes. Celui qui smeraabondamment rcoltera abondamment ; mais celui qui smera avec parcimoniercoltera avec la mme parcimonie.9. Et cest l pour vous la plus grande sagesse, devenir sages par lamour le plusactif. Au contraire, tout le savoir ne sert rien sans lamour ! Cest pourquoi vousne devez pas tant vous soucier de beaucoup savoir que de beaucoup aimer, etlamour vous donnera ce quaucun savoir ne peut vous donner. Il est bien que vousayez pass ces trois heures enrichir vos connaissances et votre exprience demultiples faons et avec tant de zle ; mais tout cela en soi ne serait pas dungrand profit pour votre me. Mais si, lavenir, vous consacrez votre temps avecle mme zle lamour du prochain, cela sera un jour du plus grand profit pourvos mes !10. quoi servirait-il, Mes yeux, que vous vous pmiez demi dadmirationdevant Ma puissance, Ma grandeur et Mon inpuisable splendeur, si, devant votremaison, vos pauvres frres et surs pleuraient de faim, de soif et de froid ?Combien pitoyables et parfaitement vains seraient vos cris de joie et de louangeen lhonneur et la gloire de Dieu, si on entendait par-derrire la plainte dun frrepauvre ! quoi bon toutes les riches et fastueuses offrandes au temple, quand saporte un frre pauvre meurt de faim ?11. Cest pourquoi votre qute doit tre avant tout celle de la misre de vospauvres frres et surs ; apportez-leur aide et consolation, et vous dcouvrirezplus dans un seul frre que vous aurez aid que si vous aviez visit toutes lestoiles et Maviez lou par la langue des sraphins !12. En vrit, Je vous le dis, tous les anges, tous les cieux et tous les mondes avectoute leur sagesse ne peuvent vous donner dans toute lternit ce que vousobtiendrez en secourant rellement, de toutes vos forces et selon tous vos moyens,un frre dans la misre ! Rien nest plus haut ni plus proche de Moi que levritable amour agissant !13. Si tu pries Dieu, et quen priant tu nentendes pas la voix de ton frre pauvrequi se lamente et qui est venu te demander secours lheure de ta prire, alors,maudits soient tes vains piaillements ! Car Mhonorer, cest aimer, et non remuerfutilement tes lvres !14. Vous ne devez pas tre comme ceux dont Isae disait : "Voyez, ce peupleMhonore des lvres ; mais son cur est loin de Moi !", mais, lorsque vous Me 4 5. priez, faites-le en esprit et en toute vrit. Car Dieu est esprit et ne peut tre priquen esprit et en vrit.15. La vraie prire en esprit, la seule qui Magre ne consiste donc pas enmouvements de la langue, de la bouche et des lvres, mais seulement danslexercice actif de lamour. quoi te sert davoir orn de plusieurs livres dor latombe dun prophte, si pendant ce temps tu nas pas entendu la voix dun frre quisouffre ? Crois-tu que cela Me plaira ? Insens ! Je te regarderai avec des yeux decolre, pour navoir pas entendu, cause dun mort, la voix dun vivant ! Chapitre 2Le destin des lieux de Palestine1. (Le Seigneur :) Voyez-vous, cest pour cela que Jai dj prvu que les lieuxo nous passons prsent nexistent plus dans cent ans, de sorte quavec le tempsils ne deviennent pas lobjet dune grossire idoltrie !2. On ne trouvera plus ma Nazareth, mais un autre village sur la montagne aucouchant dici. Gnsareth disparatra, et, de ce ct de la mer, seule subsisteraTibriade. Csare de Philippe, o nous sommes prsent, a dj cess dexister,mais il en restera une au-dessus du lac Merom(*), do sort le Jourdain, et uneautre au couchant, peu de distance de la grande mer de sel et non loin de Tyr etde Sidon. Mais le pays de Samarie ne subsistera que dans la partie qui stend dicivers le midi, et la petite partie qui est au levant disparatra, avec la vraie Sichar etle vrai mont Horeb, et plus tard, vos descendants le chercheront et le trouverontnon loin de la grande mer ; mais il nen restera plus que le nom et une montagneescarpe, qui ne sera pas la vraie. Et il en sera de mme pour Jrusalem et pourbien dautres lieux encore de la Terre promise, dont la plus grande partie serachange en dsert.3. Retenez bien tout cela : car cela arrivera afin que les gens de ces lieux necessent pas tout fait dentendre les voix de leurs pauvres frres et surs derrireleur adoration idoltre ! Ils devront donc tous sy perdre ! Ils chercheront mamaison dans la fausse Nazareth et seront confondus ; car lorsque Je serai montdans Mon royaume, la vraie Nazareth disparatra bientt de la face de la terre.4. Celui qui cherchera le faux-semblant trouvera le faux-semblant et en mourra ;mais celui qui cherchera la vraie Nazareth dans son cur la trouvera dans chacunde ses frres pauvres, et il trouvera la vraie Bethlem dans chacune de ses surspauvres !5. Des temps viendront o les hommes viendront ici de trs loin pour chercher ceslieux. Les noms seront certes toujours l mais pas les lieux ! Oui, les peuplesdEurope feront la guerre pour possder ces lieux, et ils croiront Me rendre ainsiun grand service ; mais, chez eux, ils laisseront leurs femmes, leurs enfants etleurs frres et surs mourir de dnuement et de misre !(*)Le Jourdain traverse le lac Houleh (ici Merom ?), puis le lac de Tibriade ou de Gnsareth(mer de Galile) avant de se jeter dans la mer Morte (la grande mer de sel ). (N.d.T.)5 6. 6. Mais lorsquils viendront Moi de lautre ct pour Me demander la r-compense quils croient due leur peine et leur sacrifice, Je leur ferai voir leurgrande folie et Je leur montrerai quelle misre ils ont provoque, par cette folieque Je nai jamais exige deux, parmi les hommes, et surtout chez ceux quitaient confis leurs soins, ainsi leurs malheureuses et faibles femmes, leursenfants et dautres qui avaient besoin daide chez eux ! Et il leur sera clairementmontr quils nentreront pas dans la lumire de Ma grce avant davoircompltement rpar le mal quils auront fait ce qui leur sera trs difficile, carils nauront pour cela que de bien pauvres moyens dans le faible crpuscule duroyaume des esprits au-dessus et au-dessous de la terre.7. Je vous le dis : cause de la grande folie des hommes, ces lieux seront livrs un peuple paen. Et Je ferai chtier par ces paens les faux adeptes de Ma doctrine,au levant et au couchant, au midi et dans les contres du septentrion.8. Efforcez-vous donc de ne pas laisser la sottise et la superstition aveugle prendreplace dans Ma doctrine de la vie et de la vraie connaissance de Dieu par les seulesvoies de lamour actif ; celui-ci donnera tout homme la vritable lumire et lavraie intuition de toutes les choses du monde de la nature et des esprits ! Cela estet demeure ternellement le seul chemin vrai et efficace qui mne Moi et Monroyaume ternel.9. Moi seul, qui suis amour de toute ternit, Je suis la lumire, le chemin, la porteet la vie ternelle ; celui qui cherche pntrer autrement dans Mon royaume estpareil un voleur et sera jet dans les plus profondes tnbres ds ce monde etplus encore dans lau-del. Maintenant, vous savez ce que vous avez faire, et cequi est juste Mes yeux. Conformez-vous cela, et vous marcherez sur le bonchemin.10. prsent, allons voir les neuf noys, et toi, Marc, fais apporter du vin ; carnous en aurons besoin ! Chapitre 3Le Seigneur auprs des neuf noys1. Aussitt, nous nous rendmes auprs des neuf, et Je les fis coucher de faon queleurs visages regardent vers le haut et que leurs ttes soient releves. Lorsquilsfurent ainsi installs, Je dis Marc : Verse-leur chacun quelques gouttes devin dans la bouche. Ce qui fut chose facile, car ils avaient tous la boucheouverte. Lorsque ce fut fait, Je dis toute lassistance : Venez, et sil en estparmi vous qui soient peu convaincus, quils sassurent que ces neuf hommes sontparfaitement morts ! 2. Parmi les trente Pharisiens convertis, il y avait aussi un mdecin qui savait bienreconnatre si un corps tait vraiment mort. Celui-ci savana et dit : Ce nest pasparce que jai le moindre doute sur leur mort que je vais examiner ces noys, maispour tmoigner de faon irrfutable, en tant quexpert et homme de lart, que lesneuf sont parfaitement morts. L-dessus, il les palpa tous les neuf, observa leursyeux et le facis hippocratique, signe sr de la mort complte et de lextinction6 7. complte de toute vie physique.3. Quand le mdecin, aprs lexamen le plus approfondi, ainsi quaprs le t-moignage de tous ceux qui vinrent reconnatre la vracit et la validit de sondiagnostic, eut rendu son jugement haute voix, ajoutant ces mots : Nonseulement maintenant, mais ds hier, une heure aprs tre tombs leau, ilstaient aussi parfaitement morts quils le sont prsent ! en juger par leur faciset par lodeur, la dcomposition a mme dj commenc. Aucune science, forceou puissance humaine ne peut ramener ces neuf hommes la vie. Cela nestpossible qu Celui qui, au jugement dernier, fera sortir les morts des tombeaux etles rappellera la vie ! 4. Je dis : Afin que, sur ce tmoignage valide du mdecin, vous reconnaissiezpleinement la gloire du Pre dans le Fils de lhomme, Jen appelle au Pre et Je dis: "Pre, glorifie Ton nom !" 5. ces mots, beaucoup entendirent comme une voix de mille tonnerres : Je laiglorifi en Toi, Mon trs cher fils ; car cest en Toi que Je trouve Ma justesatisfaction ! Que les hommes Tentendent ! 6. Beaucoup perurent ces mots, mais bien dautres nentendirent que le tonnerreet se demandrent comment le tonnerre avait pu gronder. Mais ceux qui avaiententendu les paroles dans le tonnerre tmoignrent de ce quils avaient entendu, etles autres sen merveillrent et dirent : Cest trange ! Nous navons pourtantentendu que le tonnerre mais puisque plusieurs dentre vous ontentendu lesmmes paroles, alors nous le croyons aussi bien que si nous les avions peruesnous-mmes. Mais il sensuit galement que le matre qui est ici nest en fait quele fils, et non le Pre saint et tout-puissant qui demeure au ciel et que nul hommene peut voir, ne pouvant que lui parler certains moments sacrs. Ainsi Mosetait-il lui aussi un fils du Trs-Haut, car lui aussi a donn des signes extraor-dinaires, et il en tait de mme des autres prophtes ; ce Nazaren doit doncseulement tre le plus grand de tous les prophtes, puisquil a accompli les plusgrands signes et les plus nombreux. 7. Murel, qui avait fort bien entendu, dit : Non, vous vous trompez ; vouscommettez l une trs grande erreur ! Qui a devant Mose annonc par lesprit duSeigneur un nouveau Mose, qui un Elie, qui un Samuel, et qui chacun des quatregrands prophtes ? Ils ont t comme en passant veills par Dieu et ontprophtis ! Et qui ont-ils annonc avant tout ? Prcisment Celui qui est prsentdevant nous ! La voix que nous venons dentendre comme un puissant tonnerre esttout aussi parfaitement la Sienne que celle par laquelle Il nous parle de Sa bouchede chair ! La seule diffrence est celle-ci : lorsquil nous parle de Sa bouche dechair, Il nous parle en tant quhomme, tandis quavec Sa voix de tonnerre Il Se faitentendre comme Celui qui fut, est et sera ternellement, qui a cr tout ce quiexiste et qui, sur le Sina, a donn les Lois au peuple au milieu des clairs et dutonnerre. Cest aussi pourquoi Lui seul tout est possible, en particulier quil aitpu, par un suprme amour pour nous, Ses enfants, devenir un homme commenous, sans quoi Ses enfants quil aime par-dessus tout nauraient jamais pu, detoute ternit, Le voir ni Le reconnatre pleinement ! 7 8. Chapitre 4Prescription du Seigneur pour la rsurrection des noys1. Je mavance alors vers Murel et lui dis : Tu as trs bien fait, Mon fils ! Tu asvritablement perc jour la vrit, et tu as instruit ceux qui ny voyaient pas trsclair selon la plus parfaite vrit. Cest pourquoi tu seras pour Moi un instrumentpuissant contre les Juifs et les paens ; et ta rcompense au ciel ne sera pas mince !2. Mais venons-en maintenant lacte que Jai dcid daccomplir pour vous, afinque chacun puisse toucher du doigt que Je suis vraiment Celui qui devait venirselon tous les prophtes, jusqu Simon, Annas, Zacharie et Jean quHrode a faitdcapiter ! Voyez-vous, ces neuf hommes vont revenir compltement la vie tousensemble et retourner chez les leurs ! Lorsquils seront ressuscits et quils aurontretrouv toute leur vigueur, vous ne devrez cependant pas les retenir, mais leslaisser partir aussitt ; cest seulement lorsque Jaurai quitt cette contre que lundentre vous pourra faire connatre ce qui leur est arriv ici. 3. Ayant prononc ces paroles, Je dis Marc : Maintenant, verse-leur encore duvin dans la bouche. 4. Marc fit ce que Javais dit ; mais Cyrnius et Cornlius Me demandrentpourquoi il fallait donner du vin aux noys avant de les ranimer.5. Je dis : Ce nest pas du tout ncessaire pour ranimer ces neuf hommes, maiscomme ils devront partir dici ds quils seront revenus la vie, ils ont besoin defortifier leur corps, et cela se fait prcisment en leur versant ds avant leur rveildu vin dans la bouche. Celui-ci sera absorb par les nerfs du palais et de la langueet distribu de cette faon aux autres nerfs vitaux. Lorsque ensuite ces neufreviendront la vie, lme de retour dans leur corps disposera dj dun vhiculefortifi, quelle pourra aussitt utiliser pour nimporte quelle activit. Si cefortifiant ne leur tait pas pralablement administr, les ressuscits devraientdemeurer ici quelque temps encore afin de se prparer lactivit de leursmembres. En mme temps, ce fortifiant leur donnera un bon got dans la bouche,ce qui est galement ncessaire, car aprs leur rveil, le got de leau corrompueleur causerait des nauses dont ils ne pourraient entirement se librer avant long-temps. prsent que vous savez cela aussi, avez-vous encore quelque deman-de ce sujet ? 6. Cornlius dit : Non, pas l-dessus, Seigneur et Matre ; seulement, la pensemest venue de me demander comment il se fait que Toi, le Tout-Puissant dont lavolont elle seule peut tout, Tu veuilles cependant parfois employer pouratteindre tel ou tel but des moyens parfaitement naturels. 7. Je dis : Et pourquoi ne le ferais-Je pas ? Le moyen naturel nest-il pas luiaussi luvre de Ma volont et particulirement le vin de la cave de Marc, vindont Jai moi-mme miraculeusement rempli les outres et autres rcipients quitaient vides ! Ainsi donc, si Jemploie un moyen naturel, cela nest pas moins unmiracle que si Je navais employ aucun moyen naturel, mais Ma seule volont !Comprenez-vous maintenant ? 8 9. 8. Cornlius et Cyrnius disent : Oui, prsent cela est clair pour nous, et nousnous rjouissons dj de la rsurrection des neuf noys ! Aura-t-elle bientt lieu ?9. Je dis : Patientez seulement encore un peu, jusqu ce quon leur ait vers unetroisime fois du vin dans la bouche, aprs quoi ils seront suffisamment fortifispour leur rsurrection. 10. Tous les curieux tant ainsi satisfaits, Marc, sur Mon ordre, verse aux neufhommes pour la troisime fois du vin dans la bouche.11. L-dessus, Je dis la nombreuse assistance : Cette nouvelle uvre estdsormais accomplie ! Mais prsent, loignons-nous de cet endroit et asseyons-nous aux tables, o un petit djeuner fort bien prpar nous attend. Et nousresterons l, de faon ne pas troubler les ressuscits et ne pas leur donner penser quil leur est arriv quoi que ce soit dextraordinaire ; mais sils ne voientpersonne auprs deux, ils penseront quils se sont endormis sur cette hauteur, touttourdis et puiss de la tempte dhier, et quils sont sortis ce matin dun profondsommeil au lendemain du sabbat dhier. Ainsi ils ne se soucieront pas du tout denous, mais se lveront trs tranquillement de leur couche et rentreront chez eux,o ils seront naturellement accueillis et rconforts par les leurs avec la plusgrande joie du monde. Chapitre 5Doutes de Cornlius1. ces mots, tous font ce que Jai ordonn mais un peu contrecur pour laplupart, car ils auraient aim observer le miracle de prs ; personne cependantnose Me le faire remarquer. Nous arrivons nos tables, nous asseyons et nousservons des poissons, qui se trouvent tre prpars de trs savoureuse faon, etnous les mangeons avec un bel entrain.2. Cette fois, Ma Jarah est dune bonne humeur toute particulire, et elle dit : Jene sais vraiment pas comment il se fait que je sois aujourdhui si pleine de gaiet.Je remarque pourtant une chose, savoir que les autres ne sont pas tous aussi gaisque moi. Moi qui suis une jeune fille, je devrais tre plus que quiconque travaillepar la curiosit, mais l, cest tout le contraire ! Les hommes ne cessent de guettersi les neuf sont dj veills. Et moi qui nai rien guett du tout, je les ai pourtantdj vus sen aller lun aprs lautre et les hommes et les seigneurs et les roiscontinuent de regarder l-bas et se demandent en leur for intrieur sils sont vrai-ment revenus la vie. Oh, cela fait dj une petite demi-heure ! Comme nousarrivions aux tables, les neuf ont commenc remuer et se redresser lun aprslautre, se frotter les yeux pour chasser le sommeil, puis sloigner. Je lairemarqu sans peine travers les arbres qui nous cachent quelque peu cet endroit,parce que je suis petite et que je vois facilement par-dessous les branches; maisvous qui tes grands, les branches vous cachent le miracle de la puissance de lavolont divine. Et maintenant, il est trop tard : mme si vous alliez l-bas, vousny trouveriez rien, ou tout au plus lendroit o les neuf taient couchs. Et ceux 9 10. que le Seigneur a dj ressuscits hier aussitt aprs la tempte sont aussi repartisavec ces neuf. 3. Cornlius dit : Que tu as donc de bons yeux pour tout voir ainsi ! Mais si toutest dj termin, tout est donc pour le mieux, et nous navons besoin de riendautre que de la certitude que ce que le Seigneur ordonne et veut est accompli ;car un seul insuccs veillerait bien des doutes chez les incrdules. As-tu doncrellement vu les neuf hommes se lever et sen aller ? 4. Jarah, un peu en colre, dit : Eh bien, je ne crois pourtant pas quon meconsidre comme une menteuse ?! Depuis que je vis et que je pense, nul men-songe na jamais franchi mes lvres et irais-je chercher un mensonge poursatisfaire votre curiosit, quand je suis au ct de mon Seigneur, de mon Dieu etde mon Matre de toute vrit ? Oh, noble seigneur, tu es bien loin de connatreJarah ! Vois-tu, dans la raison, si pure soit-elle, il y a encore place pour lemensonge ; car avec ton intelligence, tu peux bien expliquer une chose quelquun de la faon dont tu lauras comprise toi-mme ; mais cest ta proprefaon de comprendre qui sera compltement fausse, et, avec ton explication, tuauras absolument menti car tu te seras donn le change toi-mme ainsi quton prochain. Mais le vrai et pur amour ne ment jamais et ne peut mentir, car ilrespecte le prochain, qui est aussi un enfant de Dieu, plus que lui-mme, maisavant tout, il respecte Dieu ! Moi qui suis pleine damour pour Dieu, donc aussipour mon prochain, serais-je capable de te donner une fausse nouvelle ? NobleCornlius, venant de toi, cette supposition ntait pas trs aimable ! 5. Cornlius dit:Mais, trs charmante Jarah, je nai jamais voulu dire cela ! Je taipos cette question parce que cest une manire trs habituelle de questionner, et,ce faisant, je ne pensais pas le moins du monde que tu aies pu me dire quoi que cesoit de faux ! Demande au Seigneur Lui-mme, qui sait trs certainement ce quise passe dans mon cur, si jai voulu taccuser de mensonge, toi la plus sincre, laplus charmante des filles ! Les neuf hommes ont t ressuscits par la volont duSeigneur, et ils sont partis, galement selon Sa volont, et ainsi laffaire est close.Si je tai pos cette question quelque peu maladroite, cest par pure habitude, et jeny mettais aucune mauvaise intention. Pourras-tu vraiment men garder rancune ?6. Jarah dit : Oh, nullement, mais une autre fois, il faudra un peu mieuxrflchir tes questions ! prsent, parlons dautre chose, car nous avonssuffisamment parl dans le vide. 7. Cornlius et Cyrnius disent : Oui, oui, tu as bien raison ; chaque minute quenous passons bavarder en vain est perdue, quand le Seigneur est parmi nous !Au Seigneur seul maintenant lhonneur de dcider et dordonner quelque chose ! 8. Je dis : Laissons cela ; nous avons encore le temps daller pcher, et nousferons de bonnes provisions pour Marc. Mais cet aprs-midi, il se passera denouveau quelque chose ! 9. Ayant entendu cela, le vieux Marc envoya aussitt ses fils prparer les barquesncessaires ; car les poissons qui taient dans les grands viviers au bord de la meravaient beaucoup souffert de la tempte de la veille.10 11. Chapitre 6 Les Perses et les Pharisiens se disputent propos du miracle.Judas lIscariote va la pche au poisson dor1. Pendant que lon traitait de ces choses notre table, une querelle se droulaitentre les trente jeunes Pharisiens et les vingt Perses qui taient encore l. LesPerses considraient bien la rsurrection des neuf noys comme un actemiraculeux ; mais les trente Pharisiens mettaient cela quelque peu en doute, etparmi eux, le principal contradicteur tait prcisment ce Risa qui auparavantavait confort Hbram en Ma faveur.2. Hbram disait : Ami Risa, quand un homme est aussi compltement mortselon le corps que ltaient ces neuf, tu auras beau le disposer comme tu voudraset lui mettre dans la bouche le lendemain exactement le mme vin, il nenreviendra jamais la vie pour autant ! Cest l luvre de la volont divine, et lafaon de les disposer et le fait de leur verser du vin ne sont pour rien l-dedans, sice nest que cela permet leau de scouler de lestomac et des poumons et que levin donne aux nerfs encore faibles le rconfort ncessaire et au palais un gotmoins curant. Mais pour ce qui est de la rsurrection du corps mort qui sensuit,il ne faut considrer ni la disposition ni le vin comme ncessaires. Le Seigneur nafait faire cela auparavant que parce quil avait lintention arrte de rappeler cesneuf la vie par Sa volont, et parce quil voulait que leurs mes retrouventaussitt un corps habitable et utilisable ! Ne peux-tu donc voir cela ? 3. Risa dit : Si, si, je le vois trs bien, et tu as sans doute parfaitement raison ;mais il ne serait pas inopportun de soumettre cela lpreuve, de faon pouvoireffectivement se convaincre que cette disposition et ensuite le fait de donner partrois fois du vin ne rendent pas eux seuls la vie du corps un vrai noy ! Unefois cette conviction acquise, alors seulement lon peut considrer cettersurrection comme un miracle vraiment pur ! Cest l mon opinion. 4. Hbram dit : Eh bien, si tu insistes et si le Seigneur le veut, il peut encorearriver quau cours de cette pche qui vient dtre dcide, on dcouvre quelquenouveau cadavre, et tu pourras alors faire avec lui lexprience de le disposerexactement de la mme faon et de lui verser du vin dans la bouche pour leressusciter, mais je te garantis que tu ne parviendras aucun rsultat satisfaisant !5. Les Perses disent : Nous sommes aussi de cet avis. Car ce qui nest possiblequ la puissance de la volont divine nest pas possible un homme, qui nest lui-mme quune crature moins que la volont de Dieu nagisse avec et traverscelle de lhomme. Cest notre opinion, et nous ne croyons pas nous tromper encela. Mais tout le monde se dirige vers leau prsent, et nous allons nousaussi monter dans nos barques ; car il arrivera certainement bien dautresmerveilles cette occasion, et nous voulons en tre les tmoins. 6. L-dessus, cest le dpart gnral sur leau, qui, ce matin-l, est particulirementcalme et favorable la pche. Cette fois, tous mes disciples, y compris lIscariote,font cause commune avec les fils du vieux Marc et les aident jeter et tendre les11 12. filets.7. Cependant, Judas lIscariote saccorde une satisfaction personnelle et sen vatout seul vers la ville dtruite afin de voir quoi elle ressemble ; car il avaitentendu dire que les riches Grecs de cette ville avaient voulu faire paver certainesrues avec de lor et de largent, et il avait galement cru comprendre que lesditsriches avaient dj largement avanc cette tche ; aussi sen fut-il en cachette versla ville brle, afin dy pcher lor, largent et les autres objets prcieux qui sytrouvaient ciel ouvert.8. Mais sa cupidit ny trouva pas son compte pour cette fois contrairement son dos ; car lorsquils aperurent cet tranger qui chassait lor et largent dans lesrues, les gardes semparrent aussitt de lui et le rossrent dimportance. L-dessus, bien sr, il quitta les ruines par endroits encore fumantes, malgr latempte de la veille, de lancienne ville appele autrefois Vilipia et sous les GrecsPhilippi, quoi les empereurs de Rome avaient ajout le nom de Csare.9. Quand notre pcheur dor arriva en toute hte la maison de Marc, il ny trouvabien sr personne dautre que la femme et les filles de Marc, avec lesquelles il nesut gure que faire ; car elles taient toutes trs occupes prparer le repas demidi et navaient pas de temps pour lui. De plus, elles avaient dj une trop grandefoi en Moi pour se sentir disposes rpondre aux questions quelque peuimpertinentes de Judas lIscariote ; en outre, ce disciple ntait pasparticulirement en faveur auprs delles, car, en peu de jours, il stait djmontr trop souvent ennuyeux et insupportable.10. Nayant pas trouv bon accueil auprs des femmes de la maison de Marc, ilquitta la maison et vint au rivage pour nous chercher, mais ne put rien voir, car,pour faire une bonne prise, nous tions partis au large vers un banc de poissonsqui, venant du lac Merom, ne descend le cours du Jourdain que deux fois par anpour le frai, et o lon trouve souvent les meilleures truites saumones.11. Comme le disciple rest en arrire sennuyait et ne savait que faire, il se renditau campement dOuran, pour voir si l aussi tout le monde tait parti et sil ne sytrouvait pas par hasard quelques pices dor ou dargent oublies ! Mais l aussi, lemonde tait sem dembches, car Ouran avait laiss dans chaque tente troishommes de garde qui, en labsence de leurs matres, ne sen laissaient pas conter.Il dut donc quitter les lieux, fort en colre, puis il se chercha un arbre lombreabondante, se coucha dessous et sendormit tout son aise.12. Mais ce sommeil non plus ne lui russit pas longtemps, car les mouches ne luilaissrent pas de paix bref, lIscariote se tourmenta pendant trois bonnes heureset il ntait pas loin du dsespoir quand il aperut enfin nos bateaux. Il se sentitalors le cur un peu plus lger, et il regretta dautant plus davoir quitt Macompagnie.Chapitre 7 Dloyaut dun serviteur dHlne12 13. 1. Pendant ce temps, nous fmes vritablement une pche millionnaire desmeilleurs poissons, et, trs au large, nous trouvmes aussi, flottant sur leau, lescadavres de deux femmes nues, tombes aux mains de pirates qui leur avaientvol toutes leurs possessions avant de les jeter vivantes leau. Ces deux jeunesfilles de dix-neuf et vingt et un ans, fort bien faites, taient les filles dune richemaison de Capharnam qui, voulant se rendre Gadarena, staient confies lamer. Leur bateau et leur quipage taient sans reproche. Mais, en pleine mer, ellesrencontrrent un cpre grec qui prit leur bateau. Les quatre bateliers et les deuxjeunes filles y perdirent la vie. Les quatre bateliers furent dabord assomms avantdtre jets la mer. Envers les deux jeunes filles, les pirates se montrrent encoreun peu plus humains ; ils les dvtirent compltement, les violrent et ensuiteseulement les jetrent la mer. Mais avant la fin du jour, les malfaiteurs serontsaisis par le bras de la justice et du jugement, et ces diables nchapperont pas linsigne gravit de leur faute.2. Cependant, les deux jeunes filles, solidement lies par leurs cheveux, flottaientsur leau, parfaitement mortes. Ctait juste ce quil fallait pour lpreuve de ladisposition et du vin qui, selon Risa, devait pouvoir rendre la vie aux noys. Aussiles deux cadavres furent-ils envelopps de draps et couchs dans un bateau.3. Il y avait prsent beaucoup faire, et Marc se demandait comment il allaitpouvoir loger tous les poissons ; mais Jordonnai Raphal daider Marc, etbientt tout fut arrang pour le mieux. Pendant ce temps, Risa se chargeait desdeux cadavres pour tenter de les ressusciter, et il les disposa comme Javais faitdisposer la veille les cadavres des neuf hommes.4. Cependant, Thomas, saluant vivement Judas liscariote, lui demandait avec unpeu dironie comment stait passe sa pche. Judas liscariote grogna quelquechose dans son paisse barbe, mais nosa pas se laisser entraner dans unecontroverse avec Thomas ; car il se rappela que Thomas lui-mme lavait averti dene pas aller chercher de lor dans la ville et devait bien savoir ce qui lui tait arrivl-bas ! Cest pourquoi liscariote se taisait ; mais Je fis signe Thomas de ne pasperscuter davantage le chercheur dor, car il ne pouvait en sortir grand-chose.5. Il arriva alors quun serviteur dOuran, qui avait un compte rgler avec Judasliscariote, mit la main dans la bourse dHlne et y subtilisa trente deniersdargent. Il arriva en hte notre table, disant : Au voleur, au voleur ! Pendantque Vos Seigneuries assistaient cette plaisante partie de pche en mer et quil nyavait plus ici personne que les soldats romains qui campent autour de la montagneet qui taient lexercice, jai d sortir de la grande tente pour me soulager ; et aumme instant, un disciple du grand prophte que vous appelez avec juste raisonvotre matre sest gliss dans la tente et, avant mon retour, a pris trente deniersdargent dans la bourse de la princesse !6. Quand je suis entr dans la tente, je lai trouv l tout confus, scrutant le sol desyeux comme sil cherchait un objet perdu ; comme il me paraissait suspect, je luiai parl un peu rudement, et, effray, il a aussitt quitt la tente. Au dbut, je nepensais pas mal de la part dun disciple du grand prophte ; mais, en faisant lescent pas dans la tente, jai remarqu la bourse de la trs noble princesse, parcequelle ne se trouvait plus son ancienne place, que je connais parfaitement.13 14. Comme, en tant quhomme de confiance, je nignorais pas le contenu numriquede la bourse, je lai prise et ai recompt ce prcieux contenu, et voyez : il ymanque trente deniers dargent ! Personne ne peut avoir pris ces trente bellespices dargent, si ce nest ce disciple que je viens de dsigner ! Et cest pourquoije viens trs respectueusement dnoncer cela avant que le soupon ne finisse partomber sur moi qui suis parfaitement innocent. 7. Hlne dit : Serviteur, pourquoi te justifier, alors que personne na encoreconu le moindre soupon contre toi ? 8. Le garde dit : Trs gracieuse princesse, aussi bien, je ne me justifie pas, maisne fais quaccomplir fidlement mon devoir en dnonant le vol certainementcommis par le disciple du grand prophte ! 9. Hlne dit : Quand as-tu donc, mon insu et sans mon consentement, visitma bourse une premire fois ? 10. Le garde : Oh, ds que la trs noble et trs gracieuse princesse eut confi latente ma surveillance ! Il y avait alors l tout juste six cents deniers ; et prsentil nen reste que cinq cent soixante-dix il en manque donc lvidence trente,qui nont pu tre soustraits par nul autre que le disciple dj dsign. Puisque,comme gardien de ces prcieuses richesses, je suis responsable de tout, il fautbien aussi que je sache quels objets et quelle somme je dois garder, et, en tant quevieux et fidle serviteur, on ne peut me tenir rigueur de ce que jaie prisconnaissance des objets et des sommes que je devais garder ! Jai donc constat laperte que jai indique, et jai rapport celle-ci trs fidlement. 11. Hlne dit : Trs bien, trs bien, nous examinerons la chose de plus prs tout lheure et nous trouverons lauteur de ce mfait, qui nchappera pas une justepunition ! Mais il se peut aussi que tu te sois tromp en comptant la premire oula deuxime fois, et dans ce cas, il ne serait pas bien daccuser de cette faute undisciple du Matre divin, alors quil nest peut-tre entr dans la tente que par purdsuvrement, ce dont il avait dailleurs le droit, car nous navions pas donnordre de ne laisser personne entrer dans nos tentes ! prsent, retourne tonposte ; je viendrai bientt moi-mme vrifier tout cela trs srieusement ! 12. Ayant reu cet ordre, le garde sen alla, et son premier soin fut de replaceraussi vite que possible les trente deniers dans la bourse, afin de donner raison lobservation de la princesse selon laquelle il avait pu se se tromper une fois encomptant. Quand il eut termin cette opration, il se trouva fort embarrass desavoir ce quil devrait rpondre lors de la vrification. Il lui sembla que le mieuxtait de retourner voir la princesse et de lui demander pardon en dclarant quilstait bien tromp dans ses comptes et quil avait fait grand tort au disciple. Sittdit, sitt fait ! En peu dinstants, il fut de retour auprs de la princesse, lui donnases explications et la pria en mme temps, puisquil ny avait plus de dlit, derenoncer lenqute prvue.13. En cela il se trouvait cependant trs embarrass, car il savait que le roi Ouranne punissait rien si durement que le mensonge et le vol. Hlne eut piti du vieuxserviteur, qui ne stait jamais montr dloyal jusqu ce jour, et lui dit : Relve-toi, et passe ton chemin ! Ce ntait pas bien toi davoir voulu te venger de sibasse manire de ce disciple du Seigneur qui ne te revenait pas, mais qui ne tavait14 15. fait aucun mal, si ce nest que tu ne peux le souffrir depuis que nous sommes ici.Vois-tu, ctait mchant toi, et pour cela, tu mriterais la plus dure punition ; carje sais prsent tout ce que tu as fait ! 14. ces mots, le valet se met trembler trs fort, et Judas lIscariote, qui, un peuplus loin, avait suivi trs attentivement cette conversation, savana vers le valet etlui dit : Il est vrai que tu as mal agi envers moi, et cela sans aucune raison ; maisje te pardonne ! Je suis bien all dans la tente, mais peine y tais-je depuisquelques instants que tu as march sur moi dun air froce, comme sortant duneembuscade, et jai pass mon chemin ; mais il ntait vraiment pas question pourmoi de memparer des trsors de la tente ! Et si tu navais pas march sur moiaussi frocement, les trsors que tu surveillais nauraient pas davantage subi de mapart le moindre dommage. Bref, quoi quil en soit, je tai pardonn ; maintenant,puisses-tu ten tirer aussi bien avec tes matres ! Chapitre 8 Repos extrieur et activit intrieure de la compagnie1. L-dessus, Judas lIscariote se retira, et Je dis Hlne, Ouran et Mathal : Laissez tout cela ; car nous avons des choses plus importantes faire !Conservez ce serviteur et ne le punissez point ; car il ne se serait jamais lancdans ce mauvais tour sil ny avait t pouss par un esprit ! Et il y a t poussafin de nous faire une prophtie qui sera accomplie. Mais ne parlons plus de cela ;car nous avons prsent des choses bien plus importantes faire ! 2. Cyrnius, trs tonn, Me demanda : Seigneur, de quoi sagit-il ? Il mesemble quil ne peut rien y avoir daussi important que ce que nous avons djaccompli ici ! Seigneur, parle ! Mon cur tremble vritablement du dsir deconnatre Tes nouvelles dcisions afin que je puisse my conformer ensuite ! 3. Je dis : Aie seulement un peu de patience ; car il faut du temps toute chosepour venir maturit. Cest pourquoi il nous faut ici dabord un peu de tranquillit.Reposez-vous donc un petit moment avec Moi ! 4. Sur ce, tous se turent, et laffaire entre Judas lIscariote et le gardien des trsorsdOuran en resta l, car aussi bien, elle ninquitait que fort peu Ouran et Mathal.Tous deux avaient dimportantes questions de gouvernement rgler avecCyrnius et Faustus ; et Ouran commenait trouver le temps long, car il staitmis penser srieusement repartir, avec la grande vrit quil avait dcouverte,vers le peuple dont il tait le roi et rendre ainsi ce peuple aussi heureux quepossible. Il voulait tre roi dun peuple raisonnable et sage, et non de simpleslarves dhommes et de machines humaines qui vont comme des btes de somme,sans discernement et sans volont.5. Cependant, Risa contemplait ses deux cadavres et ne faisait que se demandersil tait possible de les ramener la vie par la manipulation pralable quil avaitvue, et enfin par la puissance de Mon nom. Autour de Moi, dautres continuaientde penser ce que pouvait bien tre cette chose si importante que Jaccompliraislorsque nous aurions pris ce petit repos. Bref, bien quextrieurement tous15 16. parussent se reposer, il nen rgnait pas moins dans leur for intrieur la plusintense activit, et personne ne savait plus que penser. Philopold, Murel etKisjonah confraient voix basse et rflchissaient trs fort ce qui pouvaitencore arriver ; Cyrnius, Ebahi et Jarah songeaient eux aussi beaucoup et neparvenaient pas trouver de quoi il sagirait. Car tout leur semblait avoir tpuis.6. Cependant, Chabbi et Jurah, les deux porte-parole des Perses, disaient leurcompagnons qui les pressaient de questions : Laissez donc ! Ce serait vouloirque nos curs aient la force de Dieu ! Et que savons-nous de ce que nous sommesintrieurement ? Mais si nous ne savons dj rien de nous, que saurons-nous de cequil y a en Dieu Lui-mme, et de ce quil fera ? Nous savons pourtant une chose,cest que tout ce quil fera sera parfaitement sage et pour notre plus grand bien ;donc, quoi quil advienne de plus ou de moins extraordinaire que ce qui a dj t,cela ne nous tracasse gure ! Nous sommes et nous demeurons des marchands, etnous saurons toujours faire le meilleur usage de tout ce qui vise notre bien. Maisen dfinitive, nous tenons pour galement merveilleux, prcieux et important toutce qui vient de Lui, lunique Seigneur de lternit et de linfinit de Ses actes et deSes uvres innombrables.7. Et puisque nous sommes dj bien loin de nous connatre nous-mmes, nous nepouvons davantage savoir ce quil nous faut encore au-del de tout ce que nousavons dj reu ; mais Lui le sait, et Il est donc parfaitement en droit de qualifierde particulirement important ce qui va arriver ! Car le Seigneur de toutelordonnance ternelle ne comptera jamais partir de 13 ou de 14, mais toujours partir de 1. Cest pourquoi Il sait aussi coup sr trs clairement ce qui nous estutile par ordre dimportance pour laccomplissement de notre vie intrieure ; nouspouvons donc attendre en toute tranquillit ce quil a dcid de faire aujourdhuimme ! 8. Cette trs sage leon calma compltement les esprits des Perses ; mais lespritde ceux qui taient assis Ma table en fut galement apais, et ils attendirent avecjoie et avec la plus grande impatience ce que Jallais faire au grand jour.Chapitre 9Les espions dHrode1. Cependant, le vieux Marc sortit de la maison, o il se trouvait dj pour lesprparatifs du repas de midi, et vint Me dire voix basse : Seigneur par-donne-moi de Te dranger quelques instants, car je dois Te poser une question. 2. Je lui dis : Ami, va dire ceci aux espions dHrode qui attendent derrire tamaison : "Le Fils de lhomme agit et parle ouvertement au vu et au su de tous, etne veut avoir aucun secret avec quiconque ; ainsi, qui veut Me parler et traiteravec Moi quelque affaire que ce soit doit venir Moi et parler et agir lui aussi trsouvertement ! Avec Moi, il nest pas question de murmurer discrtement loreilleni de traiter et de dlibrer en cachette ; cest une coutume condamnable desenfants de ce monde, lorsquils ont en tte quelque mchancet et quils ne se 16 17. risquent pas volontiers au grand jour, parce que, cause de leurs mauvaisesintentions, ils craignent les autres hommes. Quant Moi, Jagis ouvertement etparle toujours haute voix, et Je nai aucune crainte des hommes, car Mesintentions envers eux sont bonnes ! Ainsi, va dire ces vils comploteurs ce que Jeviens de te dire. 3. Marc sinclina profondment devant Moi et alla sacquitter de sa tche avec laplus grande rigueur. Lorsquil eut trs exactement rpt Mes paroles la face deces tratres quHrode avait envoys pour mespionner dans tout le pays, lun deuxdit : Ami, tu ne sembles pas savoir que nous avons t munis par Hrode de tousles pouvoirs, y compris celui de vie et de mort, et que nous avons le droit dedtruire aussitt quiconque aurait linsolence de nous rsister ! 4. Marc dit : Mme un citoyen de Rome comme moi ? 5. Linsolent orateur dit : Si nous le mettons mal, nous naurons pas enrpondre devant Hrode ! 6. Marc dit : Mais dautant plus certainement devant Dieu et devant le grandgouverneur romain Cyrnius, qui, par une chance extrme, se trouve justementdepuis quelques jours chez moi avec une quantit de puissants Romains ! Malheur vous si vous osez poser sur ma maison ne serait-ce quun doigt hostile ! 7. Linsolent dit : Que nous chantes-tu avec la prsence ici du grand gouverneurde Rome alors quil vient tout juste, il y a quelques jours, daccorder le droit duglaive Hrode par lintermdiaire du curateur de Jrusalem ! 8. Marc dit : Fort bien, fort bien ! Nous aurons vite fait de savoir qui a puaccorder un tel droit Hrode ! 9. Sur ce, Marc envoya un de ses fils Cyrnius en le chargeant de faire part detout cela au gouverneur. ce rcit, Cyrnius conut intrieurement une grandecolre ; il ordonna aussitt Jules daller avec cent soldats faire prisonniers lesespions, qui taient au nombre de trente, et de tuer sans piti quiconque nerendrait pas immdiatement les armes.10. Je dis : Les tuer, non, mais coup sr les faire prisonniers ! Ce qui futaussitt mis excution.11. Quand les espions virent les Romains furieux se prcipiter sur eux, ilsvoulurent senfuir, mais ny parvinrent point. Les soldats romains leur signifirentdune voix forte quils tueraient sans piti ni merci tous ceux qui leur rsisteraient.Cette menace faite dun ton svre fut efficace : les espions insolents se rendirent,furent aussitt lis et enchans et, leur grand dsespoir, mens devant le grandgouverneur sous la conduite de Marc et de Jules.12. Lorsquils furent ainsi devant Cyrnius, Cornlius et Faustus, Cyrnius leurdemanda, de la voix imprieuse coutumire aux Romains : O sont vos pleinspouvoirs et lordre qui vous commande de poursuivre partout le prophte deGalile ? 13. Le chef, qui sappelait Zinka, prit la parole : Seigneur, tant pieds et poingslis, je ne peux les tirer de ma poche secrte pour te les montrer ! Fais-moidtacher, et tu les auras, par quoi tu pourras te rendre compte que nous avons nous17 18. aussi derrire nous un matre qui nous commande, et qui nous devons obir, caril vous a chrement achet, vous autres Romains, le droit dtre votre place lematre de notre vie, et il peut sans avoir en rpondre devant vous faire tuer sa guise lorsquil lui en prend fantaisie !14. En ce qui nous concerne, dix mille prophtes pourraient se rpandre danstoute la Galile ; tant quils nous laisseraient en paix, nous ne leur ferions nous-mmes aucun mal. Mais il suffit que quelque puissant despote nous mande etnous offre une bonne solde, mais aussi, en cas de manquement au service, puissenous faire mettre mort par ses nombreux excuteurs, pour que laffaire prenneune tout autre tournure ! Nous devons alors poursuivre notre homme jusqu lamort, ft-il le plus honnte du monde ! Vos guerriers et vos soldats dsobissent-ils, lorsquils doivent accomplir vos ordres sous peine de mort ? Si quelquun enest responsable devant Dieu, supposer quil existe, ce ne peut tre quun matre,en aucun cas son valet ou son fidle serviteur ! Fais-moi ter mes chanes, et je temontrerai aussitt ces pouvoirs qui nous ont t remis en trois langues de lapropre main dHrode ; aprs cela seulement, tu pourras porter sur nous unjugement valable ! 15. Cyrnius fait dtacher Zinka, et celui-ci met aussitt la main sa pochesecrte, en tire un rouleau de parchemin, le remet Cyrnius et dit : Lis, et jugeensuite bon droit, devant tous, si notre poursuite de ce prophte galilen, uncertain Jsus de Nazareth, est lgale ou non ! 16. Cyrnius lit la procuration, signe au bas du paraphe dHrode et ainsi for-mule en peu de mots : En vertu de la puissance nous, ttrarque Hrode,confre par Rome pour mille livres dargent et cent livres dor sur toute la Jude,nous ordonnons et commandons, nous appuyant sur laide chrement achete deRome, quon se saisisse du prophte de Galile, estim trs dangereux pour nous-mme et nos institutions, et quon nous le livre ensuite mort ou vif auquelsecond cas nous le mettrons nous-mme lpreuve et verrons quelle sortedhomme il est. Par ailleurs, les prsentes confrent nos envoys tous droits pourrechercher, poursuivre et saisir lintress sur toutes les voies et les chemins desvilles et des campagnes, et, en cas de rsistance, de le tuer ainsi que ses partisanset de nous lamener ensuite de la mme manire, en vertu de quoi quiconque sesera empar de lui recevra une rcompense de trois cents deniers dargent. Fait Jrusalem en notre palais. 17. Zinka dit : Eh bien, quen dis-tu ? Sommes-nous ou non, nous trente, dansnotre droit ? 18. Cyrnius rflchit un peu et dit ensuite : Jamais Rome na confr Hrodeun tel pouvoir avec mon approbation. Pour autant que je sache, les pleins pouvoirsne lui sont concds que pour exercer lui-mme au besoin le droit du glaive danssa maison mais, hors de sa maison, cest seulement sil se dcouvrait quelqueconspiration contre nous, Romains, et quune garnison romaine ainsi quuntribunal rgulier fussent trop loigns du lieu de linsurrection que, dans ce casseulement, il pourrait exercer le rigoureux droit du glaive !19. Cest ce que dit la procuration tablie par Rome pour Hrode, dont jai euconnaissance et que jai moi-mme paraphe ; car toutes les dcisions de Rome18 19. destines lAsie doivent passer entre mes mains ou entre celles dun de mesdlgus, mais celui-ci doit ensuite me soumettre ds que possible tout ce qui a pului parvenir. Ce pouvoir est donc dclar par moi nul et non avenu, et cela tantque je naurai pas reu les instructions de Rome prcisant comment, quand etpourquoi, mon insu, ont t remis Hrode des pouvoirs si tendus quilsdoivent nous inspirer, nous Romains qui sommes parfaitement loyaux, unecrainte et une inquitude justifies.20. Je ne vous rendrai donc pas cette procuration tant quelle ne me sera pasrevenue de Rome ; mais entre-temps, vous demeurez mes prisonniers ! Bien quevous-mmes, selon la loi du monde, ne soyez pas des criminels, vous nen tes pasmoins les instruments par lesquels un criminel commet une atrocit pour lecompte dun autre et Rome na encore jamais accord quiconquelautorisation de commettre des atrocits, et elle ne laura certainement pas faitpour votre Hrode !21. Mais je sais comment les Hrodes trouvent toutes sortes de prtextes pa-triotiques pour abuser des concessions qui leur sont faites. Le meurtre perptr parle vieil Hrode sur les enfants innocents reste pour moi la dmonstration claire dela faon dont ces russ renards grecs sy entendent abuser leur profit des droitsconcds par Rome et tourner le peuple juif en masse contre les Romains.22. Oh, je saurai bien remettre cet Hrode sa place ; jen fais mon affaire toutepersonnelle ! Le vieil Hrode a pu goter de mon vieux sens romain de la justice,bien que je ne fusse alors gure g de plus de trente ans ; prsent que je suispresque un vieillard, que jai acquis de lexprience et du srieux, je fais encorebien plus grand cas de lapplication stricte du droit, et le principe est pour moiplus vrai que jamais : PEREAT MUNDUS, FIAT IUS !(*)23. Je vais immdiatement envoyer deux messagers, lun Rome, lautre Jrusalem, qui exigera dHrode quil lui remette toutes les procurations de Romequil a entre les mains. Malheur lui, ses valets, ses serviteurs et aux serviteursde ses serviteurs, si ces procurations ne sont pas conformes au sens de celle quivous a t remise ! Chapitre 10 Zinka se dfend, et raconte la fin de Jean-Baptiste1. Zinka dit : Seigneur, nest-ce pas l nous faire une mauvaise affaire ? Notreseigneur et matre tait jusquici Hrode. Il est vrai quil a commis envers lapauvre humanit plus dune injustice abominable ce que je savais fort bien ,mais que pouvais-je faire dautre quexcuter ses ordres sinistres ? Que pourraitfaire un de tes propres excuteurs si tu lui commandais de sparer la tte du corpsdun criminel, vrai ou suppos ? Il aurait beau tre cent fois convaincu en son forintrieur que le condamn est en vrit innocent, il nen devrait pas moins luimettre le cou sous sa hache tranchante !(*) Que justice soit faite, dt le monde en prir ! 19 20. 2. Ne savions-nous donc rien de la parfaite innocence de Jean, qui fut dcapit il ya si peu de temps ? Oh, nous la connaissions, et nous aimions cet trange sagesoumis Dieu ; car, de son cachot, il nous a donn les plus beaux enseignements,il nous a exhorts toutes les patiences, nous a mis en garde contre le pchenvers Dieu et envers le prochain, et nous a galement appris que stait lev enGalile un prophte dentre les prophtes, un vrai prtre dentre les prtres, dont ilntait pas digne de dlacer les sandales ! Il nous a annonc que celui-ci nousdlivrerait de tout mal et nous montrerait le chemin de la lumire, de la vrit etde la vie ternelle. Enfin, il nous a enseigns, nous ses gardiens, comme si noustions ses disciples et ses meilleurs amis.3. Quand Hrode nous demanda ce que faisait le prisonnier et comment il secomportait, nous ne pmes tous en dire que le plus grand bien. Cela plut tant Hrode quil vint lui-mme rendre visite Jean et se faire instruire par lui. Il nesen fallait vraiment pas de beaucoup quHrode ne lui rendt une complte libert,si Jean, homme si sage par ailleurs, navait un peu trop tt commis la grandesottise de reprsenter ce seigneur ami de la luxure que le commerce avec la belleHrodiade serait un grand pch. Oui, Jean avait presque russi dtournerHrode dHrodiade !4. Malheureusement, cest alors que fut clbr en trs grande pompe lanni-versaire dHrode, et Hrodiade, qui tait dj bien au fait des faiblesses dHrode,sorna ce jour-l trs extraordinairement, rehaussant ainsi ses charmes habituels un point peine croyable. Ainsi pare, elle arriva avec son dragon de mre pour lefliciter, et, comme il y avait chez lui des joueurs de harpe, de flte et de luth,Hrodiade dansa devant Hrode exaspr par la luxure. Cela plut tant ce bouc enrut que le fou lui fit le serment solennel de lui accorder tout ce quelle pourrait exi-ger de lui ! Autant dire que cen tait fait de notre bon Jean, car il tait comme lacorde qui barrait le passage la maudite cupidit de la vieille Hrodiade ; celle-cifit signe la jeune dexiger la tte de Jean sur un plat dargent, et elle obit encore quavec un secret frisson dhorreur.5. Que pouvait alors notre amour pour Jean, notre conviction motive de saparfaite innocence, notre piti ? quoi nous servit-il de maudire hautement lavieille et la jeune Hrodiade ? Jai d moi-mme me rendre la prison avec unbourreau pour annoncer au bon Jean labominable dcision du puissant seigneur,et jai d lattacher et lui faire poser sa vnrable tte sur le maudit billot pour quela hache tranchante la spare de son tronc. Jai pleur comme un enfant sur la tropgrande mchancet des deux femmes et sur le triste destin de lami qui mtaitdevenu si cher ! Mais quoi bon tout cela contre la volont sinistre, aveugle etobstine dun seul puissant tyran ?!6. Cest ainsi que nous avons maintenant t envoys pour apprhender et pourlivrer Hrode le prophte qui fait des siennes en Galile, et qui est vrai-semblablement celui-l mme dont Jean nous prdisait de si grandes choses.Pouvons-nous faire autrement, en tant que serviteurs et valets asserments de cetyran ? Et pouvons-nous quitter son service quand nous le voulons ? Ne promet-ilpas le cachot et la mort celui qui fuit par la trahison son service ? Si noussommes et si nous faisons ce que nous sommes contraints dtre et de faire, dis-moi donc, seigneur, quel est le juste juge qui pourra nous condamner pour cela ! 20 21. 7. Si tu faisais descendre du ciel tous les anges et Dieu Lui-mme et leur de-mandais de prononcer notre condamnation, ce serait exactement aussi juste que ladcapitation de Jean. Sil y a un Dieu juste, Il doit pourtant bien tre plus sage quetous les hommes ! Mais sil est plus sage queux et en outre tout-puissant, alors jene comprends vraiment pas pour quelle raison Il laisse venir au monde de telsmonstres, qui plus est pour en faire des puissants.8. Aussi bien, cest lunique raison pour laquelle moi et mes vingt-neufcompagnons ne croyons plus du tout aucun Dieu. Et cest la honteuse dcapi-tation de Jean qui a t en nous la dernire tincelle de foi ; car si jtais Dieu,jaurais prfr foudroyer mille Hrodes de cent mille clairs, plutt que de laisserdcapiter un seul Jean ! Il se peut certes quun Dieu dans lau-del rcompensemille fois ce Jean pour avoir support avec patience et rsignation la cruautexerce ici-bas contre lui : mais en ce qui me concerne, je nchange pas au bonDieu la moiti dune vie que je suis assur de vivre ici contre mille viesparfaitement bienheureuses, mais dont nul homme na encore jamais pu savoirquoi que ce soit de vraiment certain !9. Celui qui a la puissance peut dcrter et agir sa guise ; mais nous autres,faibles et sans pouvoir, nous devons lui servir de btes de somme sous peine demort. Sil assassine, cela nest rien, car sa puissance lui en donne le droit ; mais sinous assassinons, nous devenons des criminels et sommes notre tour assassinspour cela. Alors, je te le demande ainsi qu tous les seigneurs et les sages : quelDieu peut tolrer cela et le justifier ? - Je ten prie, seigneur, donne-moi unerponse claire l-dessus. Chapitre 11 Aimable rponse de Cyrnius Zinka1. ces objections, Cyrnius ouvre de grands yeux et Me dit mi-voix : Cethomme nest certes pas tomb sur la tte, et il me parat vraiment avoir beaucoupde cur. Il faudrait lui venir en aide ! Quen penses-Tu, Seigneur ? Cet homme, etpeut-tre son escorte avec lui, doit-il tre retourn en notre faveur ? 2. Je lui dis trs ouvertement : On ne fait pas tomber dun seul coup un arbretant soit peu robuste ! Mais avec un peu de patience, un homme peut fairebeaucoup. Il ne faut pas non plus laisser lhomme que lon veut conduire vers lalumire regarder en face le soleil de midi. Car si on lui donne trop de lumire dunseul coup, il devient aveugle pour longtemps ; mais si on laccoutumeprogressivement la lumire, il sera ensuite capable de voir toute chose trsclairement, mme sous la plus vive lumire, sans en tre aveugl.3. Mais cet homme vient dj de Me rendre un grand service, en racontant de lamanire la plus fidle, en tant que tmoin oculaire et auriculaire, comment monprcurseur Jean, qui a prch et baptis dans les contres du Jourdain, a tcaptur et tu par Hrode. Non pour Moi, mais pour Mes disciples, il faut encorequil nous rvle pourquoi exactement Hrode a fait capturer Jean et la fait jeteren prison. Pose-lui cette question. 21 22. 4. Cyrnius, sadressant Zinka, dit : Ami, je naurais pas conu une sentencequi pt faire chtier les serviteurs et les valets dun tyran alors mme quen leurcur ils sont bien loin dtre de son avis - je ne laurais fait que sils taientdaccord avec lui et sils persistaient vouloir excuter avec quelque obstinationles mauvais desseins de leur tyran de seigneur ! Mais je saurai toujours traiterjustement et avec la plus grande quit des hommes comme toi, qui ne voient quetrop clairement linhumanit de leur matre inhumain et qui labhorrent du plusprofond de leur cur !5. Sache cependant, ami, quil y a une excellente raison pour que Dieu laisse sifrquemment le vice triompher en ce monde, alors que souvent la vertu souffre etpeut tre opprime jusqu la mort du corps, mais cette raison est bien tropprofonde pour que ton entendement actuel puisse dj la saisir, et de mme pourtes compagnons, dont la comprhension semble bien plus superficielle encore quela tienne ; mais un temps viendra peut-tre trs bientt o tu percevras trsclairement, et mme de toute ton me, pourquoi il doit aussi y avoir des Hrodes !6. Zinka dit : Seigneur, puisque tu viens de me faire la grce de tadresser moien mappelant "ami", ne laisse pas ce mot si plein de sens demeurer un vain bruit,comme cest hlas si souvent le cas prsent entre les hommes. Mais si tu asdonn ce mot sa vraie signification, montre-moi ton amiti et fais aussi librerde leurs lourdes chanes mes vingt-neuf compagnons ! Nous ne chercherons pas tchapper, pour au moins deux bonnes raisons : dabord ta puissante garde,ensuite et surtout tes aimables paroles. Crois-moi et je parle ici trsouvertement : cest avec la plus grande rpugnance que nous sommes tous ce quepar malheur nous sommes ! Si tu pouvais nous librer de ce joug, tu accompliraisl laction la plus humaine et la plus juste qui soit ! 7. Cyrnius dit : Cest bon, jy veillerai. Regardez autour de vous, et vous neverrez que gens arrachs aux mains de la corruption ! Il en est peu parmi eux qui,selon notre svre droit romain, naient mrit le tranchant de la hache, voire lacroix ; et voyez-les prsent devant nous, ce sont des tres humains aussi vraisque lor le plus pur, et aucun ne souhaite quitter notre compagnie ! Jespre quilen sera trs bientt de mme pour vous ; car toute chose est facile Dieu, jen aimoi-mme la plus vive conviction.8. Permets-moi cependant de te poser encore la trs importante question que voici: tu nous as rendu tous un trs grand service en nous apprenant trs franchementpourquoi et comment Hrode a t la vie au noble prophte de Dieu ; mais tudevais certainement tre aussi prsent lors de son arrestation ! Ne pourrais-tu doncencore me rvler pourquoi et sous quel motif exactement Hrode a fait arrterJean, qui ne lavait certes aucunement offens. Car il doit bien y avoir quelqueraison cela ! Chapitre 12Arrestation de Jean-Baptiste. Relations dHrode avec Hrodiade 22 23. 1. Zinka dit : Si je peux parler librement sans quil sensuive aucune cons-quence fcheuse pour moi, je peux te donner trs fidlement cette raison, puisquejai moi-mme port la main sur celui qui tait le plus innocent des hommes ; maissi on devait mcouter sans indulgence, je prfrerais de beaucoup me taire pluttque de raconter une histoire dont je ne peux me souvenir sans le plus grandchagrin, mais aussi sans la colre la plus noire ! 2. Cyrnius dit : Parle librement, car tu ne trouveras parmi nous quoreillesindulgentes ! 3. Zinka dit : Trs bien, alors, coute-moi. Je tai dit tout lheure que je necroyais plus dsormais aucun Dieu ; car tout ce quon enseigne de Lui auTemple est mensonge, le mensonge le plus noir et le plus hont ! Un Dieu pareilna jamais pu exister ! Notre malheureux ami Jean enseignait vritablement aupeuple reconnatre un Dieu juste, et son enseignement tait fort ncessaire etfaisait le plus grand bien tous ceux qui nappartenaient pas au Temple etntaient pas Pharisiens. Mais cette doctrine du vrai Dieu nen tait que plusodieuse au Temple. Et toi qui es un homme trs sens, tu commenceras bientt deviner do la tempte sest mise souffler.4. Les gens du Temple auraient depuis bien longtemps donn Jean le coup degrce sils navaient craint le peuple, dont une grande partie voit prsent assezclair derrire ses mensonges honts et ses sinistres tromperies. Cest pourquoi ilsimaginrent un plan par lequel ils pensaient faire accroire Hrode que notre Jeannourrissait en secret le projet dexciter le peuple, en lui faisant miroiter de faonhabilement voile toutes sortes de fausses esprances, une terrible rbellioncontre son oppresseur Hrode.5. Cela ne fit cependant que pousser Hrode aller au plus vite, escort par nous,voir lui-mme Jean dans la contre dserte du Jourdain o il se trouvait, afin de serendre compte par lui-mme si laffaire tait vritablement aussi srieuse ! Mais,arriv auprs de Jean, et malgr lexamen trs critique auquel il le soumit, il ne puttrouver la moindre trace de tout ce que lui avaient raconte les templiers. Pourfinir, Il se trouva lui aussi trs en colre contre lindicible bassesse du Temple etde ses habitants.6. Lorsque les templiers entreprirent ensuite de le presser de mettre Jean horsdtat de nuire, il leur dit dun air menaant, en ma prsence, quil ne condamneraitjamais aucun homme, contre sa propre conviction, sur le conseil et le dsir demisrables chiens voraces !7. cette rponse nergique, les tristes sires se retirrent en silence. Mais ils nencessrent pas pour autant leurs mchants conciliabules ; tout en faisant enapparence contre mauvaise fortune bon cur et en prtendant ne plus se soucierdu tout de Jean, ils soudoyaient en secret des assassins qui devraient ter la vie lhomme de Dieu.8. Lorsque Hrode lapprit, il eut piti de lhonnte et inoffensif prophte. Il nousfil appeler, nous raconta ce quil avait entendu et nous dit finalement : "coutez !Je dois sauver cet homme ! Pour la forme, allez-y avec des armes et des cordes,attachez-le lgrement, informez-le de mon plan secret, et il vous suivra. Ici, je lemettrai en sret dans une bonne prison ; mais il faudra le laisser voir librement23 24. tous ses disciples !"9. Ainsi fut fait, et Jean en fut aussi content quil pouvait ltre. Mais cette sinistreengeance de vipres du Temple apprit bien vite quHrode navait faitemprisonner Jean que pour la forme, et quil lui laissait en ralit toute libert deparler avec ses disciples. Ils se mirent alors dlibrer entre eux des moyens parlesquels ils pourraient enfin amener Hrode donner lui-mme la mort Jean. 10. L-dessus, Zinka se tut ; mais Cyrnius le pria de poursuivre son histoire, etZinka se remit parler : Les sinistres valets du Temple apprirent bienttquHrode, qui tait moiti juif, mais encore moiti paen, voyait dun bon illa jeune Hrodiade, mais que, en tant que Juif, il nosait pas entrer avec elle dansune relation plus troite, par peur du crime dadultre. Sil navait tenu qu lui, ilne se serait pas fait un seul cheveu blanc pour cela ; mais, cause des grandeslangues du Temple, il devait au moins respecter les apparences.11. Les tristes sires, sachant tout cela, envoyrent Hrode un message parti-culirement retors lui proposant, tant donn linfertilit connue de son pouse, defaire une petite offrande la caisse de Dieu, moyennant quoi il pourrait sans autreforme de procs prendre une concubine en tant pleinemnet assur que le Templeny verrait aucune offense.12. Hrode ne se le fit pas dire deux fois. Il donna au porteur de ce documentplusieurs livres dor, et laffaire fut conclue. Aussitt, il envoya un messager Hrodiade, et celle-ci ne fit bien sr gure de faons pour se conformer auxexigences du ttraque Hrode, dautant quelle y avait t dcide et encouragepar sa mre ; car la vieille Hrodiade tait une femme pour ainsi dire faite pourSatan. Le bien ne lui tait rien mais elle nen aimait que davantage le malabsolu. La premire fois, la vieille mena elle-mme Hrode sa fille, pare avecune incroyable richesse, pour la recommander sa grce. Hrode gota certesgrandement la vue dHrodiade, mais il ne commit encore avec elle aucun pch.Il la couvrit de prsents et lui permit davoir ses entres chez lui en toute libert.13. Quand elle eut quitt Hrode pour rentrer chez sa mre, celle-ci lui demandace quHrode avait dit et fait avec elle. La fille lui dit toute la vrit, fit lloge dessentiments trs bienveillants et pourtant chastes dHrode, parla des richesprsents et enfin du libre accs quil lui avait consenti tout moment ; contre toutcela, elle devait seulement lui demeurer parfaitement fidle dans son cur.14. Mais il est certain que la vieille sorcire en pensa ce que, ayant t charg deraccompagner Hrodiade, javais lu dans ses yeux aussi clairement quuneinscription calligraphie : "Tiens, cela cache quelque chose ! Hrode ne sest paslaiss prendre du premier coup aux grands attraits de ma fille, mais cela narriverapas une deuxime fois !" Cependant, comme la vieille avait ainsi perdu le droitdattaquer Hrode pour lui demander rparation de lhonneur de sa fille, elle fit celle-ci une belle leon sur les moyens employer la fois suivante pour entrerdans le lit dHrode.15. De colre, je quittai aussitt la maison de la sorcire et allai raconter Hrodece que javais vu ; comme on peut limaginer, Hrode ne trouva pas tout cela trsdifiant. Aussi se rendit-il auprs de Jean pour lui exposer toute laffaire. 24 25. Chapitre 13 Les templiers complotent le meurtre de Jean-Baptiste1. (Zinka :) Mais Jean lui dit : "Abstiens-toi de tout commerce avec Hrodiadeet sa mre ; car la vieille est un serpent et la jeune une vipre ! De plus, tu connaisla volont du Dieu tout-puissant dAbraham, dIsaac et de Jacob, et tu connais Sonordonnance selon laquelle, au commencement de toutes les cratures, Il a donn lhomme une seule femme. La fertilit ou linfertilit dune femme, une fois quellea t unie un homme par le mariage, ne lui offre aucun motif de prendre uneautre femme ; car si tu persvres dans la patience, il est trs facile Dieudveiller ton fruit vivant dans le sein de ton pouse, mme dans son grand ge !Lis lhistoire des patriarches, et tu dcouvriras que leur patience et leur soumissionleur ont valu jusque dans leur grand ge les plus grandes bndictions !2. Garde-toi donc de tout commerce avec Hrodiade et naccepte aucune dispensedu Temple ; car Dieu na jamais ordonn aucune dispense ! Mose a pris cela surlui, en tant quhomme et cause de la grande duret du cur des hommes ; maisen cela il na pas trs bien fait, et le Seigneur Dieu na pas vu cette dispositionavec la plus grande satisfaction, tu peux en tre pleinement assur ! Cestpourquoi tu dois ten tenir ton pouse et ne pas laisser Hrodiade tapprocher.Donne Zinka (cest--dire moi) tout pouvoir l-dessus, et il saura sarranger pourque cette vipre nentre plus dans ta maison ! Si tu suis mon conseil, tu resteraslami de Yahv, mais sinon, tu seras perdu et deviendras Son ennemi !"3. Hrode prit cela cur et dcida de se tenir lcart dHrodiade. Mais le vieuxserpent et la jeune vipre mirent tout en uvre pour lblouir. Elles savaient quandil sortait et o il allait, et Hrodiade sarrangeait pour le croiser, chaque foismagnifiquement pare et orne. Il ne fit certes rien avec elle, mais son cursenflammait de plus en plus, si bien quil finit par rechercher lui-mme lesoccasions de rencontrer la trs belle Hrodiade aussi souvent que possible.4. Comme le jour de son anniversaire approchait, cependant, Hrodiade cherchaitpar tous les moyens assister la grande fte. Entre-temps, les templierssenqurirent auprs delle de lavancement de ses relations avec Hrode. Elle putseulement leur dire que, malgr tout son savoir-faire et ses artifices, elle en taittoujours au mme point, sans quelle st qui ou quoi la faute ; cependant, ellese rendait parfaitement compte quHrode la voyait volontiers, et quil lapoursuivait de plus en plus, bien qu la drobe.5. Entendant cela, le templier leur dit toutes deux trs franchement : La fautenen peut tre qu ce prophte baptiseur auprs de qui Hrode sest entich de sonsalut ! Cest lui-mme qui la fait enlever au Jourdain pour le protger de nous ;mais cela ne lui sera daucun profit ! Le baptiste doit tomber, et il tombera ! Pourvous comme pour nous, il est la pierre dachoppement la plus dangereuse. Il fautque cela soit rsolu le jour de lanniversaire dHrode, si ce nest pas possibleavant. Dbarrassez-vous du prophte cote que cote, et Hrode vous mangeradans la main !"6. Les deux femmes taient ainsi plus quassez claires sur la raison de lchec de25 26. leurs tentatives. Elles tinrent alors conseil sur la faon de perdre Jean, et la jeune,me mettant dans son secret, me promit beaucoup dor et dargent si je trouvais lemoyen de lui ter la vie. Bien sr, je ne me laissai pas entraner cela, mais je fismine dentrer peu peu dans ses vues, afin dtre plus certain de pouvoir djouertous les mchants projets sataniques que les deux femmes et les seigneurs duTemple ourdiraient contre le pauvre Jean.7. Apprenant cela, Hrode se gratta loreille et me dit : "La question est bien l, jelavais remarqu depuis longtemps. Mais quy faire ? Le mieux serait peut-tre demettre Jean un peu plus lcart, de laisser seulement ses disciples bien connus levoir et de refuser lentre tout tranger. Car il pourrait bien arriver quun assassin la solde des deux femmes ou du Temple plante son poignard dans le cur denotre Jean, et la mchancet du Temple aurait atteint son but. Tu peux mencroire, ces femmes sont elles aussi manuvres par le Temple ! Mais, pour sauverJean, je permettrai ces femmes, et surtout Hrodiade, de venir me voir. Vadonc chez elle et dis-lui quelle pourra dsormais me rendre visite."8. En tant que serviteur, je dus obir, bien que voyant trs clairement que ctaitune bien mauvaise faon de secourir Jean. De ce moment, Hrodiade vint presquechaque jour chez Hrode, et elle sy entendait comme personne faire crotre sonpenchant. Les sinistres templiers lapprirent trs vite, et ils leur suggrrent, enleur promettant beaucoup dor, de chercher loccasion de pousser Hrode ter lavie Jean, qui avait dtourn tant de gens du Temple. La vieille fit le serment dyparvenir : elle naurait de cesse que le prophte baptiseur net pri. prsent, lajeune tait en mesure dempcher Hrode de visiter Jean et de prendre encoreconseil de lui. Ntant quun serviteur, je nosais pas non plus rappeler Hrodeles paroles de Jean, car je savais trop bien quel fou furieux il devenait quand sonme tait saisie dune quelconque passion.9. Cette mchante affaire progressa ainsi jusqu lanniversaire dHrode ;quelques jours avant, il dut cependant se produire quelque incident entre lui etHrodiade, car elle resta quelques jours sans le voir. Mais ces quelques jours nefirent quenflammer le cur dHrode pour la belle Hrodiade, et le triomphequelle clbra ensuite sur lui le jour de son anniversaire nen fut que plus assur.Chapitre 14Hrode ordonne larrestation de Jsus1. (Zinka :) Chacun sait comment elle le clbra devant moi et des milliersdautres ; mais ce que vous ne savez peut-tre pas, cest que le bruit courait, parmiles disciples de Jean, que Jean serait ressuscit, mais quil serait parti pour laGalile o il faisait prsent des siennes sur les lieux de ses origines. Ce bruitvint aux oreilles dHrode et de son Hrodiade, qui, depuis la mort de Jean,souffrait dune trange langueur, de mme que son vieux dragon de mre. Lescurs dHrode et dHrodiade en furent remplis dinquitude et de crainte, et cestpourquoi Hrode me chargea, en tant quami prouv de lassassin, de partir sarecherche, afin quil pt rparer la grande injustice quil avait commise envers lui. 26 27. Hrodiade elle-mme regrette prsent lheure o elle a cd sa mchante mre,et elle voudrait se rconcilier avec ce Jean quelle a offens !2. Quant moi, je comprends fort bien que Jean nest jamais ressuscit :cependant, jai entendu de la bouche mme de Jean que stait lev en Galile untrs grand prophte dont il ntait pas digne de dlacer les sandales. Je lai dit Hrode, et il me dit : "Alors, va, et ramne-moi celui dont Jean parlait avec un sigrand respect ; car celui-l peut peut-tre nous aider !" Je lui rptai alors ce queje savais de ce grand prophte, quil donnait des signes extraordinaires pourappuyer sa doctrine. Je lui dis que le prophte galilen ressuscitait les morts,dplaait les montagnes, commandait aux temptes et faisait encore dautreschoses inoues. Je dis encore Hrode que je ne pourrais rien ou pas grand-chosecontre la puissance dun tel prophte, car une seule pense de lui pouvait tuer desmilliers dhommes. Mais Hrode et Hrodiade ne voulaient pas en dmordre, etHrode dit simplement : "Trois cents deniers dargent celui qui me le ramnera!", ajoutant que sil ne pouvait le voir vivant, il le voulait bien mme mort !3. Je lui rpondis trs rsolument : "Sil ne veut pas venir de lui-mme, cest envain que nous le poursuivrons ! Car avant de le tuer, nous serons morts nous-mmes depuis longtemps ! Puisquil connat les penses les plus secrtes deshommes ainsi que leurs intentions, il nous aura dj tus avant mme que nousayons pu le voir ! Et sil en est ainsi, je ne vois vraiment pas quoi servirait de lepoursuivre !" Il dit alors : "Je le veux, et mon intention est bonne ; si ce prophteest bon, il reconnatra aussi ma bonne volont et viendra moi ! Les larmes que jeverse sur le bon Jean attestent que je ne ferai pas avec lui ce que jai fait Jeandans mon aveuglement. Va, et accomplis ma volont !"4. L-dessus, nous partmes, mais nous sommes rests jusquici parfaitementbredouilles, bien que nous errions depuis neuf semaines en Galile dans ce seuldessein ! Entre-temps, jai envoy plusieurs fois des messagers Hrode pour luireprsenter linutilit de nos efforts ; mais rien faire ! Il sait par dautres sourcesque soit Jean ressuscit, soit le grand prophte sjourne en Galile et y accomplitde grands signes ; nous devons donc remuer ciel et terre pour nous en emparer, etil punirait trs svrement toute tideur de notre part.5. Cest ainsi que nos prgrinations nous ont conduits jusquici, parce que nousavions entendu dire que de grands signes staient produits prs de Csare dePhilippe. Nous navons cependant absolument rien trouv, si ce nest la ville elle-mme totalement brle, une contre dvaste par la puissante tempte dhier, etici mme vous, svres Romains !6. Ne nous abandonnez pas notre sort, dlivrez-nous de ce fou dont il fautredouter la colre, et vous pouvez tre pleinement assurs de notre reconnaissance! Ce que je viens de vous raconter est lentire vrit. prsent que vous savezexactement ce quil en est, agissez avec justice et quit. Vous, Romains, soyeznos matres part entire, et Hrode ne pourra plus rien contre nous ! Quant nous, nous sommes prts vous servir mille fois plus fidlement que nous lavonsfait pour ce vieux fou de tyran. Car chez vous on voit encore paratre lhumain,tandis quHrode devient un monstre lorsque la colre le saisit ! 27 28. Chapitre 15Le mystre de la procuration de Rome Hrode1. Cyrnius dit : Il faudra que ce dsir se ralise ; car je suis trs satisfait de tadescription dHrode, et je sais maintenant quoi men tenir sur lui. Mais dis-moiencore si, pour ses pleins pouvoirs, les choses sont bien telles que tu me les adcrites tout lheure. Nas-tu vraiment pas vu ma signature au bas du document ?Dailleurs, as-tu eu ou trouv loccasion de voir ce document ? Explique-moi toutcela trs exactement et sincrement. 2. Zinka dit : Rien de plus facile ! Sachant trs bien crire et connaissant troislangues, jai moi-mme copi prs de cinquante fois ce document, dont Hrode afait certifier conforme loriginal chaque exemplaire par le curateur pour dixdeniers dargent ! Je ny ai pas vu ton nom, mais bien celui de lempereur actuel. Jene peux rien te dire de plus. 3. Cyrnius dit : Cest donc lvidence une nouvelle procuration, entirementdiffrente de celle que jai moi-mme signe ! Peux-tu encore me dire quelmoment Hrode a obtenu cette infme procuration de Rome ? 4. Zinka dit : Oh, rien de plus facile ! Il la reue ds lanne passe, ce que jesais dautant mieux que jai moi-mme formul la demande. Cette requte stipulaitcertes que lempereur, en tant que monarque et souverain absolu au-dessus detoute autre position, devait lui accorder lui-mme et en personne la procurationncessaire sa sret, selon les termes figurant dans la requte. Mais cestprcisment l que du moins selon moi se cache la grande sclratesse !5. QuHrode ait fait sa requte Rome, jen suis le tmoin dautant plus fiableque, comme je lai dit, jai moi-mme formul et crit cette requte. Mais il va desoi que cette requte extraordinaire ne pouvait partir pour Rome sanssaccompagner dune masse dor et dargent. Les porteurs en furent cinq desprincipaux Pharisiens, qui devaient alors faire le voyage de Rome pour affairespersonnelles. Quelques jours avant leur dpart, ils taient venus voir Hrode et luidemander sil navait rien transmettre Rome.6. Pour Hrode, ils arrivaient point nomm ; car il y avait dj quatre semainesquil ruminait, ne sachant comment ni par qui faire porter Rome cette requteextraordinaire de la manire la plus sre et la plus discrte. Cette occasion lui futdautant plus bienvenue quil tait dj au mieux avec ces cinq Pharisiens trsaviss, quil tenait en outre pour les plus honntes de toute cette canaille. Lorsquilleur demanda ce quils voulaient pour cette ambassade, que personne dautre J-rusalem net accept dentreprendre pour moins de deux cents livres, ils nevoulurent rien ; sils faisaient cela pour Hrode qui leur avait dj rendu tantdimportants services amicaux, ils ne le feraient que par pure amiti, dirent-ils !7. Hrode en fut plus que parfaitement satisfait, et il remit aux cinq sa requte,ainsi que la lourde cargaison, dont le transport ncessitait trente chameaux.Aussitt, la requte extraordinaire se mit en route, en principe pour Rome, maisen ralit, pour ce que nous en savons, ce pouvait aussi bien tre nimporte quelautre endroit ! 28 29. 8. Dans les meilleures conditions de temps, le voyage dici Rome dure troisbonnes semaines, si ce nest un mois ; on demeure Rome plusieurs jours,souvent des semaines, et il faut du temps pour tre reu par lempereur. Dans lemeilleur des cas, lempereur ne rgle pas une telle demande avant une demi-anne, car mille autres questions bien plus importantes lattendent. Il y a ensuite levoyage de retour, qui prend bien autant de temps que laller ! ma connaissance,et en calculant au plus juste, on na jamais rien vu revenir de Rome en moins destrois quarts dune anne.9. Or, avant que six semaines se fussent coules, les cinq messagers avaient djrapport Hrode la procuration demande, exactement conforme aux termes dela requte crite par moi, tout cela sur un beau parchemin muni de tous lesinsignes connus de lempereur, et ils avaient flicit Hrode en grande pompe ;mais javais ma petite ide l-dessus, et aujourdhui encore, je parierais bien matte quen la circonstance, ces cinq messagers ne sont pas plus alls Rome quemoi-mme !10. Les gaillards ont d garder pour eux la lourde cargaison et les trente bonschameaux, imiter la signature de lempereur et ses autres insignes et ainsirapporter Hrode une procuration impriale secrte dont lempereur lui-mmena pas d avoir davantage connaissance que toi, noble seigneur et souverain ! Ceque jen dis l, noble seigneur, nest que mon ide personnelle ; il se peut aussi quela procuration vienne bien de lempereur. Les vaisseaux ont peut-tre eu bon venttant laller quau retour, ce qui rendrait peu prs compte au moins du voyage, etil se peut aussi que, ds leur arrive Rome, ils aient trouv lempereur de bonnehumeur et inoccup. Il les aurait reus aussitt et leur aurait remis la procurationsouhaite, aprs quoi ils auraient retrouv tout de suite un bateau faisant routevers lAsie, se seraient embarqus et auraient atteint la cte de Jude sous lemeilleur vent possible ! Bref, je ne veux pas me faire juge dans celte affaire ! Cene sont de ma part que conjectures et supputations. Chapitre 16La fausse procuration dHrode1. Cyrnius dit : Ami, cest l plus quune conjecture ; cest la pure et entirevrit ! Car mme si lempereur avait accord la procuration demande parHrode dans la plus grande prcipitation, il et t impossible celle-ci de revenirde Rome en six semaines, puisque tout dcret venu de Rome met dj prs dequarante jours pour parvenir Sidon sous le meilleur vent. Aucun vaisseau nenavigue en haute mer, ce qui serait certes le plus court chemin ; mais, comme ilsarrivent ici en longeant les ctes soit de la Mditerrane, soit de lAdriatique enpassant par la Grce, il leur faut au moins quarante jours, et personne ne peutdonc faire laller et le retour dans ce mme temps.2. De plus, tout tranger qui arrive Rome et veut solliciter quelque chose delempereur doit dabord passer soixante-dix jours Rome, dlai avant lequel, silnest gnral en chef ou titulaire de quelque autre charge aussi importante, aucunambassadeur ou particulier venu de ltranger ne peut avoir accs lempereur. 29 30. Car les institutions romaines prvoient que tout tranger qui veut solliciter unefaveur de lempereur doit dabord faire une offrande la ville, en consommant toutce quil peut et en apportant le plus possible de prsents et doffrandes auxnombreuses institutions de la ville, ce que peut fort bien faire peu prs nimportequel tranger venant dun pays lointain, car il ne saurait sans tre trs riche venir Rome ni avoir de grce particulire solliciter. En effet, il existe des lois et desjuges appropris pour les gens ordinaires et sans fortune ; si le bt blesse quelquepart, lintress sait o aller, et la loi le secourra de la manire la plus quitable ;car nous autres Romains ne tolrons pas la concussion, et nous agissons selon leprincipe : JUSTITIA FUNDAMENTUM REGNORUM (la justice est le fondement de toutrgne) et PEREAT MUNDUS, FIAT IUS (que justice soit faite chacun, le monde dt-il en tre boulevers) ! Ce ne sont pas pour nous formules creuses, mais desprincipes qui, jusquici, ont toujours t respects avec le plus grand scrupule.3. Il nest donc pas inquitable que ceux qui viennent Rome doivent faire uneoffrande la grande ville des peuples avant dtre considrs comme dignes detoute faveur impriale. Il sensuit galement que les cinq envoys du Temple nepouvaient tre reus par lempereur sans avoir attendu soixante-dix joursconscutifs, et quils nont donc en aucun cas pu rellement faire le voyage dalleret retour dici Rome en six semaines. Et sils nont pu le faire, la conclusionvidente en est que les cinq ont gard pour eux les richesses envoyes par Hrodepour honorer lempereur et quils ont remis au ttraque assoiff de pouvoir uneprocuration contrefaite et donc sans aucune valeur ! Hrode simagine prsentpossder des droits plus considrables que ceux que Rome lui a remis lorigineavec la ttrarchie. Mais il lui faudra bientt mettre de leau dans son vin !4. Je comprends bien maintenant pourquoi Rome ne ma fait parvenir aucun avis ce sujet ! Car, en tant que plnipotentiaire de Rome pour toute lAsie et une partiede lAfrique, je dois tre inform de toutes les dispositions prises par Rome pourlAsie, faute de quoi, lorsquun dcret de Rome dont je naurais pas euconnaissance commencerait produire ses effets, je serais contraint de leconsidrer comme une initiative arbitraire, donc un soulvement contre Rome, etde le combattre avec toutes les forces ma disposition ! Cela vous montre bienque la procuration dHrode ne peut tre que fausse ! Mais si elle est fausse, vouscomprendrez aussi que je dois premirement dcouvrir Hrode cette tromperie,deuximement lui reprendre cette procuration et lenvoyer lempereur de faonquil punisse lui-mme les sclrats qui ont commis ce sacrilge contre sapersonne ! Chapitre 17 La politique du Temple1. Zinka dit : Noble ami, noble seigneur, nous comprenons fort bien tout cela ;mais nous comprenons aussi une autre chose dont tu ne sembles pas taviser ! 2. Cyrnius dit : Et quelle est cette chose ? 3. Zinka : La bonne vieille raison dtat, grce laquelle, presque de tout temps 30 31. et dans tous les pays de la terre, la prtrise a le privilge de pouvoir faire bien deschoses qui seraient un crime pour dautres. Les prtres ont assez daudace poursimposer aux hommes comme de vritables dieux et pour prtendre devant tous,lorsque cela leur convient, que Dieu Lui-mme parle par leur bouche. Et personnene slve contre eux, et lempereur lui-mme doit considrer leur impudence avecindulgence, parce que les vieilles superstitions maintiennent les hommes danslobissance et la soumission et les empchent de slever contre le souverain deleur pays lorsquil leur donne des lois difficiles respecter et fait peser sur eux desimpts difficiles payer.4. Mais si on laisse les prtres faire ce quils veulent au nom de Dieu, lempereurne se formalisera pas trop si, au besoin, ces endormeurs du peuple endossentparfois en cachette, voire ouvertement, la peau du monarque et parlent ou mmelgifrent en son nom lorsquils le jugent utile au souverain, ltat et bien sr eux-mmes, ce qui paratra dautant plus excusable dans les provinces trsloignes de la rsidence du souverain, comme cest le cas en Jude.5. Si lempereur exige aujourdhui quils lui rendent des comptes au sujet de cettefausse procuration, ils ne nieront pas du tout avoir fait cela sans quon le leur aitdemand ; mais en mme temps, ils sauront donner lempereur lexcellenteraison qui leur a fait prendre cette dcision pour le plus grand bien du monarqueet de ltat ! Et ils expliqueront lempereur par le menu et avec une lumineuseclart pourquoi une telle dcision tait ncessaire et quel grand profit en ont retirltat et le monarque. Et pour finir, lempereur devra encore les fliciter et lesrcompenser.6. Demande-leur raison aujourdhui, et, aprs linterrogatoire, tu nauras pas plusde prise sur eux que lempereur lui-mme, et tu seras finalement oblig deconfirmer les pleins pouvoirs dHrode, parce quils tauront prouv que cet actetait ncessaire pour contenir dans certaines limites la soif de pouvoir dHrode,sans quoi il aurait pu trs facilement, grce ses incommensurables richesses,difier en secret une grande puissance laquelle vous auriez ensuite eu affaire,vous, les Romains ! Mais, te diront-ils, ils ont tout dcouvert et, inspirs den haut,ils ont trouv le moyen dy remdier en fournissant Hrode un privilgeconforme la volont de lempereur, et quil aurait sans cela bientt obtenu par laforce. Quand les Matres du Temple topposeront de telles explications, quepourras-tu faire dautre que les fliciter et les rcompenser ? 7. Cyrnius dit : Je ne comprends pas encore trs bien ! Si Hrode avait un sidangereux projet et comptait le mettre excution, pourquoi ne men aurait-on pasinform par des voies secrtes ? Jaurais trs bien prendre moi-mme les mesuresappropries ! Il ny a tout de mme pas si loin de Jrusalem Sidon ou Tyr !Enfin, comment les templiers rpondront-ils des grandes richesses et des trentechameaux soustraits lempereur ? Il me semble que cela devrait leur tre assezdifficile ! 8. Zinka dit : Noble ami, noble seigneur, tu sembles pourvu par ailleurs de laplus grande sagesse politique, mais cela ne ten fait paratre ici que plus novice comme si tu navais jamais dirig ne ft-ce quune maison ! Ils peuvent te fournirune double raison pour ne pas tavoir eux-mmes inform ! Premirement, le 31 32. risque dun retard ; deuximement, la ncessit dviter toute expositiondangereuse ! Car si cela tait venu trop tt ta connaissance, tu aurais aussitt faitassiger et troitement surveiller Jrusalem, ce qui aurait caus dans le peuple unegrande agitation et laurait rempli de haine contre vous. Hrode aurait alors pufacilement utiliser contre vous cet tat desprit, et il pouvait en rsulter un nombreincalculable de maux !9. Ayant su apprcier et prvoir tout cela, le Temple, dans sa sagesse divine,aurait prcisment trouv la chose qui pouvait arranger sans bruit cette graveaffaire ; en temps utile, bien sr, il aurait en douceur port ta connaissance et celle de lempereur tout ce qui stait pass, avec son avis sur ce quil fallaitdcider pour la suite. Mais ils ne pouvaient bien sr tenvoyer les trsors destins lempereur quaprs avoir attendu le moment opportun pour te donner toutes cesnouvelles.10. Et toi, noble ami et seigneur, aprs avoir coup sr reu une telle rponse quelques-unes de tes questions, dis-moi si, en vrai politique, tu pourrais faire autrechose que couvrir de louange les templiers et les rcompenser selon la loi qui veutque tout bon et honnte administrateur reoive dix pour cent de ce quil rapporte !11. Cyrnius dit : Mais si je suis personnellement convaincu de lincroyable ettrop certaine malignit du Temple, comment p