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Raoul Hausmann (1886-1971), Mechanischer Kopf (Tête mécanique), 1919 Titre attribué : Der Geist unserer Zeit (L'esprit de notre temps)

Raoul Hausmann décrivant son œuvre "Der Geist Unserer Zeit - Mechanischer Kopf": "Je pris alors une belle tête en bois, je la polis longuement avec du papier de verre. Je la couronnai d'une timbale pliable. Je lui fixai un beau porte-monnaie derrière. Je pris un petit écrin à bijoux et le plaçai à la place de l'oreille droite. J'ajoutai encore un cylindre topographique à l'intérieur et un tuyau de pipe au côté gauche. Eh oui, j'avais envie de changer de matériel. Je fixai sur une règle en bois une pièce de bronze enlevée à un vieil appareil photographique suranné et je le regardai. Ah il me fallait encore ce petit carton blanc portant le chiffre 22, car, évidemment, l'esprit de notre temps n'avait qu'une signification numérique."

Domaine : arts du visuel Thématique : Arts, espace, temps / Arts, États et pouvoir Style: Figuratif Volume : Sculpture → Assemblage. Composition : La marotte est surmontée d’un gobelet métallique, télescopique et cylindrique à partir duquel descend jusqu’au milieu des sourcils un morceau de ruban de couturière déroulé sur 10cm.Une plaque rectangulaire, numérotée 22, est clouée sur le front, à gauche du ruban, entre le 5 et le 8. A partir du coin du haut gauche de la plaque,

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l’intérieur d’une montre laisse apparaître les rouages de son mécanisme. Une boite ouverte (étui à bijou en cuir contenant un rouleau de caractère d'imprimerie axé sur un tuyau de pipe) prend la place de l’oreille gauche. Juste derrière, un porte monnaie en peau de crocodile est déplié, on peut y lire le nom et l’adresse du fabriquant « …wein Berlin Budapest… ». Un système cranté en métal surmonté de deux molettes de réglages est fixé à l’endroit de l’oreille droite, il maintien un double décimètre qui part de la base du cou et s’érige à droite au dessus de la tête. Deux gros clous sont enfoncés sur chaque tempes. Dimensions : 32,5 x 21 x 20 cm Couleur : Aucun revêtement de peinture n’a été réalisé, aucune modification des surfaces . Chaque élément a gardé les couleurs des matériaux qui le constituent :bois naturel (vernis pour la marotte, brut pour le réglet) blanc /gris métallique pour le gobelet, la montre, le rouleau, les clous brun jaune pour le ruban, la plaque et les boutons noir et rouge marbré pour l’étui. Problématique : La « Tête mécanique » est une sorte d' « allégorie » c'est à dire une idée abstraite mise en forme par des figures. Raoul Haussmann veut illustrer l'esprit moderne de son temps d’une façon critique: « Je voulais dévoiler l'esprit de notre temps, l'esprit de chacun dans son état rudimentaire » ... « un homme de tous les jours... n'avait que les capacités que le hasard lui avait collé sur le crâne extérieurement, le cerveau était vide.. » Interprétation possible: Le porte monnaie préfigure les débuts de la société de consommation. La parole n’est que du vent (tuyau de pipe), l’écriture normalisée (rouleau typographique), . La pensée est affaire de rouages (mécanisme de la montre). L’émotion chiffrée L’intelligence peut se calculée, sur le bombage d’un front, par un étalon de mesure en centimètres. L’acuité auditive se réglée de façon millimétrée (crans, molettes et réglets). Si le contenant variable du cerveau a la capacité de s’agrandir ou se réduire, le contenu peut néanmoins resté vide (gobelet télescopique). Cette petite tête de bois critique la société , « de l’homme machine » qui empêche de penser par soi même. Car « penser comme une machine » était, selon Hausmann, le principal défaut de ses contemporains. En associant des matériaux hétéroclites, en l’état, sans modification, puisés dans le hasard de la réalité Raoul Hausmann joue avec sens, symboles et formes. Finalement ce qui est à l’intérieur de la boite crânienne devient ici visible à l’extérieur (la boite / oreille ouverte en induit l’idée).

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Conclusion : Par ses prises de positions politiques écrites, il dénonce la société « bourgeoise » de son époque, par ses œuvres il montre une approche anticonformiste de la notion de l’art. Il transgresse les limites des disciplines artistiques classiques (collage / dessin, peinture / objet du quotidien, sculpture / assemblage, photomontages…) Ainsi cette petite tête de bois critique la société , « de l’homme machine » qui empêche de penser par soi même. Car « penser comme une machine » était, selon Hausmann, le principal défaut de ses contemporains dont le visage est « une image faite par le coiffeur…leur cerveau est vide…leurs seules capacités sont celles que le hasard leurs a collées à l’extérieur du crane ». Elle caractérise l’une des revendications de Dada qui n’est pas de faire un anti art car « l’anti art c’est aussi l’art » (Huelsenbeck) mais de détruire pour reconstruire. « Ce n’est pas simplement de faire table rase mais c’est renverser la table » comme le dit Behar. (Henri Béhar, né en 1940 à Paris, professeur et historien de littérature française) Vocabulaire : Allégorie : C'est incarner une idée abstraite, la mettre en scène grâce à des figures, tel est le principe de l'allégorie. De tout temps les artistes ont fait usage de l'allégorie

Exemple : La liberté guidant le peuple, 1830, de Delacroix, huile sur toile, 259x325 cm, Louvre

Les assemblages sont des œuvres en volume, obtenues associant des objets divers sur un support rigide. Les cubistes sont les premiers à faire des assemblages et collages. Les dadaïstes (Schwitters, Hausmann, Arp et Ernst ont recours à cette technique en imaginant des compositions, empreintes d'un esprit politique et critique pour les uns, ou poétiques pour les autres.

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Les collages sont des œuvres obtenues en réunissant des matériaux divers collés sur un support. Dada : En réalisant cette œuvre, Hausmann est fidèle aux idées du groupe Dada, c'est à dire se débarrasser de toutes les traditions politiques, sociales, culturelles et artistiques de l'Occident qui ont finalement abouti selon eux, à la guerre de 14-18. Dada va tourner en dérision n'importe quelle activité humaine et les sentiments qui l'engendrent : la machine , la société, et l'art. Le poète Tristan Tzara déclare « l'art a besoin d'une opération ». Les artistes Dada vont, dans leurs œuvres, mettre en avant ce qu'ils percevaient du chaos de leur époque.

Kurt Schwitters Sans titre 1920-1922 assemblage, huile sur miroir cloué à une toile 28,50 x 11 cm Musée d’art moderne de la ville de Paris

Francis Picabia L’oeil cacodylate 1921 huile sur toile collage de photographies cartes postales et papiers découpés 148,6x117,4 cm MNAM Paris

Une marotte (par extension ) : C'est une tête de mannequin de vitrine présentant des coiffures ou des chapeaux. Le photomontage : C'est une découpe de photographies collés sur une nouvelle photographie (Hausmann semble être le premier créateur du photomontage en 1918). Les photogrammes sont des photographies tirées en déposant des fragments de matériaux, sur la surface sensible d’une plaque ou d’un papier photographique.

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Le hasard

(approche théorique)

Lorsque Léonard de Vinci fait référence au hasard, celui-ci se place en observateur extérieur à l’œuvre, c’est l’imagination du spectateur qui reconstruit une réalité, car jusqu’au XXme siècle le postulat de la peinture occidentale s’accroche à la notion de représentation. A partir de 1910, lorsque par hasard (toile retournée dans l’atelier), Kandinsky invente l’abstraction cette référence à la représentation s’efface. Certains artistes vont alors intégrer cette notion de hasard dans leur pratique, non plus comme un élément extérieur a intérioriser, mais comme un élément constitutif de leur œuvre. Ces interventions du hasard ont cependant des objectifs différents : Les inventions techniques du mouvement Dada (photomontages, fatagada…) ont pour base une volonté de subversion sociale. Tandis que celles des surréalistes (frottages, cadavres exquis, écriture automatique,…) chasse sur les terres du conflit entre le conscient et l’inconscient théorisée par Freud. A l’opposé, même « libérés » de la représentation, d’autres artistes vont s’attacher à réduire l’irruption du hasard dans leurs œuvres : Opt art / Vasarely, minimal art / Sol LeWitt… Ouverture possible :

« Cette œuvre est la transposition du collage de papier à la dimension du volume. En parallèle avec le collage, ces éléments sont des objets fonctionnels, mais ils prennent une dimension poétique au moment de leur assemblage » D'après : http://www.clg-daubigny-auvers.ac-versailles.fr/IMG/pdf/analyse_hausman.pdf http://palagret.eklablog.com/raoul-hausmann-tete-mecanique-ou-l-esprit-de-notre-temps-l-avenir-de-l-a114820734 http://www.phakt.fr/wp-content/uploads/2012/07/plaquette-enseignants-5-petit-musee.pdf

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Raoul Hausmann-tatlin at home, 1920, Photomontage et aquarelle

Raoul Hausmann, Self portrait, 1920, Photomontage et collage sur papier Japon, 36.2 x 28

John Heartfield, Photomontage, Dada,book cover, Germany, 1927