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Dans le chapitre 7, la Torah dit : - לַ ך עְ דָ י- הֵ טְ ך ונְ טַ ח מַ ן קֹ רֲ ה- לֶ ר אֹ מֱ ה, אֶ שֹ מ- לֶ ה אָ הוְ ר יֶ אמֹ יַ יט/ והֵ וְ קִ מ- לָ ל כַ עְ ם וֶ יהֵ מְג- לַ עְ ם וֶ יהֵ רֹ אְ י- לַ ם עָ תֹ רֲ הַ נ- לַ ם עִ יַ רְ צִ י מֵ ימֵ מים׃ִ נָ בֲ אָ ים ובִ צֵ עָ ם, ובִ יַ רְ צִ ץ מֶ רֶ א- לָ כְ ם בָ ה דָ יָ הְ ם; וָ ד- יוְ הִ יְ ו-- םֶ יהֵ ימֵ מ19/ Et Hachem dit à Moshé : Dis à Aaron, prends ton bâton et étends ta main sur les eaux d'Égypte, sur leurs fleuves, sur leurs canaux, sur leurs étangs, et sur tous leurs réservoirs d'eau et elles deviendront du sang. Il y aura du sang dans tout le pays d'Égypte, dans les bois, et dans les pierres. - תֶ ך אַ יַ ה וֶ טַ מַ ם בֶ רָ יַ ה, וָ הוְ ה יָ וִ ר צֶ שֲ אַ ן כֹ רֲ הְ ה וֶ שֹ ן מֵ כ-שוֲ עַ יַ כ/ וםִ יַ מַ ה- לָ ו כ כְ פָ הֵ יַ יו; וָ דָ בֲ י עֵ ינֵ עְ ה, ולֹ עְ רַ י פֵ ינֵ עְ ר, לֹ אְ יַ ר בֶ שֲ ם אִ יַ מַ ה ם׃ָ דְ ר, לֹ אְ יַ ב- רֶ שֲ א20/ Ils firent ainsi, Moshé et Aaron, comme Dieu avait ordonné. Il leva le bâton et frappa les eaux qui étaient dans le canal aux yeux de Pharaon et aux yeux de ses serviteurs, elles furent changées, toutes les eaux qui étaient dans le canal, en sang. ם,ִ יַ רְ צִ לו מְ כָ י-לאְ ר, וֹ אְ יַ ש הַ אְ בִ יַ ה, וָ תֵ ר מֹ אְ יַ ב- רֶ שֲ ה אָ גָ דַ הְ כא/ ום׃ִ יָ רְ צִ ץ מֶ רֶ א- לָ כְ ם, בָ דַ י הִ הְ יַ ר; וֹ אְ יַ ה- ןִ ם מִ יַ ות מ תְ שִ ל21/ Et l'ensemble des poissons qui était dans le canal mourut, le canal pourrit, les égyptiens ne purent pas boire l'eau ; il y eut le sang dans tout le pays d'Égypte. עַ מָ ש-לאְ ה וֹ עְ רַ פ- בֵ ק לַ זֱ חֶ יַ ם; וֶ יהֵ טָ לְ ם, בִ יַ רְ צִ י מֵ מֻ טְ רַ ן חֵ כ-שוֲ עַ יַ כב/ וה׃ָ הוְ ר יֶ בִ ר דֶ שֲ אַ ם, כֶ הֵ לֲ א22/ Ils firent ainsi, les magiciens d'Égypte avec leurs incantations ; le cœur de Pharaon se renforça, et il ne les écouta pas, comme Hachem l'avait dit. La Paracha de Vaéra est la Paracha qui commente les plaies que l'Egypte endure avant de libérer le peuple hébreu. Hachem apparaît donc devant Moshé Rabbénou et lui demande d'aller auprès de Pharaon pour lui demander de laisser sortir son peuple, en souvenir de la promesse faite aux trois patriarches, Avraham, Yitshak et Yaakov. Hakadoch Baroukh Hou, souhaitant multiplier les miracles et les prodiges sur l'Egypte, endurcit le cœur de Pharaon qui refuse de libérer les esclaves. S'en suit alors une démonstration de la puissance du maître du monde qui multiplie, devant Pharaon et ses sujets, les signes, en commençant par la transformation du bâton de Moshé en serpent, qui précède les plaies qu'allait subir l'Egypte. Devant l'entêtement du roi égyptien, Hachem, par le biais de Moshé et Aaron, fait déferler les sept premières plaies sur la terre d'Egypte; dans l'ordre: le sang, les grenouilles, la vermine, les bêtes sauvages, la peste, les ulcères et la grêle. Au terme de chacune des plaies, Pharaon convoque Moshé pour qu'il prie afin que la plaie cesse en échange de quoi il laisserait le peuple sortir. Cependant, le répit laissé entre chaque plaie suffisait pour que Pharaon change d'avis et refuse la libération du peuple hébreu. Résumé de la Paracha בס״דPour la Réfoua Chéléma de David ben Messaouda, Rav Moché Ben Raziel, Chimone Ben Messaouda, Aaron Ben 'Hanna,, Audrey Bat Étile Étile bat Méssaouda V e r s e t s D e l a P a r a c h a V e r s e t s D e l a P a r a c h a Pour l'élévaton de l'âme de Yitshak Ben Chimone, Yéhouda Ben David, Chimone Ben Yitshak , 'Haïm Ben David, David Ben Yaakov, Yéhia ben Yaakov, 'Hanna Bat Ester et Messaouda Bat Guemra 1 Parachat Vaéra 5781 פרשת וארא תשפ"אy יPour le zivoug de Sarah bat Avraham , Yitshak Ben Mordékhaï, Azriel ben Sarah et David ben Julie, Jenny Bat Étile.

Parachat Vaéra 5781 אפשת אראו תשרפ · 2021. 1. 14. · La torah rapporte (Béréchit, chapitre 47, verset 10) : הֹעְרַפ יֵנְפִלִמ, אֵצֵיַו; הֹעְרַפ-תֶא,

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Page 1: Parachat Vaéra 5781 אפשת אראו תשרפ · 2021. 1. 14. · La torah rapporte (Béréchit, chapitre 47, verset 10) : הֹעְרַפ יֵנְפִלִמ, אֵצֵיַו; הֹעְרַפ-תֶא,

Dans le chapitre 7, la Torah dit :

יט/ ויאמר יהוה אל-משה, אמר אל-הרן קח מטך ונטה-ידך על- מימי מצרים על-נהרתם על-יאריהם ועל-גמיהם ועל כל-מקוה

מימיהם--ויהיו-דם; והיה דם בכל-ארץ מצרים, ובעצים ובאבנים׃19/ Et Hachem dit à Moshé : Dis à Aaron, prendston bâton et étends ta main sur les eaux d'Égypte,sur leurs fleuves, sur leurs canaux, sur leurs étangs,et sur tous leurs réservoirs d'eau et elles deviendrontdu sang. Il y aura du sang dans tout le paysd'Égypte, dans les bois, et dans les pierres.

כ/ ויעשו-כן משה והרן כאשר צוה יהוה, וירם במטה ויך את-המים אשר ביאר, לעיני פרעה, ולעיני עבדיו; ויהפכו כל-המים

אשר-ביאר, לדם׃20/ Ils firent ainsi, Moshé et Aaron, comme Dieuavait ordonné. Il leva le bâton et frappa les eaux quiétaient dans le canal aux yeux de Pharaon et auxyeux de ses serviteurs, elles furent changées, toutesles eaux qui étaient dans le canal, en sang.

כא/ והדגה אשר-ביאר מתה, ויבאש היאר, ולא-יכלו מצרים,לשתות מים מן-היאר; ויהי הדם, בכל-ארץ מצרים׃

21/ Et l'ensemble des poissons qui était dans le canalmourut, le canal pourrit, les égyptiens ne purent pasboire l'eau ; il y eut le sang dans tout le paysd'Égypte.

כב/ ויעשו-כן חרטמי מצרים, בלטיהם; ויחזק לב-פרעה ולא-שמעאלהם, כאשר דבר יהוה׃

22/ Ils firent ainsi, les magiciens d'Égypte avec leursincantations ; le cœur de Pharaon se renforça, et ilne les écouta pas, comme Hachem l'avait dit.

La Paracha de Vaéra est la Paracha quicommente les plaies que l'Egypteendure avant de libérer le peuple

hébreu. Hachem apparaît donc devant MoshéRabbénou et lui demande d'aller auprès dePharaon pour lui demander de laisser sortir sonpeuple, en souvenir de la promesse faite auxtrois patriarches, Avraham, Yitshak et Yaakov.Hakadoch Baroukh Hou, souhaitant multiplierles miracles et les prodiges sur l'Egypte,endurcit le cœur de Pharaon qui refuse delibérer les esclaves. S'en suit alors unedémonstration de la puissance du maître dumonde qui multiplie, devant Pharaon et sessujets, les signes, en commençant par latransformation du bâton de Moshé en serpent,qui précède les plaies qu'allait subir l'Egypte.Devant l'entêtement du roi égyptien, Hachem,par le biais de Moshé et Aaron, fait déferler lessept premières plaies sur la terre d'Egypte; dansl'ordre: le sang, les grenouilles, la vermine, lesbêtes sauvages, la peste, les ulcères et la grêle.Au terme de chacune des plaies, Pharaonconvoque Moshé pour qu'il prie afin que la plaiecesse en échange de quoi il laisserait le peuplesortir. Cependant, le répit laissé entre chaqueplaie suffisait pour que Pharaon change d'avis etrefuse la libération du peuple hébreu.

Résumé de la Paracha

בס״ד

Pour la Réfoua Chéléma deDavid ben Messaouda, RavMoché Ben Raziel, ChimoneBen Messaouda, Aaron Ben'Hanna,, Audrey Bat Étile

Étile bat Méssaouda

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Pour l'élévaton de l'âme deYitshak Ben Chimone, Yéhouda Ben David,

Chimone Ben Yitshak ,'Haïm Ben David, DavidBen Yaakov, Yéhia benYaakov, 'Hanna Bat

Ester et Messaouda BatGuemra

1

Parachat Vaéra 5781 ⎮ פרשת וארא תשפ"א

Pour le zivoug de Sarahbat Avraham , Yitshak Ben

Mordékhaï, Azriel benSarah et David ben Julie,

Jenny Bat Étile.

Page 2: Parachat Vaéra 5781 אפשת אראו תשרפ · 2021. 1. 14. · La torah rapporte (Béréchit, chapitre 47, verset 10) : הֹעְרַפ יֵנְפִלִמ, אֵצֵיַו; הֹעְרַפ-תֶא,

Il est intéressant de soulever une différenced'attitude vis-à-vis de la mort des poissonsdans le Nil au travers de la plaie du sang etcelle des grenouilles mortes dans les fourségyptiens. Nos sages encensent les deuxièmessans même ne serait-ce que mentionner lespremières. Plus encore cette mise à mort despoissons fait partie intégrante de la réalisationde la première plaie d'après certains avis quine la considèrent pas comme une simpleconséquence du sang présent dans le Nil. Eneffet, le texte souligne que les sorcierségyptiens sont parvenus à reproduire le mêmeeffet et à transformer l'eau en sang. Seulement,pour se faire ils devaient nécessairementdisposer d'eau, chose impossible à concevoirdans la lecture standard du texte affirmant quetoute l 'eau présente en Égypte s 'esttransformée en sang ne laissant plus aucunmatériel à exploiter pour les égyptiens.Comment ont-ils alors pu reproduire latransformation de l'eau en sang ? C'est pources raisons que certains maîtres précisent quela nature du miracle est différente de ladescription standard. D'après eux, l'eau du Nilainsi que celle de toutes les ressources du pays

n'a pas été altérée. C'est seulement au moment oùles égyptiens tentaient de boire que l'eau devenaitsang dans leur bouche. De fait les poissonsprésents dans le Nil n'étaient pas en danger dansl'eau du fleuve. Leur mort n'est donc pas la suitelogique du sang mais bien une intervention divine :Dieu les a tués.

Il ne s'agit certes pas d'un avis unanime. Toutefoisqu'il s'agisse d'un avis ou de l'autre, il ressortclairement que la mort des poissons ne soit pas unsacrifice de leur part. Si cela avait été le cas, lessages auraient noté leur dévotion à l'image de celledes grenouilles. Plus encore, d'après le secondavis, il s'agit d'une mise à mort voulue par leMaître du monde. Pourquoi ? Quelle faute ont-ilscommis ?

Cette problématique est renforcée par uneremarque de nos maîtres. Au moment du déluge,lorsque Dieu a détruit le monde la sentence s'estégalement appliquée aux animaux dans la mesureoù nos sages soulignent qu'eux aussi se sontdétournés de leur nature en s'accouplant avec desespèces différentes justifiant leur destruction.Toutefois une espèce a été épargnée, il s'agit du

monde sous-marin. Les poissons ont survécu audéluge car ils ne se sont pas mélangés entre eux.En somme, ils doivent leur survie à leurinnocence, n'ayant rien à se reprocher ilséchappent au destin de l'humanité. Leur mort enÉgypte témoigne donc d'une faute, d'uneresponsabilité justifiant un châtiment.

Le Méam Loéz (sur ce passage) détermine la fautedes poissons en Égypte : ils ont contribué audécret de mise à mort des garçons jetés dans le Nilen mangeant les dépouilles des jeunes enfantsnoyés. Le Sefer 'Hassidim (simane 799 égalementrapporté par le Yalkout Réouvéni sur ce passage)apporte une autre idée sur le sujet expliquant laraison pour laquelle ils ont été frappés. Il révèleainsi qu'au moment où une personne subit undommage, l'ange responsable de l'élément parlequel la sanction intervient doit rendre descomptes dans le ciel. Nous avons vu à plusieursreprises que chaque élément de ce monde est régitpar un ange préposé à le contrôler. Ainsi, lorsqu'unélément donné est choisi comme moyen de punirune personne, l'ange en question est senséintervenir dans le ciel et prier afin de ne pas êtrel'outil de la punition. S'il ne le fait pas, il a descomptes à rendre auprès de Dieu. Dans notre cas,le Nil a servi d'outil à la mise à mort des enfants,témoignant ainsi l'absence de prière de lapart de son représentant céleste. Pour punirce manque d'attention et de compassion àl'égard des nourrissons, il se voit punit surterre et le Nil est frappé par la première plaiemettant à mort tous les poissons.

Les deux commentaires que nous avons citésnous amène à réfléchir. Au vu de ce quenous avons cité plus haut, les poissons sesont montrés exemplaires à l'époque dudéluge et n'ont pas fauté expliquant leursurvie. Dès lors pourquoi trouve-t-on ici unedifférence si radicale les conduisants àcommettre un acte effroyable ? De même,pourquoi l'ange responsable du Nil n'a paseu pitié des bné-Israël refusant d'intercédercontre le décret de mise à mort ?

Tentons d'apporter une réponse à ceproblème en nous penchant sur un détail del'attitude de Yaakov lors de sa rencontreavec Pharaon.

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La torah rapporte (Béréchit, chapitre 47, verset10) :

מלפני פרעה ,ויצא ;פרעה-את ,ויברך יעקב י/10/ Yaakov bénit Pharaon et se retira dedevant lui.

Rachi commente ce verset : « Comme il estd’usage quand on prend congé d’une hautepersonnalité : on la bénit et on lui demande lapermission de se retirer. Et quelle bénédictionlui a-t-il transmise ? Que les eaux du Nilmontent à ses pieds, car l’Egypte ne reçoit pasd’eau de pluie. C’est le Nil qui l’arrose grâceà ses crues. A partir du moment où il a étéainsi béni, toutes les fois que Pharaon est venuse placer au bord du Nil, ses eaux sontmontées à sa rencontre et ont irrigué le pays ».Nos sages précisent que par cela Yaakov a mitprématurément fin à la famine en Égyptedorénavant capable d'abreuver ses champs dèsque nécessaire.

Deux questions se posent sur l'attitude deY a a k o v . D ' u n e p a r t b e a u c o u p d e

commentateurs partent du principe que cettebénédiction s'est poursuivie sur de nombreuxPharaons dans la mesure ces derniers se faisaientpasser pour des dieux par l'entremise de cemiracle. Dès lors, pour quelle raison la bénédictiona-t-elle fini par s'estomper et cesser de setransmettre aux pharaons des générationssuivantes ? En effet, ce prodige n'est apporté quedans la période de l'exil et par la suite aucun versetni livre d'histoire ne rapporte ce miracle ànouveau. Quel a été l 'élément justifiantl'interruption de ce phénomène ? D'autre part, nousl'avons souligné : les Pharaons se servaient de celacomme moyen de se faire idolâtrer. Connaissantles égyptiens et leur nature païenne, pourquoiYaakov leur fournit-il une raison de plonger plusprofondément dans l'erreur ?

Peut-être pouvons-nous avancer l'idée suivante.Dans les faits, la famine bien que présente dans lepays, n'a pas affecté l'Égypte. Tous les paysvoisins ont souffert de l'absence de récolte, mais àl'inverse l'Égypte a profité de la crise et s'estfortement enrichie et ce pour une raison évidente :Yossef. De part l'analyse des rêves de Pharaon,Yossef comprend l'enjeu et met en place unsystème permettant au pays de surmonter le

problème. Le plan de Yossef est si efficace quetous les pays viennent solliciter l'Égypte pourmanger. En somme, lorsque toute la région meurtde fin, l'Égypte détient le monopole absolue de larichesse. De fait, la famine apparaît pour ce payscomme une période des plus fastes et tous leségyptiens, bien que contraints d'en payer le prix,mangent à leur faim. Yossef est donc vecteur d'unebénédiction sans précédent pour l'Égypte, d'oùl'amour que le peuple lui porte. De fait, labénédiction apportée par Yaakov n'est pas àl'origine concrète de la fin de la famine, du moinspas pour l'Égypte qui ne la ressent pas vraiment.Tout le peuple est conscient de l'origine de sonabondance et Yaakov estime que son interventionn'est finalement pas dangereuse puisqu'il estévident aux yeux de tous que Yossef est la clef. Laseule chose que Yaakov fait finalement est demanifester de façon physique le flux d'abondanceobtenue par Yossef. Puisque la présence de Yossefannule les effets négatifs de la famine, alors ilautorise à l'Égypte d'obtenir à nouveau le moyend'avoir accès à l'eau en forçant le Nil à abreuverles terres. Toutefois il ne prend pas un grandrisque conscient de la raison officielle de cemiracle, celle de la présence de Yossef. Leraisonnement tenu par Yaakov prend cependant finlorsque la torah dit (Chémot, chapitre 1) :

יוסף-את ,ידע-אשר לא ,מצרים-על ,חדש-ויקם מלך ח/8/ Un roi nouveau s'éleva sur l'Égypte, lequeln'avait point connu Yossef.

Comme le notent nos maîtres, le roi enquestion feint d'ignorer l'existence de Yossefet s'en prend aux hébreux. Cette démarchedénote une attitude ingrate vis-à-vis desbienfaits que Yossef a procuré au pays.Subitement les égyptiens ne lui doivent plusrien, ils sont les seuls responsables de leursuccès et prospèrent par leur seul mérite.Pharaon s'accorde donc toute la gloire et c'estsans doute à cet instant qu'il prétend être undieu capable de maîtriser le Nil. Commentl'ancien Pharaon, celui-là même qui a vuYossef sauver son pays et Yaakov le bénirdes crues du Nil, pourrait-il raisonnablementprétendre être dépositaires d'une quelconquesforces ? De toute évidence, cet ancien roi neprendrait jamais le risque de s'accorder lemérite de tel miracle tant ses vraisinstigateurs présentent une aversion pour

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l'idolâtrie. Sans doute Yaakov aurait-il retiré sabénédiction s'il la voyait détourner vers l'idolâtrie.C'est pourquoi, le nouveau Pharaon commence parnier l'existence de Yossef pour détourner vers luila gloire du miracle et la prospérité Égyptienne.

La corrélation entre la maîtrise du fleuve et sonorigine issue de Yossef est telle que nos sagesprécisent que les Égyptiens n'ont pas trouvémeilleur endroit pour enterrer Yossef que le Nil. Ilest d'ailleurs intéressant de noter que le mot « נילוסNil » dispose de la même valeur numérique queYossef » témoignant du rapport étroit entre יוסף »l'abondance issue de Yossef et sa manifestation autravers du fleuve. En effaçant Yossef de l'histoire,en le dissimulant dans le Nil pour s'assurer lapoursuite de l'abondance, Pharaon s'ouvre la portede la divinisation et parvient à se faire idolâtrer parle peuple. Le Rambam explique que la avoda zaraest inventée par l’homme car ce dernier cherche àobtenir plus facilement les bonnes grâces divines.Dieu étant absolu, il se trouve trop loin del’homme pour avoir accès facilement à lui. C’estpourquoi, ses émissaires, les anges, seraient pluspropices à répondre aux demandes des hommes.Dès lors, les implorer et les servir trouve unejustification. Par cela, les hommes ont divinisé lesanges et se sont éloignés de Dieu.

Nous comprenons dès lors pourquoi les poissonstrouvent la mort durant cette plaie et plus encorepourquoi l'ange préposé au fleuve n'intervient paspour annuler le décret de mort des enfants. LeChem Michmouël (parachat Bo, année 672)rapporte au nom du Arizal qu'Hachem estintervenu personnellement pour libérer les hébreuxd'Égypte car l'impureté locale était telle qu'aucunange ne pouvait en ressortir indemne. Les forcesdu mal seraient parvenues à emprisonner n'importequel ange foulant le sol égyptien, c'est dire l'auranégative émanant du pays. À ce titre, nos sagesenseignent un point crucial à ce niveau de notreraisonnement.

Nous parlions plus haut de la génération dumaboul dont la dépravation a même atteint lerègne animal. Nos sages expliquent que l'action del'homme, ses fautes ainsi que ses bonnes actions,impactes directement le monde dans lequel ilévolue. Ainsi, les animaux vivants à l'époque dudéluge subissent une altération conséquente auxfautes commises par les hommes. Cette

déformation de leur nature est telle qu'ils méritenteux-même la mort en s'adonnant à des mélangesinter-espèces. À cette époque, le monde sous-marin échappe à la catastrophe car les fautescommises par les humains ne sont pas descenduesjusqu'aux poissons. Toutefois, nous venons de voirqu'en Égypte, le Nil constitue un vecteur directe del'idolâtrie la plus puissante du monde, celle d'unpays que même les anges fuient. L'impureté quidécoule de cette pratique est telle qu'elle dénaturele fleuve et ses composants tant matériel quespirituel. De fait, les poissons deviennent mauvaiset s'en prennent aux bébés et plus encore, l'angereprésentant le Nil est happé par le mal au point deperdre sa miséricorde refusant d'implorer pour lesauvetage du peuple.

Un phénomène important se produit donc. Lasource de la bénédiction égyptienne que constitueYossef est entrain de subir une déformationimportante, elle devient néfaste et nécessite d'êtredétruite. C'est pourquoi Rachi (Chémot, chapitre7, verset 17) écrit : « Parce qu’il ne tombe pas depluie en Egypte et que c’est le Nil qui, par sescrues, irrigue le pays, de sorte que les Egyptienslui vouent un culte. Voilà pourquoi Hachem acommencé par frapper leur idole, avant de lesfrapper eux-mêmes. » Avant de frapper leségyptiens, Hachem prend soin de leur retirer toutebénédiction. Et cela se fait justement au traversdes poissons. En effet, lorsque Yaakov a bénit lesfils de Yossef, il est dit (Béréchit, chapitre 48,verset 16) :

המלאך הגאל אתי מכל-רע, יברך את-הנערים, ויקרא בהם טז/ לרב, בקרב הרץוידגושמי, ושם אבתי ברהם ויצחק;

16/ que l'ange qui m'a délivré de tout mal, bénisseces jeunes gens! Puisse-t-il perpétuer mon nom etle nom de mes pères Avraham et Yitshak! Puisse-t-il multiplier à l'infini au milieu de la contrée."

Le mot en gras a pour racine « דג poisson » ce quiamène Rachi à dire : « Comme les poissons(daguim) qui fructifient et se multiplient sans quele mauvais œil ait prise sur eux. » Le message estdonc plus que parlant. Lorsque le peuple détournela bénédiction issue de Yossef, alors lamanifestation de cela se fait au travers de ce quisymbolise Yossef : les poissons deviennentmauvais car l'essence spirituelle qui les gouverneest drainée par les forces du mal. Le Nil nevéhicule plus la sainteté de Yossef mais au

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contraire transpire l'impureté égyptienne.

Cela nous amène à comprendre une choseextraordinaire. Une fois la plaie du sang envigueur, la torah dit (chapitre 7, verset 21) :

, ויבאש היאר, ולא-יכלו מצרים,והדגה אשר-ביאר מתה כא/לשתות מים מן-היאר; ויהי הדם, בכל-ארץ מצרים

21/ Les poissons du fleuve moururent, le fleuvedevint infect et les Égyptiens ne purent boire deses eaux. Il n'y eut que du sang dans tout le paysd'Égypte.

Bien que la traduction de la phrase en gras soit aupluriel, le texte est en réalité écrit au singulier « Lepoisson du fleuve mourut... ». Plusieurs maîtresexpliquent que le mot « דגה dagua » ici employétraite de l'espèce en générale sans quoi le texteaurait simplement utilisé le mot « דג dague ».Toutefois peut-être pouvons-nous y trouver uneallusion à notre propos. À savoir que les fautescommises par les égyptiens en rapport avec le Nilont détruit l'influence positive de Yossef au pointde conduire le Maître du monde à retirer labénédiction que Yaakov a offerte à Pharaon. C'estcela que le verset précise « le poisson du fleuve estmort... » en référence à la bénédiction de Yossefen rapport avec les poissons. Il ne s'agit pas demettre Yossef à mort car il n'est déjà plus de cemonde. Il s'agit de détruire les forces que leségyptiens puisent par sa présence. Hachem punitl'expression céleste du Nil car elle est pervertie parles égyptiens, Il tue tous les poissons du Nil ettransforme ce dernier en sang symbole de la mort,pour témoigner de la mort de ce dernier. La sourcepermettant l'idolâtrie du fleuve est détruiteexpliquant les propos de Rachi « Hachem acommencé par frapper leur idole ».

C'est en ce sens que nos sages (traité Brakhot,pahe 9b) apportent le commentaire suivantconcernant le retrait des hébreux d'Égypte. Latorah précise (Chemot, chapitre 12, verset 36) :

ויהוה נתן את-חן העם, בעיני מצרים--וישאלום; וינצלו, לו/את-מצרים

36/ Et Hachem avait inspiré pour ce peuple de labienveillance aux Égyptiens, qui lui prêtèrent, desorte qu'il dépouilla les Égyptiens.

Le talmud mentionne alors deux opinions : «Rabbi 'Ami a dit : Cela nous apprend qu'ils firent

de l'Égypte l'équivalent d'un piège ne contenantpas de céréale. Reich Lakich dit : כמצולהעשאוה ils en ont fait l'équivalent שאין בה דגים desprofondeurs où il n'y a pas de poissons ». Il sepeut clairement que les deux avis n'en soient enfait qu'un seul parlant de deux points de vudifférents. En effet, lorsque les hébreux sortirentd'Égypte, la torah souligne (Chémot, chapitre 13,verset 19) : « עמו,עצמות יוסף-ויקח משה את Moshéemporta les ossements de Yossef avec lui » surquoi la Mékhilta écrit : « Cela vient te fairesavoir la sagesse et la piété de Moshé. Carlorsque tout le peuple était occupé à piller leségyptiens, Moshé s'occupait de la mitsvah detrouver les ossements de Yossef... ». En somme,deux actions se produisent au même moment.D'une part le peuple vide les réserves égyptiens enrapport avec les propos de Rabbi 'Ami, et d'autrespart, Moshé se charge de retirer Yossef desprofondeurs du Nil. C'est sans doute à cela queReich Lakich fait allusion en parlant des poissonsdes profondeurs auxquels Yossef est comparé.

Un parallèle étonnant s'établi à la suite de ce quenous venons d'évoquer. Reprenons le Rachiprécédemment évoqué : « Hachem a commencépar frapper leur idole, avant de les frapper eux-mêmes. » Le maître semble faire un rapport entrela sanction de l'idole et la sanction de l'idolâtre. Lesens évident à donner à ce commentaire est lapréséance de la plaie du sang par rapport auxautres plaies destinées à punir le peuple. Toutefoisnous pouvons y voir une allusion plus profonde.Nous chantons dans le Hallel (Téhilim 114, verset.« La mer le vit et se mit à fuir הים רה, וינס » : (3Qu'a vu la mer pour fuir ? Le Midrach (BéréchitRabba, chapitre 87, paragraphe 8) répond :« Chimone Ich Kitrone a dit : par le mérite desossements de Yossef la mer s'est fendue pourIsraël. » Lorsque la mer a perçu la présente dutombeau de Yossef, elle s'est enfuit. Cela a d'unepart permis le passage des hébreux, maiségalement la mort des égyptiens.

Rabbi Éliézer Na'hman Pouah, l'élève dufameux Rama' Mipano dévoile (dans sa haggadade Pessa'h « midrach bé'hidouch ») que l'eau duNil utilisée pour tuer les enfants est venue depuisl'Égypte jusqu'à la mer Rouge pour noyer leségyptiens et les punir. Cela est confirmé par lemidrach (Chémot Rabba, chapitre 22, paragraphe2) précisant que toutes les eaux du monde sont

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Page 6: Parachat Vaéra 5781 אפשת אראו תשרפ · 2021. 1. 14. · La torah rapporte (Béréchit, chapitre 47, verset 10) : הֹעְרַפ יֵנְפִלִמ, אֵצֵיַו; הֹעְרַפ-תֶא,

intervenues pour frapper les Égyptiens dans lamer. En ce sens, nous comprenons les propos deRachi sous un autre angle. Après avoir punit leNil considéré comme un dieu par les égyptiens,Hachem a purifié ce dernier, et s'est servi del'élément de la faute pour sanctionner leségyptiens !

La morale à tirer après ce développement est déjàchantée par David Hamelekh (Téhilim 104, verset

מה-רבו מעשיך, יהוה-- כלם, בחכמה עשית;מלה » : (24Que tes œuvres sont grandes, ô הרץ, קנינךSeigneur! Toutes, tu les as faites avec sagesse; laterre est remplie de tes créations. » Puissions-noustoujours mériter d'observer la grandeur d'Hachem.

Chabbat Chalom.

Y.M. Charbit

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