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INFO MUSA INFO MUSA La Revue Internationale sur Bananiers et Plantains INFOMUSA est publié avec le soutien du Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA) CTA Vol. 10 N° 1 Juin 2001 DANS CE NUMÉRO Propagation en masse in situ de FHIA-20 par emploi de benzylaminopurine Aspects socio-économiques de la culture du plantain en Colombie Production de feuilles de bananier pour l’industrie agro- alimentaire Evolution des photosynthèse, transpiration et chlorophylle pendant le développement de la feuille de bananier Estimation du développement des racines à partir des caractéristiques des parties aériennes chez Musa Luttes culturale, chimique et biologique contre la pourriture vasculaire et le flétrissement du plantain Evaluation d’hybrides de la FHIA comparés à des variétés locales de Musa au Pérou Evaluation de matériel génétique de Musa pour la résistance aux charançons La fusariose du bananier au Kenya : distribution et impact sur les petits producteurs GCV des populations de Fusarium (Foc) au Viêt-nam La cercosporiose noire au Mexique Effet du nombre de repiquages sur la multiplication in vitro de bananiers Nouvelles des Musa La communauté bananière perd deux amis et collègues Nouvelles de l’INIBAP Thèse Livres etc. Annonces Nouvelles de PROMUSA

La Revue Internationale sur Bananiers et Plantains...• renforcer la capacité des Systèmes nationaux de recherche agricole à conduire des re-cherches sur la banane et la banane

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  • INFOMUSAINFOMUSALa Revue Internationale sur Bananiers et Plantains

    INFOMUSA est publié avec le soutien du Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA)

    CTA

    Vol. 10 N° 1Juin 2001

    DANS CE NUMÉROPropagation en masse in situde FHIA-20 par emploi debenzylaminopurine

    Aspects socio-économiques de la culture du plantain en Colombie

    Production de feuilles debananier pour l’industrie agro-alimentaire

    Evolution des photosynthèse,transpiration et chlorophyllependant le développement de la feuille de bananier

    Estimation du développementdes racines à partir descaractéristiques des partiesaériennes chez Musa

    Luttes culturale, chimique etbiologique contre la pourriturevasculaire et le flétrissementdu plantain

    Evaluation d’hybrides de laFHIA comparés à des variétéslocales de Musa au Pérou

    Evaluation de matérielgénétique de Musa pour larésistance aux charançons

    La fusariose du bananier auKenya : distribution et impactsur les petits producteurs

    GCV des populations deFusarium (Foc) au Viêt-nam

    La cercosporiose noire auMexique

    Effet du nombre derepiquages sur lamultiplication in vitrode bananiers

    Nouvelles des Musa

    La communauté bananièreperd deux amis et collègues

    Nouvelles de l’INIBAP

    Thèse

    Livres etc.

    Annonces

    Nouvelles de PROMUSA

  • Vol. 10, N° 1Photo de couverture : Vente locale de bananes en Bolivie(L. Pocasangre, INIBAP).

    Editeur : Réseau international pour l’améliorationde la banane et de la banane plantain (INIBAP)Rédacteur en chef :Claudine PicqComité de Rédaction :Emile Frison, Jean-Vincent Escalant,Suzanne Sharrock, Charlotte LustyImprimé en FranceISSN 1023-0068Rédaction :INFOMUSA, INIBAP, Parc Scientifique Agropolis II,34397 Montpellier Cedex 5, France. Téléphone : + 33-(0)4 67 61 13 02 ; Télécopie : + 33-(0)4 67 61 03 34 ; Courrier électronique : [email protected] : http://www.inibap.orgL’abonnement est gratuit pour les pays endéveloppement. Les lecteurs sont invités àenvoyer lettres et articles. La rédaction seréserve le droit d’abréger ou de reformulerles textes publiés pour des raisons de clartéet de concision. INFOMUSA ne peut s’enga-ger à répondre à toutes les lettres reçues,mais s’efforcera de le faire dans un délairaisonnable. La reproduction de tout extraitdu magazine est autorisée, à condition d’enspécifier l’origine. INFOMUSA est également publié en an-glais et en espagnol.Changement d’adresse :Merci d’en informer la rédactiond’INFOMUSA à l’adresse indiquée ci-dessus,avec si possible six semaines de préavis,afin d’éviter toute interruption de réceptionde la revue.Les opinions émises dans les articles n’en-gagent que leurs auteurs et ne reflètentpas nécessairement le point de vue del’INIBAP.

    INFOMUSA Vol. 10, N° 1

    SOMMAIRE

    Propagation en masse in situ de l’hybride de bananier plantain FHIA-20 par emploi de benzylaminopurine ...................................................................3

    Aspects socio-économiques de la culture du bananier plantain en Colombie ....4

    Production de feuilles de bananier plantain assouplies au feu pour l’industrieagro-alimentaire ................................................................................................9

    Evolution de la photosynthèse, de la transpiration et de la chlorophyllependant le développement de la feuille de bananier (Musa AAB Simmonds) ....................................................................................12

    Estimation du développement des racines à partir des caractéristiques des parties aériennes chez les bananiers et les bananiers plantain (Musa spp.) .......................................................................................................15

    Evaluation des luttes culturale, chimique et biologique contre la pourriturevasculaire et le flétrissement du bananier plantain (Musa AAB Simmonds) ....................................................................................17

    Evaluation d’hybrides de la FHIA comparés à des variétés locales de Musa dans une région de l’est du Pérou indemne de cercosporiose noire............21

    Evaluation de matériel génétique de Musa pour la résistance aux charançons.................................................................................................26

    La fusariose du bananier au Kenya : distribution et impact sur les petitsproducteurs ......................................................................................................28

    Groupes de compatibilité végétative des populations de Fusarium oxysporumf.sp. cubense au Viêt-nam ...............................................................................32

    La cercosporiose noire (Mycosphaerella fijiensis Morelet) au Mexique.............33

    Effet du nombre de repiquages sur la multiplication in vitro de quatre variétésde bananiers.....................................................................................................38

    Nouvelles des Musa ...............................................................................................40

    La communauté bananière perd deux amis et collègues....................................40

    Nouvelles de l’INIBAP ............................................................................................42

    Thèse.......................................................................................................................47

    Livres etc.................................................................................................................47

    Annonces................................................................................................................49

    Nouvelles de PROMUSA..................................................................................I à XVI

    La mission de l’INIBAP est d’accroître de façon durable la productivité des bananiers et desbananiers plantain cultivés sur de petites exploitations pour la consommation locale et pourles marchés d’exportation.Le programme de l’INIBAP a quatre objectifs principaux :

    • organiser et coordonner un effort global de recherche sur la banane et la banane plantain vi-sant au développement, à l’évaluation et à la dissémination de matériel génétique de Musaamélioré ainsi qu’à la conservation et à l’utilisation de la diversité génétique des Musa ;

    • promouvoir et renforcer la collaboration et le partenariat en matière de recherche sur lesbananiers au niveau national, régional et international ;

    • renforcer la capacité des Systèmes nationaux de recherche agricole à conduire des re-cherches sur la banane et la banane plantain ;

    • coordonner, faciliter et appuyer la production, la collecte et l’échange d’information et dedocumentation sur la banane et la banane plantain.

    L’INIBAP est un programme de l’Institut international pour les ressources phytogénétiques(IPGRI), un centre “Future Harvest”.

    INFOMUSAINFOMUSALa Revue Internationale sur Bananiers et Plantains

    INFOMUSA est publié avec le soutien du Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA)

    CTA

    Vol. 10 N° 1Juin 2001

    DANS CE NUMÉROPropagation en masse in situde FHIA-20 par emploi debenzylaminopurine

    Aspects socio-économiques de la culture du plantain en Colombie

    Production de feuilles debananier pour l’industrie agro-alimentaire

    Evolution des photosynthèse,transpiration et chlorophyllependant le développement de la feuille de bananier

    Estimation du développementdes racines à partir descaractéristiques des partiesaériennes chez Musa

    Luttes culturale, chimique etbiologique contre la pourriturevasculaire et le flétrissementdu plantain

    Evaluation d’hybrides de laFHIA comparés à des variétéslocales de Musa au Pérou

    Evaluation de matérielgénétique de Musa pour larésistance aux charançons

    La fusariose du bananier auKenya : distribution et impactsur les petits producteurs

    GCV des populations deFusarium (Foc) au Viêt-nam

    La cercosporiose noire auMexique

    Effet du nombre derepiquages sur lamultiplication in vitrode bananiers

    Nouvelles des Musa

    La communauté bananièreperd deux amis et collègues

    Nouvelles de l’INIBAP

    Thèse

    Livres etc.

    Annonces

    Nouvelles de PROMUSA

  • D. Manzur Macias

    Les bananiers et les bananiers plan-tain sont des herbes géantes pé-rennes, provenant de l’hybridationintra et interspécifique de deux espèces fo-restières diploïdes : Musa acuminata (ba-nanier) et M. balbisiana (bananier plan-tain). Ils prolifèrent sous les tropiques etsont la source d’hydrates de carbone laplus importante dans les économies locales(Stover et Simmonds 1987). Le plus alar-mant pour leur culture a été l’apparition etla dissémination de maladies comme lacercosporiose noire (Mycosphaerella fi-jiensis Morelet) et de celles dues au virusde la mosaïque à tirets (BSV) et de la mo-saïque du concombre (CMV). Ces pro-blèmes ont été résolus grâce aux pro-grammes d’amélioration génétique mis enplace par des organisations internationalesqui ont permis d’obtenir des variétés de ba-naniers plantain résistants à la cercospo-riose noire (Vuylsteke 1998), à haut rende-ment avec un haut potentiel à laconsommation comme l’hybride FHIA-20créé par le Dr Phil Rowe à la FundaciónHondureña de Investigación Agrícola(FHIA).

    Les bananiers plantain améliorés sontpolyploïdes et parthénocarpiques, c’estpourquoi ils se multiplient de façon végéta-tive à partir de bourgeons provenant depieds mères prêts à être récoltés. La coupedu régime lève la dominance apicale exer-cée sur les bourgeons dormants du rhi-zome. On tronçonne celui-ci en autant demorceaux qu’il présente de bourgeons dor-mants afin de stimuler leur croissance oubien on l’isole en arrachant la base desgaines foliaires et en incisant en croix lesbourgeons déjà développés afin de stimulerle bourgeonnement des dormants (Auboi-ron 1997). La multiplication en masse invitro ou micropropagation se pratique defaçon routinière à partir de la proliférationde méristèmes apicaux sur le milieu de cul-ture Murashige-Skoog enrichi en cytoqui-nines et en vitamines (Krikorian et Cronauer 1984). Un des facteurs limitantsles plus fréquents quand on désire agran-dir une plantation est l’obtention du maté-riel à planter qui est plutôt rare du fait dela nature même de la plante, de la faibleproduction de rejets et de son lent dévelop-pement (Tézenas du Montcel 1985).

    La présente étude est destinée à évaluerune technique de multiplication in situ dubananier plantain FHIA-20.

    Matériels et méthodesDes vitroplants de l’hybride FHIA-20 prove-nant de la FHIA ont été multipliés par mi-cropropagation au laboratoire de culturede tissus du Département de Phytotechno-logie jusqu’à obtention de plantules com-plètes selon les protocoles établis par di-vers auteurs (Ma et Shii 1972, Hwang et al.1984), puis acclimatés aux conditions duchamp sous un système de brumisation in-termittente et enfin transplantés sur leuremplacement définitif : une parcelle utilede 25 plants encadrée par du bananierplantain Dominico hartón, à la distance de2 x 3 m entre les plants et les sillons, si-

    tuée à la ferme « Montelindo » (propriétéde l’université de Caldas), localisée à 5°5Net 75°40’W, à 1050 m d’altitude, d’une tem-pérature moyenne de 23°C et aux sols declasse ‘Typic Distrandept’. Un mois aprèsleur plantation, les plants ont été fertilisésen accord avec les résultats des analysesde sol et les besoins nutritionnels du maté-riel végétal FHIA-20.

    Dix mois après la plantation, chaqueplant s’était multiplié à raison de 8 à 10 re-jets par emplacement ; rejets d’une hau-teur de 15 à 20 cm et d’un pseudotroncd’un diamètre de 15 à 20 cm à la hauteurdu collet du rhizome. On a appelé ces re-jets : bourgeons de première génération(B1G) (figure 1).

    A l’aide d’un coutelas désinfecté au for-mol à 2% avant chaque opération, on acoupé transversalement le pseudotronc dechaque rejet à 2 cm du collet du rhizomeet on a ensuite extrait le méristème apicalsitué à quelque 4 cm de profondeur, cequi a laissé une cavité de 2 cm de dia-mètre sur le rhizome (figure 2A). On a en-suite incisé transversalement et en croixle fragment de pseudotronc restantjusqu’au niveau du collet du rhizome (figure 2B). Une fois ces coupures faitessur chaque rejet, on a déposé dans la ca-vité laissée par l’extraction du méristèmeapical, 4 ml d’une solution de cytoquininebenzylaminopurine (BAP) à la concentra-tion de 40 mg par litre d’eau distillée (figure 2C). On a recouvert enfin les rhi-zomes avec un mélange à parties égalesde limon sableux et de compost de fientede poule jusqu’à 5 cm au-dessus de la sur-face du sol. Au bout de 3 mois, sont appa-rus des bourgeons dits de seconde généra-tion (B2G) issus de chaque rejet recépé(figure 2D).

    Quand les propagules (bourgeons) issuesdes B2G se sont différenciées et ont atteintune hauteur de 20 à 30 cm, on les a inci-sées de nouveau selon le protocole décritauparavant, en ajoutant dans les cavités lamême quantité de BAP et en complétantl’opération de la même façon (figure 3A)jusqu’à obtention de propagules appelésbourgeons de troisième génération (B3G)(figure 3B).

    Soixante jours après, les B3G ont été trai-tés de la même façon que les générationsprécédentes jusqu’à obtention de bourgeonsde quatrième génération (B4G) que l’on alaissés se développer (figure 4A) pour les

    INFOMUSA — Vol 10, N° 1 3

    Propagation en masse in situ de l’hybride de bananier plantain FHIA-20 par emploi de benzylaminopurine

    Agronomie Multiplication rapide

    Figure 1. Différenciation des bourgeons de première génération (B1G)

    Figure 2. Différenciation des bourgeons deseconde génération (B2G).A. Méristème apical extrait. B. Incision en croix.C. Cavité du méristème apical. D. Bourgeon de seconde génération.

    B1G

    B2GA

    D

    C

  • enraciner ensuite dans de la terre stérile etsous brumisation intermittente (figure 4B).

    RésultatsCette technique de propagation en massein situ [de l’extraction du méristème api-cal a l’incision en croix en passant parl’addition de BAP] permet d’obtenir unemoyenne de quatre bourgeons aux stadesdes B1G et des B2G mais, quand on lapoursuit jusqu’au stade des B3G, on ar-rive à une moyenne de 13 plantules, cequi est tout à fait comparable aux résul-tats obtenus in vitro. Si l’on totalise lespropagules issues d’un bourgeon, de lapremière jusqu’à la troisième génération,on obtient 156 plantules [(4+4+4)x13].Si l’on prévoit de sélectionner pour cettepropagation en masse in situ, cinq B1Gde chaque plant FHIA-20, on obtiendrait780 plantules (156 x 5) par emplacementen huit mois.

    DiscussionPotentiellement, un rhizome d’hybrideFHIA-20 possède de 14 à 16 bourgeonsquand le régime apparaît. Chacun d’euxproduit de 6 à 8 bourgeons axillaires.Quand on incise ces bourgeons et qu’on en

    élimine le méristème apical pour y incor-porer la BAP, ils développent de 4 à 5 pro-pagules dans le cas des B1G et des B2G etjusqu’à 13 pour les B3G.

    Il faut remarquer que cette technique sepratique quand le pied-mère a développédes rejets de 30 cm, et ce, sans abîmer lesystème racinaire de la plante-mère, quiproduit son régime de façon normale. Ellepermet d’obtenir également en huit moisdes propagules quasiment exemptes demaladies ou de parasites puis l’on peut sé-lectionner des plantes saines au champpour les multiplier.

    Il est facile et pratique de développer auchamp cette technique en cas de pénuriede matériel ou pour multiplier massive-ment des variétés prometteuses et à hautrendement telles que l’hybride FHIA-20.

    En appliquant cette technique auxplants de FHIA-20 sur le point de fleurir,on a favorisé la suppression du temps delatence du bourgeonnement axillaire en in-hibant la dominance apicale.

    RemerciementsL’auteur remercie les techniciens JairoCastaño Z. et Manuel Aristizábal L. pouravoir revu cette publication. ■

    RéférencesAuboiron E. 1997. La multiplication sur souche dé-

    cortiquée. Fiche technique : propagation rapidede matériel de plantation de bananiers et plan-tains. CRBP, Douala, Cameroun. 4pp.

    Krikorian A.A. & S.S. Cronauer. 1984. Aseptic cul-ture techniques for banana and plantain impro-vement. Economic Botany 38 : 322-331.

    Hwang S.C., C.L. Chen, J.-C. Lin & H.L. Lin. 1984.Cultivation of banana using plantlets from meris-tem culture. Hort Science 19 : 231-233.

    Ma S.S. & C.I. Shii. 197 2. In vitro formation of ad-ventitious buds in banana shoot apex followingdecapitation. Journal of the Chinese Society ofHorticultural Science 18 : 135-142.

    Stover R.H. & N.W. Simmonds. 1987. Banana. 3èmeed. Longman, RU. 468pp.

    Tézenas du Montcel H. 1985. Le bananier plantain.Maisonneuve & Larose, Paris. 143pp.

    Vuylsteke D.R. 1998. Shoot–tip culture for the pro-pagation, conservation, and distribution of Musagermplasm. IITA, Ibadan, Nigeria. 82pp.

    4 INFOMUSA — Vol 10, N° 1

    Figure 3. Différenciation des bourgeons detroisième génération (B3G). A. Méristème apicalextrait. B. Bourgeon de troisième génération.

    Figure 4. Différenciation des bourgeons de quatrième génération (B4G).A. Bourgeons en cours de développement. B. Plantule transplantée en sac.

    L’auteur est professeur titulaire, spécialiste en culture de tissus au Departamento de Fitotecnía, Facultad de Ciencias Agropecuarias, Apartado Aéreo275, Manizales, Colombie. Courrier électronique : [email protected]

    J. L. Rodríguez Martínez et A. Rodríguez Saavedra

    La culture du bananier plantain estdevenue un axe de grande impor-tance socio-économique en Colom-bie du point de vue de la sécurité alimen-taire et de la création d’emplois. De plus,le bananier plantain appartient au sec-teur traditionnel de l’économie rurale oùil est utilisé principalement comme om-

    brage de la culture caféière et représenteun composant essentiel du programmealimentaire. En Colombie, plus de la moi-tié de la surface cultivée appartient auxpetits producteurs (Rodríguez Saavedraet al. 1999).

    Dans le secteur agronomique, la bananeplantain occupe le cinquième rang aprèsle café, la canne à sucre, la pomme deterre et les fleurs. Elle participe à la pro-duction agricole du pays pour 6,8% dutotal (CCI 2000).

    Le bananier plantain est cultivé dansdifférentes zones agro-écologiques, de 0 à2000 m d’altitude et entre 17 et 35°C. On ycultive environ 358 000 ha produisant an-nuellement 2,5 millions de tonnes de ba-nanes dont 95% vont au marché interne etle reste à l’exportation. Les principauxcentres producteurs se trouvent dans leszones caféières de la région andine oùsont cultivés 231 000 ha (64% de la sur-face cultivée totale) rapportant 67% de laproduction nationale. D’autres régions na-

    Aspects socio-économiques de la culture du bananier plantain en Colombie

    Ago-économie Enquête en Colombie

    B3GA

    B

    B4G

    A

    B

  • turelles importantes pour le bananierplantain sont l’Orénoque, le Pacifique, lesCaraïbes et l’Amazonie.

    Parmi les surfaces cultivées en bananierplantain, 87% le sont comme culture tradi-tionnelle associée au café, au cacao, auyuca et aux fruitiers et les 13% restantscomme monoculture mécanisée (Rodrí-guez Saavedra et al. 1999).

    La zone caféière centrale fournit la ma-jorité des principaux marchés du pays. Leclone Dominico hartón est la variété laplus utilisée dans cette région. Dansd’autres régions productrices comme lesCaraïbes, l’Orénoque, le Pacifique etl’Amazonie, le clone prédominant est leHartón, plus adapté et productif en zonesd’altitude inférieures à 1000 m (RodríguezSaavedra et al. 1999).

    Selon la Corporación Colombia Interna-cional la consommation de bananes plan-tain en produit frais est estimée, pourl’année 1999, à 62 kg/personne/an, une desplus élevées au monde.

    Etat actuel de la culture du bananier plantain

    Dans le mondePour des raisons agro-climatiques, la cul-ture du bananier plantain est concentréeen Afrique, en Amérique latine et dans lesCaraïbes.

    Le tableau 1 montre que, en 1999, l’airemondiale du bananier plantain couvre4,8 millions d’hectares plantés produisant30,6 millions de tonnes. Les régions lesplus productrices du monde se trouventen Afrique et en Amérique latine avec res-pectivement 74,2% et 22,5% de la produc-tion mondiale contre 3,3% pour le conti-nent asiatique.

    Les quatre plus gros pays producteurspour le continent africain sont, dansl’ordre : l’Ouganda, le Rwanda, le Ghanaet le Nigéria; pour l’Amérique latine et lesCaraïbes : la Colombie et le Pérou etenfin, pour le continent asiatique : le SriLanka.

    La Colombie représente 39,1% de la pro-duction d’Amérique latine et des Caraïbeset 8,8% de la production mondiale,chiffres relativement stables ces huit der-nières années. Le Pérou suit avec une par-ticipation de 4,4% à la production mon-diale et de 19,5% à celle d’Amérique latineet des Caraïbes.

    Consommation mondialeLa plus grande partie de la productionmondiale de bananes plantain est presqueuniquement destinée à répondre aux be-soins internes des pays producteurs. Seule-ment 1% est commercialisé sur les mar-chés internationaux pour satisfaire lademande de consommateurs d’origine la-tine et, dans une proportion moindre, d’ori-gine africaine (CCI 2000).

    On estime que 10% des bananes plantainimportées par les Etats-Unis sont destinésà l’élaboration de produits dérivés dont la consommation a augmenté de 15%entre 1991 et 1995. Ce type de produitscontinue à être destiné aux communautésd’origine latino-américaine ou africaine.Mais on cherche aussi à cibler les consom-mateurs d’origine anglo-saxonne car ils re-présentent la majorité de la populationnord-américaine, ce qui fait de ce marchépotentiel l’un des plus recherchés par lesexportateurs de bananes plantain. Le mar-ché est couvert à 90% par les entreprisessuivantes : Mariquita, Migrand Chips, Goyafood et Chifles Chips (CCI 2000).

    Dans le marché de l’Union Européenne,les Pays Bas, la Belgique et l’Espagne sontles principaux pays importateurs qui, àleur tour, exportent le produit versd’autres membres de l’Union. Le marchéeuropéen du plantain vert est limité et re-lativement stable car la demande ne pro-vient que des communautés latino-améri-caine, caribéenne ou africaine. Lesprincipaux pays pourvoyeurs sont la Colom-

    bie et le Costa Rica bien que certains paysafricains participent également de façonmarginale à l’approvisionnement de cemarché (CCI 1998).

    Pays importateursLes Etats-Unis, l’Europe et le Japon sontles principaux importateurs de bananesplantain achetant 80% des exportations.Les Etats Unis importent uniquementd’Amérique latine et des Caraïbes : entreautres de Colombie, d’Equateur, du Vene-zuela, du Costa Rica et de République Do-minicaine. Le Japon se fournit aux Philip-pines, en Chine et en Afrique du Sud alorsque l’Union Européenne importe la bananeplantain de ses anciennes colonies maisaussi d’Amérique latine et des Caraïbes.L’Europe produit également ce que l’on acoutume d’appeller le « plantain commu-nautaire », qui provient d’Espagne, du Por-tugal, de Grèce ou des territoires et des dé-partements d’outre-mer français comme laMartinique et la Guadeloupe (RodríguezSaavedra et al. 1999).

    Pays exportateursColombie. Ce pays est considéré comme leprincipal exportateur de bananes plantain

    vers les marchés des Etats-Unis et del’Union Européenne, avec une croissancelente en terme de volumes exportés. En1995, on a exporté 105 000 tonnes pour36 millions de dollars US FOB, chiffreporté à 121 000 tonnes en 1998, pour42,1 millions de dollars US FOB, ce qui re-présente un taux de croissance positif de4,9%. Dans le cas des Etats-Unis, la Colom-bie est passée de 80 000 tonnes exportéespour 28 millions de dollars US CIF en 1992à 109 000 tonnes pour 40,4 millions de dol-lars US CIF en 1999, représentant unecroissance des volumes exportés de 4,6%. Equateur. C’est le deuxième pays exporta-teur après la Colombie. Ses exportationsvers les Etats-Unis ont considérablementdiminué ces huit dernières années avecune variation moyenne de 7,3%. La plusfaible participation a eu lieu en 1999 où onest passé de 57 000 tonnes pour 10,6 mil-lions de dollars US CIF en 1992 à 26 000tonnes pour 7,5 millions de dollars US CIFen 1999, ce qui représente un taux decroissance négatif de 10,6%. Le pays a fourni 13,1% du total importé par lesEtats- Unis en 1999. En revanche, les ex-portations vers l’Union Européenne ontaugmenté, passant de 396 tonnes en 1995 à 546 tonnes en 1998, ce qui représente untaux de croissance positif de 11,3%.Venezuela. C’est le troisième fournisseur debananes plantain pour le marché nord-américain : ses exportations ces huit der-nières années ont été en moyenne de 8,2%et sa participation au total importé par lesEtats-Unis en 1999 a été de 13%, égalantl’Equateur. Le pays a augmenté progressive-ment ses parts de marché, passant de 16 000 tonnes en 1992 pour 6,5 millions dedollars US CIF à 26 000 tonnes en 1999 pour17,2 millions de dollars US CIF, soit un tauxde croissance positif de 6,8%. En revanche,sa participation a diminué sur le marché del’Union Européenne où on est passé de 33 tonnes en 1994 à 12 tonnes en 1998, cequi représente un taux de croissance néga-tif de 22,4%. Cette situation a été mise àprofit par le Costa Rica et la Colombie pouraugmenter leurs parts de ce marché.

    Prix internationauxDe façon générale, le prix de la bananeplantain n’a pas augmenté de façon signifi-cative sur le marché nord-américain aucours des huit dernières années. La Répu-blique Dominicaine obtient le prix moyenle plus élevé avec 0,58 dollar US/kg, suiviepar le Venezuela avec 0.45 dollar US/kg, leCosta Rica et la Colombie avec 0.39 dollarUS/kg et enfin l’Equateur avec 0.19 dollarUS/kg.

    La figure 1 montre que le Venezuela dé-tient le record historique des prix face à laColombie et à l’Equateur. Ceci s’expliquepar la taille plus grande de la banane plan-tain vénézuélienne par rapport à celle dela banane plantain colombienne ou équato-

    INFOMUSA — Vol 10, N° 1 5

    Tableau 1. Production mondiale de banane plantain en 1999 (FAO 1999).

    Région Aire Rendement Production(103 ha) (t/ha) (103 t)

    Amériquelatine et Caraîbes 830,7 8,30 6 898,0

    Afrique 3 966,5 5,72 22 706,7

    Asie 89,0 11,39 1 013,3

    Total 4 886,2 6,27 30 618,0

  • rienne : cela la rend très appréciée descommunautés latino-américaines résidantaux Etats Unis, et plus particulièrement àMiami et à New York, où est concentrée laplupart des latino-américains et des cari-béens consommateurs de plantain vert. Sur les marchés européens, les prix de labanane plantain sont supérieurs au prixnord-américain. Cela est dû principale-ment aux coûts élevés du fret et des tarifsdouaniers sans oublier qu’il s’agit d’un pro-duit exotique sur ce type de marché. La Fi-gure 2 montre que le prix a varié entre 0,06et 1,64 dollar US le kg de plantain frais.D’autre part, le prix le plus élevé a été ob-tenu par un pays africain, le Ghana : 1,53dollar US/kg en moyenne sur quatre ans,suivi par l’île de la Dominique (Petites An-tilles) avec 0,99 dollar US/kg et le Vene-

    zuela avec 0,75 dollar US/kg (ce dernierpays accuse un taux d’évolution des prixnégatif de 77,5% de l’année 1996 par rap-port à 1998), puis par le Costa Rica avec0,63 dollar US/kg et enfin la Colombie avec0,58 dollar US/kg en moyenne. Le compor-tement des prix de ces deux dernières an-nées a été stable sur la période analysée.

    Il est à noter que le produit colombien aatteint des niveaux supérieurs à ceux duproduit costaricien en France et en GrandeBretagne en 1998. En Grande Bretagne, leprix a varié entre 0,4 et 1,7 dollar US/kg. Apartir de février 1999, le produit colombiena été payé entre 0,1 et 0,5 dollar US/kg demoins que le produit costaricien du faitd’une offre moindre en provenance de larégion de Uraba. Les prix sur les marchésoù sont réexportées les bananes plantain

    sont sensiblement plus élevés. Or, on réex-porte la banane plantain sur les marchésde France et d’Angleterre toute l’année,les meilleurs prix étant obtenus en Angle-terre (CCI 1998, CCI 2000).

    La culture de la banane plantainau plan national

    Distribution des zones productricesLe tableau 2 représente la répartition de laproduction selon les zones géographiquesnaturelles en 1999. La région andine appa-raît comme la zone productrice la plus im-portante avec 64% de l’aire cultivée produi-sant 67% du total national. Suivent, parordre d’importance, la région Pacifiqueavec 12% de l’aire cultivée produisant 9% dutotal ; puis les régions des Caraïbes, del’Orénoque, d’Amazonie, des îles de San An-drés et de Providencia qui participent àhauteur de 24% pour la production et l’airecultivée du total national.

    Les départements possédant les plusgrandes surfaces cultivées et production auniveau national sont l’Antioquia, le Quindíoet le Tolima avec respectivement 14%, 10%et 9% des surfaces en culture. En ce quiconcerne la production, le Quindío et l’An-tioquia représentent 14% et le Tolima 10%.

    La production de bananes plantain pro-vient pour 81% de systèmes d’associationavec le café, 15% de monoculture et 4% decultures intercalaires.

    Types de producteursEn se fondant sur le nombre d’hectarescultivés et le genre de l’exploitation, onpeut établir quatre catégories de produc-teurs (petit, moyen, grand et industriel)(tableau 3) dont le système de culture do-minant est l’association puis, à une échellemoindre, la monoculture (Rodríguez Saa-vedra et al. 1999).

    Dans tous les cas, la production est com-mercialisée localement, nationalement ouinternationalement selon les volumes obte-nus, exception faite de celle du petit pro-ducteur qui la réserve à sa consommationpersonnelle ou à l’alimentation animale.

    Les exploitations industrielles et parfois,les grands producteurs, possèdent des as-sistances techniques spécialisées alors quela majorité des petits et moyens produc-teurs ne disposent pas de ce genre de ser-vices (Rodríguez Saavedra et al. 1999).

    Consommation nationaleEn Colombie, le bananier plantain est uneculture de grande importance stratégiqueau sein du secteur rural. De plus, il occupeune situation privilégiée dans la distribu-tion alimentaire urbaine. La banane plan-tain se consomme aussi bien verte que trèsmûre et est préparée selon des recettesdifférentes dans les diverses régions dupays. On la trouve également sous forme defarine, de chips ou de snacks mais la trans-

    6 INFOMUSA — Vol 10, N° 1

    0,360,35

    0,340,32 0,32

    0,400,40

    0,37

    0,19 0,19

    0,01 0,01

    0,250,29 0,29

    0,29

    0,40

    0,32

    0,36 0,33 0,37

    0,50

    0,63

    0,66

    0,00

    0,10

    0,20

    0,30

    0,40

    0,50

    0,60

    0,70

    1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

    Années

    US$

    /kg

    /pla

    nta

    in

    Colombie Equateur Venezuela

    0,51 0,550,63 0,60 0,60

    0,62 0,590,63 0,65 0,65

    1,46

    1,31

    1,62 1,64 1,64

    1,08

    1,34

    0,890,82

    0,820,97

    1,00

    1,18

    0,56

    0,060,00

    0,20

    0,40

    0,60

    0,80

    1,00

    1,20

    1,40

    1,60

    1,80

    1994 1995 1996 1997 1998

    Années

    US$

    /kg

    /pla

    nta

    in

    Colombie

    Costa Rica Ghana

    Dominique

    Venezuela

    Figure 1. Prix d’achat CIF par les USA en dollar US/kg de bananes plantain en provenance de Colombie, Equateur et Venezuela (1992–1999, Calculs de Corpoica Regional Nueve, Oficina de Planeación, sur des données du CCI 1999).

    Figure 2. Prix d’achat CIF en dollar US/kg du plantain frais par l’Union Européenne en 1994–1998(Calculs Corpoica Regional Nueve, Oficina de Planeación, sur des données du CCI 1999).

  • formation industrielle ne représente qu’untrès faible pourcentage de la production.

    La consommation de plantain frais achuté ces huit dernières années, passantde 73,3 à 61,9 kg/personne/an, soit un tauxde croissance négatif de 2,4% de 1992 à1999. La consommation per capita de ba-nane plantain transformée a, par contre,augmenté de 6% sur la même période, pas-sant de 0,02 à 0,03 kg/personne/an. Cecis’explique par les changements des com-portements alimentaires : la tendance estaux produits transformés (CCI 2000).

    Quant à la demande agro-industrielledu produit, on constate que les perspec-tives sont favorables. La consommationest en effet passée de 900 tonnes en 1992à 2000 tonnes en 1999, ce qui représenteun taux de croissance de 12,1%. Les indus-tries de transformation considèrent quece comportement peut se poursuivre dansles cinq ans à venir si l ’ intérêt desconsommateurs pour ce type de produitne faiblit pas (CCI 2000).

    La figure 3 montre que, sur la totalité del’offre nationale de banane plantain, Bo-gota est le plus gros consommateur avec29% répartis en 70% de Hartón et 30% declones divers comme Cachaco et Dominicohartón. Suivent les marchés de Medellin etde Cali avec respectivement 17% et 14% ré-partis en 80% de Dominico hartón et 20%de Hartón. Barranquilla vient en dernieravec 5% de la consommation nationale, enmajorité du plantain Hartón. Près de 20%des consommateurs des marchés de Cali,de Barranquilla et de Bogota ainsi que 32%de ceux de Medellin préfèrent la bananeplantain mûre (CCI 2000).

    Création d’emploisLa culture mécanisée, traditionnelle ouintercalaire d’un hectare de bananiersplantain génère respectivement la créa-tion de 1,68, 0,39 et 0,19 emplois directspermanents par ha et par an. Conformé-ment à ce qui précède, on estime qu’unhectare de bananier plantain génère enmoyenne 0,75 emplois permanents par an.Ce qui, rapporté à l’aire cultivée natio-nale, donne environ 288 375 créationsd’emplois directs permanents par an. Ceciéquivaut à 58 000 familles de cinq per-sonnes se consacrant aux travaux de cul-ture du bananier plantain.

    Prix nationauxBien que la banane plantain soit un pro-duit de production permanente, lesépoques de récolte sont influencées pardes facteurs externes comme la productionet le ramassage du café ou bien encore pardes saisons extrêmement froides. Ces mou-vements ou périodes de production sont àleur tour à l’origine de mouvements dehausse et/ou de baisse des prix en fonctiondes volumes de l’offre et de la demande(Rodríguez Saavedra et al. 1999).

    Il faut noter que les trois principauxmarchés de gros du pays (Bogota, Cali etMedellin) ont un comportement identiquetant pour l’offre que pour la demande, etce, bien que la banane plantain soit unproduit de récolte permanente (RodríguezSaavedra et al. 1999).

    Les variations saisonnières des prix cou-rants de 1992 à 1999 sur les trois marchésde gros du pays sont reportées sur la fi-gure 4. On peut y constater que ces prix su-bissent une hausse entre janvier et avril,avec un prix inférieur à Bogota. Pour ledeuxième semestre, on observe une baissedes prix à Cali et à Medellin et un maintienà Bogota de prix très élevés jusqu’en sep-tembre. Ensuite la situation est inversée.

    INFOMUSA — Vol 10, N° 1 7

    Tableau 2. Surfaces cultivées, production et rendement de la culture du bananierplantain en 1999 dans différentes régions de Colombie. (Carlos Humberto Gutiérrez,Minagricultura, juin 2000).

    Région Surface Production Rendement % Production % Surface cultivée (ha) t/an t/ha/an cultivée

    Caraïbe

    Guajira 2 276 14 339 6,3 0,58 0,63

    Magdalena 1 780 11 715 6,6 0,47 0,50

    Cesar 3 381 23 905 7,1 0,97 0,94

    Atlántico 418 3 201 7,7 0,13 0,12

    Bolívar 5 417 35 980 6,6 1,46 1,51

    Sucre 1 027 4 886 4,8 0,20 0,29

    Córdoba 25 101 169 496 6,8 6,87 7,00

    Sous-total 39 400 263 522 6,7 10,68 10,99

    Pacifique

    Choco 16 245 98 541 6,1 3,99 4,53

    Cauca 5 576 34 937 6,3 1,42 1,56

    Nariño 20 561 88 681 4,3 3,60 5,74

    Sous-total 42 382 222 159 5,2 9,01 11,82

    Andine et Interandine

    Antioquia 49 594 340 041 6,9 13,78 13,83

    Valle del Cauca 11 985 127 283 10,6 5,16 3,34

    Caldas 18 651 106 675 5,7 4,32 5,20

    Risaralda 18 135 72 227 4,0 2,93 5,06

    Quindío 36 080 345 262 9,6 14,00 10,06

    Tolima 32 972 234 581 7,1 9,51 9,20

    Cundinamarca 12 808 127 932 10,0 5,19 3,57

    Boyacá 3 305 39 413 11,9 1,60 0,92

    Santander 8 530 70 842 8,3 2,87 2,38

    Norte Santander 12 475 89 223 7,2 3,62 3,48

    Huila 26 638 95 310 3,6 3,86 7,43

    Sous-total 231 173 1 648 789 7,1 66,84 64,48

    Orenoque

    Arauca 8 909 60 976 6,8 2,47 2,49

    Casanare 2 367 19 439 8,2 0,79 0,66

    Vichada 157 1 413 9,0 0,06 0,04

    Meta 11 458 117 881 10,3 4,78 3,20

    Sous-total 22 891 199 709 8,7 8,10 6,39

    Amazonie

    Amazonas 243 413 1,7 0,02 0,07

    Caquetá 10 094 61 629 6,1 2,50 2,82

    Guainía 547 3 702 6,8 0,15 0,15

    Guaviare 4 252 21 718 5,1 0,88 1,19

    Putumayo 7 033 41 333 5,9 1,68 1,96

    Vaupés 476 3 630 7,6 0,15 0,13

    Sous-total 22 645 132 425 5,8 5,37 6,32

    San Andrés y Prov. 14 152 10,9 0,01 0,00

    TOTAL 358 505 2 466 756 6,9 100,00 100,00

    Tableau 3. Types de producteurs, taillede l’exploitation et système de culture(Rodríguez Saavedra et al. 1999).

    Type de Taille de Système deproducteur l’exploitation (ha) culturePetit 0,1-5,0 Intercalaire*

    Associé**Monoculture

    Moyen 5,1-15,0 AssociéMonoculture

    Grand 15,1- 30,0 AssociéMonoculture

    Industriel Supérieure à 30,1 AssociéMonoculture

    *Sans distribution spatiale uniforme, qui peut inclure diversesespèces de plantes cultivées

    **Sa répartition obéit à des systèmes de plantation définis enaccord avec la plante associée principale.

  • Finalement, les prix diminuent sur les troismarchés de gros entre novembre et décembre

    Il y a une déterioration des revenus réelsen fonction du temps aussi bien chez lesproducteurs que chez les revendeurs àcause de divers facteurs parmi lesquelsl’influence du phénomène « el Niño » qui aperturbé le climat de mars 1997 au pre-mier semestre 1998 et de celui de « laNiña » qui a débuté au deuxième semestre1998 et est prévu jusqu’au premier se-mestre 1999. Ces perturbations ont in-fluencé directement les niveaux de produc-tion et entraîné une offre réduite et desprix élevés.

    Commercialisation

    Canaux de commercialisationLa commercialisation de la banane plan-tain est très difficile en raison de la disper-sion des zones de production, de l’absenceou du mauvais état des voies de communi-cation avec les centres urbains de consom-mation et de l’approvisionnement irrégu-lier du marché par les grossistes et lesintermédiaires qui imposent les prix. Deplus, des produits périssables comme la ba-nane plantain subissent des détériorationscontinuelles du fait d’une mauvaise gestionpost-récolte, ce qui augmente les pertes enqualité et en quantité de la production et

    donc influence le prix final (RodríguezSaavedra et al. 1999).

    Comme la banane plantain est un fruitqui se consomme généralement frais et quesa commercialisation est immédiate, elleprésente des caractéristiques spécifiques demise sur le marché communes à toutes lesdenrées périssables, lesquelles ont un sys-tème complexe de production et une distri-bution difficile à rationnaliser. Dans ce pro-cessus interviennent beaucoup deproducteurs et peu de grossistes chargés dedistribuer massivement la banane plantainau consommateur. Comme ces grossistessont peu nombreux, les informations sur leproduit circulent rapidement entre eux etcela leur permet de s’entendre entre autressur les prix et les quantités de produit àmettre sur le marché (Rodríguez Saavedraet al. 1999, CCI 2000).

    Pour la banane plantain en effet, la majo-rité des producteurs sont de petits produc-teurs très dispersés qui vendent générale-ment le fruit sur place. Aussi lesintermédiaires jouent-ils un rôle essentieldans la coordination des achats, le transportet la mise en vente de la banane plantain, cequi leur permet d’empocher une grande partiede la valeur ajoutée au produit au cours duprocessus (Rodríguez Saavedra et al. 1999).

    Les marchés traditionnels constitués parles centrales d’achat, les places de marché,les marchés forains, quelques supermarchéset boutiques sont caractérisés par la mainmise des intermédiaires. Pour définir lesconditions de négociation, et du fait de l’hé-térogénéité du produit, il est nécessaire deprésenter la totalité des bananes plantain àl’endroit de la transaction (Rodríguez Saave-dra et al. 1999).

    Le marché spécialisé est caractérisé parune structure appropriée où se déroulent lesprocessus de sélection, de tri et d’embal-lage. Les chaînes de supermarchés, sous ré-serve de leur avoir présenté un échantillondu produit, avoir satisfait leurs exigences in-ternes de qualité et garanti leur approvi-sionnement, acceptent ou non les arrivagesdes fournisseurs. Généralement ce type detransaction fixe une fourchette de prix afind’éviter des écarts trop brutaux et imposeune classification du produit conforme auxqualités habituellement commercialisées(Rodríguez Saavedra et al. 1999)

    Le marché national de la banane plantainrépond comme partout aux exigences del’offre et de la demande mais manque d’unorganisme régulateur, ce qui a contribué audéveloppement de canaux complexes decommercialisation. Dans ce contexte, onpeut identifier cinq canaux principauxconduisant au consommateur :

    collecteur>grossiste>détaillantfournisseur>grossiste>supermarchéproducteur>supermarché grossiste>agro-industrieet producteur>agro-industrie(Rodríguez Saavedra et al. 1999, CCI 2000).

    8 INFOMUSA — Vol 10, N° 1

    Figure 3. Répartition de la consommation de banane plantain en Colombie (CCI 2000).

    Barranquilla5% Bucaramanga

    4% Cali14%

    Cartagena2%

    Cúcuta2%

    Medellín17%

    Autres26%

    Santafé de Bogotá30%

    0,85

    0,90

    0,95

    1,00

    1,05

    1,10

    jan. fév. mar. avr. mai juin juil. août sep. oct. nov. déc.

    Ind

    ice

    Bogota Cali Medellín

    Figure 4. Indice des variations saisonnières des prix de la banane plantain sur les trois principauxmarchés de gros du pays. 1992-1999 (Calculs Corpoica Regional Nueve, Oficina de Planeación, sur desdonnées de Cordicafé et du CCI 1992-1999).

  • Pertes après récolte sur l’exploitationLes pertes de fruits après récolte sont esti-mées à 10%. Sachant que, pour 1999, la pro-duction nationale est de 2,5 millions detonnes de bananes plantain, les pertes totalesen fruits sont évaluées à 250 000 tonnes, cequi représente près de 62,5 milliards de pesos(36 millions de dollars US), en utilisant pourcette estimation un prix moyen de vente surplace de la production de 250 pesos colom-biens/kg (1 dollar US = 1 758,11 pesos colom-biens en 1999). Ces chiffres illustrent bien lanécessité de mettre au point un processus quipermette, en plus d’éviter ces pertes écono-miques, de générer de la valeur ajoutée auproduit frais et d’éviter les problèmes de pol-lution dus aux résidus agricoles de produitsmal utilisés.

    Les causes des pertes sont principalementle faible niveau technologique au niveau de laculture, une récolte inadéquate, la manipula-tion inefficace du produit depuis le lieu deproduction jusqu’à celui de consommation etle manque de conformité du produit. L’embal-lage et surtout le transport sont les facteursqui affectent la qualité et la présentation dufruit car l’intermédiaire ne porte aucun inté-rêt à l’amélioration du système d’emballagepour le transport du fruit. La plupart dutemps, les régimes sont transportés en vrac cequi entraîne coups et meurtrissures et parconséquent une mauvaise présentation et unebaisse de la qualité (Rodríguez Saavedra et al.1999).

    Dans le cas des marchés spécialisés, le produit est emballé et transporté encaisses qui protègent le fruit pendant lesopérations de distribution, ce qui permet aufinal une meilleure acceptation du produit par le consommateur (RodríguezSaavedra et al. 1999).

    Développement agro-industrielLa culture de bananiers plantains Hartón etDominico hartón dans des zones chaudes faci-lite l’épluchage des fruits, ce qui les rend po-tentiellement plus faciles à transformer. Lesindustries de transformation ont établi desdistinctions entre les deux clones : la teneuren eau et la dimension sont plus importantespour le fruit du clone Hartón et la teneur enmatière soluble pour celui du clone Dominicohartón. D’autre part, il faut préciser qu’il n’y aaucun résultat concluant permettant une tellecaractérisation des deux clones et de leursavantages pour l’agro-industrie (CCI 2000).

    En Colombie, on préfère consommer le fruitfrais et très peu sous forme de farine ou dechips. Le développement agro-industriel de labanane plantain dans la zone caféière cen-trale est récent. Au début de l’an 2000 s’estétabli à Murrillo, municipalité d’Armenia, uneusine agroalimentaire où sont élaborés des« patacones » (portions de banane écraséespuis frites dans un bain d’huile) de deuxtailles différentes et des rondelles qui sontcongelées en vue de leur distribution ulté-rieure dans les supermarchés. La banane

    plantain est également emballée et congeléeentière pour certaines agro-industries qui ex-portent la banane plantain sous formed’amuse-gueules, de farines ou congelée versles marchés internationaux.

    Selon Day (1987), il est possible, après larécolte, d’utiliser le pseudotronc, les feuilles,les fleurs et les racines pour faire, entreautres, de la farine, du vinaigre, du papier, desgalettes comestibles, de l’aggloméré, des ali-ments pour animaux, de la teinture.

    Dans la région de l’axe caféier central, ilexiste de grandes attentes pour le développe-ment agro-industriel futur.

    Opportunités du marché de la bananeplantain au niveau national et internationalLa Colombie pourrait amplifier son offre surle marché nord-américain, en particulier sousla forme d’amuse-gueules et d’aliments pourenfants, dans la mesure où la consommationdu plantain frais ou transformée augmentedans les groupes latino-américains, africains,anglo-saxons et européens (CCI 2000).

    Selon les prévisions du Ministère de l’Agri-culture pour l’an 2000, la production ne satis-fera pas la demande du marché internemême si la consommation du produit frais adiminué. Cela implique que l’on dispose denouvelles surfaces à cultiver ou que l’onmette en place un processus de transfert detechnologies pour mécaniser quelques exploi-tations en cultures intensives afin de ré-pondre aux besoins non satisfaits. On évite-rait ainsi l’importation croissante de bananesplantain en provenance d’Equateur et du Ve-nezuela (CCI 2000). ■

    RéférencesCorporación Colombia Internacional (CCI). 2000.

    http ://www.cci.org.co

    Corporación Colombia Internacional (CCI). 1999.Boletín CCI : SIM. Perfil de Producto Plátano No. 7. enero–marzo. 16pp.

    Corporación Colombia Internacional (CCI). 1998.Inteligencia de Mercados. Precios Internacio-nales de Bananito (Musa acuminata). BoletínNo. 4, octubre.

    Corporación Colombia Internacional (CCI). 1998.Inteligencia de Mercados. Precios Internacio-nales de Plátano Verde. Boletín No. 3, sep-tiembre.

    Corporación Colombia Internacional (CCI). 1998.Sistema de Información de precios y volúmenestransados. “SIPSA”. Precios mayoristas 3(42), oc-tubre 10 al 16.

    Day B. 1987. Suculenta Fruta Tropical. Revista Se-lecciones : 76-80.

    FAO. 1999. http ://www.fao.orgRodríguez Saavedra A. & J.-L. Rodríguez Martínez.

    1999. Aspectos Socioeconómicos del Cultivo delPlátano en Colombia. Oficina Regional de Pla-neación - Corpoica, Regional Nueve. Manizales,abril.

    Rodríguez Martínez J.-L., A. Rodríguez Saavedra &S. Belalcázar Carvajal. 1998. Importancia Socioe-conómica del Cultivo del Plátano en la Zona Cen-tral Cafetera (Segunda Versión) Oficina Regionalde Planeación - Corpoica, Regional Nueve. Mani-zales, marzo.

    Ministerio de Agricultura y Desarrollo Rural, Ofi-cina de Información y Estadística. 2000. Area Co-sechada, Producción y Rendimiento del Cultivodel Plátano por Regiones Naturales en Colombia.Información telefónica. Bogotá, D.C.

    INFOMUSA — Vol 10, N° 1 9

    Agro-économie Production et utilisation des feuilles

    José Luis Rodríguez Martínez travaille comme économiste et Alfredo Rodríguez Saavedra commeDirecteur de la Oficina de Planeación, CorporaciónColombiana de Investigación Agropecuaria (Corpoica)Regional 9, Apartado 1287. PBX : (0968) 876197Fax : (0968) 876204 Manizales, Caldas, Colombia. E-mail : [email protected]

    E. Echeverry Navarro

    La zone plane et chaude du centre suddu département de Tolima est habi-tée dans sa quasi totalité par des in-digènes descendants de la tribu des «Pi-jaos» dont beaucoup, réunis en conseilsmunicipaux indigènes, se consacrent àl’agriculture et à l’élevage à petite échelle.

    Parmi leurs habitudes agricoles de sub-sistance, l’une des principales espècesqu’ils cultivent est le bananier plantain duclone appelé “Cachaco común” (MusaABB, Simmonds) qu’ils destinent à la pro-

    duction de feuilles à assouplir au feu pourl’industrie agro-alimentaire. Ce clone adémontré une très bonne adaptabilité, à 400 m d’altitude, dans des conditionsédaphiques et climatiques difficiles, ca-ractérisées par des sols dégradés de faiblefertilité, un climat chaud et sec, 1000 à1300 mm de précipitations mal répartiespar an et une température moyenne annuelle de 25°C.

    A l’intérieur de la zone étudiée (600 ha),4500 à 5000 personnes participent à la pro-duction de feuilles assouplies au feu et vi-vent des revenus procurés par leur venteen ballots de 50 feuilles. Dans ce processus

    Production de feuilles de bananierplantain assouplies au feu pourl’industrie agro-alimentaire

  • de production n’interviennent que desgroupes familiaux composés des pères etde leurs fils, quelque soit leur âge.

    La feuille de bananier plantain “Cachacocomún” est la plus utilisée pour envelopperet contenir les aliments cuisinés parcequ’elle ne provoque aucun changement despropriétés organoleptiques des aliments etqu’elle est tout à fait stérilisée après sonpassage au feu ou à la flamme pour l’assou-plir. Ce n’est pas le cas avec les feuilles debananiers plantain appartenant à desclones différents, comme le «Harton», parexemple, qui donne, entre autres, une cou-leur verdâtre aux tamales1 et aux fromagesemballés dans ses feuilles. Le tamale a uneodeur particulièrement agréable quand ilest enveloppé dans une feuille de bananierplantain “Cachaco común”.

    On ne connaît pas de travaux antérieursà celui-ci portant sur des plantations debananiers plantain du clone “Cachacocomún” exclusivement dédiées à la pro-duction de feuilles pour l’industrie agro-alimentaire. Ceci explique qu’on neconnaisse pas les réactions de la planteface à une défoliation fréquente et sévère.On peut s’attendre à ce que la plante ac-célère l’émission de feuilles et en aug-mente le nombre, comme le rapporte Be-lalcazar (1991), à moins qu’au contraireelle n’en diminue le nombre, mais c’estmoins probable.

    Quand un petit cultivateur de bananierplantain “Cachaco común” décide de pro-duire des feuilles, on sait à l’avance qu’ilpréfère vendre des feuilles toutes les se-maines ou tous les quinze jours plutôtqu’un régime par an. D’autant que les ré-gimes produits dans ces conditions, quandils existent, sont très petits, faute defeuilles et donc de photosynthèse pourbien en remplir les doigts.

    Actuellement, le ballot de 50 feuilles debananier plantain assouplies au feu sevend de 2000 à 2500 pesos colombiens,soient de 1 à 1,25 dollars US, équivalentplus ou moins au prix d’un régime de ba-nanes plantain. En un an, la production defeuilles par bananier est de 150 à 175, re-présentant une valeur de 6000 à 7500 pesosalors qu’il n’y a qu’un régime commerciali-sable de plantain “Cachaco” qui lui, vaut àpeine 2500 pesos.

    Sur la même plantation, les années suivantes, la production de feuilles se pour-suit de façon stable et continue, et peutmême augmenter, alors que la productionde régimes diminue tant en qualité qu’en quantité après le premier cycle deproduction.

    Revue bibliographiqueSelon les études faites par Martinez(1984), Arévalo (1986) et Belalcázar(1991), le bananier plantain peut conser-ver jusqu’à 16 feuilles fonctionnelles, éri-gées, vertes et saines. Ceci correspond à un

    cycle de croissance d’environ 120 à 130 jours par feuille et ce, quand les condi-tions agro-météorologiques (sol, précipita-tions, température, vent et humidité rela-tive essentiellement) sont favorables audéveloppement de la plante et qu’il n’y apas de maladies, surtout du feuillage. Ladéfoliation ou élimination de feuilles a étéjusqu’à présent de nature phytosanitairesur les bananiers plantain : elle consiste àsupprimer toutes les feuilles infectées oucelles qui sont sèches à plus de 60%.

    En général, les dimensions des feuillesde bananiers plantain adultes mesurent 70à 100 cm de large et de 150 à 400 cm delong, avec des corrélations foliaires qui os-cillent entre 2 et 4 en fonction du clonecultivé, des conditions climatiques et dusol. L’épaisseur de la feuille varie de 0,35 à1 mm selon la portion de limbe considéréet le stade de polyploïdie (Champion 1978,Belalcázar 1991).

    Dans de bonnes conditions et dans sonmilieu, un bananier plantain émet unefeuille tous les 8 à 10 jours. On sait parailleurs que, pour obtenir un bon régimede bananes plantain, il faut que le pied aitau moins 7 à 8 feuilles fonctionnelles aumoment de la floraison (émission de lafleur mâle) (Arcila et al. 1994, Belalcazaret al. 1996, Martinez 1984).

    Dans d’autres études, on a montré que lebananier plantain a besoin de 8 feuillesfonctionnelles pour que la taille et le poidsdu régime ne soient pas diminués (Marti-nez 1984). Quand il y a seulement 4 à 6feuilles fonctionnelles pendant la durée ducycle végétatif, le poids du régime est ré-duit de 50 et 40% respectivement.

    D’autre part, Belalcázar (1991) a égale-ment souligné que, quand on coupe nonseulement les feuilles sèches mais aussi lesvertes avant la floraison, on obtientquelques avantages par cette défoliation,parmi lesquels:• Le renforcement des processus physiolo-

    giques de la plante entraînant une aug-mentation de la production.

    • Une meilleure pénétration de la lumièrejusqu’au pied de la plante, stimulant lebourgeonnement et le développementdes rejets.

    • Une aération facilitée, diminuant l’humi-dité relative dangereusement propice audéveloppement de maladies.

    • Une décomposition plus rapide de la ma-tière organique.

    • La diminution des pertes en eau partranspiration en période de sécheresse. Des recherches menées entre autres par

    Belalcázar (1991), Martinez (1984) et Mer-

    chán (1994) confirment que le bananierplantain émet de 36 à 39 feuilles à peu prèsdurant toute sa période végétative, sauf encas de conditions climatiques extrêmes dif-ficiles à maîtriser.

    De l’avis de Belalcázar et. al. (1998), detous les clones de bananiers plantain tri-ploïdes à codominance balbisiana (ABB),le “Cachaco común” apparaît comme lemeilleur par sa rusticité et sa tolérance àl’égard des conditions de sécheresse et destress hydrique.

    MatérielCette étude s’est déroulée pendant 15 mois, de novembre 1996 à janvier 1998,dans l’exploitation d’un agriculteur situéeau lieu-dit «Agua Fría», localité deCoyaima, Centre Sud du département deTolima (Colombie). La propriété est à 400 m d’altitude. Elle reçoit des précipita-tions annuelles de 1000 à 1300 mm, mais derépartition bimodale irrégulière, et la tem-pérature moyenne annuelle est de 25°C.

    L’année 1997 a été une année atypiquedu point de vue climatique : de façon géné-rale, les pluies ont été très rares toutel’année à cause du phénomène météorolo-gique provenant du Pacifique appelé «elNiño». Cette sécheresse a entraîné la dis-parition de nombreuses petites plantationsde bananiers plantain ainsi que, de tempsà autre, une flambée des prix des ballotsde feuilles qui passaient de 1500 à 3500pesos colombiens l’unité, prix considérécomme très élevé par les intermédiaires etles grossistes mais jugé très convenablepar les agriculteurs.

    La propriété où l’étude a été menée a unsol franc et limoneux. De pH 6,9, ce sol pré-sente un faible pourcentage de matièresorganiques (1,3%), une quantité moyennede soufre (6,0 ppm), des quantités élevéesde phosphore (42,9 ppm), de cuivre (1,13ppm), de fer (18,4 ppm) et de manganèse(37,02 ppm), de faibles quantités de zinc(0,72 ppm) et de bore (0,19 ppm), de fortesteneurs en calcium (18,43 meq/100 g desol) et en magnésium (4,03 meq./100 g desol), une faible teneur en potassium (0,15 meq/100 g de sol) et une teneur ensodium normale (0,10 meq/100 g de sol).

    On a planté des bananier plantain duclone “Cachaco común”. Celui-ci ayant lemeilleur comportement sur la zone grâce àsa rusticité et sa tolérance à la sécheresse,est aussi le plus utilisé pour produire desfeuilles assouplies au feu destinées à l’in-dustrie agro-alimentaire des tamales, fro-mages, envueltos2 de plantain, de maïs, deriz, etc. On n’a employé aucun fertilisant nipesticide d’aucune sorte.

    MéthodologieOn a planté 96 rejets dans des trous de 30 cm x 30 cm x 30 cm et à 2 m x 2 m dedistance, conformément aux habitudes dela région.

    10 INFOMUSA — Vol 10, N° 1

    1 Le tamale est un plat typique colombien composé depoulet, de légumes et de farine de maïs, le tout cuit àl’étouffée dans une feuille de bananier.2 L’envuelto est une galette à base de maïs, de pomme deterre ou de banane plantain enveloppée dans une feuille debananier.

  • Une analyse de sol a été réalisée maisaucune fertilisation n’a été pratiquée en-suite. Dans une précédente expérimenta-tion, l’application de fertilisants inorga-niques comme l’azote (urée à 46% de N) etle potassium (chlorure de potassium à 60%de K2O) avait entraîné le noircissementtotal des feuilles à leur passage au feu eton n’avait pas pu les utiliser dans l’indus-trie agro-alimentaire à cause de cela.

    Le contrôle des mauvaises herbes s’est ef-fectué à la main et à trois reprises pendantla durée de l’expérimentation (15 mois). Iln’y a pas eu d’élimination des rejets. Surchaque emplacement, autour de chaquepied-mère, on a laissé pousser tous les bour-geons axillaires comme il est de coutumedans la région : plus il y a de plantes parsite, plus il y a de feuilles à récolter.

    On a travaillé en randomisation totaleavec quatre protocoles et trois répétitionspour chacun. Les protocoles consistaient àlaisser 3, 4, 5 ou 6 feuilles sur toutes lesplantes d’un site après chaque récolte oucoupe de feuilles comme indiqué sur le tableau 1.

    Chaque protocole a été appliqué à unerangée de huit plantes ou de huit emplace-ments, comprenant chacun un pied-mèreet ses rejets.

    Les trois premières coupes ont été faites àintervalles de trois semaines. Ensuite, enl’absence de pluies, les autres coupes sesont succédées toutes les quatre semaines,jusqu’à atteindre un total de huit récoltes defeuilles, chiffre considéré comme peu élevépour une période de 14 mois. En conditionde pluviométrie normale, il se forme unefeuille tous les huit jours et en période desécheresse, une tous les 10 ou 12 jours.

    Résultats et discussion

    Paramètres de croissance Le tableau 2 présente les résultats des me-

    sures de croissance réalisées durant les huitrécoltes de feuilles de l’expérimentation.

    Les valeurs moyennes des paramètres decroissance (hauteur et diamètre) pour lebananier plantain “Cachaco”, dans la loca-lité de Coyaima, Tolima (Tableau 2), nemontrent pas de différences statistique-ment significatives, ce qui suggère que ladéfoliation systématique, et à différents ni-veaux, n’a pas eu d’influence sur le déve-loppement végétatif des plantes.

    Paramètres de production de feuilles Sur le Tableau 3 sont exposés les deux

    paramètres mesurés immédiatement aprèsla récolte des feuilles, et servant d’indica-teurs de la biomasse produite dans lecadre de chaque protocole.

    En considérant le nombre total defeuilles commercialisables récoltées pen-dant les huit coupes faites au cours de l’ex-périmentation, les valeurs obtenues indi-quent clairement que la meilleure formule

    est le protocole No.1, suivi par les No. 2 et3, qui produisent respectivement 72,6% et65,2% du No. 1. Le No. 4 a produit le pluspetit nombre de feuilles, soient seulement42,4% du No. 1.

    Poids, longueur et largeur des feuilles Le poids d’une feuille n’est pas un para-mètre décisif ou essentiel pour la produc-tion de feuilles destinées à l’industrie agro-alimentaire car ce n’est pas lui quidétermine le prix à payer pour la feuille.Les critères les plus importants sont la lon-gueur, la largeur et surtout l’état sanitairedes feuilles.

    La longueur et la largeur des feuilles nesont pas des caractéristiques très précises.Une feuille de bananier plantain “Cachacocomún” est considérée apte à envelopperou à contenir des tamales, des fromages,des envueltos ou d’autres produits alimen-taires du moment que son limbe ou que salame foliaire mesure plus d’un mètre delong et 30 cm de large en sa partie cen-trale. Ces deux paramètres ont été mesu-rés pendant l’expérimentation, à chaquecoupe ou récolte de feuilles, uniquement àtitre de référence. On peut souligner que lafeuille de plus grande longueur a été ren-contrée dans le protocole No. 2 : 206 cm delong sans pétiole et 69 cm de large dans sapartie centrale, suivie par une feuille de196 cm de long et 67 cm de large, issue duprotocole No. 4.

    Epoque des coupes S’il n’intervient pas de maladies ou dedommages graves dûs au vent, le momentde couper les feuilles de bananier plantain“Cachaco común” dépend principalement

    de la fréquence des pluies ainsi que desconditions du marché.

    Dans les conditions climatiques de la lo-calité de Coyaima, la plante émet unefeuille tous les 7 à 8 jours en saison despluies et tous les 10 à 11 jours en saisonsèche. La coupe des feuilles intervientquand une feuille, deux feuilles ou plussont prêtes à passer au feu ou bien, plusspécifiquement, quand le marché l’exige.Mais, d’une façon générale, la coutume estde récolter toutes les deux semaines ensaison des pluies et toutes les trois se-maines en saison sèche.

    Paramètres économiques Après la récolte, la feuille est passée à laflamme pour l’assouplir directement surplace. Ensuite elle est pliée, empaquetéeet ficelée en ballots de 50 feuilles chacun.Ces paquets sont vendus directement auxintermédiaires transporteurs qui, pendantla période considérée, les ont payés de2000 à 2500 pesos colombiens (1 à 1,25 dol-lars US), selon l’époque de l’année et enfonction de l’offre et de la demande.

    Ces achats se font au comptant sur despoints de vente mobiles, situés dans diffé-rents endroits de la zone productrice et àdifférents jours selon l’époque de l’année,et plus particulièrement lors des festivitéspopulaires de milieu et de fin d’année.

    Les meilleurs prix d’achat des feuillessont ainsi atteints au mois de juin pour lesfêtes de la Saint Jean et de la Saint Pierreet aux mois de décembre et de janvier pourles fêtes de Noël, de fin d’année et de l’Epi-phanie. Les prix de vente des feuilles bais-sent un peu pendant la saison des pluiespuisqu’il y a alors une forte production et

    INFOMUSA — Vol 10, N° 1 11

    Tableau 1. Protocoles d’expérimentation de production de feuilles de bananiersplantain “Cachaco común”, en vue de leur utilisation comme emballage dansl’industrie agro-alimentaire. Espinal 1999.

    Protocole Description

    1 Laisser 3 feuilles sur toutes les plantes, après chaque récolte de feuilles

    2 Laisser 4 feuilles sur toutes les plantes, après chaque récolte de feuilles

    3 Laisser 5 feuilles sur toutes les plantes, après chaque récolte de feuilles

    4 Laisser 6 feuilles sur toutes les plantes, après chaque récolte de feuilles

    Tableau 2. Effet de la défoliation sur la croissance des clones du bananier plantain“Cachaco común”. Espinal 1999.

    Protocole Hauteur de la plante Périmètre du pseudotronc (moyenne, en cm) (moyenne en cm, à 1m du sol)

    1 257,71 a* 34,92 a

    2 264,17 a 40,00 a

    3 258,13 a 38,29 a

    4 258,83 a 39,88 a* Les valeurs aux lettres identiques ne diffèrent pas significativement entre elles.

    Tableau 3. Total des feuilles récoltées et poids moyen d’une feuille sur les huitrécoltes. Espinal 1999.

    Protocole Total des feuilles récoltées Poids moyen d’une feuille (g)

    1 792 a* 277,08

    2 579 b 277,00 b

    3 520 b 271,39 b

    4 338 c 298,24* Les valeurs aux lettres identiques ne diffèrent pas significativement entre elles.

  • G. Cayón S.

    La croissance et le développementd’une plante cultivée dépendent es-sentiellement de l’augmentation pro-gressive de sa surface foliaire, laquelle luipermet d’utiliser plus efficacement l’éner-gie solaire au cours de la photosynthèse.Le captage du rayonnement solaire par lasurface foliaire est influencé par la taille,la forme, l’âge, l’angle d’insertion sur letronc, la séparation verticale et la disposi-

    tion horizontale de la feuille (Yoshida1972). L’angle d’insertion est très impor-tant pour la productivité de la culturepuisque de lui dépendent l’exposition desfeuilles aux rayons du soleil et donc une ré-partition plus uniforme de la lumière à tra-vers le couvert végétal : ceci autorise uneactivité photosynthétique plus efficace auxniveaux intermédiaires et inférieurs de laplante (Cayón 1992). La chlorophylle, pré-sente dans toutes les plantes vertes, est undes pigments les plus étroitement liés àl’efficacité photosynthétique, à la crois-

    sance et à l’adaptation des plantes à leurenvironnement. Kumar et al. (1972) ontmis en évidence un gradient de chloro-phylle chez la canne à sucre allant del’apex à la base des feuilles individualiséesainsi qu’entre feuilles d’âges différents. Laphotosynthèse présente de grandes varia-tions selon l’âge de la plante. Au fur et àmesure que la feuille se développe et queles chloroplastes s’organisent, l’activitéphotosynthétique augmente rapidementjusqu’à un taux maximum, atteint à l’ex-pansion complète de la lame foliaire, puis

    Evolution de la photosynthèse, de la transpirationet de la chlorophylle pendant le développement de la feuille de bananier (Musa AAB Simmonds)

    Physiologie Etudes sur les feuilles

    donc une offre importante. Ils diminuentégalement pendant les mois où la demandeest moindre.

    Conclusions• Dans le processus de production de

    feuilles de bananier plantain du clone“Cachaco común”, assouplies au feu etutilisées ensuite pour contenir ou enve-lopper des aliments cuisinés, le plusgrand nombre de feuilles commerciali-sables a été obtenu quand on a laissé unminimum de trois feuilles par planteaprès la coupe des feuilles à vendre etce, sans avoir procédé à l’élimination desrejets ni appliqué d’engrais ou de pesti-cide.

    • La plus importante production defeuilles correspond au protocole No. 1,dans lequel on a laissé trois feuilles parplante après chaque coupe. La plusfaible production est obtenue dans lecadre du protocole No. 4, où on a laissésix feuilles par plante.

    • La plus grande quantité de feuilles obte-nue en une seule coupe a été de 150feuilles, au cours du protocole No. 1.

    • La commercialisation des feuilles se faitdans des points de vente ambulants dansles localités productrices et à des joursfixés au préalable avec les grossistes misen concurrence.

    • La feuille est présentée à la vente enballots de 50 feuilles pliées qui sont vendus directement et au comptant auxintermédiaires transporteurs à des prixvariant entre 1500 et 2500 pesos colom-biens le ballot.

    • Les meilleurs prix se paient au produc-teur pendant les mois de juin, de dé-cembre et pendant la première quin-zaine de janvier de chaque année. Cela

    coïncide avec les festivités du moment,lorsque la demande en aliments cuisi-nés, et en particulier celle des tamalestolimenses, est au plus haut.

    • Le moment de couper les feuilles dé-pend principalement de la période (sai-son des pluies ou saison sèche). Ainsi,par temps de pluie, on peut faire une ré-colte de feuilles tous les quinze jours oumême toutes les semaines alors qu’enpériode sèche, la coupe peut attendretrois semaines et dans les cas les plusextrêmes, jusqu’à quatre semaines.

    RemerciementsL’auteur remercie M. Antonio María Cai-cedo, ingénieur au Centre de RecherchesNataima pour sa collaboration à l’analysestatistique des données. ■

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    12 INFOMUSA — Vol 10, N° 1

    L’auteur est chercheur à CORPOICA, C.I. Nataima,apartado postal 064, Espinal, Tolima, Colombie.

  • elle perd progressivement ses capacitéspendant le vieillissement foliaire. Contrai-rement à ce que l’on a cru pendant long-temps, à savoir que les taux de photosyn-thèse des cultures pérennes étaient moinsélevés que ceux des plantes herbacées, desrecherches récentes ont démontré quebeaucoup d’arbres, d’arbustes, y compriscertains conifères, présentent des tauxmaxima de photosynthèse très proches deceux des plantes en C3 (Catsky et al.1987). Pour la plupart des feuilles, le plusfort taux de photosynthèse est atteintquand le limbe est complètement dérouléet, à partir de ce chiffre, diminue forte-ment avec l’âge. Cette réduction de la ca-pacité photosynthétique est typique desfeuilles de plantes pérennes et à cyclecourt (Silveira 1987).

    Le but de ce travail a été de déterminerle comportement et l ’ intensité deséchanges gazeux ainsi que ceux des pro-cessus de synthèse et de dégradation de lachlorophylle au cours du développementde la feuille du bananier plantain.

    Matériel et méthodes L’expérimentation a été menée au Centrede Recherches Palmira, situé dans la muni-cipalité de Palmira, département du Valledel Cauca, à 3º31’ de latitude nord et 76º19’ de longitude ouest, à 1001 m d’alti-tude, température annuelle moyenne de24ºC, humidité relative moyenne de 75% et1000 mm de précipitations annuellesmoyennes, conditions climatiques corres-pondant à la forêt tropicale sèche (fs-T).Le sol du champ expérimental est de tex-ture limoneuse-argileuse, de pH 6,8 et com-portant 2,9 % de matières organiques. On autilisé le clone Dominico hartón, planté à3,0 m de distance entre les sillons et à 2,0m de distance entre les emplacements deplantation, un rejet par emplacement pourune densité globale de 1666 plantes ha-1.On a employé un protocole expérimentalcomplètement aléatoire, trois répétitionset six plants par répétition.

    Quand les plants ont eu émis 16 feuilles(cinq mois après la plantation) on a repérésur chacun d’eux la plus jeune feuille com-plètement déroulée (feuille 1) et on a me-suré tous les 20 jours les taux de photosyn-thèse nette, de transpiration et deconcentration en chlorophylle depuis ledéroulement complet des demi-limbes(jour 0) jusqu’à la sénescence totale de lafeuille (jour 140). Les taux de photosyn-thèse et de transpiration ont été évaluésdans le secteur central de la feuille, àl’aide du système portatif de photosynthèseLI-6200 (Licor). Pour évaluer la chloro-phylle, on a employé la méthode d’extrac-tion à l’éthanol (Wintermans et al. 1965),sur des disques foliaires de 1,3 cm2, préle-vés sur le même secteur foliaire centralque celui utilisé pour l’évaluation des tauxd’échanges gazeux. On a réalisé l’extrac-

    tion en faisant macérer à froid chaquedisque foliaire dans un mortier contenant4,0 ml d’une solution d’éthanol à 98% et deMgCO3 à 0.5 g l

    -1, en tranvasant l’extraitdans un tube à essais, puis en lavant lemortier avec 4,0 ml de la solution de façonà compléter le volume final à 8,0 ml. La sé-paration de l’extrait s’est faite par centrifu-gation à 3000 x g, durant cinq minutes. Unefois obtenu l’extrait éthanolique, on a lules absorptions à 649 et 665 nm sur unspectrophotomètre Spectronic 21 et, à par-tir de ces données, on a calculé les concen-trations en chlorophylle a (Cla), b (Clb) ettotale (Clt), grâce aux formules suivantes:

    Cla = [(13,7 x A665) - (5,76 x A649)] x V / PDClb = [(25,8 x A649) - (7,6 x A665)] x V / PDV = volume final de l’extrait éthanolique (8,0 ml)PD = poids sec du disque foliaire (g)

    Les résultats ont été soumis à une analyse de variance, de corrélation et derégression en utilisant le programme statistique MSTAT-C (Michigan State University).

    Résultats et discussion La figure 1 montre que, pendant la duréede vie de la feuille depuis le jour 0 jusqu’aujour 140, l’évolution des taux des échanges

    INFOMUSA — Vol 10, N° 1 13

    Figure 1. Evolution de la photosynthèse, de la transpiration et de la concentration en chlorophyllependant le développement de la feuille de Dominico hartón.

    y = -0.0006 x2+ 0.0242 x + 8.4694R2= 0.80

    -2

    0

    2

    4

    6

    8

    10

    12

    14

    20 40 60 80 100 120 140 160

    Age de la feuille (jours)

    Pho

    tosy

    nth

    èse

    (µm

    ol/m

    2/s)

    y = -0.3246 x2 + 23.966 x + 3215.1R2 = 0.86

    0

    500

    1000

    1500

    2000

    2500

    3000

    3500

    4000

    0 20 40 60 80 100 120 140 160

    Age de la feuille (jours)

    Tran

    spir

    atio

    n (µ

    mo

    l/m2/

    s)

    y = -0.0007 x2 + 0.065 x + 6.6622R2 = 0,68

    0

    2

    4

    6

    8

    10

    12

    0 20 40 60 80 100 120 140 160

    Age de la feuille (jours)

    Ch

    loro

    ph

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    .s.)

  • gazeux (photosynthèse et transpiration)et de ceux de la synthèse de chlorophyllesuivent un modèle quadratique de régres-sion. Au stade initial de développementde la feuille, le taux de photosynthèse estbas et augmente rapidement jusqu’à unmaximum (12,22 µmol CO2 m

    -2 s-1 ) at-teint 20 jours après le déroulement de lafeuille (JAD) puis il diminue légèrementet se maintient à peu près constantjusqu’au 80ème JAD et enfin il se réduitconsidérablement jusqu’à la mort deslimbes (140 JAD). L’activité photosynthé-tique moindre de la feuille au stade leplus jeune (0 JAD) est due au fait que lessystèmes photosynthétiques et enzyma-tiques ne sont pas complètement formés.La synthèse de la chlorophylle en est auxétapes initiales et la concentration enpigment n’est pas suffisante pour capterl’énergie solaire nécessaire à la photosyn-thèse. Quant aux stomates, ils ne sont pasopérationnels au maximum de leurs capa-cités physiologiques. Il suffit de considé-rer la couleur vert clair présentée par lesfeuilles immédiatement après le déroule-ment de la feuille “cigare”. Le taux maxi-mum de photosynthèse (12,2 µmol CO2 m-2 s-1 ) de chaque nouvelle feuille forméese maintient pendant un laps de tempsrelativement court (20 jours), après quoiil diminue légèrement et se situe durant60 jours entre 5,53 et 7,12 µmol CO2 m

    -2 s-1

    avant d’atteindre la valeur minimum à lasénescence totale (140 JAD). Cette ré-duction drastique du taux de photosyn-thèse pendant la sénescence foliaire rendle bilan en carbone négatif car la respira-tion des feuilles reste constante pendanttout le processus de développement de laplante.

    La transpiration de la feuille est basseaussi au début du développement, puiselle continue à augmenter jusqu’à unmaximum atteint au 40ème JAD et enfindiminue à mesure que la feuille entre ensénescence. Comme on peut l’observer, lafeuille continue à transpirer au maximumjusqu’au 60ème JAD, c’est à dire durantune période plus longue que celle de laphotosynthèse, ce qui, probablement, ac-célère le processus de sénescence. En rai-son des caractéristiques phyllotaxiques dubananier plantain et de l’émission perma-nente de nouvelles feuilles, celles-ci chan-gent de position pendant le développe-ment de la plante et donc d’exposition à lalumière solaire, jusqu’à se retrouver par-tiellement à l’ombre. Cette situation

    contribue à la diminution progressive destaux de photosynthèse et de transpirationd’où les répercussions sur le bilan deséchanges gazeux dans la plante. Ces résul-tats concordent avec ceux de différentsauteurs qui ont étudié les interactionsentre l’âge de la feuille et son activité phy-siologique pour des bananiers et des bana-niers plantain en phase végétative decroissance. Ils ont constaté que les plusforts taux de photosynthèse et de transpi-ration se situent au niveau des feuilles lesplus jeunes (feuilles 2, 3, 4 et 5), pour seréduire drastiquement au niveau desfeuilles les plus anciennes (feuilles 6, 7, 8y 9) (Robinson et Bower 1988, Kallarackalet al. 1990, Eckstein et Robinson 1995,Cayón et al. 1998).

    L’évolution de la concentration en chlo-rophylle est semblable à celle de la photo-synthèse et de la transpiration : elle pré-sente des concentrations maxima dupigment entre le 20ème et le 40ème JAD etdiminue ensuite jusqu’à atteindre les va-leurs minima à la sénescence complète.La concentration en chlorophylle estbasse durant la période de déroulementde la feuille puisque celle-ci n’est pascomplètement exposée à la lumière so-laire et que c’est de cela que dépendentla synthèse et l’accumulation des chloro-phylles. Quand la feuille a fini de se dé-rouler, l’augmentation de la concentra-tion en chlorophylle est remarquable,puis elle se maintient constante pendantla période intermédiaire de la vie de lafeuille pour décroître quand elle entre ensénescence.

    Les taux de photosynthèse et deconcentration en chlorophylle pendant ledéveloppement de la feuille sont propor-tionnels, avec des maxima au 20ème JAD,apparemment moment de concentrationoptimum du pigment pour la photosyn-thèse. De plus, le processus photosynthé-tique diminue drastiquement quand laconcentration en chlorophylle est limi-tante. A ce sujet, Cayón et al. (1994) ontobservé que le taux maximum de photo-synthèse de la feuille de bananier plan-tain dépend du contenu en chlorophylle etque la plus forte concentration en chloro-phylle se trouve dans la zone centrale dulimbe. Bien que la perte de chlorophyllesoit un symptôme typique observé pen-dant la sénescence foliaire, sa disparitionest toutefois plus lente que celle desautres composants photosynthétiques(Friedrich et Huffaker 1980, Holloway

    et al. 1983, Kura-Hotta et al. 1987, Makinoet al. 1983).

    Des études réalisées pour expliquer lemécanisme de réduction de la photosyn-thèse durant la sénescence des feuilles in-diquent que ce phénomène est dû à deschangements de concentration et de ciné-tique de l’enzyme Rubisco (Evans 1986,Makino et al. 1985). L’activité de la chaînedes transporteurs d’électrons, directe-ment corrélée à celle de la photosyntèse,diminue également pendant la sénes-cence foliaire, ce qui montre que la réduc-tion de la photosynthèse est due principa-lement à la dégradation fonctionnelle dessystèmes photosynthétiques (Camp et al.1982, Holloway et al. 1983, Kura-Hotta etal. 1987). La moindre concentration dechlorophylle et des autres pigments pho-tosynthétiques actifs peut limiter le pro-cessus photochimique des feuilles: ceci di-minue l’activité photosynthétique si laconcentration passe au-dessous du seuiloptimum nécessaire au phénomène (Gra-brielsen 1948).

    La photosyntèse, la transpiration et laconcentration en chlorophylle sont inver-sement corrélées à l’âge de la feuille(P

  • les feuilles sont ombragées par de nou-velles feuilles, il est probable que ces nou-velles jeunes feuilles émises réalisent unecompensation physiologique en produi-sant leur plus fort taux de photosynthèseimmédiatement après les feuilles plus an-ciennes. De plus, le fait que la photosyn-thèse se stabilise entre 5,53 et 7,12 µmolCO2 m

    -2 s-1 pendant les 60 jours suivantsdu développement peut constituer unecontribution essentielle aux processusphysiologiques de la plante. En effet, dupoint de vue de la productivité, il est trèsimportant que les feuilles fonctionnellesmaintiennent le taux de photosynthèsemoindre certes mais constant pendant lapériode la plus longue possible. ■

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