12
Pierre-Yves Lambert Sur le bronze celtibère de Botorrita 1. Rappel des faits les plus sûrs La face B, nettoyée en 1979, a livré uniquement une liste de noms propres. Pour cette liste, nous retenons le raisonnement de F. Motta (Motta 1980) comme le plus prudent; en voici les conclusions: il y a quatorze personnages nommés, tous avec les trois éléments tradition- nels (idionyme — gentilice en -ko- au gén.pl. — idionyme du père au gén. sg.), plus l'appellatif PinTis, et, dans quatre cas, un nom en -as vraisemblablement gén. sg. de th. en -à, toponyme (district?). Comme ces noms en -as ne se présentent ni au début, ni à la fin de ce texte de la face B, il n'est pas possible qu'ils soient communs à des sous-séries. On doit au contraire les considérer comme un cinquième élément de caractérisation, donné seulement pour quatre personnages. D'après Motta, les dix personnages qui n'ont pas ce cinquième élément seraient de Contrebia Belaisca. — Eichner 1989 organise autrement l'analyse de la face B: il y aurait cinq sous-séries, chacune introduite par le nom en -as, sauf la première pour laquelle il faudrait supposer la présence implicite du nom de Contrebia Belaisca. C'est seulement dans l'interprétation de ce nom PinTis, que nous pensons devoir intervenir. On a hésité (ainsi Tovar 1982) entre un nom de parenté — «le fils», désignation naturelle après le nom du père au génitif, et un nom de magistrature, de fonction, de qualité. Pour le mot «fils», il ne semble pas que l'on ait réellement besoin de l'exprimer: on a quantité d'exemples où l'on se contente de donner le génitif du nom du père, simplement. — Nous ne croyons pas non plus à un mot signifiant «parent», qui serait un thème en -/- formé directement sur la rac. *bhendh- «lier» 1 . En fait, la «Sententia Contrebiensis» trouvée à Botorrita fait intervenir des noms de magistrats qui signent le texte 1 Tovar 1982, 77, après Motta, 1980, 116. Cf. aussi Eska 1989, 133. On n'a trouvé aucun rapprochement ni en celtique ni en indo-européen pour cette formation *bhendh-i-, qui doit donc être considérée comme très suspecte. Brought to you by | Columbia University Authenticated | 134.99.128.41 Download Date | 11/23/13 10:31 PM

Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

Pierre-Yves Lambert

Sur le bronze celtibère de Botorrita

1. Rappel des faits les plus sûrs

La face B, nettoyée en 1979, a livré uniquement une liste de noms propres. Pour cette liste, nous retenons le raisonnement de F. Motta (Motta 1980) comme le plus prudent; en voici les conclusions: il y a quatorze personnages nommés, tous avec les trois éléments tradition-nels (idionyme — gentilice en -ko- au gén.pl. — idionyme du père au gén. sg.), plus l'appellatif PinTis, et, dans quatre cas, un nom en -as vraisemblablement gén. sg. de th. en -à, toponyme (district?). Comme ces noms en -as ne se présentent ni au début, ni à la fin de ce texte de la face B, il n'est pas possible qu'ils soient communs à des sous-séries. On doit au contraire les considérer comme un cinquième élément de caractérisation, donné seulement pour quatre personnages. D'après Motta, les dix personnages qui n'ont pas ce cinquième élément seraient de Contrebia Belaisca. — Eichner 1989 organise autrement l'analyse de la face B: il y aurait cinq sous-séries, chacune introduite par le nom en -as, sauf la première pour laquelle il faudrait supposer la présence implicite du nom de Contrebia Belaisca.

C'est seulement dans l'interprétation de ce nom PinTis, que nous pensons devoir intervenir. On a hésité (ainsi Tovar 1982) entre un nom de parenté — «le fils», désignation naturelle après le nom du père au génitif, et un nom de magistrature, de fonction, de qualité. Pour le mot «fils», il ne semble pas que l'on ait réellement besoin de l'exprimer: on a quantité d'exemples où l'on se contente de donner le génitif du nom du père, simplement. — Nous ne croyons pas non plus à un mot signifiant «parent», qui serait un thème en -/- formé directement sur la rac. *bhendh- «lier»1. En fait, la «Sententia Contrebiensis» trouvée à Botorrita fait intervenir des noms de magistrats qui signent le texte

1 Tovar 1982, 77, après Motta, 1980, 116. Cf. aussi Eska 1989, 133. On n'a trouvé aucun rapprochement ni en celtique ni en indo-européen pour cette formation *bhendh-i-, qui doit donc être considérée comme très suspecte.

Brought to you by | Columbia UniversityAuthenticated | 134.99.128.41

Download Date | 11/23/13 10:31 PM

Page 2: Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

364 Pierre-Yves Lambert

en indiquant leur qualité: «magistratus», «praetor», et enfin les deux «avocats»... Nous pensons qu'il en est de même ici. Peut-être PinTis est-il un équivalent de «senator», ou «patricien».

Aussi, à titre d'exemple, je proposerais de le considérer comme un nom abrégé par contraction, pour PiriCanTis = *brigantîs. L'abrè-gement d'un nom de magistrature est courant dans l'épigraphie antique (ainsi en latin, COSS = Cónsules ou consulibus, PRAET. = Praetor, TRIB. = tribunus...). Le mot que nous supposons, devait signifier au départ «hauteur, éminence»; il est connu dans le celtique insulaire avec le sens de «noble, privilégié», notamment en moyen-gallois: mgall. breeint est à la fois le «privilège», et le «privilégié». Cf. v.irl. Brigiî, nom de déesse, puis nom de sainte. C'est un dérivé en -no- qui a donné le nom gallois du roi, * brigantino-> breenhin, brenhin (le correspon-dant vbret. signifie «noble»: -brientin). Briganti- aurait désigné tout à la fois la qualité du personnage, «éminence» (peut-être un titre de respect?) et la classe qu'il représentait2. Du sens de «notable, noble» on pouvait arriver d'ailleurs au sens de «fonction éminente»: cf. l'ex-pression mgall. ar freynt «faisant fonction de»3.

On remarquera en passant que ce mot est connu par le dérivé nom de lieu, Brigantia, attesté en plusieurs endroits d'Europe et no-tamment en Galice. Une monnaie celtibère de Narbonnaise porte la légende PiriCanTin ou PiriCanTio (Untermann 1975, 161: A.3), la deuxième forme indiquant peut-être un toponyme du type fr. Briançon (*Brigantion-). D'autre part, l'abrègement supposé a été parfois en-visagé dans des monnaies ibères, ainsi dans la comparaison de PenCoTa et PenTiam (voir Lejeune 1955, 88), un nom de magistrature d'après Tovar. L'abrègement que je suppose n'est pas nécessairement de trois signes (-r-i-Ca-), mais peut être limité au syllabogramme -Ca- puisque le celtibère admettait la notation de /bri/ par le seul signe Pi, au lieu de Pi-r-i-.

1 L'étude classique sur *brigantïnos et les mots apparentés est celle de Charles-Edwards 1974. La suggestion de Hamp 1986, (vbret. brientin «privilégié» comme dévalorisation de *brigantïno- «roi») est contredite par l'existence de moy.gall. breynt, «privilège», qui n'est pas la dévalorisation de «fonction royale».

3 WMab. col. 223.15 (au début du conte d'Owein) a chyt dywettit uot porthawr ar llys Arthur, nyt oed yr vn: Glewlwyd gauaeluawr oed yno hagen ar ureint porthawr y aruoll ysp a phellennigion, «et bien que l'on ait dit qu'il y ait eu un portier à la cour d'Arthur, il n'y en avait aucun, Glewlwyd à la Grande Prise était là, cependant, en fonction de portier, pour recevoir les hôtes et les étrangers.»

Brought to you by | Columbia UniversityAuthenticated | 134.99.128.41

Download Date | 11/23/13 10:31 PM

Page 3: Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

Sur le bronze celtibère de Botorrita 365

2. Correspondance avec la face A

Nous essaierons ici de déterminer l'ordre de lecture, A — Β ou Β - A.

C'est le point par lequel se termine l'étude de J. Eska (Eska 1989, 136s.) — comme lui et comme tous, nous estimons que la face A et la face Β font un seul et même document (seul Beltrán 1982 a exprimé une opinion différente). On ne doit pas considérer les lignes qui suivent comme une critique directe des interprétations précédentes: je les ai lues avec intérêt mais je dois reconnaître que je ne suivrai pas leur exemple en livrant, à mon tour, une traduction. Toutefois, je veux proposer des éléments d'interprétation susceptibles de relativiser les résultats déjà acquis.

A la fin de A i l , aPulu uPoCum est une nouvelle dénomination, un quinzième personnage. Est-ce le premier d'une série de quinze se prolongeant sur la face Β (hypothèse d'un ordre de lecture Α-B)? Mais il n'est pas nommé de façon complète avec un patronyme, et avec une épithète de fonction (toutefois ComPalCores, dans le contexte immé-diatement précédent, pourrait être considéré comme désignant une fonction). Il est clair que le patronyme est facultatif, par rapport au gentilice. Tout de même, si aPulu uPoCum est si important qu'on le mette à la tête des quinze (hypothèse A — B), pourquoi l'avoir nommé de façon abrégée?

Au contraire, on pourrait comprendre l'abrègement, comme me l'indique M. Lejeune, en supposant qu' aPulu uPoCum a simplement signé le texte: de même on trouve un nom simple, au nominatif, TeiuoreiCis ( = Deiwo-reix, de *deiwo-rëg-s), à la fin du bronze de Luzaga. Sur ce nom, cf. Evans 1979, 123.

Sans doute, on pourrait dire que le graveur n'avait plus de place à la fin de la dernière ligne de la face A. Mais justement, dans l'hy-pothèse d'un ordre Α-B, pourquoi le premier nom n'aurait-il pas été rejeté sur la face Β de façon à être donné en entier?

L'ordre de lecture Α-B fait appel à des observations épigraphiques parfaitement exactes, mais peut-être mal interprétées. Incontestable-ment, la face Β est écrite de façon plus espacée, sur neuf lignes au lieu de onze. Et surtout, seul le grand morceau est inscrit, de sorte qu'il est probable que l'ordre de gravure a été effectivement A — B: entre la gravure de A et celle de B est intervenue la cassure du bronze, et le graveur a décidé de continuer son travail seulement sur le grand

Brought to you by | Columbia UniversityAuthenticated | 134.99.128.41

Download Date | 11/23/13 10:31 PM

Page 4: Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

366 Pierre-Yves Lambert

fragment. Mais l'ordre de gravure n'est pas nécessairement l'ordre de lecture: et nous devons considérer comme probable que le graveur, sachant au préalable qu'il a un document en deux parties (décret — liste de noms, ou liste de noms — décret), a décidé de toute façon de caser chacune de ces parties, toute entière, sur une face chacune; c'est en tout cas ce qu'il a fait. Dès lors, il pouvait fort bien graver le texte en commençant par la deuxième partie.

Notre conclusion est donc que, s'il est sûr que la face A a été gravée avant la face B, il se peut néanmoins que, le contenu de chaque face étant nettement distinct, le graveur ait commencé par graver la deuxième partie du texte avant la première. L'ordre de lecture Β — A est donc une possibilité ouverte.

TiriCanTam: On doit rappeler que les différentes possibilités de lectures sont

au nombre de 32 au moins: Ti = ti/di, 2; Ca = ca/ga, 2; Tiri = Tiri/Tri, 2; avec η ou sans η, 2; Ta = ta/da, 2; 2 x 2 x 2 x 2 x 2 = 32.

Et l'on pourrait même supposer des liquides omises, Tiri = Triri (donc 48 possibilités!). Dans le cas d'une lecture dringantam / trincantam: cf. gaul. trincos gladiateur, all. dringen; ou gall, dringo, irl. dringid «il monte» (cf. viri, drigthedo gl. calli, «du sentier»).

A priori, l'idée d'un toponyme est certainement la plus assurée. C'est un thème en -ä, comme les quatre toponymes de la face B. C'est même un toponyme double, subst. + adj., sur le modèle du nom même de Botorrita en celtibère, Contrebia Belaisca. Et l'épithète PerCuneTaCam présente aussi ce suffixe -ko-, (cf. -(i)äko- dans les dérivés toponymiques gaulois) qui se retrouve dans le dérivé d'aCaina, nom de lieu, A9 aCainaCuPos dat.pl.

Cependant TiriCanTam a parfois été considéré comme appellatif, où Tiri- est, pour tout le monde, le nombre «trois» sous sa forme de composition, sauf pour Fleuriot , qui voyait dans Tiris le nom de la «terre» (à cause d'une lecture Tiris, cf. A6 Tiris).

L'article de Francisco Villar (Villar 1990), qui opte pour un appellatif, mais désignant un lieu, rassemble quantité de faits intéres-sants: — Un celtique *kanto- est à l'origine de fr. jante, achanter (cercler)

un tonneau, chant («posé sur le chant») etc. etc.

Brought to you by | Columbia UniversityAuthenticated | 134.99.128.41

Download Date | 11/23/13 10:31 PM

Page 5: Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

Sur le bronze celtibère de Botorrita 367

— Survivances en celtique insulaire, en roman, de composés du type languedoc. tres-cantou «carrefour à trois voies» (cantou «carre-four»).

— Un toponyme espagnol Trescantos. — Témoignages d'une forme fém. *kanta, La Canda, Cantagos, fr.

Chantepierre, Chanteroc, Chantaix (Canto-dunum) — Un toponyme Cantana à 25 km. de Botorrita — Trigance, *Trikantia dans le Var. D'où sa traduction: «Asi es el acuerdo relativo al trescantos llamado Berkunetaka de Tokoits y Sarnicios»4. Pour la syntaxe, De Hoz 1987 (p. 82 — 83, 87) a présenté une solution assez proche; il pense aussi que c'est un titre, mais il hésitait entre deux solutions, selon que ComPalCes est un nom de personne ( = les auteurs du texte) ou un nom de chose (les accords).

Parmi les autres hypothèses avancées, il y a celle des noms de nombres: «trois cents» (Schmidt 1976a, 390) — ce serait la «Salle des Trois Cents» (A6), ou «trente» (Evans cité par Schmidt ibid.) cf. celtique insulaire (irl. tricha, gén. trichât, se décline; de même gaul. tricontis; bret. tregont, vbret. tricant- ou tricont-).

Ces noms de nombre ne sont pas à écarter trop vite: ils pourraient avoir une valeur géographique comme v.irl. tricha cét («les 30 χ 100», les «3000 (foyers)») ou gali, cantref (les «cent foyers», cf. angl. «hun-dred» dans le même sens).

La difficulté est d'expliquer la flexion en -â. Cependant, un chan-gement de flexion pourrait s'expliquer par l'espèce de métonymie qui transforme le nombre en nom propre de lieu ou de tribu. Cf. britto-latin Decantae, ou Decantes, (voir Evans 1977), qui ont donné leur nom à la cité de Caer Dygannhwy, que l'on situe à l'embouchure de la Conway (c'était la capitale de Maelgwn Gwynedd, dans la légende de Taliesin). Dygannhwy ou Degannhwy, de *Decantouiom. Les De-cantae, étaient-ils les «Deux-Cents»? Si TiriCanTam devait lui être comparé, ce serait donc un gén.pl. de th. en -à (ce qui a été supposé par beaucoup, entre autres De Hoz 1987). On doit alors supposer deux désinences distinctes, -am (contract, de -aom?) et -aum, cf. saum, oTanaum.

L'interprétation «encerclement de terres» (Fleuriot 1975, 429) a été modifiée de façon astucieuse par Gil 1977, 167 en revenant à Tiri

4 Pour l'interprétation de ComPalCes comme représentant /kom-balk-s/, nom. sin-gulier de th. consonantique, voir l'étude postérieure Villar 1993 (discutée plus loin).

Brought to you by | Columbia UniversityAuthenticated | 134.99.128.41

Download Date | 11/23/13 10:31 PM

Page 6: Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

368 Pierre-Yves Lambert

«trois»: ce serait un «trifinium», territoire avec des frontières communes avec trois autres. Juan Gil cite CIL II 2349: Trifinium... Sacilf ienJsis, Idiensis, Soliensis...

J. Eska objecte que nous n'avons ici qu'une seule indication au lieu de trois. Est-ce bien sûr? Ne peut-on pas lire,

TiriCanTam PerCuneTaCam ToCoiTosCue sarniCioCue comme la désignation complète du trifinium, avec les trois «proprié-taires» concernés, l'un étant apparemment une région au fém., Per-CuneTä-, et les deux autres des noms masc., ToCoiT- et sarniCios ?

ToCoiT- et sarniCio- seraient soit des noms de dieux (hypothèse de Tovar 1975, admise par Schmidt, de Hoz etc.) soit des notions abstraites (Fleuriot 1975): dans les deux cas, on ne comprend pas ToCoiTei eni, A 4, «dans le ToCoiT-». — Eichner 1989 a fait observer que l'on pourrait avoir une expression locative avec un nom de dieu (pour dire «dans le temple de Tocoit-», on dirait «dans TocoiT-»), mais les exemples grecs qu'il cite manifestent une élision (à côté de Αϊδος ε'ίσω on a, plus complètement, δόμον "Αϊδος ε'ΐσω, II. III 322). — Plus tard, A. Tovar a admis qu'il s'agissait de toponymes. Ce sont des choses: bâtiments, biens ou lieux. Les deux ex. au génitif sg. sont étroitement associés à ComPalCes (Al) et ComPalCores (Ail) ; ailleurs, formes isolées de l'un ou de l'autre, locatif sarniCiei A 9 (hypothèse Villar 1991); -ei ne peut être que loc. sg. d'un th. thématique); dat. (en emploi loc.?) ToCoiTei, AIO, et dat. locatif ToCoiTei eni, A4.

Pour l'étymologie de ToCoiT- et sarniCio-: en gros Fleuriot 1975 reprend les hypothèses étymologiques de Tovar mais considère les deux mots comme des appellatifs et non des théonymes, «de foi jurée et d'obligation».

A mon avis, ToCoiTos vient de *togo-(p)ed-s, «zone construite» cf. plusieurs comp, en *(p)ed- en v.irl. (machae «plaine» = *magos-ed-o-n, voir E. Hamp, 1975, 20 — 29); sarnicio- doit être, de façon complémentaire, l'espace public des places et des rues (cf. gall, sarn, «chaussée»; Sarn Elen, nom donné aux voies romaines; irl. sernaid «il jonche, étend par terre»). On objectera que *st- initial est conservé dans le démonstratif sTena (voir Eska 1991), mais il est possible de supposer plusieurs traitements concurrents, cf. irl. sern- (*ster-n-H-) et -tà (*steH-).

ComPalCes: les hypothèses étymologiques proposées par Eska 1989 et Hamp 1989, (cf. encore Hamp 1990, 189) sont orientées par le besoin de trouver le nom d'une institution comme un «sénat» au

Brought to you by | Columbia UniversityAuthenticated | 134.99.128.41

Download Date | 11/23/13 10:31 PM

Page 7: Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

Sur le bronze celtibère de Botorrita 369

début du texte. Hamp a cherché à reconstruire une forme directement à partir de l'indo-européen et signifiant «colloquium». Il me paraît beaucoup plus prudent de tenir compte de l'existence, en celtique insulaire, de termes très proches: l'adjectif gallois balch «fier, vaillant» et l'irl. bale «fort, puissant»; deux adjectifs très courants, qui s'appli-quent généralement à l'éloge de guerriers. Je suis sur ce point entière-ment d'accord avec Fleuriot 1975, 423 (comme avec Schmidt 1976a, etc.). ComPalCo-res pourrait être une fonction militaire5: le chef des guerriers (cf. gaul. Cingeto-rix, Vercingeto-rix). ComPalCo- n'est ici, peut-être, qu'une forme de composition de *kom-bhalk-, thème conso-nantique dont on a apparemment le nom.pl. dans ComPalCes.

ComPalCes est sans doute un substantif; on pourrait lui supposer un sens concret, cf. Gr. φάλαγξ, lat. fulcrum, all. Balken, «étai, soutien» (Pok. 122 — 3), mais ici avec un effet de sens plus abstrait, «support», qui est un effet de sens aussi du gall, balch et de l'irl. baie «fort»6, cf. Gwenhwyfar remerciant Gereint d'avoir soutenu ses droits «aussi fermement»:

WMab. col. 407.24 — 26 a Dyw a dalho it heb hi peri iawn ym yn gyualchet ac y pereist (Peniarth 6: yn gynualchet ac y pereist im) «Et que Dieu te récompense, dit-elle, pour m'avoir fait donner réparation aussi fermement que tu l'as fait».

Excursus: sifflantes finales Pour la morphologie exacte de ComPalCes, on a longtemps hésité

entre un verbe (Gil 1977, récemment aussi Eichner 1989, 34) ou un nominatif pluriel de thème consonantique. C'est généralement cette dernière solution qui était retenue: Fleuriot 1975 et 1979, Schmidt 1976a, etc. C'est aussi l'analyse de Hamp 1989 même si, contrairement à tous les autres, il rattache le mot à *bhel- «parler». Mais une étude récente sur les sifflantes celtibères remet en cause cette analyse: Villar 1993 apporte des arguments sérieux pour considérer les lettres trans-crites s / s comme distinctes par la sonorité (i = /s/, s = /z/). Or le -s final ( = sonore -z) semble caractériser un certain nombre de formes

5 Nom de fonction composé en -rëg-s. Bien entendu la comparaison avec lat. censores (Eichner 1989, 34, 40) ne peut être que typologique: lat. censor est analogiquement refait sur censeo, cf. le nom d'agent plus «exact» osq. keensztur.

6 De celtique *balko-, (cf. E. Hamp Et. Celt. XXVII 1990, 187) ; les mots précédents, qui présentent d'autres suffixes, -ng- dans le grec, -k-lo- dans le latin, -g- dans le germanique, sont classés à part dans le dictionnaire de Pokorny, IEW122 — 123. Mais il se pourrait que celtique *balko- appartienne à ce groupe.

Brought to you by | Columbia UniversityAuthenticated | 134.99.128.41

Download Date | 11/23/13 10:31 PM

Page 8: Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

370 Pierre-Yves Lambert

verbales en -Tus, ou bien des graphies pleines comme TeiuoreiCis = /deiuoreix/7.

En fait, la sonorité des sifflantes finales ne paraît pas avoir été régulièrement notée. Les quatre formes en -as de la face B, présentent certainement la même désinence — probablement un gén. sg. th. en -ä (bien qu'un ancien -at-s, type lat. Harpinas, ne soit pas complètement exclu): dans trois cas sur quatre, on a s au lieu de s . Il s'agit peut-être de sandhi, mais alors les quatre exemples auraient dû présenter la sonore (ce qui suit est une voyelle, ou une liquide). Sur la face A, au contraire, toutes les finales -as sont écrites avec -s, mais cela tient peut-être au fait qu'il s'agit presque toujours de l'acc.pl. *-äns (osas sues, lisTas TiTas, TiTas .sisonTi, arsnas:PionTi, arsnas:CuaTi, ias:osias, osias: uerTaTosue, TeCameTinas. TaTus, aiuisas.ComPalCores ). C'est pour la même raison sans doute qu'on a -s pour -is et -us dans Tiris: maTus . La finale -os de nom. sg. thématique est, deux fois sur neuf, écrite avec le signe de la sonore: sos: auCu, CusTaiCosj arsnas. Et dans les deux cas, c'est une voyelle qui suit. On pourrait objecter qu'il y a des cas où, dans ce contexte, on trouve l'autre sifflante (ainsi, an-Cios:isTe, esanCios.use; et devant semivoyelle ou sonante, uerTaTosue, ios.uranTiomue, aCainaCuPos /nePintor), mais nous ignorons si le sandhi pouvait jouer sur une limite de syntagme et surtout nous ignorons où sont les limites de syntagmes et de phrases. D'autre part, le sandhi devait jouer comme une règle de neutralisation: la forme neutralisée de la sifflante pouvait être indifféremment notée par s ou s. Les finales -us, on l'a dit, sont presque toujours écrites avec s sauf une fois, maTus. Là, la règle de sandhi joue parfaitement, puisque tous les exemples avec -5 sont suivis de voyelle, semi-voyelle ou consonne homorganique s (usaPiTus.osas, PiseTus.iom, TinPiTus: neito, onsa-Tus.iomui, TaTus.somei, TaTus:iom, rusimus.aPulw, mais: ma-Tus: TinPiTus). Revenons maintenant à la finale -es: on peut isoler d'abord les cas qui ont un -s comme graphie simplifiée d'un groupe

7 J'insiste sur la nécessité de transcrire par /deiuoreix/ et non /dêuorëx/ ou /dïuorîx/ même si ce dernier paraît devenu à la mode aujourd'hui. S'agit-il d'un ancien *deiworëx, ( > dëworix), ou *dïwo-rëx ( > dïworîx)? On ne peut le dire, car nos connaissances actuelles ne permettent pas de déterminer si les Celtibères pouvaient faire la différence entre /ë/ et /T/ (tous deux notés ei). Mais la graphie Te-i-uo-r-e-i-Ci-s présente, dans la deuxième syllabe, le choix délibéré du digramme -e-i-, ce qui est certainement destiné à reproduire la séquence obtenue dans la première syllabe avec un syllabogramme et une voyelle (Te-i). Dans l'incertitude où nous sommes sur la phonétique celtibère, il serait prudent de s'en tenir à la transcription /deiworeix/.

Brought to you by | Columbia UniversityAuthenticated | 134.99.128.41

Download Date | 11/23/13 10:31 PM

Page 9: Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

Sur le bronze celtibère de Botorrita 371

ks, gs ou autre8, es:uerTai, ComPalCores: aleiTes, peut-être ires:rusimus. Les autres cas présentent nettement l'hésitation graphique du sandhi, c'est-à-dire Í OU S devant voyelle (aleiTes :isTe), devant consonne sonore ou sonante, (ComPalCes:neliTom, os-Cues:PousTomue), et devant consonne homorganique (osCues.sTena, sues.sailo).

La neutralisation en finale avec sandhi, sonorisation devant voyelle, sonante ou consonne sonore, et neutralisation devant sifflante, est donc de nature à nous rendre prudents sur l'interprétation des sifflantes finales du celtibère9.

Pluriel de thème consonantique, ComPalCes est certainement le prédicat principal de la première phrase. Il manque un sujet: ne serait-ce pas la liste des PinTis (dans l'hypothèse d'un ordre de lecture B-A)?

La première phrase du texte commencerait donc ainsi: «Les qua-torze personnages ici nommés (face B), depuis n° 1 luPos CounesiCum melmunos PinTis jusqu'au n° 14, leTonTu esoCum aPulos Pintis, sont les garants qu'il n'y aura pas de liTom...»

Voilà pour le prédicat principal; pour les autres mots du début, on peut envisager plusieurs possibilités de syntaxe:

— TiriCanTam PerCuneTaCam, acc.sg.; objet «thématisé» de ne liTom. Dans ce cas, (Eska) ToCoiTosCue sarniCioCue ComPalCes est hors construction. Cela ne s'accorde pas avec notre théorie.

— TiriCanTam PerCuneTaCam, gén.pl. dépendant de ComPalCes; les autres gén. dépendent directement de ComPalCes eux aussi; ou sont sur le même plan que PerCuneTaCam et dépendent de Tiri-CanTam.

— Il est clair que les deux premiers mots sont difficiles à construire comme un accusatif. Peut-être doit-on envisager la possibilité d'un instrumental sg. en -mi: on traduirait alors, «avec le TiriCanTa», le nom de lieu désignant ici ses habitants? C'est d'après moi la seule

8 II est abusif de présenter cet -s comme l'évolution phonétique de -gs, -ks en finale, puisque nous avons des preuves de la conservation de ce groupe dans TeiuoreiCis, etc.

9 Parmi les langues celtiques modernes, le sandhi du breton a fait l'objet d'études approfondies: voir F. Falc'hun, Le système consonantique du breton, Rennes 1951, p. 55 s., et Elmar Ternes, Grammaire structurale du breton de l'Ile de Groix, Heidelberg 1970, 6 8 - 1 1 0 .

Brought to you by | Columbia UniversityAuthenticated | 134.99.128.41

Download Date | 11/23/13 10:31 PM

Page 10: Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

372 Pierre-Yves Lambert

solution. Ici aussi, on pourrait considérer les gén. ToCoiTosCue sarniCioCue comme dépendant directement de ComPalCes ou sur le même plan que PerCuneTaCam et dépendant de TiriCanTam.

Je ne puis développer ici la question d'un instrumental singulier en -mi. On doit considérer qu'il est possible de le supposer: le gaulois oppose un dat. pl. en -bo et un sociatif (-intrumental) pl. en -bi, gobed-bi «avec les forgerons» (inscription gauloise d'Alise Sainte-Reine). J'ai suggéré la possibilité d'un instrumental pl. thématique -öis> -üs pour rendre compte de certaines formes gauloises du plomb du Larzac (Paullius «avec les enfants de Paulla»?, Et.Celt. XXII 168 η.). Des formes gauloises difficiles comme δεκαντεμ, τοουτιους pourraient s'éclairer en tant qu'instrumental.

3. Hypothèse concernant le contenu du texte:

En admettant que TiriCanTam désigne un territoire caractérisé comme trifinium (donc, Tri-cant-ia, «territoire à trois côtés»?), il est peut-être fait référence, dans son épithète, à un nom de divinité: cf. Bergusia à Alise-Sainte-Reine, que l'on a pu rattacher à l'ail. Berger «mineur», Bergbau «mine»: c'est la déesse associée au dieu des forge-rons Ucuetis (Deo Ucueti et Bergusiae, Holder, Nachträge III 851). Nous supposerons donc que Berguneto- est la «zone dédiée à Bergô».

TiriCanTam PerCuneTaCam est peut-être un territoire de mines; il est question plus loin de silaPur «argent», qui n'est pas perçu comme impôt, mais pris (caPiseTi) ou gagné, trouvé (uersoniTi) par n'importe qui (oscues): cela me paraît très étrange. S'agit-il d'une réglementation concernant le fonctionnement et la défense d'un terrain où il y a des mines d'argent? On a dans l'inscription CIL II 5181 un règlement de ce type, pour les mines d'argent de Vipasca (dans le Portugal, près d'Aljistrel). On s'expliquerait bien ainsi que le territoire, convoité par beaucoup, ait été la propriété commune de trois unités politiques, ce qui pourrait aussi être le sens de TiriCanTam. Les offrandes TecameTinas Tatus seraient en fait la restitution du dixième des gains; cf. peut-être canTom sanCilisTara, où sanCilis- pourrait être le chiffre «mille» (ind. eur. *sm-ghesl- > *sm-ghles-'i gr. χίλιοι, Pok. 146), et sanCilisTara le dérivé d'une fraction en -to-, «millième».

Brought to you by | Columbia UniversityAuthenticated | 134.99.128.41

Download Date | 11/23/13 10:31 PM

Page 11: Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

Sur le bronze celtibère de Botorrita 373

BIBLIOGRAPHIE

Adrados 1976 = F. R. Adrados, «Aportaciones a la interpretación del bronce de Bo-torrita», Actas del I Coloquio sobre lenguas y culturas prerromanas de la Península Ibérica. Universidad de Salamanca, 1976, 25 — 47.

Beltrán — Tovar 1982 = Antonio Beltrán, Antonio Tovar, Contrebia Belaisca (Botorrita, Zaragoza), I. El bronce con alfabeta ibérico de Botorrita, Universidad de Zaragoza, 1982 (Monografías Arqueológicas 22).

(Antonio TOVAR: Revision del bronce de Botorrita despues de sa lavado y restauración, 61 -84 ) .

Charles-Edwards 1974 = Thomas M. Charles-Edwards, «Native Political Organisation in Roman Britain and the Origin of MW. brenhin,» Antiquitates Indogermanicae, Gedenkschrift für Hermann Giintert, hgg. v. M. Mayrhofer, W. Meid, Β. Schlerath, R. Schmitt, Innsbruck 1974, 3 5 - 4 5 .

Eichner 1989 = Heiner Eichner, «Damals und heute: Probleme der Erschliessung des Altkeltischen zu Zeussens Zeit und in der Gegenwart», Erlanger Gedenkfeier für Johann Kaspar Zeuss, hgg. v. Bernhard Forssman, = Erlanger Forschungen, Reihe A, Geisteswissenschaften Bd. 49, 1989, 9 - 5 6 (Botorrita: 23 -56) .

Eska 1989 = Joseph F. Eska, Towards an interpretation of the Hispano-Celtic inscription of Botorrita, Thèse doctorale, Toronto 1988. (Paru dans les Innsbrucker Beiträge zur Sprachwissenschaft, 59, 1989).

Eska 1990 = J. Eska, «Two notes on Continental Celtic (I. On a problem of concord in the inscription of Botorrita...)», Etudes Celtiques XXVII 1990, 191-196 (191-192).

Eska 1991 = J. Eska, «The Demonstrative stem *isto- in Continental Celtic», ZCP XLIV, 1991, 7 0 - 7 3 (stena).

Evans 1977 = D. Ellis Evans, «Some Celtic forms in cant-», Bulletin of the Board of Celtic Studies, XXVII, 2, (1976-78), 235-245 .

Evans 1979 = D. Ellis Evans, «On the Celticity of some Hispanic Personal Names», Actas del II. Coloquio sobre lenguas y culturas prerromanas de la Península Ibérica, Salamanca 1979, 117-129.

Fleuriot 1975 = Léon Fleuriot, «La grande inscription celtibère de Botorrita», Etudes Celtiques XIV, 2, 1975, 405-442 .

Fleuriot 1979 = Léon Fleuriot, «La grande inscription celtibère de Botorrita, Etat actuel du déchiffrement», Actas del II Coloquio sobre lenguas y culturas prerro-manas de la Península Ibérica. Universidad de Salamanca 1979, 169 — 174.

Gil 1977 = Juan Gil, «Notas a los bronces de Botorrita y Luzaga», Habis VIII, 1977, 161-174.

Hamp 1975 = «Old Irish ed, id», Zeitschrift für Celtische Philologie, XXXIV, 1975, 2 0 - 2 9 .

Hamp 1986 = «Varia» (5. *brigantinos), Etudes Celtiques XXIII, 1986, 4 7 - 5 1 (50-51) . Hamp 1989 = E. Hamp, «Celtiberian ComPalCes,» ZCP XLIII, 1989, 190-191. Hamp 1990 = E. Hamp, «Varia: XL. Botorrita sos: auCu arefiJTalo: Tamai», Etudes

Celtiques XXVII 1990, 179-180. De Hoz-Michelena 1974 = Javier de Hoz y Luis Michelena, La inscripción celtibérica

de Botorrita, Acta Salmanticensia n° 80. Salamanca, 1974. De Hoz 1987 = Javier de Hoz, «La epigrafia celtibérica», Actas de la Reunión sobre

Epigrafia Hispánica de Epoca Romano-Republicana, ed. Guillermo Fatás, Zaragoza 1987, pp. 4 3 - 1 0 2 .

Brought to you by | Columbia UniversityAuthenticated | 134.99.128.41

Download Date | 11/23/13 10:31 PM

Page 12: Indogermanica et Caucasica (Festschrift für Karl Horst Schmidt zum 65. Geburtstag) || Sur le bronze celtibère de Botorrita

374 Pierre-Yves Lambert

Lejeune 1955 = Michel Lejeune, Celtibérica, Salamanca 1955 (Acta Salmanticensia, Filosofia y Letras VII, 4).

Lejeune 1973 = Michel Lejeune, «La grande inscription celtibère de Botorrita», Comptes-rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 1973, 622 — 647.

Motta 1980 = Felippo Motta, «Per un'interpretazione della faccia Β del bronzo di Botorrita», ΑΙΩΝ, 2, 1980, 9 9 - 1 2 3 . + Felippo MOTTA, «Onomastica Contre-biense», ibid. 125-147.

Schmidt 1973 = Karl Horst Schmidt, «Der Beitrag der keltiberischen Inschrift von Botorrita zur Rekonstruktion der protokeltischen Syntax», Word XXVIII, 1972 [1973], 5 1 - 6 2 .

Schmidt 1976a = Karl Horst Schmidt, «Zur keltiberischen Inschrift von Botorrita», Bulletin of the Board of Celtic Studies, XXVI, 1976, 375-394.

Schmidt 1976b = Karl Horst Schmidt, «Historisch-vergleichende Analyse des der keltiberischen Inschrift von Botorrita zu Grunde liegenden Morpheminventars», Studies in Greek, Italic and Indo-European Linguistics offered to L. R. Palmer, ed. A. Morpurgo Davies, W. Meid, Innsbruck 1976, 359 — 371.

Schmidt 1980 = Karl Horst Schmidt, «Zur keltischen und indogermanischen Vorge-schichte von gallo-lateinisch *camminus 'Weg'», Festschrift H. Meier, Bonn 1980, 536-541.

Schmidt 1986 = Karl Horst Schmidt, «Keltiberisch Tocoitos/Tocoitei und gallisch Ucuete/Ucuetin», ZCP XLI, 1986, 1 - 4 .

Tovar 1973 = Antonio Tovar, «Las inscripciones de Botorrita y Peñalba de Villastar y los limites orientales de los celtíberos», Hispania antiqua III, 1973, 367 — 405.

Tovar 1975 = Antonio Tovar, «Ein neues Denkmal der keltiberischen Sprache: die Bronze von Botorrita», Zeitschrift für Celtische Philologie, XXXIV 1975, 1 - 1 9 .

Tovar 1982: cf. Beitran - Tovar 1982. Untermann 1975 = Jürgen Untermann, Monumenta Linguarum Hispanicarum, Bd. I. Die

Münzlegenden, Wiesbaden 1975. Untermann 1983 = Jürgen Untermann, «Die Keltiberer und das Keltiberische», in

E. Campanile (Ed.), Problemi di lingua e di cultura nel campo indoeuropeo. Pisa 1983, 109-127.

Villar 1990 = Francisco Villar Liébana, «La linea inicial del Bronce de Botorrita», in Studia Indogermanica et Palaeohispanica in honorem A. Tovar et L. Michelena, Universidad del País Vasco — Univ. de Salamanca (Acta Salmanticensia, Estudios filológicos 236), 1990, 375-392.

Villar 1991 = Francisco Villar , «Le locatif celtibérique et le caractère tardif de la langue celtique dans l'inscription de Peñalba de Villastar», ZCP XLIV, 1991, 56 — 66 (Tocoitei etc.).

Villar 1993 = Francisco Villar , «Las silbantes en Celtibérico», Lengua Y Cultura en la Hispania Prerromana, Actas del V Coloquio sobre lenguas y Culturas Prerromanas de la Península Ibérica (Colonia 1989), éd. Jürgen Untermann, Francisco Villar, Salamanca 1993 (Acta Salmanticensia, Estudios filológicos 251), 773 — 811.

Brought to you by | Columbia UniversityAuthenticated | 134.99.128.41

Download Date | 11/23/13 10:31 PM