24
Centre d'Education et de Formation Interculturel Rencontre 3 ème Trimestre 2007 N° 194 Former les esprits sans les conformer, les enrichir sans les endoctriner, les armer sans les enrôler (Jean Rostand) Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir...

Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

Centre d'Education et de Formation Interculturel Rencontre

3ème Trimestre 2007

N° 194

Former les esprits sans les conformer, les enrichir sans les endoctriner, les armer sans les enrôler (Jean Rostand)

Réflexion sur l’islamRadio RencontreActivités du Céfir...

Page 2: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 2

Une coopération, un co-développement… sans les peuples ?

Au Maghreb, zone où le CEFIR s’implique très fortement, l’intégration régionale et le réveil de la société civile font espérer un renouveau pour le partenariat euro-méditerranéen, et plus particulièrement euro-maghrébin… même si beaucoup de difficultés persistent.

Parmi ces difficultés, il faut noter la faible place qu’occupe la société civile dans les instances « patentées » de la coopération. Certes, des efforts sont faits, notamment au travers des programmes concertés pluri-acteurs, mais c’est loin d’être suffisant !

Tout comme nous avons souvent le sentiment d’une « démocratie sans le peuple », nous assistons également au développement de processus de coopération, sans les ONG issues de l’immigration en particulier, et sans les représentants de la société civile en général.

La coopération décentralisée a, comme son nom l’indique, permis de décentraliser la coopération, mais les pratiques restent les mêmes que celles de l’Etat. Les collectivités locales et territoriales n’associent pas suffisamment les ONG oeuvrant sur ce champ. Après la coopération d’Etat

SOMMAIRE

Reflexion Sur L’islam

P. 3 > Espace Arabo-Musulman

P. 4/5 > L’islam fait peur

P. 6 > Dames Blanches

Faits De Société

P. 6/7 > L’économie mondiale

P. 8/9 > Egalité et diversité culturelle

P. 10 > La France malades de ses étrangers

P. 11 > Notre société pluriculturelle

P. 12/13 > Présence des musulmans

Activités du Céfir

P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée

P. 16 > Point de vue

P. 17 > Lecture

P. 18/19 > Chemin de traverse

P. 20/21 > Médias des diversités

P. 22/24 > Radio Rencontre 25 ans !

à Etat, on passe à la coopération de collectivités à collectivités… mais où sont les citoyens ?

La coopération demeure trop souvent, encore aujourd’hui, une « aide liée », ou un outil de régulation au service des politiques, nationales ou locales.

Exemple ? 75 % du financement de l’Agence Française de Développement pour la zone Maghreb/Moyen Orient va à 5 % de la population de cette zone. Mais c’est sûrement un hasard !!!

Trop longtemps confisquées par l’Etat et maintenant par les collectivités territoriales, les politiques de coopération ne tiennent pas suffisamment compte des ONG, des ressortissants des pays concernés, donc de la société civile.

Si de nouvelles perspectives semblent s’ouvrir aujourd’hui pour la coopération euro-maghrébine, il ne me semble pas possible d’envisager aujourd’hui une politique de co-développement sérieuse, durable et efficace sans que cette condition soit remplie.

Mustapha BOURAS

EDITORIAL

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Page 3: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

L’ESPACE ARABO-MUSULMAN

p. 3

SOMMAIRE

Reflexion Sur L’islam

P. 3 > Espace Arabo-Musulman

P. 4/5 > L’islam fait peur

P. 6 > Dames Blanches

Faits De Société

P. 6/7 > L’économie mondiale

P. 8/9 > Egalité et diversité culturelle

P. 10 > La France malades de ses étrangers

P. 11 > Notre société pluriculturelle

P. 12/13 > Présence des musulmans

Activités du Céfir

P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée

P. 16 > Point de vue

P. 17 > Lecture

P. 18/19 > Chemin de traverse

P. 20/21 > Médias des diversités

P. 22/24 > Radio Rencontre 25 ans !

C’est par la religion que s’est constitué le monde musulman et c’est elle aussi qui fut le

vecteur de son expansion. Il s’est étalé de Bagdad au sud de la France en passant par l’Afrique du Nord, et l’Andalousie, base de l’idéologie de son admirable Age d’or, qui demeure en lui comme une nostalgie quasi maladive qui le taraude continuellement…. Jamais il ne s’est remis de son déclin et il lui est resté actuellement cette confusion entre religion et politique, étroitement liées l’une à l’autre dans les souvenirs d’un passé glorieux et des aspirations de reconquête de grandeur.

La plupart des pays Arabo-musulmans n’existaient pas il y a un siècle.

En effet, à la chute de l’Empire Ottoman, les pays colonialistes, surtout la France et l’Angleterre, ont créé de toutes pièces des Etats-Nations avec ce qui n’était que de grands territoires aux limites plus que floues, sans frontières autres que celles que s’établissaient eux-mêmes pour leur population, les chefs de tribus plus ou moins nomades, selon quelques caractéristiques (points d’eau, oasis, oued, brousse, pâturages, foret, la mer, une montagne, etc.) qu’ils se disputaient continuellement, car c’était une histoire de survie. Ils se disputaient aussi pour avoir influence et autorité les uns sur les autres. Ils se guerroyaient souvent également, simplement pour le plaisir de dominer et d’être le plus fort.

Mis à part le MAROC et l’ÉGYPTE qui étaient des royaumes depuis pas mal de siècles, l’ALGERIE ET LA TUNISIE et tous les autres Etats sont des créations récentes, souvent arbitraires des occidentaux du début du 20ème siècle : ainsi, L’Arabie Saoudite Les Emirats, Le Qatar, le Koweït, Oman, etc., à la tête desquels les puissances coloniales installèrent dans chacun d’eux, le chef qui convenait le mieux à leurs intérêts bien pensés.

Ils en furent très largement « récompensés » par les immenses richesses qu’ils accumulèrent, grâce surtout à l’extraction du pétrole et des divers minerais qu’ils concédèrent à des sociétés commerciales minières ou pétrolières occidentales qui leur octroyèrent de larges « intéressements » et honneurs officiels.

Ainsi, depuis bientôt un siècle, le monde musulman a été intégré comme espace culturel de la planète dans un système mondial dans lequel il ne se reconnaît pas et dont il considère à tort ou à raison, qu’il porte atteinte à ses intérêts et ses aspirations. Il canalise le mécontentement social et toutes les frustrations cruellement ressenties par

les populations.Le monde musulman fait alors un

procès contre l’Occident et toutes les institutions qui en sont issues.

C’est ce qui se passe actuellement dans quelques esprits qui rendent les Occidentaux responsables de leur déclin et se traduit chez certains par des réactions de haine et de violence d’autant plus aveugles qu’elles sont souvent manipulées.

Rencontre

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Page 4: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 4

L’ISLAM FAIT PEUR, ET POURTANT !

Nous avons tort de parler de l’ISLAM comme d’un seul bloc, monolithique, parlons plutôt

des ISLAMS, car il y a différentes façons de vivre la religion islamique, selon le pays où elle est implantée, comme il y a en chrétienté des variantes de rites et de façon de vivre sa foi : romaine, orthodoxe ou protestante pour les principales.

Dans chacune, il entre également en jeu les traditions, et la psychologie de chaque population, si ce n’est de chaque croyant…

Il en est de même pour l’Islam, avec cette différence qu’il existe une variante vécue comme une idéologie fondamentaliste par certains d’entre eux, fanatiques absolus, absolument rebelles à toute ouverture, vue comme une trahison, un blasphème même.

Pour beaucoup de musulmans, surtout ceux vivant à l’étranger, l’islam leur donne une identité qui leur est nécessaire. En effet, ils se sentent un peu perdus, isolés dans le monde occidental d’où ils se savent plus ou moins rejetés, tout au moins acceptés avec méfiance.

Ils s’enferment alors dans un « bloc » bien fermé l’ISLAM, inaccessible aux « autres », ce qui leur donne un sentiment de sécurité et de solidarité. Ils fréquentent assidûment les mosquées qui sont alors pour eux, outre leur lieu de prières, des camps de retranchement instinctif.

PLUS MUSULMAN QUE MAHOMET !

La foi est profondément ancrée dans le cœur et l’esprit des peuples musulmans, mais hélas, pour une population « fragilisée » et instrumentalisée, elle est souvent

quoi à la BIBLE en l’interprétant selon leurs convenances, et par des prêches violents et enflammés ils en entraînaient des milliers d’autres dans leur dérive.

Fort heureusement, nous avons dépassé les temps maudits de l’Inquisition, des bûchers et des Saint Barthélemy… Eux en sont encore là !

Mais, ne nous y trompons pas !

La plupart des musulmans sont traumatisés et refusent de se reconnaître dans cette violence, dans cette haine aveugle, dans ce fanatisme qui tue au nom d’un dieu qui ne ressemble plus guère à celui des origines. Et si les plus fanatiques d’entre eux s’en sont rendus coupables, la très grande majorité la récuse totalement.

Ils en sont d’ailleurs les premières victimes.

Actuellement, Allah n’est souvent qu’un alibi pour des fins géopolitiques,

devenue une foi aveugle, réduite à une liste de directives et d’interdits ! Le plus souvent, elle n’est même que cela, à la limite de la superstition, faite de fétichismes et d’effarantes absurdités !

La pratique stricte d’un dogme rigidifié depuis des siècles dans une compréhension simpliste et erronée et une pratique intangible des rites a laissé le droit musulman dans un archaïsme dément.

Le Coran est alors interprété selon les besoins du moment, des désirs, des rêves, des ressentiments ou de la haine ou encore avec des visées poli-tiques trop souvent belliqueuses para-doxalement et radicalement opposées à l’Islam du LIVRE. C’est ce qui donne lieu à la folie sanguinaire actuelle.

MAHOMET lui-même aurait du mal à reconnaître cet Islam là.

N’oublions pas que jadis, certains chrétiens faisaient dire tout et n’importe

l’ islam fait peur

Page 5: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 5

servant à endoctriner les plus jeunes et les plus fragiles d’entre eux jusqu’au sacrifice de leur vie.

COMMENT FAIRE POUR RESTAURER L’ I SL AM ? Le v ra i ! L ’ I s l a m d e s premiers temps, L’Islam lumineux qui a donné au monde de si belles choses et fait avancer d’un grand pas les sciences Occidentales en nourrissant la pensée des Hommes ?

Ce ne sera pas chose facile, car vouloir réformer les paroles d’Allah, est un sacrilège aux yeux des musulmans, même si elles ont été perverties par le temps, surtout par les hommes…

Cependant, « Islamiste » ne veut pas nécessairement dire « intégriste », lequel ne veut pas non plus nécessairement dire violent et terroriste ! Ceux-là sont des fanatiques.

MODERNISTES CONTRE INTEGRISTES

Une lutte se développe entre islamistes « intégristes » (conservateurs plutôt) d’une part, qui pensent être les défenseurs de l’institution religieuse, et veulent le retour d’un l’Islam du temps du Prophète, mais en termes étroits, ce sont des fondamentalistes.

Et d’autre part, les islamistes « modérés’ » (« normaux » dirons-nous) qui, eux, pensent tout autrement : que la mission de l’Islam contemporain est de changer les réalités négatives d’un Proche-Orient très en retard par rapport à la plupart des autres régions du monde.

Ils tentent de le débarrasser du carcan dans lequel certains l’ont enfermé et qui lui fait grand tort sur tous les points, laissant végéter les populations entières dans une quasi-misère économique et intellectuelle.

Pour ces modernes, il convient d’interpréter le Coran à la lumière et à la culture de notre époque, et non plus à celle des origines : les esprits étaient adaptés à ces temps-là, mais la vie qui passe change les choses ! On ne peut être plus logique (et soit dit en passant, ceci est valable pour toutes les religions !).

n’avaient cure, ou lorsqu’ils en avaient une autre.

Nous avons eu nous aussi, nos intégristes, et ils n’étaient pas des plus tendres, ils s’y entendaient pour user de la torture et des massacres pour une attitude ou une parole de trop. Et il semblerait même que nous en ayons encore quelques-uns de nos jours, certes moins violents, assez peu nombreux mais fauteurs de troubles aux idées tout aussi primitives et rétrogrades.

Ils ont leurs « ayatollahs », qui force sermons écrits et processions, jettent la vindicte sur notre société, notre modernisme et certaines de nos lois qui ne leur conviennent pas, ils emploient parfois de la violence et pas seulement verbale.

Ils refusent la laïcité, l’avortement, la pilule, le divorce, et en général tout ce qui touche à la sexualité, et la mixité. Ils rejettent certaines théories et même des réalités scientifiques reconnues comme le Darwinisme, pour mieux s’ancrer dans leur archaïsme. Certains sont également très « remontés » sur tout ce qui a trait à la femme, à la liberté qu’on lui consent, enfin, et à son rôle dans la société, en ajoutant bien souvent un dangereux nationalisme étroit, fortement teinté de xénophobie particulièrement pour tout ce qui n’est pas franchement blanc, chrétien et Occidental.

Si, lentement, sourdement, sans bruit une réforme de l’Islam est en cours, on ne peut, hélas, dire la même chose en ce qui concerne ces énergumènes d’un autre âge !!

DD

Pour ceux-ci l’un des principaux centres du modernisme islamique et de sa rénovation c’est… L’ Occident !

En effet, c’est là où, sans craintes, les musulmans apprennent à devenir tolérants. Ils jouissent pour la première fois de leur histoire, d’une liberté totale de pensée, de recherches, de débats, de discussions, d’écriture, dans une grande variété d’idées concernant la religion, à travers tous les médias, télé, Internet, radio, conférences, livres…, toutes activités pratiquement impossibles, voire prohibées, dans la plupart de leurs pays d’origine sous peine d’emprisonnement et même de mort.

L’AVENEMENT D’UN ISLAMISME « MODERNE »

Ainsi, sans bruit, un peu partout dans le monde musulman on débat, en l’absence de consensus, sur la définition d’un Etat islamique et si possible Laïque.

Ils sont très nombreux, plus qu’on ne le pense, et bien déterminés à interpréter les textes de Loi d’une façon compatible avec la société contemporaine et s’ils sont souvent critiques, vis-à-vis de l’Occident, ils le sont tout autant, à l’égard de leur propre société, mais dans un sens constructif. Ils ont devant eux un travail considérable, et extrêmement dangereux à accomplir : nettoyer, puis éclairer et « nourrir » les esprits embrumés de millions de leurs congénères !

Bousculer, bientôt 15 SIECLES d’une certaine idée d’une religion, ce sera sans doute difficile pour certains de nos contemporains, qu’ils soient musulmans ou chrétiens. La réforme islamique demandera du temps, mais grâce aux techniques modernes de communication, certainement pas aussi longtemps qu’a demandé la Réforme Chrétienne.

Car n’oublions pas que, nous aussi, sommes passés par-là !

Nous avons eu, nous aussi, la détestable habitude de vouloir imposer aux autres une foi dont ils

Page 6: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

.

La France a demandé à l’Union des Organisations Islamiques

(UOIF), qui en regroupe pas moins de 270, de bien vouloir examiner un projet « moderniste » de la religion musulmane.

Certaines communautés radicales ont cru devoir faire des réserves sur les dispositions laïques auxquelles la France leur demandait de se rallier. Ces communautés, outre le problème du foulard, n’acceptent pas, par exemple, qu’il soit stipulé qu’un musulman puisse se convertir à une autre religion.

p. 6

Il est plus difficile de détruire un préjugé qu’un atome.

Albert Einstein

La mondialisation de l’économie libérale c’est la liberté nous a t-on dit!!

« C’est enfin la possibilité pour chacun d’utiliser au mieux ses compétences : le salarié pourra trouver sans effort sur toute la planète l’endroit le plus adéquat à sa profession l’employeur le plus intéressant, celui qui lui conviendra…. Quant aux PME, elles trouveront un vaste marché avec des débouchés énormes où elles pourront se battre à armes égales… Bref, l’économie

mondiale allait donc nous apporter un monde de douceur, affranchi des contraintes et des barrières nationales, énorme chantier où l’initiative allait pouvoir enfin s’épanouir… ».

Bref, à entendre tout ce qui a été dit et écrit par les hommes politiques depuis 30 ans dans des discours

enchanteurs sur cette nouvelle forme d’organisation du commerce, c’était tout un monde dynamique et stimulant qui allait s’offrir à nous, affranchi des contraintes réglementaires, et des barrières nationales : schémas idéals… pour le plus grand bonheur de tous !… Bref, avec ce capitalisme mondial, nous allions enfin tous vivre dans le meilleur des mondes !

L’ECONOMIE MONDIALE

C’est notre attachement profond à la notion de LAICITE qui a fait

qu’en refusant de nous occuper des religions, en voulant systématiquement les ignorer par principe, nous avons fait preuve d’un laxisme stupéfiant.

Ainsi, par naïveté (?), par un « laisser faire », par un sens politique gravement erroné (?) qui nous a rendu sourds et aveugles, mais aussi par un solide égoïsme, nous sommes passés d’une société de tolérance à une société d’indifférence, de total désintéressement sur tous les points et avons laissé s’enfoncer, petit à petit, des centaines, des milliers de personnes qui ne demandaient sincèrement qu’à s’intégrer, et se fondre dans notre paysage quotidien.

Nous venons seulement de nous réveiller brutalement pour en payer les conséquences dans un sentiment d’incrédulité étonné et c’est dans l’urgence que nous tentons de réparer si possible les dégâts, mais il en restera des traces indélébiles que seul le temps pourra peut être estomper.

Mais le nombre de textes modernistes qui circulent en France, l’engagement de nombreux intellectuels et enseignants musulmans, la mobilisation des religieux modernes et des interprètes audacieux des textes coraniques sont autant de signes visibles au cours des émissions télévisées sur l’Islam du dimanche matin sur France 2 qui pourraient annoncer une tentative de révision profonde.

L’Islam français est bien disposé à s’adapter à la conception de notre société. Il pourrait alors se proclamer le fer de lance contre l’islam fondamentaliste.

Page 7: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

.

p. 7

Malheureusement, la réalité est tout autre ! Le monde politique et le monde financier ne parlent pas du tout la même langue ! Cela semble même indéchiffrable !

Très vite tous les secteurs : économique, bancaire, industriel et commercial se sont transformés en financiers purs et durs n’ayant que le profit en vue. Ainsi dévoyé ce système de commerce international mis en œuvre est devenu par, l’avidité de certains managers et lobbies internationaux, source de paupérisation et de malheur. Seule la rentabilité maximale a cours, peu importent les dégâts !

Des fusions se sont faites d’une fa-çon effrénée et des mariages d’af-faires contre-nature se sont réalisés, même s’ils n’ont parfois duré qu’un temps, juste le temps d’écraser ou de ruiner certains en verrouillant le marché à toute concurrence.

Cette course au gigantisme a écrasé quantité de petites et moyennes entreprises qui faisaient vivre des dizaines de milliers de salariés. Ainsi avalées toutes crues par quelques plus gros qu’elles, des requins, elles en ont, par force, laissé tout autant dans la précarité, et le désespoir et des régions entières sont économiquement dévastées.

Salariés et PME ne pèsent rien face aux entreprises de taille mondiale, souvent multinationales qui influent la totalité du marché de la planète, en y faisant la pluie et le beau temps (plutôt le mauvais d’ailleurs).

Souvent multinationales, elles emploient plusieurs dizaines de milliers de personnes à travers leurs diverses filiales installées sur tous les continents ou presque. Et ces titans ne cessent de s’agrandir, fusionnent à l’amiable ou s’entre-dévorent sans pitié les uns les autres.

Tous les secteurs sont concernés : les énergies, la chimie, la métallurgie, la technologie, la pharmacie, l’alimentation, la restauration, l’hôtellerie, le tourisme, le loisir, etc…

Les conséquences se font sentir sur tous les continents, et sur les tous plans : politique, social et économique. Même celui de la santé est gravement touché et de plus, cela mène à la paupérisation des populations.

Mais les dirigeants de ces entreprises géantes ne sont pas des hypocrites ! Ils ne nous prennent pas en traîtres ! Lorsqu’ils annoncent leur fusion, ils indiquent bien qu’ils vont en profiter pour revoir leur organisation de travail, et devoir, la mort dans l’âme (!?), c’est certain, se séparer du personnel en double, mais aussi de ’’dégraisser’’ (quel terme horrible !) pour mieux rentabiliser leurs affaires…

C’était donc ainsi qu’il fallait comprendre la mondialisation et non pas comme l’avait sincèrement imaginé une partie du monde politique ? Celui-ci aurait donc été « roule dans la farine » par les économistes tout comme les simples salariés, leurs électeurs ?

CE SYSTEME LIBERAL EST DEVENU FOU

ça aurait très bien pu marcher mais c’est l’avidité des hommes qui a dévoyé le système !

C’est vrai, la mondialisation menée normalement n’était pas une mauvaise chose en soi. Elle aurait dû ouvrir les marchés tout en facilitant l’économie, amener un mieux-vivre pour tous et, plus d’aisance. Mais les hommes n’étant que ce qu’ils sont, une trop grande libéralisation du système économique est venu tout gâcher, creusant des fossés énormes, ou plutôt, des gouffres entre les divers salariés et les dirigeants.

Des fortunes incommensurables se sont créées et se créent chaque jour au détriment des salariés qui ne touchent que des miettes des richesses générées. Les PDG sont mis eux-mêmes sur la sellette par les Conseils d’Administration avides qui leur donnent l’obligation d’afficher des résultats positifs pour la seule satisfaction des actionnaires. Leur fauteuil doré est donc lui-même mis en jeu et l’on peut assister actuellement à une valse de PDG !

Sentant l’épée de Damoclès au-dessus d’eux, ils mettent alors leur entreprise, sous pression constante. Poussant les feux, ils exigent une productivité toujours croissante, les salariés sont « harcelés » de toutes parts, on leur en demande toujours plus et plus vite, mais sans plus de considération.

Il faut du rendement pas une minute à perdre, sous les yeux des caméras de surveillance promptes à « moucharder », et souvent ceux d’un chronométreur. Alors le stress s’installe et ne vous quitte plus avec le sentiment d’être dévalorisé, dépersonnalisé, vidé…

Beaucoup y laissent la santé et même la vie. Il y a actuellement une vague de suicides à tous niveaux, ingénieurs, chefs d’atelier et jusqu’aux employés : une trop forte pression sur eux, des conditions de travail trop astreignantes, faites pour satisfaire une rentabilité maximum, donnent une ambiance exécrable devenue insupportable à certains, et ce, le plus souvent, pour un salaire permettant juste de survivre. Ajoutée à cela la menace constante d’un licenciement. Tant d’autres se sont retrouvés humiliés, au chômage, RMIstes, voire SDF, dans une dérive personnelle et familiale.

Le sentiment de la fragilité de leur situation et la hantise d’un tel naufrage font que leur moral n’est souvent soutenu que force anti-depresseurs, jusqu’au moment où certains « craquent » et décident d’en finir une bonne fois pour toutes !

Comment être heureux dans une telle situation, sans même avoir la possibilité de la colère et de la révolte de vivre une vie comme celle-ci !

Y-a-t-il un bout au tunnel ?

Mustapha BOURAS

Page 8: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 8

L’immigration de l’après guerre, principalement africaine, suivie dans les années 70-80 par

les regroupements familiaux, s’est traduite par le phénomène souvent inéluctable de peuplement (présence durable et certainement définitive) de millions de personnes (Hommes, femmes, familles, enfants….) démographiquement semblables aux autochtones mais introduisant une dimension autant nouvelle qu’inattendue, celle de la diversité culturelle.

Cette réalité complexe et mouvante, qui caractérise de plus en plus la société française, ne peut être étudiée sociologiquement qu’en recomposant (abstraitement) et constamment ces populations (comme toute population), en définissant les multiples appartenances de ses membres en complément mais indépendamment de leurs seules appartenances juridiques ou statutaires ; ces dernières étant réduites principalement à la possession ou non de la nationalité française.

Bien avant les prises de positions

politiques et les lois sur les discriminations des années 2000, les approches strictement locales ou ethnologiques des diverses populations, effectuées le plus souvent par les membres et acteurs de cette diversité culturelle, basées sur des critères « ethniques » ou « d’origine » ont montré, à contrario, les limites pour ne pas dire l’impossibilité de connaître la réalité de cette diversité culturelle à partir des seuls critères de nationalité ou tout autre critère respectant scrupuleusement le formalisme égalitaire.

Face à cette diversité des approches locales, pertinentes et enrichies car prenant en compte les multiples et diverses appartenances et situations, s’érigent des approches nationales et globales, dominantes mais appauvries car s’appuyant - par obligation juridique - sur les seuls critères de nationalité. Comment, à titre d’exemple, peut-on mesurer et prévenir les discriminations, comprendre les

situations et changements sociaux, ou encore approcher les besoins et attentes des diverses populations sans déconstruire ou différencier cette catégorie « les Français » à laquelle appartient la majeure partie des enfants d’immigrés ou d’étrangers ?

L’imbrication du scientifique, du juridique et de l’idéologique ne permet pas pour l’instant d’aborder sereinement et objectivement cette notion de diversité culturelle qui relève autant d’une réalité tangible que d’enjeux politiques, idéologiques et sociétaux. Tout au moins en France car ailleurs, en Europe comme aux Etats Unis ou au Canada, la question se pose en des termes beaucoup moins confus, moins problématiques et moins conflictuels (Cf. à titre d’exemple, les différentes études et méthodes employées en Europe, notamment sur l’appartenance religieuse ou d’origine, comme celles de l’EUMC - Observatoire Européen des phénomènes racistes et xénophobes).

Parler objectivement d’immigrés,

d’étrangers, ou d’enfants d’immigrés ou d’étrangers et à plus forte raison d’enfants de maghrébins ou d’africains, ou de populations « noires » ou « arabes », non seulement ne va pas de soi – scientifiquement tout au moins - mais cela reviendrait à soulever les foudres de n’importe quel démocrate, républicain, militant associatif ou penseur positiviste.

Ce « nous sommes tous français » sonne comme un principe définitivement indiscutable, d’autant plus que l’Histoire des rapports entre ces populations issues des anciennes colonies et la France a été longtemps secouée par cet enjeu de « être ou ne pas être Français ».

Mais la réalité, hélas, ne se réduit pas et ne se laisse pas dompter par les principes, les décrets ou les dictats idéologiques ou politiques aussi fondés soient ils et que nous partageons et valorisons tous (en particulier ces principes républicains d’égalité).

Le renforcement même de ce principe d’égalité, par l’ajustement politique sans cesse poursuivi entre

réalité et principe, passe aujourd’hui et inéluctablement par la considération de cette réalité dans toute sa complexité, sans tabou ni approximation.

Mais en respectant scrupuleusement certains principes, comme celui, ici, d’égalité, sans se soucier du réel, divers et complexe, on n’a fait que renforcer cette cécité républicaine devenue, de fait et paradoxalement, principe organisateur d’inégalités et de leurs légitimations. A titre d’exemple, à contrario, sans des approches « à caractères ethniques », court-circuitant le principe formel d’égalité, comme les testings (Cf. Université Paris-1) les discriminations n’existeraient pas, parce que restant de ce fait invisibles et impossible à énoncer.

En fait, tout se passe aujourd’hui comme si un invisible conflit s’est ouvert entre principes républicains formels et prégnants d’un côté, reliés par des pesanteurs historiquement héritées (comme les considérations sur les appartenances religieuses) et, de l’autre côté, une réalité historiquement nouvelle, diverse et incompressible ; celle-ci - résumée ici en tant que diversité culturelle - grignotant de plus en plus de terrain à mesure qu’elle s’énonce notamment comme actions et opinion publique et qu’elle se renforce par l’avancée de cette autre diversité qu’est l’intégration européenne.

Ainsi et n’en déplaise aux pourfendeurs de la diversité culturelle et du multiculturalisme (anciens-nouveaux philosophes, médiatiquement sacrés, aux pensées vieillissantes, continuellement recyclées, dont certains restent retranchés derrière une rhétorique de peur et guidés par une idéologie et des arrière-pensées fourbement et pernicieusement occultées, tantôt racistes, tantôt islamophobes ou africanophobes), les lois en la matière reconnaissent de fait cette intangible réalité de diversité culturelle - même indirectement à travers certains critères comme « l’appartenance ethnique » - (Cf. notamment la loi 1972 dite loi anti-racisme, les articles du code pénal 225-1 et 225-2 ainsi que la loi du 16 novembre 2001 sur les discriminations).

Egalité et diversité culturelle :

Page 9: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 9

Par ailleurs, l’INSEE introduit de plus en plus, dans ses enquêtes et analyses, des critères nouveaux et extérieurs, comme le lieu de naissance pour le recensement en 1999, pour mieux approcher cette diversité culturelle.

Même les grandes et importantes enquêtes publiques françaises emploient et depuis longtemps (mais ailleurs qu’en métropole) des critères à caractères ethniques comme en Nouvelle Calédonie, où les populations sont distinguées par le critère « d’autodéclaration ethnique ».

La commission Informatique et Liberté, aussi, s’est penché récemment sur les conditions de généralisation de l’emploi de critères relatifs à cette diversité culturelle, et particulièrement sur la notion « d’appartenance ethnique » à travers des auditions de scientifiques, de responsables politiques et de diverses personnalités.

Enfin, de plus en plus d’études et de sondages, comme ceux du CRAN-TNS Sofres (janvier 2007 ; l’existence même de cette association autodésignée NOIRE témoignant de l’importance de cette réalité) s’appuient déjà sur « l’appartenance ethnique » (définie pour l’instant par l’autodéclaration, mais celle-ci étant au préalable et de fait inclue dans le questionnaire) pour mieux saisir statistiquement et globalement ces

nouvelles réalités, jusque là ignorées. Les résultats de ces études ont montré, si besoin en est et toujours à contrario, l’urgente nécessité de développer des approches nationales et globales basées sur des critères nouveaux et ne se réduisant pas seulement à la nationalité française ou au lieu de naissance, car devenus insuffisants pour nous aider à comprendre cette nouvelle réalité.

En somme comment connaître et reconnaître pleinement cette diversité culturelle (et partant les multiples identités notamment culturelles) indépendamment (ou sans contradiction avec) les autres dimensions et valeurs relatives à l’Etat, à la Démocratie, à la République et à la Nation française. Question insalubre dans l’état actuelle des choses, et qui admet aujourd’hui toutes les réponses possibles, même les plus contradictoires.

Pour notre part, la question reste finalement de savoir « qui est qui ? » et comment connaître et reconnaître

pleinement ce « QUI » en tant que tel ? Une anecdote, résumée, pour

présenter notre interrogation :

J’ai assisté un jour à une altercation entre deux voisins à propos d’un chien. C’était dans une cité minière du Pas-De-calais.

- Ton chien « d’arabe » n’arrête pas de souiller mon jardin. Tiens ton chien, ne le laisse plus venir chez moi. Criait le premier voisin, un « Français » comme on dit localement.

L’autre voisin, un algérien âgé, essayait de calmer la situation en retenant le chien de son fils.

- Non monsieur ce chien n’est pas embêtant c’est pour ça qu’on ne l’attache pas. Et puis d’ailleurs, ce n’est pas un chien d’arabe. C’est un chien français, monsieur. Oui, il est né en France…si, si…..je vous le jure.

S’en est suivi tout un échange plus ou moins houleux sur les identités, à travers la provenance, l’origine, le lieu de naissance et l’appartenance, des uns et des autres sans oublier évidemment celle du chien.

Une telle anecdote, sans fin, reste à méditer. Qui est qui ? En vertu de quoi qui est qui ? Comment connaître qui est qui ?.....

Mais avant que j’oublie : en fait, le chien ! C’était un berger allemand…..si, si...je vous le jure.

Abdelmoula SOUIDA

A propos des approches statistiques de la diversité

Page 10: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 10

C’est une longue tradition chez nous, vieux pays jadis essentiellement agricole,

celui qui n’était pas de notre village, était un « étranger » et regardé avec méfiance. Il n’était pas nécessaire qu’il vienne du bout du monde, qu’il soit du département voisin suffisait et pour peu qu’il ait un accent ou une façon de s’habiller « pas comme tout le monde » ou quelque particularité physique, manchot, borne, bègue ou, boiteux, il était à fuir et au mieux, à tenir à distance.

Il fallait des mois et des mois d’observation plus ou moins suspicieuse pour qu’il soit enfin simplement supporté et à condition qu’il mène une vie ouverte au grand jour, mais il pouvait devenir très vite le « bouc émissaire » si par aventure, quelque fâcheux incident survenait dans les environs.

Il fallait des années, voire une génération pour être accepté et intégré au village, et même en ville, mais à un degré moindre.

Quant aux « étrangers », seulement de passage, les portes se barricadaient et dés qu’on les apercevait, souvent on lâchait les chiens dans la cour !

Heureusement du temps a passé, et des événements graves, ont sans doute rendu plus compréhensif… Encore que… !?

Avec les vacances et les loisirs, les gens se sont mis à voyager, à s’aventurer parfois bien loin de leur clocher, à aller jusque chez les « étrangers », chercher l’exotisme. Ils ont vu leur environnement, leurs différents modes de vie, ils y ont même souvent pris du plaisir, mais

revenu chez soi, il n’empêche qu’il demeure quand même un petit quelque chose comme de la méfiance, et même un certain rejet dans beaucoup trop de mentalités, surtout si ces « étrangers » ont gardé le teint un peu foncé ou un accent indéfinissable.

LA FRANCE MALADE DE SES EMIGRES

Particulièrement, en ce qui concerne la grande majorité d’entre eux, c’est-à-dire les Maghrébins, beaucoup, des jeunes générations, sont Français, nés sur notre sol, comme vous et moi, naturellement, sans l’avoir voulu. Mais par des erreurs de politique intérieure de nos gouvernants, ils sont « assis entre deux chaises », ils le ressentent surtout, ils sont ni totalement d’ici et très peu de « là bas » voire pas du tout, et c’est très inconfortable à vivre !

Individuellement, nous avons bien souvent contribué à cette situation, par notre méfiance absurde ou notre cécité volontaire.

Beaucoup d’entre nous, en bon Gaulois, ont instinctivement refusé tout en bloc, leur accent, leur teint bronzé, et leur patronyme. Nous les avons regardé avec méfiance, refusant même quelques fois, de les côtoyer normalement, les confortant ainsi dans leur « mal vivre » leur « mal être ».

Leurs parents ont continué à cultiver plus ou moins les traditions à la maison, et à parler leur langue d’origine avec leurs enfants, ils leur racontaient le pays, ce là-bas que beaucoup ne connaissent pas ou si peu, souvent par ouie dire.

Pour la majorité d’entre eux, chez eux c’est la France c’est leur banlieue, leur cité, où dans notre inconscience, nous

en avons plus ou moins « parqué » une grande partie. Ils ne connaissent que cela et leurs copains, l’école et le lycée qu’ils ont fréquenté. Pour les plus âgés, la plupart exercent un métier régulier et, on aurait bien tort de croire qu’il en est autrement. La majorité de ceux qui se trouvent chômeurs le sont par obligation, soit parce qu’ils sont « écartés » au vu de leur teint ou de leur patronyme, soit qu’ils n’ont pu trouver une opportunité faute d’une qualification ou par manque d’instruction.

A qui la faute ?

Quant à ceux qui n’ont pas la nationalité française, ils n’ont souvent plus le choix de « rentrer » là bas, « chez eux », en supposant qu’ils l’aient, ce choix ! ! En effet, ils sont très souvent arrivés chez nous très jeunes, leur terre d’origine est loin, bien loin. Ils n’en savent que ce que leurs parents leur ont dit, ils sont dans la même situation que ceux qui sont nés ici, et comme eux, ils n’y ont aucun souvenir d’enfance et n’y connaissent personne. Si certains y sont allés deux ou trois fois pour des vacances, d’autres n’y ont même jamais mis les pieds.

Alors que faire ?

Ils ne peuvent humainement faire autrement que de demeurer sur leur terre, dite bien à tort, « d’accueil » : la France, même si la France semble les rejeter, les tenir plus ou moins à l’écart de la société, la France qui ne leur fait pratiquement pas de vraie place ou alors, si petite… la France qui est souvent bien aise de leur confier presque tout le « sale boulot », celui difficile que ses propres ressortissants ne veulent plus faire !

RENCONTRE

La France malade de ses étrangers

Page 11: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 11

Notre société pluriculturelle n’est pas uniquement le fait de notre société contemporaine,

mais à notre époque, le phénomène a des caractéristiques particulières et problématiques qu’il n’y a pas eu autrefois.

Du fait de la mondialisation, et d’une mobilité plus grande et plus rapide, les hommes sont confrontés à des réalités où les identités sont plus prononcées, les croisements ethniques plus marqués. Notre civilisation occidentale enregistre ainsi de profondes mutations avec un mélange des mœurs socioculturelles.

Pour un être humain, le fait d’être entouré de barrières culturelles, toutes symboliques certes, mais en fait bien réelles en dépit des mouvements de l’Histoire, constitue un point d’ancrage politique et psychologique indispensable. Cette manière spontanée de se situer par rapport au monde consiste, pour chacun d’entre nous, à énumérer les traits essentiels de sa propre culture et de sa manière de vivre. Ils prennent alors toute leur signification par contraste avec ceux des autres.

Or les communications désormais immédiates, la mondialisation des échanges et des événements politi-ques ont ébranlé ces barrières un peu partout, et un grand désarroi est sur-venu.

La réaction, dans certains cas, c’est alors le communautarisme qui s’installe, renforçant les différences et les appartenances, fragmentant la société en groupes étanches.

Tandis que certains groupes se retranchent au mieux dans une cohabitation ignorante plutôt que tolérante, d’autres tendent à l’hostilité et expriment pleinement leurs propres convictions par tous les moyens à leur portée.

Dans, un univers peuplé d’enseignes et de signaux, mais vides de sens, dans un univers riche de moyens mais pauvre quant aux finalités, beaucoup recherchent une identité qui

L’avancée de la mondialisation a réveillé des identités nationales qui sommeillaient plus ou moins paisiblement, créant des tensions culturelles et de violentes rebellions consécutives, essentielles et vitales entre l’universel, le régional, le national et le communautaire.

Et dans tout ce grand bouleversement, c’est pour certains, ne s’embarrassant d’aucun scrupule, l’occasion inespérée de s’enrichir et d’acquérir du pouvoir.

Jamais encore nos sociétés n’ont connu de telles pressions ni de telles ruptures économiques et/ou sociales dans des traditions plusieurs fois centenaires, et bien que des cultures semblent demeurées, ancrées dans leurs contextes nationaux (mais pour combien de temps encore ?) il est de plus en plus difficile de croire qu’elles sont « inviolables » et qu’elles puissent traverser ces épreuves sans graves dommages, trop souvent irréversibles.

Sournoisement sapées et « écra-bouillées » par le rouleau compres-seur d’une universalité économique hégémonique et impitoyable, elles risquent fort de s’effriter dans une uniformité artificielle et fade qui ris-que fort de nous rendre la vie morne et sans saveur.

On pourrait même jusqu’à parler d’une sorte de « colonisation » des mentalités, qui soumet aujourd’hui tous les peuples à travers la diffusion absolument « assénée » par tous les moyens médiatiques d’un idéal de vie quasi unique, uniforme ?

Celui-ci est hélas trop souvent basé sur la seule consommation de biens et de produits, quasi identiques et de la rentabilité à tout prix, avec en prime l’abaissement de la culture, et de l’éthique morale et la fin de toute créativité originale.

Monique VAN LANCKER

semble leur échapper. Il en découle souvent un sentiment de perdition qui mène certains à vouloir à tous prix la sauvegarde. Les uns s’efforcent de résoudre leurs problèmes culturels en plongeant avec illusion dans ce qu’ils croient être de la tolérance et qui n’est pourtant bien souvent que de l’indifférence, tandis que d’autres sombrent dans une totale intolérance, jusqu’à la violence et par endroits, jusqu’à l’épuration ethnique.

C’est là bien souvent, un moyen de se trouver une justification par ces temps barbares.

TOUT LE MAL VIENT DE LA MÉCONNAISSANCE

Et même là où les hommes se reconnaissent égaux, ils ne se connaissent pas !

Par malheur, depuis plus d’un siècle, l’homme s’est mis à se préoccuper de plus en plus de son nombril et à se poser la question : « QUI SUIS-JE ? » au détriment de : « QUI ETES VOUS ? ».

La plupart de nos malheurs viennent de là !

La peur est l’ignorance d’une chose ou d’un individu qui n’est pas familier. Or, aujourd’hui, les gens se connaissent de moins en moins et plus la population augmente, plus chacun se trouve confronté à des inconnus. Nous vivons dans des foules anonymes. Les uns sont « transparents », donc nous sont totalement indifférents, les autres sont considérés même inconsciemment, comme des ennemis potentiels, prêts à nous spolier sinon nous égorger ou nous perturber d’une façon ou d’une autre, ce qui nous enferme dans notre bastion personnel bien barricadé. Pour nombre d’entre nous se renforce alors, un absurde sentiment de supériorité, qui tend très vite vers un dangereux nationalisme, pour peu qu’il nous soit politiquement argumenté.

Cette vision des autres s’étend hélas d’une façon quasi planétaire, occasionnant des dégâts considérables, tragiques même.

Notre société pluriculturelle

Page 12: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 12

Exercices de lectureSYLVIE GERMAIN

« Depuis trente ans que je porte en moi l’existence de l’islam comme une question lancinante, j’ai une immense curiosité pour la place qu’il tient dans le dessein mystérieux de Dieu. (...) En laissant cette question me hanter (...), j’évite de figer l’autre dans l’idée que je m’en fais, que mon Église peut-être m’en a trans-mise, ni même dans ce qu’il peut dire de lui ac-tuellement, majoritai-rement » .

(1) Christian de Chergé,dans Sept vies pour Dieu et l’Algérie (éd. B.

Chenu), Bayard, 1996, p. 33.

(2) La pesanteur et !a grâce,chap. intitulé « Lectures »(Plon, 1947).Les citations suivantes sont extraites de ce chapitre.

Nous ne savons pas lire - pas nous lire les uns les autres. « Qui peut se flatter qu’il lira

juste ? », demande Simone Weil qui donne ici au mot « lecture » le sens de : évaluation de l’autre, interprétation affective de son comportement, de son apparence, jugement de valeur porté sur autrui. Personne, ou pres-que, ne sait lire autrui (et bien souvent soi-même) avec justesse, donc avec justice.

De l’ombre à la pleine lumière

La présence des musulmans en Fran-ce est très ancienne, mais pendant longtemps, trop longtemps, on ne l’a guère remarquée. Ces gens « autres » demeuraient à la limite du visible, ne suscitant qu’un maigre intérêt, donc peu d’effort de « lecture ». Mais au fil des décennies, leur présence s’est élargie, pluralisée et vivifiée au sein de la société française qui elle-même s’est transformée sous les diverses poussées de l’Histoire, et, de l’arrière-scène où ils se tenaient (étaient main-tenus, contenus), les musulmans sont passés sur le devant de la scène, na-tionale et internationale. De l’ombre et du flou à la pleine lumière, d’une faible perceptibilité à une visibilité devenue insistante.

Mais de quelle scène s’agit-il ? Es-sentiellement de la scène média-ti-que, enflammée à plusieurs reprises par des « évènements-choc » : l’affaire Rushdie, et les nombreuses autres fatwas lancées depuis tous azimuts, l’intégrisme forcené et destructeur du

gouvernement taliban en Afghanistan, les attentats du 11 septembre 2001, précé-dés et suivis de tant d’autres crimes terroristes commis à travers le monde au nom d’une « foi » tragi-quement dévoyée, car saturée de res-sentiment, de haine et d’arrogance, et l’Irak, et l’Iran... Une telle entrée en scène à grand fracas brouille d’em-blée la visibilité, et gauchit l’intérêt que nous portons (en hâte, sous la pression de l’actualité) à ces autres, soudain et massivement propulsés dans notre champ de vision. Notre lecture des musulmans, qu’ils soient en France ou ailleurs dans le monde, se révèle à la fois kaléidosco-pique et compacte, ex-cessive et confuse, compulsive et res-sassante. Et, en général, inadéquate.

Certains membres de la commu-nauté musulmane s’enorgueillis-sent de cette focalisation d’attention sur l’islam et s’ingénient à l’entretenir en recourant à des moyens souvent ca-lamiteux, car violents, outranciers, qui du coup donnent une image dégra-dée, répulsive, de cela même qu’ils prétendent défendre et promouvoir. Mais la plupart des autres membres de cette communauté - la-quelle est beaucoup plus complexe et variée que ne le laisse voir la lecture pressée, glo-bale dont nous avons tendance à nous satisfaire - n’ont que faire de cette « fu-neste gloire » et ne se reconnaissent nullement dans les miroirs, bien plus déformants qu’ardents, qui leur sont tendus. Ils sont las des malentendus et aspirent à une autre reconnaissance, moins tapageuse, plus juste et plus sereine. « Justice. Être continuellement

Présence des Musulmans

Page 13: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 13

prêt à admettre qu’un autre est autre chose que ce qu’on lit quand il est là (ou qu’on pense à lui). Ou plutôt lire en lui qu’il est certainement autre chose que ce qu’on y lit. Chaque être crie en silence pour être lu autrement » (S. Weil).

Méfions-nous du danger de nous laisser abasourdir par les voci-féra-tions de ceux qui veulent accaparer l’attention et imposer une vision fixe de l’islam (qui va de pair avec la lec-ture littérale, rigide, que ces intégristes font du Coran et avec celle, myope et loucheuse, qu’ils font de l’Histoire, ne tenant compte ni de la diversité, ni de l’évolution et des mutations de l’islam) ; gardons-nous de rester sourds à tous ceux et celles qui « crient en silence » pour qu’on les lise autrement, qui en appellent à la nuance. À, tout simple-ment, un peu d’intelligence. Méfions-nous du spectaculaire et du toni-truant. « Les vrais croyants font peu de bruit », cette remarque de Maurice Zundel garde plus que jamais sa pertinence, quelle que soit la croyance dont on se réclame.

Lire et être lu : un effort mutuel

« On lit, mais aussi on est lu par autrui, dit Simone Weil en insis-tant sur le re-tournement du processus. Interféren-ces de ces lectures. Forcer quelqu’un à se lire soi-même comme on le lit (es-clavage). Forcer les autres à vous lire comme on se lit soi-même (conquête) Mécanisme. Le plus souvent, dialogue de sourds ». À notre lecture « occiden-tale » de l’autre musulman, encore tâtonnante, trop souvent déficiente par manque de connaissance, de dis-cernement, répond la lecture que cet autre fait de nous. Est-elle plus objec-tive, plus juste, cette lecture en écho ? Il semble qu’elle souffre tout autant de maux et de lacunes que celle que nous avons d’eux, quelles que soient les différences entre nos façons de lire respectives. « Cause des mau-vaises lectures : l’opinion publique, les pas-sions. L’opinion publique est une cause très forte. (...) La lecture - sauf une cer-taine qualité d’attention - obéit à la pe-santeur. On lit les opinions suggérées par la pesanteur (part prépondérante des passions et du conformisme social dans les jugements que nous portons sur les hommes et sur les événements) », poursuit Simone Weil.

S’en remettre à l’opinion publique ou à la passion en guise de guides de lec-

ture du monde, des événements, des autres, voilà deux défaillances de la raison, deux démissions de la pensée qui forment toujours un terreau très propice aux éruptions de la barbarie ; l’opi-nion généralise et schématise tout, donc appauvrit le réel, glissant avec désinvolture de la simplification à la caricature, et la passion, elle, bour-soufle ce qui est plat, écrase ce qui a du relief, déforme et corrompt tout, sautant avec morgue de la caricature à l’anathème et de là passant au crime. L’Occident ne se réduit pas plus que l’islam à un monolithe, les chrétiens ne forment pas plus que les musul-mans une masse compacte, indiffé-renciée, et beaucoup, aussi, y « crient en silence pour être lus autrement » (à commencer, d’ailleurs, par ceux de leur propre communauté culturelle qui ont oublié, ou renié, parfois avec acrimonie, leur commun héritage spi-rituel). Il se trouve heureusement des personnes, de chaque côté de ceux qui aspirent à une lecture autre et juste d’eux-mêmes (de leurs croyances et de leurs valeurs), qui oeuvrent à mettre en place la possibilité d’une telle lecture, pacifiquement, patiemment; le travail que poursuivent toutes ces personnes, chacune dans son champ de compé-tence (social, intellectuel, artistique, re-ligieux, politique...) doit être davantage mis en lumière, reconnu et soutenu : il ne faut pas laisser le monopole de la scène médiatique aux seuls mal-veillants et malfaisants. Mais une exi-gence, parmi d’autres, est à maintenir constamment dans le développement du dialogue, celle de la rigueur, laquel-le consiste à ne pas négliger, encore moins à gommer les diffé-rences - car il y en a d’irréductibles entre la Bible et le Coran quant à l’« idée » que les uns et les autres se font de Dieu, quant au mode d’approche et d’interprétation des textes saints, quant à la concep-tion de l’homme -, et à ne pas passer sous silence les difficultés posées par ces différences. Un consensus vague et complaisant n’a rien à voir avec un dialogue interreligieux et interculturel qui doit savoir garder vif et pointu l’art de la « disputation » où la parole de l’autre, aussi en contradiction, voire en conflit puisse-t-elle se révéler par mo-ments, demeure toujours en vis-à-vis, à hauteur d’homme en-visagé avec respect et loyauté.

« Les chrétiens ont vécu, pendant deux mille ans, d’une chris-tologie tribale. Et maintenant, le grand défi est de surmonter une christologie tri-bale au moyen d’une christophanie qui permette aux chrétiens de recon-naître partout l’oeuvre du Christ, sans prétendre monopoliser ce mystère. Cela ne veut pas dire que tous doivent être considérés comme chrétiens; (...) il s’agit de permettre que la conscience humaine des fins dernières ne soit pas divisée en compartiments incommu-nicables. (...) À un niveau doctrinal, et même intellectuel. Les systèmes peu-vent être incompatibles, les religions incommensurables. Mais l’homme ne vit pas seulement de pain, pas seule-ment de logos ; il vit aussi de l’Esprit, qui souffle dans l’homme et dans l’uni-vers, où, quand et comme il veut. (3)

Le pain et le logos nous sont essen-tiels, ils sont notre nourriture quotidien-ne ; sans eux, pas de vie, pas de dé-ploiement de notre hu-manité. Le pain, nous avons à le fabriquer jour après jour, le logos, à veiller sur lui avec soin et souci, à le revivifier sans cesse ; l’un et l’autre requièrent notre énergie, no-tre travail, notre volonté. L’Es-prit, cette « voix de fin silence » qui souffle en li-berté, ce lumineux impromptu, se dis-pense tout à fait de notre labeur et de toutes nos initiatives; peut-être même ne passe-t-il que pour rabattre notre orgueil, nos absurdes prétentions en tout genre - à commencer par celle de détenir la vérité sur Dieu, de pro-clamer unique et exclusive la religion à laquelle on appartient. L’Esprit ne sollicite, pour être enfin perçu, que no-tre attention, et notre modestie - notre disponibilité. Un petit effort mutuel en ce sens, et nous apprendrons mieux à nous lire, amicalement, fraternelle-ment. Spirituellement.

Christus n° 214- Avril 2007 n°214

« Parmi nous les musulmans ».

(3) Raimundo Panikkar,L’expérience de Dieu, Albin Michel-2002pp. 113-114.

Page 14: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 14

Après une implantation forte au Maroc, le CEFIR a réinvestit l’Algérie cette

année. C’est en effet un retour car le CEFIR y a tissé des liens forts entre 1980 et 1990. Plusieurs déplacements de l’équipe de direction du CEFIR en Algérie ont permis de renouer le contact avec nos partenaires algériens et de travailler sur un certain nombre de projets, tels que l’implantation d’une Maison de l’Euro-méditerranée, le développement du tourisme rural… Tout comme le CEFIR, l’association Forum Femmes Méditerranée de Marseille développe des projets en direction de l’Algérie, notamment dans le domaine du tourisme solidaire pour l’autonomisation des femmes en Méditerranée.

PROJET DE TOURISME SOLIDAIRE POUR L’AUTONOMISATION DES

FEMMES EN MÉDITERRANÉE

Brève Présentation Du Projet Algérie

Le Forum Femmes Méditerranée de Marseille (FFM) est une association féministe française, loi 1901, créée par Esther Fouchier en 1993. Le FFM travaille sur l’autonomisation des femmes en Méditerranée dans tous les domaines : social, économique, culturel et politique.

Suite au passage de la Marche Mondiale des femmes, en 2005, à Marseille, et au colloque organisé la veille par le Forum Femmes Méditerranée « Femmes de Méditerranée, entre violence et stratégie de liberté », le Forum Femmes Méditerranée a décidé avec ses partenaires méditerranéens d’orienter une partie de son action sur l’insertion

professionnelle des femmes en Méditerranée.

Lors de ces rencontres, le Collectif des femmes du printemps noir (CFPN) nous a proposé de travailler sur un projet de tourisme solidaire en Kabylie en partenariat avec l’association culturelle Amusnaw de Tizi Ouzou. Les objectifs initiaux du projet sont : la valorisation et la rétribution du travail des femmes, la revalorisation de la culture et du patrimoine algérien, la réduction de l’exode rural et de l’émigration, la création d’emplois

En avril 2006, le FFM a organisé avec l’association Femmes en Communication d’Alger, une Formation Cadres Associatifs féminins, en Algérie. Le thème de la formation était « l’accompagnement des femmes à la création d’activités génératrices de revenus (AGR)». Le Collectif des femmes du

FORUM Femmes Méditerranée

Page 15: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

Les Activitésdu Céfir

p. 15

printemps noir y participait en tant que bénéficiaire sur le Projet de tourisme solidaire en Kabylie. L’association Culturelle Amusnaw y participait en tant que formateur sur la Gestion de Cycle de Projet. Lors de cette formation nos deux partenaires nous ont fait visiter les projets en Kabylie avec une nuit chez l’habitant dans un petit village pour l’ensemble des participantes.

Cette expérience nous a montré les difficultés économiques liées, entre autre, au fait que les femmes n’ont pas un travail rémunéré. Nous avons pu constater aussi qu’elles sont dans l’invisibilité, elles ne participent pas ou peu aux réunions publiques, elles sont confinées dans l’espace domestique et dépendantes des traditions qui les enferment. Le projet de tourisme solidaire en Kabylie pour l’autonomisation des femmes est le projet pilote du FFM dans ce domaine, il concerne pour l’instant cinq villages de Kabylie et environ vingt familles. Ce projet s’inscrit dans la lignée du commerce équitable et implique que :

• Les femmes et les jeunes reçoivent des formations

• Les activités génératrices de revenus soient déclarées

• Les personnes perçoivent une juste rémunération

• Le travail des enfants soit proscrit

• Les ressources naturelles du village soient respectées et protégées

• Les bénéfices générés par l’activité touristique permettent de financer des projets de développement local

• Une partie des bénéfices permettent d’alimenter un fond de retraite pour les femmes

Les activités génératrices de revenus qui devraient être créées sont des hébergements en gîte ou chambre d’hôte, la restauration chez l’habitant, la commercialisation de l’artisanat (poterie, bijouterie, broderie, vannerie, tapis…) et des produits du terroir (huile d’olive, fruits, miel, thé…), des visites guidées et randonnées, des ateliers d’artisanat, de langue, de danse ou de musique et des animations culturelles.

Actuellement nous travaillons sur la formation des acteurs de terrain (Comité de village et porteuses de projets), qui aura lieu à Tizi Ouzou en juillet 2007 et organisons des tests d’essais dès le mois de juillet 2007. Le projet sera commercialisé à partir de 2008.

Madeleine LAVASTE VERNET

Forum Femmes Méditerranée : http://www.femmes-med.org

Page 16: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

Les Activitésdu Céfir

p. 16

Le forum organisé par l’Union Régionale Nord/Pas-de-Calais qui s’est tenu le 27 mars dernier

à Croix, sur la discrimination et la mixité sociale, a eu un écho positif et retentissant sur les questions de fond que constituent la cohésion sociale et le dialogue social dans notre pays et notre région.

En effet, ces dernières années, les militants responsables professionnels et politiques, se heurtent de plus en plus aux questions graves de la pauvreté, de l’exclusion sociale et de la discrimination. Le but de ce forum consistait, avec le concours d’un certain nombre de partenaires de la CFTC, à préciser et discerner ce que veut dire aujourd’hui mixité, égalité des chances, exclusion, discrimination… dans nos villes, nos quartiers, nos entreprises.

L’intérêt de cette rencontre qui a rassemblé près de 200 délégués et représentants du monde du travail, sous la bannière de notre Confédération, était de découvrir et définir de quelles différences sociales et culturelles on parle dans le monde du travail ? Vieux, jeunes, immigrés, femmes battues, handicapés…

Nous avons pu définir et avoir une approche large de ces différences, de leur complexité, et de leurs

fondements sociaux, culturels, cultuels, professionnels… C’est dans cette diversité que le monde du travail évolue, se construit et grandit. Au cours de ce forum, les nombreux dispositifs d’aide et d’accompagnement ont été décrits, analysés par les participants et intervenants des deux tables rondes.

Les contributions spécifiques d’Alain Deleu, Président d’honneur de la Confédération et Pierre Richard Bontynck, notre Président Régional, ont permis aux collègues participants et aux intervenants des tables rondes de confirmer que le chômage et la pauvreté sont souvent les causes principales de la dégradation du tissu social, de l’absence de solidarité, et du développement de l’égoïsme.

La présence d’étrangers, et donc l’immigration, sont vieux comme le monde ! Dans le temps, certains ont rappelé que les personnes, hommes, femmes, belges, italiens, africains, se côtoyaient sans problème ; seule l’élite, la bourgeoisie, gardait des distances. Mais il s’agissait d’une distance de classe plutôt que de racisme, et cette même distance existait envers les français. Par ailleurs la responsable de la HALDE a rappelé devant le déclin de la population française, que les gouvernements de l’époque qui se succédèrent durant plus d’un siècle, ne mirent aucun frein à l’immigration et « on » estime officiellement qu’environ

¼ des français ont un grand-père ou une arrière grand-mère étrangère.

Pour certains d’entre nous, « la diversité est un miracle de Dieu et une preuve de son existence » et les capacités spécifiques de l’homme ne s’épanouissent qu’au contact d’autres hommes – hommes, femmes, salariés, retraités, jeunes, adultes, riches, pauvres, handicapés, immigrés…Le résultat de cette diversité constitue un peuple dont les responsables politiques et syndicaux doivent veiller à la cohésion nationale. Pour ce qui est de notre réflexion syndicale, qu’on se le dise avec des mots, des revendications de lutte syndicale ou de toute autre façon, la diversité, la mixité sociale et culturelle est un long et dur apprentissage de la vie, fait de tous les combats pour survivre.Nous ne devons pas nous abandonner à la désespérance et la fatalité, mais nous battre.

Mustapha BOURAS

Photo ci dessus: Mustapha BOURAS, conseiller formation conti-nue, avec Alain DELEU, Président d’honneur de la CFTC, José Berly, Secrétaire Général de l’Union Régionale CFTC

POINT DE VUE !

Page 17: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 17

TLEMCEN DANS L’HISTOIRE,à TRAVERS CONTES et LEGENDESde Foudil BENABADDJIEditions PUBLISUD

L’auteur né en 1937 à Ben Badis (autrefois Descartes) a vécu en France depuis l’âge de 18 ans pour faire des études supérieures, notamment dans les Sciences de l’Éducation. Il nous raconte la cité de Tlemcen, point par point, histoire, géographie, société. Ce sont des souvenirs d’enfance, restés intacts, et comme tels, ils nous intéressent à divers titres : c’est un temps que, peut-être, le temps d’aujourd’hui n’a pas conservé complètement et qui s’estompe peu à peu de la mémoire collective.

Cet ouvrage présente une oeuvre de tradition orale, des contes et légendes de Tlemcen, racontés par son aïeule, que l’auteur nomme affectueusement Ma Khiti.

Il vient à point nommé pour exalter les liens entre les Musulmans, les Chrétiens et les juifs. Ce journal d’un enfant de la capitale des Zianides, la capitale de la concorde, est le récit du rapprochement culturel et de la coexistence universelle des trois religions. Il met en scène des personnages de sa ville, connus et insolites. Cette étonnante mémoire retrouvée du dialogue entre les différentes communautés nous remet en mémoire les grands personnages, Sidi Boumediene, Rabbi Ephraïm Ibn Kaoua, Er Rkaer, la compassion d’Ibn Taclifinc 2e à l’égard des Juifs de la cité, l’extraordinaire beauté de Zaliara, et sa malédiction. L’auteur nous intéresse davantage au patrimoine historique et culturel de cette région, avec des anecdotes, des contes inspirés d’historiens et de géographes où chacun trouvera sa morale.

Il ne s’agit pas d’une œuvre d’imagination, gestes de la vie. L’auteur s’est inspiré de faits vécus dans l’Ouest algérien avec les Juifs, les Pieds-noirs, les Musulmans et les « Français de France », comme on dit.

Le contexte reflète la réalité de la cité de Tlemcen avec une dimension historique à partir des anecdotes qui lui ont été contées. Cet ouvrage a l’ambition d’informer, de documenter et d’aider à une meilleure analyse des populations d’hier et d’aujourd’hui : les Tlemcéniens.

UNE SI LONGUE LETTREde Mariama BANouvelles éditions africaines

Voici un roman qui dépasse l’idée que l’on se fait du mot « roman » car c’est beaucoup plus qu’un roman.

Ecrit avec une rare sensibilité, riche d’humanité, au fil de la lecture, dans chaque mot choisi judicieusement, dans chaque phrase, on découvre l’âme de la société sénégalaise et tous les aspects de cette culture. Nous obtenons ainsi les explications de ses attitudes, de ses activités et de ses traditions, à travers la trame du déroulement de la vie du personnage.

Mariana BA est membre de plusieurs associations féminines ayant des activités culturelles et sociales importantes. Elle se veut cependant « Sénégalaise moyenne » et « femme au foyer ». La voici en plus devenue porteuse de « Parole », nous délivrant un message magistral qui marque profondément le lecteur.

Une grande romancière s’est découverte, un très grand roman est né.

BYZANCE MEDIEVALE 700-1204Anthony CUTLER et Jean Michel SPIESER

Ce superbe ouvrage avec 357 illustrations en couleurs vient combler une immense lacune : Les lecteurs ne disposaient jusqu’à ce jour que d’une synthèse restituant l’exceptionnelle diversité et la grande richesse artistique de l’Empire Byzantin à l’époque médiévale.

Les auteurs nous incitent à

reconsidérer de trop nombreuses idées reçues. La distinction habituelle entre le religieux et le profane dans l’art impérial se trouve englobée dans la notion plus vaste de « sacrée ».

Dans l’art byzantin les images sont investies d’une véritable fonction anthropologique. Vision inattendue d’un art qui occupe une place singulière dans le système de pensée des Byzantins.

A. Cutler et JM. Spieser nous

montrent pour la première fois un fait trop longtemps négligé : l’importance de la confrontation entre l’art byzantin et le monde Islamique.

Panorama unique de Byzance, voici un livre d’art à offrir à un amateur sensible à « la belle ouvrage ».

LA TERRE VUE DU CIELDe J.C. BARREAU et Guillaume BIGOTédition Fayart

Ce livre nous invite à un voyage calme, bien loin du tumulte qui règne actuellement sur terre, Question d’altitude sans doute ?

« Il s’agit seulement de fournir au lecteur des fondamentaux qui puissent lui rendre la géographie encore intéressante, passionnante, et lui permettre de « lire » la terre comme un livre ouvert, plein de sens et de couleurs comme les beaux atlas de nos grands-parents avec leurs couleurs délavées et leurs cartes mystérieuses … ».

Nos deux auteurs ont suivi le chemin tracé par les Vidal de le Blache, Braudel, les Lacoste et les Premont. Ils font prendre conscience que notre globe sur lequel nous circulons, est quelque chose d’équilibré, un miracle qui a fait de cette bonne vielle terre un endroit où a pu éclore la vie. Ils nous guident dans la géographie, discipline que PTOLOMEE qualifiait de « science sublime qui lit dans le ciel l’image de la terre ».

Dans le genre, c’est un livre très réussi à découvrir.

HISTOIRE DU VAGABONDAGEPar José CUBEROédition Imago

Du « sans aveu » médiéval (c’est à dire celui qui n’avait pas été « avoué » par un protecteur comme étant un vrai pauvre et non un chenapan) au « sans papiers » d’aujourd’hui et du « vagabond » au « SDF », l’auteur retrace l’aventure de ceux qui se sont retrouvés hors du champs social, dépendant de la solidarité ou de la « pitié démocratique ».

Ce regard historique sur le monde de l’errance et de la précarité est passionnant et très documenté. Il s’avère instructif pour comprendre ce qui se passe chez nous actuellement et la façon dont l’Etat se comporte.

Il faudra attendre la Révolution pour que la misère soit rendue responsable de la mendicité et du vagabondage et ce n’est qu’en 1944 que le nouveau Code Pénal les décriminalise. Auparavant ils étaient en but à toutes les tracasseries de la maréchaussée, risquant le bagne, et à la vindicte des citoyens, chargés de tous les larcins et des pires soupçons.

Mais aujourd’hui, où en sommes nous ? Où en sont nos mentalités ? Le SDF est « regardé de travers », on le fuit, il est pratiquement écarté de la société. Pourtant pour la plupart d’entre eux, cette situation est subie. Ils n’avaient jamais envisagé vivre ainsi. Mais les dures circonstances de la vie les ont souvent rejetés, rendu vulnérables, et pour finir mis KO.

Choix de vie ou fatalité ?

Et c’est ainsi qu’on s’aperçoit que malgré tant de siècles passés, la vie a toujours en réserve son lot de malchanceux, mais à notre époque de modernisme, d’abondance, de surabondance même et de facilités, c’est devenu insupportable.

Retrouvez le prochain numéro de Rencontre en début du dernier

trimestre

Pour plus d’infos, consultez notre site internet : www.cefir.fr

à bientôt...

Lecture

Page 18: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

Reserve des gazelles - Photo: © Céfir

p. 18

un autre village, le douar Lassasla, réputé par l’élevage des slouguis ; des souks, d’un grand intérêt artisanal, des petits ports de pêche pratiquant la pêche artisanale…et bien d’autres particularités encore.

Des richesses qui, pour le plus grand bonheur des touristes, s’ouvriront bientôt à l’accueil de voyageurs curieux de découvrir l’authenticité d’un territoire.

Doukkala Abda ?...

Une région, au Maroc, dont peu d’Européens encore en connaissent le nom ; ils

en connaissent souvent deux villes, pourtant : Safi, El Jadida.

Un littoral de toute beauté, très prisé par les touristes, et un arrière pays, très peu connu encore, et qui recèle de véritables richesses culturelles.

Doukkala Abda, c’est aussi la Région partenaire de la Région Nord-Pas de Calais.

C’est à ce titre que le Cefir y travaille, depuis plusieurs mois, dans le cadre de la coopération décentralisée, à la conception de « Chemins de traverse ». Un projet qui a aussi reçu le soutien financier de la Caisse des Dépôts et Consignations.

L’idée initiale était d’étudier la faisabilité d’un transfert, sur la Région Doukkala Abda, du programme de développement local que le Cefir pilote dans le Moyen Atlas, Iberdan Bladi.

Autre territoire…autre stratégie…

Des itinéraires, dans l’arrière pays, sont aujourd’hui concoctés, à la découverte d’un patrimoine particulièrement intéressant : des constructions en pierres sèches, à l’origine pleines de mystères, les tazotas ; le village des fauconniers Lekouassems, aussi, unique tribu de l’Afrique du Nord dressant encore le faucon pour la chasse ;

Chemins de Traverse

FauconnierPhoto: © Céfir

Page 19: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

Les Activitésdu Céfir

Reserve des gazelles - Photo: © Céfir

p. 19

Des richesses insoupçonnables, aujourd’hui, quand on traverse cette région pour se rendre sur Marrakech…

Un travail de fond est mené actuellement afin de rendre opérationnel un tel projet.

Piloté par le Cefir, il est mené en partenariat avec le Conseil Régional du Tourisme de la Région Doukkala Abda, les délégations provinciales du tourisme, et un grand nombre d’acteurs institutionnels, privés et associatifs.

Qu’on se le dise : le premier itinéraire sera très prochainement commercialisé !

Vous le retrouverez bientôt sur le site du CEFIR www.cefir.fr qui, rappelons-le, vous livre aussi, dès à présent, les coordonnées de gîtes et auberges dans le Moyen Atlas, membres du réseau Iberdan Bladi.

Annie Becquet

en Région Doukkala Abda

Envie de partir à la découverte d’un tourisme rural au Maroc ?«Iberdan Bladi, Chemins de traverse en Terres marocaines» vous communique les coordonnées des gîtes et auberges du Moyen Atlas,

membres du réseau Iberdan Bladi, ainsi que celles des agents de voyage partenaires en France.

«Iberdan Bladi» : un mot berbère, «les chemins», associé à mot arabe «le pays» ; un mot imaginé par les membres du réseau Iberdan Bladi, qui ont voulu, par là, traduire l’expression culturelle de leur territoire, à la fois berbère et arabe.

w w w . c e f i r . f r

Phot

o: ©

Céfi

r

Photo ci-dessus : Un tazota et des slouguis

Page 20: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 20

Radio Rencontre participe au programme européen Mediam’Rad « media des

diversités en Europe », porté par l’Institut Panos, depuis 2005, et développé en France, en Italie et aux Pays Bas. Ce programme devrait s’achever en 2007 ; une demande de prolongation pour 2008-2010 étant en cours d’étude auprès de différents partenaires financiers.

L’Institut Panos est une ONG internationale*, créée en 1986, qui a pour objectif de participer au renforcement du pluralisme de l’information et des media, au Sud comme au Nord.

Depuis de nombreuses années, l’Institut Panos anime des programmes de formation de journalistes en Afrique. Depuis le début des années 90, un autre axe s’est développé visant le pluralisme de l’information sur les migrations internationales en France et en Europe. Il s’agissait de collaborer avec des organisations issues de l’immigration. Dans un premier temps, l’Institut Panos s’est intéressé aux organisations de solidarité issues de l’immigration (OSIM) africaines, puis à partir de 1998, d’autres communautés (nord africaine, indienne, latino…) installées sur le territoire de l’Union Européenne. Parallèlement, l’Institut Panos s’est intéressé à d’autres types d’organisations issues de l’immigration, notamment des organisations de media.

D’où la naissance du projet « media des diversités en Europe » dont l’objectif est de faire connaître ce que font les media des diversités en Europe et en quoi ils peuvent constituer une source d’information différente et novatrice sur les dynamiques en cours au sein des communautés immigrées.

Si depuis quelques années, il y a eu des avancées concernant les OSIM et si la participation des immigrés au développement de leur pays d’origine est de plus en plus reconnue dans l’Union Européenne, cette information est malheureusement mal relayée. Plus globalement, les personnes issues des migrations, ou appartenant aux minorités « visibles », sont peu visibles et entendues au sein de l’espace médiatique français. C’est pourquoi l’Institut Panos a la volonté de produire des reportages avec différents media et d’inciter la collaboration entre media des diversités et media grand public. L’enjeu est de faire connaître au grand public l’approche et l’information développés par les media des diversités, en terme de contenu, de modes de traitement et d’angles d’approche.

Le programme a bénéficié de l’actualité liée au débat sur la visibilité des minorités à l’écran, plus globalement au sein des media. En France, ce débat a été ignoré par les media grand public jusqu’au début des années 2000. Il a fallu attendre les actions du Collectif Egalité auprès du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) pour mettre la question sur la table. Le débat s’est traduit par plusieurs initiatives, notamment la mise en place, en janvier 2004, du « plan pour l’intégration » des minorités au sein de France Télévisions (TF1 développant de son côté également sa propre politique) ou encore l’organisation d’un

MEDIA DES DIVERSITES

Page 21: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

Les Activitésdu Céfir

p. 21

colloque national réunissant, pour la première fois sur cette question, les patrons des principales chaînes françaises de télévision sous l’égide du CSA, du HCI (Haut conseil à l’Intégration) et du FASILD, devenu depuis l’ACSE (Agence pour la cohésion sociale et l’égalité des chances). Dans la continuité de ses premières initiatives, le HCI remettra en mars 2005 un avis au premier ministre invitant les pouvoirs publics français à encore aller plus loin en faveur de la visibilité à l’écran des minorités. La révolte urbaine de 2005 va amplifier le débat sur la place et l’expression des minorités ; un fonds pour la diversité sera ainsi créé en 2006 et aura pour objectif de soutenir les productions (films, documentaires…) autorisant une plus grande visibilité et expression des minorités « visibles ». Ce contexte a donc aussi été favorable au programme de l’Institut Panos Paris.

Les choses bougent donc, mais pour l’instant le débat sur la diversité passe essentiellement par la visibilité physique des minorités et le niveau de prise en compte des questionnements des communautés n’est pas encore atteint ! Le programme de l’Institut Panos apporte cette dimension de contenu et de diversité des points de vue en faisant travailler ensemble différents types de media.

Panos Paris a remis, le 31 janvier dernier, le premier prix des media des diversités, dans différentes catégories : presse écrite, presse électronique et radio. Radio Rencontre faisait partie des nominés dans la catégorie Radio. Même si notre radio n’a pas été récompensée, cette nomination - qui arrive à l’aube des 25 ans de notre radio - est une grande fierté et un honneur, et cela nous engage à poursuivre dans cette voie !

M. Colpaert

Institut Panos10 rue du Mail

75002 PARIS

[email protected]

Programme MEDIAM’RADwww.mediamrad.org

*8 Instituts Panos sont réunis dans le Panos Council : Londres, Paris, Canada, Carica (Haïti et Caraïbes), Afrique de l’Ouest, Afrique de l’Est,

Afrique Australe, Asie du Sud

EN EUROPE

Page 22: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

p. 22

Comme nous vous l’avions annoncé dans notre précédente édition, Radio Rencontre a fêté

ses 25 ans les 16 et 17 juin dernier. 2 journées de festivités organisées, avec le soutien du CEFIR, par une équipe d’animateurs bénévoles, interculturelle et intergénérationnelle, soudée et dynamique, composée de Rémy, Florie, Nasser, Michele, Rigo, Alain, Jimmy, Audrey, Manu, Fethi…

Au programme, une exposition de photos et d’articles de presse retraçant les 25 ans de la radio était organisée. L’occasion pour chacun de voir le chemin parcouru, du local de la rue de Soubise, en passant par le petit studio installé dans le « grenier » de la rue Vauban, jusqu’au studio actuel, qui occupe tout le rez-de-chaussée du bâtiment. De voir aussi, ou de revoir, les animateurs qui sont passés à Radio Rencontre. Et il y en a eu beaucoup ! Le plus ancien est Michele. Animateur passionné et enthousiaste des émissions italiennes depuis 25 ans, il a fait découvrir l’Italie en musique et a certainement aussi donné à de nombreux auditeurs l’envie d’y aller ! Autre « ancien » également, Daouda, aujourd’hui responsable des programmes, fait partager sa passion du jazz, de l’Afrique, des caraïbes… Nous ne pouvons pas citer tous les animateurs qui sont passés à Radio Rencontre, car il y en aurait trop, mais cet anniversaire, organisé par la jeune

génération, a été l’occasion de leur rendre hommage. D’ailleurs, certains anciens sont venus assister aux festivités !

La rue Vauban a ainsi pris un air de fête en permettant à de nombreux artistes locaux de se produire à cette occasion. Tous les styles de musique étaient représentés : la musique flamande, avec le groupe Etwien, la musique latine, avec le groupe Trio Latino, la musique et la danse comoriennes, la variété française et internationale, avec la chanteuse Cathy et l’artiste Michel Kat, la cornemuse, avec le groupe Doedelzacks de la Côte, la musique italienne, avec Francesco, le Métal avec X-it, le rap avec Kontrast, NG, Fais dix vers. RJ one a assuré la présentation des artistes. Tous les concerts ont été retransmis en direct avec succès sur les ondes de Radio Rencontre.

De nombreux habitants du quartier, qui connaissaient ou non Radio Rencontre, sont venus « voir ce qui se passait » et ont été invités à partager ce moment festif et convivial. Les administrateurs, salariés et sympathisants du CEFIR sont également venus prendre part à la fête

et soutenir l’équipe des bénévoles.

Durant les deux jours, la grille des programmes a donc été modifiée pour laisser la place à des émissions spéciales. Le Samedi matin, Nasser, Sandrine et Nicolas ont démarré les festivités dans la joie et la bonne humeur. De nombreux lots étaient à gagner durant les 2 jours : des places de concerts, de spectacle… Mustapha BOURAS, fondateur du CEFIR et de radio Rencontre, l’actuel Président, a ensuite fait le bilan de 25 ans d’activité radiophonique interculturelle à Dunkerque. L’après-midi, les différents artistes qui se sont succédé, ont laissé la place aux émissions habituelles : Florie pour Soul Finger, Daouda pour Interculture, David pour Underground (qui a par ailleurs géré la sono !)… La journée du Samedi s’est terminée en compagnie de Nasser et ses amis.

RADIO RENCONTRE

Page 23: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

Les Activitésdu Céfir

p. 23

Le Dimanche, Michele a fait une émission spéciale durant laquelle il a invité ses amis, chanteurs, pizzaïolo… Il a reçu durant son émission une de ses plus fidèles auditrices. L’émotion était au rendez-vous !

D’autres émissions spéciales se sont succédé (Winderstand, Scopitone) et un plateau associatif était organisé ensuite par Rémy, durant lequel plusieurs associations dunkerquoises ont eu la parole (Cité Fac, Maison de quartier de Dunkerque sud, Association Solidarité franco-chilienne…). Enfin, la musique des îles a apporté le soleil sur toute l’agglomération dunkerquoise grâce à Idi, Maki, Rigo, Morgane et Sabrina. Nasser et son équipe ont clôturé le week-end avec un spécial Bonheur musical.

Cet anniversaire a été l’occasion de faire le bilan de 25 années de présence radiophonique sur l’agglomération dunkerquoise.Il a aussi été un évènement enrichissant sur le plan humain permettant aux animateurs et aux auditeurs un rapprochement interculturel et intergénérationnel. En 2012, notre radio fêtera ses 30 ans d’existence… alors rendez-vous dans 5 ans pour revivre ces moments forts de partage et d’échange interculturel.

M. Colpaert

Avec le précieux concours de Florie

Radio Rencontre2 rue Vauban

59140 - DUNKERQUETel : 03 28 61 25 00 (studio) ou 03 28 60 08 82

e-mail : [email protected]

FETE SES 25 ANS

Page 24: Réflexion sur l’islam Radio Rencontre Activités du Céfir€¦ · P. 14/15 > Forum Femmes Méditerranée P. 16 > Point de vue P. 17 > Lecture ... une liste de directives et d’interdits

R E N C O N T R E

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

p. 24

RADIO RENCONTRE PORTOFOLIODécouvrez l’album photo des 25 ans de Radio Rencontre sur www.cefir.fr/radiorencontre.htm

Photos : JLB photos www.JLBPHOTOS.wb.st / Papydo www.papydo.canalblog.com

ABONNEMENT*

Nom : ..................................................................Adresse : ...........................................................................................................................................

* Souscrit un abonement (1 an, 4 numéros) au tarif :- Normal 23 €- De soutien à partir de 30,50 €

Réalisation & impression : SLPG ImprimerieConception : iaco-design

Rencontre66 rue du Fort Louis59140 - Dunkerquetél : 03 28 63 71 87 - Fax : 03 28 63 71 69e-mail : [email protected] / site internet : www.cefir.frpublié par le CEFIR,Membres fondateurs :Mustapha BOURAS, Jeanine JOATHON, Louise LA FAY, André LEFEVREPrésident : Mustapha BOURASDirectrice de publication : Monique VAN LANCKERSecrétariat de rédaction : Dominique DELPIERREOnt collaboré à ce numéro : Annie BECQUET, Mustapha BOURAS, Myriam COLPAERT, Dominique DELPIERRE, Florie, Madelaine LAVASTE VERNET, Nadia, Abdelmoula SOUIDA, Joseph TRABAND, Monique VAN LANCKER.Administration : Myriam COLPAERT, Cécile COMPAGNON