Datum: 26.10.2012

Le Journal du Jura2501 Bienne032/ 321 90 00www.journaldujura.ch

Medienart: Print Themen-Nr.: 605.11Abo-Nr.: 605011Medientyp: Tages- und Wochenpresse

Auflage: 10'363Erscheinungsweise: 6x wöchentlich

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CONGRÈS DE SUISSE EOLE L'association a tenu hier son congrès sur le thème «Energie éoliennepour les communes». L'occasion de faire le point sur tous les aspects qui les concernent

. à«Elles ont un rôle essentiel oued»

La conseillère fédérale Doris Leuthard était hier l'hôte de marque du congrès de Suisse Eole. PH OUDOT

PHILIPPE OUDOT

Alors que la Suisse a décidé desortir du nucléaire, l'énergie éo-lienne est appelée à occuper uneplace importante. Dans ce con-texte, les communes, qui sont di-rectement concernées par lesprojets, ont un rôle considérable àjouer. Pas étonnant donc que l'as-sociation Suisse Eole, mandatéepar la Confédération pour pro-mouvoir cette forme d'énergie, aitchoisi de les placer au coeur deson congrès, qui avait précisé-

ment comme thème «Energie éo-lienne pour les communes».Hier, à Berne, quelque 150 per-sonnes dont de nombreux re-présentants communaux ontainsi participé à cette rencontre,animée par Bastien Girod, vice-président de Suisse Eole et con-seiller national (Les Verts, Zu-rich).

En guise d'introduction, il a in-sisté sur l'apport de l'énergie éo-lienne en Suisse, notamment enhiver où la consommation est la

plus forte. «Contrairement à ce quecertains prétendent, notre pays pré-sente une bonne exposition auxvents, et l'éolien peut contribuer à lasécurité de notre approvisionne-ment en électricité.»

Porteuse de plus-valueDirecteur de l'Association des

communes suisses, Ulrich Kônig aquant à lui souligné le rôle impor-tant que les communes sont ap-pelées à jouer. Elles sont en effetles mieux placées pour mettre en

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oeuvre des projets éoliens, enveillant à ce qu'ils soient confor-mes aux besoins. Et pour elles, lapromotion des nouvelles énergiesest porteuse de plus-value, parexemple en termes d'emploisdans les nouvelles technologies.S'agissant de la sortie progressivedu nucléaire, il a insisté sur la né-cessité d'élargir la problématique àl'énergie dans son ensemble, «carfinalement, l'électricité ne repré-sente qu'un quart de notre consom-mation énergétique».Abondant dans le sens de son

prédécesseur, le directeur deSuisse Eole Reto Rigassi a insistésur le poids considérable qu'ontles communes dans le développe-ment des projets éoliens, car ellessont l'autorité de planification.De par leur proximité avec le ci-toyen, elles peuvent aussi jouer

les arbitres en cas de conflit entrele développeur et la population.Et pour éviter les conflits, lemeilleur moyen est de jouer latransparence. «Ce n'est certes pastoujours aisé de communiquerquand un projet démarre, car on nepeut pas encore apporter de réponsesconcrètes, mais c'est indispensa-ble.»

Zoom sur Sainte-CroixLe syndic de Sainte-Croix

Franldin Thévenaz a fait part del'expérience de sa commune,dont les citoyens ont, en débutd'année, accepté de justesse leprojet éolien de six aérogénéra-teurs qui leur était soumis. Luiaussi a insisté sur l'importanced'informer la population «de ma-nière claire, factuelle, en évitant dediaboliser les opposants. Il a fallufaire comprendre aux gens que laproduction locale d'énergie répondà un besoin et que chacun doit ymettre du sien si on veut atteindre

les objectifs fixés par le Conseil fédé-ral dans /a perspective de /a sortiedu nucléaire.» Un brin philoso-phe, il a constaté que les nuisan-ces ne peuvent pas toujours êtreexternalisées: «Elles sont aussi leprix de notre confort et de la moder-nité de notre société.»

Parmi les leçons tirées de lamise en place du projet éolien sursa commune, il a cité la nécessitéde s'entourer de partenaires fia-bles, l'effort de vulgarisation né-cessaire pour que chacun com-prenne bien les enjeux, lanécessité de simplifier les procé-dures administratives. Au pas-sage, il a déploré le manque desoutien de la Confédération du-rant de la campagne, «soutien quinous aurait été bien utile. . . »

Quand Bienne travaillede concert avec GrangesLa conseillère municipale bien-

noise Barbara Schwickert a quantà elle fait part du projet de parccomportant cinq aérogénéra-teurs que la ville entend réalisersur le site de Montoz-Pré Richard,sur le territoire de la commune deCourt. Un projet que Biennemène en parallèle avec la com-mune soleuroise de Granges, qui ason propre projet sur la montagnevoisine.

Comme l'a souligné la politi-cienne écologiste, les deux sitesbénéficient d'une bonne exposi-tion aux vents. Dès le départ, lesdeux communes ont choisi decollaborer étroitement, même sileur appartenance cantonale dif-férente ne facilite pas les choses.Pour avancer et suivre le rythmeplus rapide de Granges, BarbaraSchwickert a indiqué que Bienneva adhérer au projet de sa voisineen optant pour le même dévelop-

peur, afin de profiter d'un maxi-mum de synergies. Elles de-vraient permettre de réduire lescoûts de 10%, a précisé l'éluebiennoise.

Développement participatifDu côté des développeurs de pro-

jets éoliens, Jean-Luc Juvet, direc-teur général d'ennova SA, au Lan-deron, a souligné quel'implantation d'un parc éolien ré-sulte d'un processus de développe-ment participatif qui doit intégrercommunes, cantons, propriétairesfonciers, associations, groupesd'intérêt et citoyens. A ses yeux,«les communes ont un rôle essentiel àjouer dans la mesure où ce sont ellesqui établissent les plans d'affecta-tion».

Son collègue José Basset, chefde projet chez vento ludensSuisse Sàrl, à Orbe, a abondé dansle même sens. Il a cité le cas de lacommune soleuroise de Kien-berg, qui mène un projet avec savoisine argovienne d'Obersdorf.Kienberg a ainsi convié toutes lesparties concernées autour d'unetable ronde, à savoir le dévelop-peur, les organisations de protec-tion de la nature et du paysage,ainsi que la population locale etcelle des communes voisines.Une procédure qu'il a jugée trèsimportante, car elle permet de ré-pondre aux interrogations, de ba-layer les idées reçues, de tenircompte des griefs, et finalement,de faire avancer l'acceptation duprojet.

Par ailleurs, a ajouté Jean-LucJuvet, les communes peuvents'engager à différents niveaux:dans la phase de lancement, enparticipant aux différents groupesde travail qui se mettent en place,mais aussi lors de la phase d'ex-

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ploitation. Elles peuvent parexemple devenir actionnaire de lasociété d'exploitation, déléguerun représentant au conseil d'ad-ministration, ou racheter unepartie de l'électricité produite.«De plus, elles bénéficient souventdes projets éoliens sur le plan fiscal,car les sociétés d'exploitation éta-blissent généralement leur siègedans /a commune où se trouve leparc.»

Pas d'incompatibilitéMembre de la direction de Sig-

maplan SA, spécialisée dans lesquestions de planification, Tho-mas Frei a expliqué que l'énergieéolienne était tout à fait compati-ble avec les exigences en matièrede protection du paysage. Preuveen est le projet d'extension du parcéolien de l'Entlebuch, dans le can-ton de Lucerne, qui se trouvepourtant dans un parc naturel ré-gional reconnu égalementcomme biosphère de l'Unesco.Moyennant une planification ri-goureuse, avec des zones d'exclu-sion clairement définies, il est pos-sible d'implanter de nouveauxaérogénérateurs dans les zones di-tes de développement.

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articles consacrés à l'énergie éolienne

L'exemple de JuventACCEPTATION Franz Bürgi, directeur de sol-E, la filiale deBKW qui exploite la centrale éolienne Juvent, à Mont-Crosin, afait part de la longue expérience de Juvent. A ses yeux, la bonneacceptation de la centrale s'explique par le dialogue, la transpa-rence, le climat de confiance, le respect et une situation de ga-gnant-gagnant pour la région. «Après l'extension de 2010, nousavons mandaté la Fédération rurale interjurassienne qui a mené uneétude en évaluant divers facteurs, notamment le bruit, les ombresportées, /'impact sur le paysage, les nuisances dues au balisage noc-turne, ou encore les projections de glace. Eh bien, les réactions sontdans l'ensemble largement positives, même si, ici ou là, on peut en-core apporter quelques améliorations.»

S'agissant du balisage nocturne par exemple, Juvent et l'Officefédéral de l'aviation civile étudient la possibilité d'installer desradars qui, en cas d'approche d'un aéronef dans la zone, enclen-cheraient les balises lumineuses. Pour Franz Bürgi en tout cas,l'étude réalisée démontre que même si la Suisse est un pays den-sément peuplé, l'énergie éolienne y atout à fait sa place et qu'ellepeut contribuer à la sécurité de son approvisionnement en élec-tricité. PHO

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Dans l'intérêt économique du paysUN REEL POTENTIEL L'éolien a un réel poten-tiel, même si la Suisse n'est pas le pays le mieuxexposé aux vents, a souligné hier la conseillèrefédérale Doris Leuthard. «Dans le domaine desénergies renouvelables, il faut exploiter tout ce quipeut l'être. C'est la vision du Conseil fédéral, qui neprivilégie aucune forme d'énergie au détrimentd'une autre.» Mais le développement de ces nou-velles énergies qui constitue aussi un sérieuxdéfi, dans la mesure où il implique une produc-tion décentralisée, qui va nécessiter de gros inves-tissements en matière de réseau.

S'agissant de l'éolien, elle a constaté que 14cantons se sont engagés dans cette voie en éta-blissant des plans directeurs. Tout en relevantque des régions comme le Jura, mais aussi lescrêtes des Alpes et les vallées alpines sont deslieux d'implantation potentiels, elle a souligné lanécessité de délimiter les régions les mieux ap-propriées.

RÉDUIRE LA DÉPENDANCE En ce qui con-cerne le développement des énergies renouvela-bles en général, Doris Leuthard a rappelé quec'était dans l'intérêt économique du pays. Ce-

lui-ci importe en effet pour 31 milliards defrancs par année en pétrole, gaz et autres pro-duits énergétiques, dont aussi de l'électricité.«Pour réduire notre dépendance, nous devonsaméliorer l'efficacité énergétique des énergies fossi-les, et mieux valoriser nos ressources, comme lebois et les énergies renouvelables.»

QUESTION DE PRIX Si les gens y sont globa-lement favorables, Doris Leuthard a tout demême constaté que ce n'était pas à n'importequel prix. Dans ce contexte, elle a invité les dis-tributeurs à bien réfléchir en matière de tarif.Difficile en effet de comprendre comment lestaris entre les différentes régions peuvent varierdans une fourchette allant jusqu'à 40%, alorsqu'ils ont des structures assez semblables. Quantaux entreprises, de fortes hausses pourraientnuire à leur compétitivité. Pour éviter ce scéna-rio, elle a avancé l'idée d'une exonération, quipourrait être liée à un examen en profondeur del'entreprise bénéficiaire sur sa consommation.Doris Leuthard a également plaidé en faveurd'un accord sur l'énergie avec l'UE, afin de ga-rantir la sécurité de l'approvisionnement. PHO