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Colloque Les 23 et 24 mai 2008 Colloque sous la responsabilité scientifique de Jean-Pierre Criqui rédacteur en chef des Cahiers du Musée national d’art moderne, Paris. L’art de la reprise Remplois, détournements et assemblages à travers l’histoire Patène de serpentine, trésor de l'abbaye de Saint-Denis : soucoupe de serpentine (Ier siècle) ; monture d'or et de pierreries (IXème siècle), musée du Louvre © Photo RMN, Peter Willi Programmation : Marcella Lista assistée de Camille Palopoli 2 21x21 16pages 23 et 24.05.08.qxp 15/05/2008 17:58 Page 1

L’art de la reprise - Le Louvre · une typologie du recyclage par Christopher Wood, Yale University, New Haven Cette intervention offre une typologie conceptuelle du réemploi d’objets

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Page 1: L’art de la reprise - Le Louvre · une typologie du recyclage par Christopher Wood, Yale University, New Haven Cette intervention offre une typologie conceptuelle du réemploi d’objets

Colloque

Les 23 et 24 mai 2008

Colloque sous la responsabilité scientifique

de Jean-Pierre Criquirédacteur en chef des Cahiers du Muséenational d’art moderne, Paris.

L’art de la repriseRemplois, détournements et assemblages

à travers l’histoire

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Programmation :Marcella Lista

assistée de Camille Palopoli

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Vendredi 23 mai

Reprises et histoire de l’art

10h

Ouverture

par Jean-Pierre Criqui

10h20

Englobement, investissement,

citation : une typologie du

recyclage

par Christopher Wood, YaleUniversity, New Haven

11h

Saxa loquuntur : Rome,

l’histoire et l’imaginaire

des spolia

par Leonard Barkan, PrincetonUniversity, Princeton

11h40

La cruche cassée : du bon

usage des fragments grecs

par François Lissarrague,EHESS, Paris

12h20

Débat

De l’Antiquité au Moyen-Âge :

migrations et contextuali-

sations

15h

Spolia à Rome et dans

l’Italie médiévale : remploi

matériel et remploi symbo-

lique

par Valentino Pace, universitéd’Udine

15h40

Remploi et réattribution :

les «Pilastri Acritani » à la

basilique Saint Marc,

Venise

par Robert S. Nelson, YaleUniversity, New Haven

16h20

Des sculptures gothiques

remployées dans des faça-

des gothiques

par Pierre-Yves Le Pogam,musée du Louvre

17h

Maiestas perpetua, du

remploi des verres émaillés

islamiques dans le monde

occidental à la fin du

Moyen Âge

par Gwenaëlle Fellinger,musée du Louvre

17h40

Débat

Samedi 24 mai

Dimensions extra-euro-

péennes de la reprise :

l’histoire de l’art à

l’épreuve de l’altérité

10h

De la revivification à la

réappropriation dans les

arts extra - européens

Par Yves Le Fur, musée duquai Branly

10h40

Tuiles et briques :

un remploi lettré en Chine

Par Richard Schneider, EPHE,Paris

11h20

D’un dieu aztèque à la

figure du Christ, usages

des miroirs fumants

Par Olivier Meslay, musée duLouvre

12h

Débat

Archéologie et modernité

d’un processus critique

14h30

Lieux des images, espaces

des idoles dans le monde

méditerranéen médiéval

Par Gerhard Wolf, Max-Planck-Institut, Florence

15h10

Une revelatio revisitée.

Reprises de la Madone

Sixtine par George Grosz

et par Kurt Schwitters

Par Brigid Doherty, PrincetonUniversity, Princeton

15h50

Remploi et référence :

assemblage et Nouveau

Réalisme, 1955-1965

Par Alex Potts, University ofMichigan, Ann Arbor

16h30

Débat

Colloque

L’art de la reprise. Remplois, détournements et assemblages à travers l’histoire

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Colloque

Une chose peut être faite d’une autre,voire de diverses autres choses, et lesœuvres d’art n’échappent pas à la règle.Bien au contraire, elles tirent même assezsouvent, et depuis fort longtemps, leurressort d’un tel emprunt à des objetsouvrés, de nature ou non artistique, quileur préexistent et connaissent alors, enchangeant de contexte, une transformationde sens plus ou moins profonde, maistoujours sensible.

Ce procédé, l’histoire de l’art le nommegénéralement «remploi», désignant de lasorte un réinvestissement matériel, quisuppose l’usage d’un déjà-là tangible àdes fins nouvelles et ne doit pas êtreconfondu avec la simple citation, mêmes’il partage avec elle certains effets. Lecolloque l’envisage dans son acception laplus large, sous l’angle de la reprise,terme qui renvoie à «reprendre» aussibien qu’à «repriser».

Il serait vain de vouloir retracer unehistoire du remploi ainsi entendu autreque discontinue ou disparate, à l’imagede ce qu’elle envisage. Le parti choisi ici adonc été celui d’une suite d’études de casprécis et de réflexions méthodologiquescirconscrites, mais dans la longue durée,qui seule laisse pressentir la permanencebigarrée, et en son fond véritablementanthropologique, de la reprise. De laGrèce antique au XXe siècle, etmoyennant quelques détours pardifférentes cultures extra-européennes(Chine, Océanie), «L’art de la reprise»propose l’approche d’un continentartistique pour une vaste part inaperçu.

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Wenzel Jamnitzer, Daphné, vers 1550, ornement de table, argent fondu et doré, corail, pierres précieuses,Nuremberg, musée de Cluny © DR

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Colloque

Vendredi 23 mai

Reprises et histoire de l’art

10h

Ouverture

par Jean-Pierre Criqui

Note biographique

Historien de l’art et critique, Jean-PierreCriqui est l’auteur de nombreux textessur l’art contemporain, dont certains ontété réunis sous le titre Un trou dans la vie.Essais sur l’art depuis 1960 (Desclée deBrouwer, 2002). Il fera paraîtreprochainement Questions pour l’artcontemporain (Folio/Gallimard).Inspecteur à la Délégation aux artsplastiques (Ministère de la culture et de lacommunication), il est égalementrédacteur en chef de la revue Les Cahiersdu Musée national d’art moderne (CentrePompidou). Responsable aux éditionsMacula de la collection «Vues», où ontété notamment publiés des livres deClement Greenberg, Rosalind Krauss,Georges Didi-Huberman et Philippe-Alain Michaud, il collaborerégulièrement au magazine américainArtforum. Parmi les expositions dont il aété le commissaire, la dernière en date,«L’Horizon chimérique. Ed Ruscha -Jean-Marc Bustamante», s’est tenue en2007 au Musée d’art moderne etcontemporain de Strasbourg.

10h20

Englobement, investissement, citation :

une typologie du recyclage

par Christopher Wood, Yale University,New Haven

Cette intervention offre une typologieconceptuelle du réemploi d’objetsfabriqués dans l’art de l’Occident. Lephénomène du réemploi concerneessentiellement l’enchâssement oul’englobement d’un objet dans l’autre. Lasignification est produite quand lacouture entre le contenant et le contenureste visible. Quand cette différence estcomprise comme temporelle, l’objetenglobé se lit comme relique, unfragment survécu d’un monde disparu. L’espace architectural et l’œuvre d’art duMoyen Âge tardif et de la Renaissanceémergent comme des espaces articuléspermettant la comparaison côte à côte dechoses d’origines et de fonctions diverses.C’est à ces époques que l’œuvre d’artproduit un diagramme de sa propredistinction en se comparant par le moyende l’enchâssement à ce qui n’est pas art. Cet enchâssement était très souvent nonplus réel mais virtuel. Une couture dansun bâtiment ou un tableau, signalée parune différence de style entre une partie etl’autre, crée un spolium virtuel. C’est alorsque l’on entre dans la sphère del’intertextualité. Celle-ci désigne ladépendance nécessaire des structuressignifiantes vis-à-vis des structuresantérieures. Dans son mode virtuel, lerecyclage assumera le caractère decitation ou d’allusion. Il y a deux histoires de la spoliation :

l’une réelle, s’agissant de reliques, l’autrevirtuelle, s’agissant de citations. Ellespartagent cependant la même structure.Cette intervention vise donc à uneintégration possible d’une histoire durecyclage matériel dans une histoire pluslarge de l’intertextualité.

Note biographique

Christopher Wood est professeurd’Histoire de l’Art. Si le Moyen Âgetardif et les débuts de l’art moderneeuropéen sont ses domaines deprédilection, ainsi que l’historiographiede l’histoire de l’art, il enseigneégalement les sciences humaines et laLittérature. En 1992, il a rejointl’Université de Yale. Il a exercé en tantque Professeur invité à l’Université deBerkeley (Californie), au Vassar Collegeet à l’Hebrew University de Jérusalem.De 1989 à 1991, il a été Junior Fellow dela Society of Fellow de l’Université deHarvard. Prize Fellow de l’AmericanAcademy de Rome en 2002-2003 etbénéficiaire d’un John GuggenheimFellowship, il fut aussi, en 2004, Fellowde l’American Academy de Berlin.Auteur de Albrecht Altdorfer and theOrigins of Landscape (1993) et de Forgery,Replica, Fiction : Temporalities of GermanRenaissance Art (2008), Christopher Wooda par ailleurs dirigé la publication de TheVienna School Reader : Politics and ArtHistorical Method in the 1930s (2000).

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Colloque

11h

Saxa loquuntur : Rome, l’histoire et

l’imaginaire des spolia

par Leonard Barkan, Princeton University,Princeton

Les ruines de Rome ont exercé unefascination sur toute la cultureeuropéenne depuis (et même pendant)l’Antiquité. Dans cette communication,on suivra un parcours qui commence parPétrarque et finit par Freud. Ce territoirene sera pas abordé de façon strictementchronologique. On considérera aussi bienla tradition littéraire que la traditionvisuelle, en évoquant, par exemple, lejournal de voyage de Montaigne et lesruines fantastiques du Songe de Poliphilemais encore les représentations d’uneAntiquité à la fois glorieuse et abîméedans certaines peintures italiennes duquinzième siècle. À travers ces exempleson essaiera de comprendre commentl’effort de produire une vraiehistoriographie, fondée sur desmonuments matériels, se mêle avec lesforces rétives qui veulent remployer lesruines comme éléments virtuels dans lacréation d’un imaginaire contenant passéet présent, psychologie individuelle etculture universelle.

Note biographique

Leonard Barkan est professeur deLittérature Comparée et directeur de laSociety of Fellows à l’Université dePrinceton. Il a été professeur de

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Andrea Mantegna, Martyrede saint Sébastien (détail),1456-1459, Tempera surbois, 68 × 30 cm,Kunsthistorisches Museum,Vienne © DR.

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Colloque

littérature anglaise et d’histoire de l’art àNorthwestern, à l’Université deMichigan et à la New York University.Parmi ses publications : The Gods MadeFlesh: Metamorphosis and the Pursuit ofPaganism et Unearthing the Past :Archaeology and Aesthetics in the Makingof Renaissance Culture, qui a remporté lesprix de la Modern Language Association,la College Art Association, l’American Comparative Literature Association, PhiBeta Kappa et le PEN America Center.Il a récemment publié Satyr Square, unrécit à propos de l’art, de la littérature, duvin, de la cuisine, de l’Italie et de lui-même. Ses projets actuels comprennentune étude des rapports entre les mots, lesimages et le plaisir de Platon à laRenaissance ainsi qu’ un livre sur lesdessins et les écrits de Michel-Ange.

11h40

La cruche cassée : du bon usage des

fragments grecs

par François Lissarrague, EHESS, Paris

Reprise, remploi : ces termes dans ledomaine antique ne s’appliquent passeulement à la sculpture ou àl’architecture. La céramique – par safragilité – fait l’objet de nombreusesreprises, au sens premier du terme : desréparations, dont la plupart sont sansintérêt, mais dont certaines, qu’onexaminera, impliquent une élaborationesthétique remarquable. Jeux decontinuité et discontinuités entre imagebrisée et rebouchages incohérents ;

ciselure des éléments de fixation, quiintroduisent dans l’objet grec uneesthétique autre. Reprise également ausens second, proche du remploi, dudétournement, avec quelques cas deréappropriation du vase à l’époquemoderne et adjonction d’un décorbaroque destiné à enrichir un objet tropsimple. Enfin travail des artistescontemporains sur le fragment, le reste,l’assemblage, qui domine la perceptionmoderne de l’antique.

Note biographique

François Lissarrague, après avoirenseigné les lettres classiques, est entré auCNRS dans l’équipe de Jean-PierreVernant. Sa thèse, rédigée sous ladirection de Pierre Vidal-Naquet, a étépubliée en 1990 (L’Autre guerrier : archers,peltastes, cavaliers dans l’imagerie attique).Depuis 1996 il est directeur d’études àl’EHESS (Anthropologie et images :l’expérience grecque), et ses recherchesportent essentiellement sur l’imaginairegrec et son expression graphique. Il estl’auteur de plusieurs ouvrages dont Unflot d’images, une esthétique du banquetgrec (1987), Héros et dieux de l’antiquité,guide iconographique (avec I. Aghion et C. Barbillon, 1994) et Vases grecs : lesAthéniens et leurs images (1999).

De l’Antiquité au Moyen-Âge :

migrations et contextualisations

15h

Spolia à Rome et dans l’Italie médié-

vale : remploi matériel et remploi

symbolique

par Valentino Pace, université de Udine

L’utilisation de «dépouilles» à des finspratiques, autrement dit le « réemploi»de matériaux ayant déjà servi parailleurs, apparaît comme une constantede l’activité humaine. La valeuridéologique dont elle se trouve dotée etqui attache à cet usage une référence à unpassé en direction duquel il s’agitd’établir une relation spécifique,constitue un phénomène quel’historiographie (artistique, enl’occurrence) a étudié avec une acuitécroissante au cours du dernier demi-siècle. Voici quarante ans, Arnold Esch aposé les bases d’une observationsystématique du phénomène et deschercheurs émérites en ont en fait depuisleur sujet d’étude comme Salvatore Settisou Richard Brilliant (parmi d’autres,nous ne pouvons les citer tous). Pour mapart, je me concentrerai ici sur quelquesexemples qui ressortissent au domaineromain et à l’Italie méridionale, terrainsque je connais le mieux, pour mettre enévidence la diversité des valeurs que cettepratique est susceptible d’assumer, maisaussi pour rappeler la nécessité d’unemise en perspective renvoyant aucontexte général dont dépendent ces casparticuliers.

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Colloque

Note biographique

Né à Lanciano en 1944, titulaire de la chaired’Histoire de l’Art Médiéval et Byzantin del’Université d’Udine, Valentino Pace aenseigné auparavant dans diversesuniversités italiennes (Roma La Sapienza,Instituto Universitario Orientale de Naples)et étrangères (Heidelberg, Johns Hopkinsde Baltimore, Bonn, Princeton, Munich,Gérone, Bâle). Membre étranger del’Académie norvégienne des Sciences et desLettres, «foreign member» del’International Center of Medieval Art deNew York, il est également membre de laSocietà Romana di Storia Patria et duCentre d’Etudes sur la SpiritualitéMédiévale de Todi. Il participe aux comités

scientifiques et aux comités de rédaction deplusieurs revues d’Histoire de l’Art : Assaph(Université de Tel Aviv), Iconographia(Université de Sienne), Zograph (Universitéde Belgrade). Ses recherches portentprincipalement sur l’Italie médiévale (etl’Italie méridionale, en particulier), ainsique sur le monde byzantin etméditerranéen. Parmi les expositions d’artmédiéval et byzantin qu’il a organisées ouauxquelles il a collaboré, on peut citer :Federico II e l’Italia. Percorsi, luoghi, segni estrumenti ( Rome, 1995-1996) et Tesoridell’Arte cristiana in Bulgaria (Rome, 2000).Il collabore actuellement à l’expositionTreasures of Byzantium, que présentera laRoyal Academy de Londres à l’automneprochain. Sa bibliographie compte près decent cinquante articles et ouvrages, parmilesquels : Apulien-Basilicata-Kalabrien(Darmstadt, WBG, 1994) ; Arte a Roma nelMedioevo. Committenza, ideologia e culturafigurativa in monumenti e libri (Liguori éd.,Naples, 2007). Ont été publiés sous sadirection : Gotico europeo in Italia (ElectaNapoli, Naples, 1994), Le Jugement dernier(édition française : Editions du Cerf, Paris,2007).

15h40

Remploi et réattribution : les «Pilastri

Acritani » à la basilique saint Marc,

Venise

par Robert S. Nelson, Yale University,New Haven

Depuis le XVe siècle au moins, lesVénitiens ont considéré deux forts piliers

de la façade sud de l’Eglise San Marcocomme des trophées remportés sur lesGénois à la bataille d’Acre, au milieu duXIIIe siècle : d’où leur nom de «PilastriAcritani». En 1960, cependant, ladécouverte et les fouilles d’une église duVIe siècle, H. Polyeuktos deConstantinople, ont prouvé que les piliersprovenaient de cet édifice, à la suite sans doute de la quatrième croisade, dont les vénitiens prirent la direction en 1204. Latradition historiographique vénitienne, tellequ’elle avait achevé de prendre forme auXIXe siècle, se trouvait ainsi bouleversée.Les Vénitiens assignèrent alors denouveaux usages à ces monuments réinterprétés. Comment et pourquoi une victoire a-t-elle supplanté l’autre ?Comment ces vestiges médiévaux de SanMarco nourrirent-ils, avec d’autres, letriomphalisme de la Sérénissime au XVIesiècle, et comment expliquer l’intérêtpersistant que les vénitiens du XIXe siècleaccordaient encore à cette histoire ?

Note biographique

Robert Nelson a enseigné à l’Université deChicago de 1977 à 2005, date à laquelle il arejoint l’Université de Yale. Il a été nommé,la même année, Robert Lehman Professorof the History of Art. Ses travaux ont reçule soutien de diverses institutions,notamment les bourses du CentreDumbarton Oaks d’Etudes Byzantines etde la Villa I Tatti, dépendants tous deux del’Université de Harvard, et celle de la JohnSimon Guggenheim Memorial Foundation.

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Rome, Sainte Praxède. Entrée de l’Oratoire de S. Zenon(817-824) ©ValentinoPace

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Colloque

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Saison 2007 | 08

Pilastri Acritani de la basiliqueSaint Marc, Venise © RobertNelson.

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Colloque

Ses recherches ont pour principal objet l’artde Byzance. Son dernier livre, Hagia Sophia,1850-1950 : Holy Wisdom Modern Monument,est paru en 2004. En 2006, il a organisé et co-dirigé l’exposition Holy Image, HallowedGround : Icons from Sinaï, pour le J. PaulGetty Museum de Los Angeles.Depuis plusieurs années, Robert Nelsons’attache aux rapports entre l’œuvre d’art etles publics qui la reçoivent, la contemplent,la jugent et l’étudient, un sujet qui l’aamené à s’intéresser aux collectionneursmédiévaux, à l’usage dévotionnel etpolitique des images à Byzance, à laconception médiévale de la vision et, plusrécemment, à la réception de l’art byzantinde la Renaissance jusqu’à nos jours.

16h20

Des sculptures gothiques remployées

dans des façades gothiques

par Pierre-Yves Le Pogam, musée duLouvre

On a souvent considéré la question desremplois antiques dans l’architecturemédiévale. Mais on s’est moins souventinterrogé sur un problème similaire etencore plus intriguant, la réutilisation desculptures médiévales dans le cadre dechantiers médiévaux. En excluant les casambigus et ceux qui ne sont dûs qu’à desremaniements tardifs, restent de nombreuxexemples d’un remploi conscient d’œuvressculptées seulement quelques générationsavant le moment de leur réintégration dansun nouveau corps architectural. Il estfrappant de voir que plusieurs d’entre eux

se situent dans le cadre de grandescathédrales gothiques françaises (et d’uneabbatiale, mais qui occupe le même rang,aussi bien dans l’historiographie que dans laréalité, Saint-Denis), pourtant considéréesgénéralement comme des chantiers d’uneambition immense et d’une cohérencerarement atteinte (portail Sainte-Anne àParis, portail du Jugement dernier à Laon,portails latéraux à Bourges, porte des Valoisà Saint-Denis, «porte romane» à Reims).De plus les cinq cas en question concernentdes sculptures exécutées durant le premierart gothique (vers le milieu ou durant letroisième quart du XIIe siècle) etremployées très rapidement,puisqu’intégrées dans leurs monumentsrespectifs entre les environs de 1200 et les

années 1230-1240. On peut donc sedemander ce que les constructeurs ou leurscommanditaires ont cherché à travers cesremplois : mesures d’économie dans desentreprises très coûteuses, absorption etdépassement des programmesiconographiques antérieurs, respect pourdes œuvres déjà admirées ? Quoi qu’il ensoit, la prise en compte de ces exemplesdevrait influencer notre perception descathédrales gothiques classiques. Loin d’êtredes monuments pliés strictement à la férulede la cohérence stylistique, beaucoupd’entre elles constituent des lieuxd’expérimentation plus complexes, où larécupération de morceaux disparates peutpourtant faire partie d’une conceptionprogrammatique. En somme, la cathédrale

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Détail du registre inférieur du tympan du portail Sainte-Anne, cathédrale Notre-Dame de Paris © Pascal Lemaître / CMN, Paris.

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Colloque

gothique est-elle une «œuvre d’art totale»ou un bricolage sublime ?

Note biographique

Pierre-Yves Le Pogam, conservateur audépartement des Sculptures depuis 2004(en charge de la collection médiévalefrançaise), est archiviste paléographe,docteur en histoire et histoire de l’art etancien membre de l’École française deRome. Il a été auparavant conservateurau Musée national du Moyen Âge. Il apublié et enseigné sur l’histoire del’architecture et de la sculpture, surl’iconographie, la vie quotidienne etl’artisanat du Moyen Âge occidental,(spécialement pour les XIIIe-XVe siècles),ainsi que sur l’histoire de l’histoire del’art médiéval (histoire du goût, descollections, historiographie).

17h

Maiestas perpetua, du remploi des ver-

res émaillés islamiques dans le monde

occidental à la fin du Moyen Âge

par Gwenaëlle Fellinger, musée du Louvre

Des verres émaillés islamiques, produitsen Syrie et en Egypte du XIIIe au XVe

siècle, sont parvenus en Occident dès leMoyen Âge. Plusieurs d’entre eux furentréutilisés dans des chapelles privées, encontexte religieux ou appartinrent auxtrésors nobiliaires et royaux. Les objetsfurent, à cette occasion, remontés sur des

pieds d’orfèvrerie particulièrementtravaillés ou conservés dans des étuis decuir. Certains nous sont parvenus et sontaujourd’hui conservés dans diversesinstitutions publiques, d’autres nous sontconnus par des archives et des dessins,d’autres encore, ont été retrouvés en fouilles. Le but de cette communication estd’étudier ce groupe d’objets, de montrerquels étaient les usages de ces verres et des’interroger sur les motivations qui ontpoussé à la réutilisation d’objets souventinscrits et ornés de motifs islamiquesdans un contexte occidental.

Note biographique

Actuellement conservateur au départementdes arts de l’Islam du musée du Louvre,Gwenaëlle Fellinger est chargée descollections iraniennes du XVIe au XIXe

siècle et dans le cadre du projet de créationdu nouveau département, du chantier derestauration des œuvres. Elle a auparavantsuivi un cursus d’histoire à la Sorbonne etd’histoire de l’art à l’école du Louvre, puisobtenu les diplômes de conservateur desbibliothèques et de conservateur dupatrimoine. Elle poursuit actuellement unethèse de doctorat sur le thème suivant :«Les objets d’art islamique dans lescollections des Valois (vers 1360-1515)» sousla direction de Christian Prigent.Gwenaëlle Fellinger travaille dans ce cadresur l’arrivée et la réutilisation des objetsd’art islamique dans le monde occidentalmédiéval.

Samedi 24 mai

Dimensions extra-européennes

de la reprise : l’histoire de l’art

à l’épreuve de l’altérité

10h

De la revivification à la réappropria-

tion dans les arts extra - européens

Par Yves Le Fur, musée du quai Branly

De nombreux exemples de rituelsréemploient des œuvres afin de leurredonner une énergie nouvelle.Repeintes, complétées, réinstallées latransformation de ces œuvres peut nousapparaître comme perturbant leur valeurvoire troubler le goût qui s’est formépour un certain «art premier». Cesmutations trouvent aussi un échoconceptuel dans les réappropriationsidentitaires ou symboliques quiréorientent le sens historique de certainsobjets et en refondent l’usage.

Note biographique

Yves le Fur a soutenu en 1989 à laSorbonne un doctorat d’histoire de l’art.Elève de l’École nationale du Patrimoineen 1995, il est nommé conservateur en1996 à la section Océanie du muséenational des arts d’Afrique et d’Océanie.Il y organise en 1999 l’exposition : Lamort n’en saura rien : « Reliquesd’Europe et d’Océanie». Il est

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Colloque

actuellement responsable de lamuséographie de la collectionpermanente (Océanie) pour le musée duquai Branly. En 2006-2007 il a étécommissaire de l’exposition : «D’unregard l’Autre : histoire des regardseuropéens sur l’Afrique, l’Amérique etl’Océanie».

10h40

Tuiles et briques :

un remploi lettré en Chine

Par Richard Schneider, EPHE, Paris

Ce qui faisait le lettré en Chine n’étaitpas uniquement le succès aux examensimpériaux : l’érudition, la connaissancedes classiques, l’aptitude à composer despoèmes et à les calligraphier, tout celapouvait lui assurer cette reconnaissanceparmi ses pairs. La possession d’objetsréputés anciens pouvait conforter cet étatde lettré. Parmi ces objets, la pierre àencre était assurément l’attribut le plusvisible, le plus symbolique du lettré. Celle-ci n’était cependant pas toujours àla portée des petits lettrés peu fortunés, etson antiquité était souvent douteuse,aussi se tournèrent-ils vers des objets pluséconomiques, tout en étant d’apparenceancienne. C’est ainsi que d’abord les tuiles, puis lesbriques, furent récupérées et taillées enpierre à encre. Faites à partir d’une argilefine, cuites au four, elles étaientlégèrement poreuses, lisses tout engardant une rugosité propre à produirede l’encre par frottement du bâtonnet

d’encre ; elles se prêtaient aussi à lagravure d’inscriptions, qui leur donnaientprix et élégance. Il était alors possible de les offrir à des lettrés de statut supérieurou à des amis, dont on attendait unefaveur en retour, un avantage matériel ousimplement établir sa renommée.Ces collections de tuiles et briquesinduisirent une littérature de recueils etcatalogues de collections particulières oud’antiquités locales, aux notices érudites,les circonstances de leur trouvaille, nousrévélant les rapports qu’entretenaiententre eux les petits lettrés locaux.

Note biographique

Ingénieur de recherche à l’École Pratiquedes Hautes Études, Richard Schneiderest un spécialiste de sigillographie, decalligraphie et des pratiques lettrées enChine. Il est un membre de l’UMR 8155,Civilisations chinoise, japonaise ettibétaine, (EPHE, CNRS et Collège deFrance). Après sa maîtrise de chinois àParis, Richard Schneider a séjourné de1970 à 1979 au Japon, en tant quepensionnaire à la Maison Franco-Japonaise. Sa thèse de doctorat à Paris luia permis d’intégrer l’Équipe de recherchesur les manuscrits de Dunhuang. Il aproduit six publications électroniques, enco-auteur, de catalogues de plusieursmilliers d’estampages de stèles chinoises,conservées en Europe. De 1999 à 2003, ila dirigé un séminaire à l’EPHE sur lesobjets de lettrés. Il a animé depuis desséminaires de pratiques lettrées, destinés

aux sinologues, sur la sigillographie et lescollectionneurs lettrés. Parmi ses dernières publications :« Jardins et pavillons dans la Chine des Ming », Lieux de savoir, vol. I, sous ladirection de Christian Jacob, Paris, 2007 ;«La table du lettré en Chine », Lieux desavoir, vol. II, sous la direction deChristian Jacob, Paris, à paraître en 2008 ;«Les inscriptions sur pierres à encre» ;Actes du colloque Autour des collectionsd’art en Chine au XVIIIe siècle, Paris 23-24juin 2006, INHA, sous presse.

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Tuile datant de l’an 20 de notre ère taillée en pierre à encresous l’ère Qianlong (1735 - 1796). Coll. National PalaceMuseum, Taipei (Taiwan).

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Bartolome Esteban Murillo,Le Christ à la colonne, 17e

siècle, peinture sur obsi-dienne (objet rituel préco-lombien), 33 cm x 33 cm,musée du Louvre © photoRMN, René-Gabriel Ojéda

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Colloque

11h20

D’un dieu aztèque à la figure du

Christ, usages des miroirs fumants

Par Olivier Meslay, musée du Louvre

La découverte de la nature exacte de lapierre sur laquelle étaient peintes deuxœuvres de Murillo acquises par LouisXVI en 1784 a changé le regard que l’onportait sur elles. Réputées peintes sur dumarbre noir elles n’avaient jamais attirél’attention ; depuis l’identification del’obsidienne comme leur véritablesupport, elles ont révélé une toute autrehistoire. Venues du Mexique ces deuxplaques d’obsidienne noire ont étéassociées aux représentationstraditionnelles du dieu Tezcatipoca, leplus terrible des dieux aztèques. Connuessous le nom de Miroirs fumants ces verresnoirs d’origine volcanique ont serviparfois d’instruments de divination, maispour Bartolom Murillo elles étaient avanttout une matière mystérieuse sur laquellel’image de la passion du Christ setrouvait transcendée.

Note biographique

Olivier Meslay est né en 1956.Conservateur au département despeintures du musée du Louvre chargédes peintures anglaises, américaines etespagnoles jusqu’en 2006, il estaujourd’hui responsable du projetscientifique et culturel du Louvre-Lens.Il a été professeur à l’Ecole du Louvre de1997 à 2006. Commissaire de plusieurs

expositions dont «D’Outre Manche» en1994 et «William Hogarth» en 2006 aumusée du Louvre et «Constable» en2002 au Grand Palais, il est aussi l’auteurde nombreux articles et catalogues.

Archéologie et modernité

d’un processus critique

14h30

Lieux des images, espaces des idoles

dans le monde méditerranéen médiéval

Par Gerhard Wolf, Max-Planck-Institut,Florence

Nous nous proposons de mettre enévidence les problèmes de méthode queprésente l’étude du thème de la«reprise» dans le cadre de laMéditerranée médiévale, puis d’évoquerla fin de la première époque coloniale.Les petites études de cas (surConstantinople et Gênes, la Sicile,Mexico et Goa) concernent les modalitésde la «reprise», en particulier, dansl’espace sacré, les objets et images deculte. Dans le rapport complexe que lescultures artistiques méditerranéennesentretiennent avec les images et dans unetopographie sacrée qui est partiellement commune à ses religions, l’objet«migrant » ou réinstallé et le lieuréaffecté occupent une positionimportante, non seulement dans lecontexte historique proprement dit, maisaussi dans le travail actuel des interprètes.C’est qu’ils apparaissent comme autant

d’indices des processus fondamentaux del’histoire culturelle. On assistefréquemment à l’invention d’unetradition ou d’un passé non propre (sil’on suppose qu’il puisse exister),d’appropriations interculturelles etinterreligieuses complexes, où la«reprise» verticale (dans le temps) estrarement séparable d’une reprisehorizontale (dans l’espace). En Sicile, laformation de la monarchie de Roger II etles représentations qui s’y rattachent offrent un terrain d’observation remarquable du phénomène. Pluslargement, ce type d’enquête nous inciteà remettre en cause les notions de puretéou d’homogénéité de style. L’espaceméditerranéen est le lieu de « reprises»multiples, d’une hétérogénéité de longuedurée, où les distinctions entre images,idoles et objets précieux sont enpermanence redéfinies. On le constateaussi sur un autre plan, au cours de lapremière période coloniale, lorsque ces« traditions » ont rencontré ou se sontconfrontées à d’autres réalités culturelles.

Note biographique

Gerhard Wolf est diplômé en Histoire del’Art, Archéologie Chrétienne etPhilosophie de l’Université deHeidelberg (1989) ; il est égalementtitulaire d’un Doctorat et d’uneHabilitation de la Freie Universität deBerlin (1995), directeur d’études invitéauprès de l’EHESS de Paris (1997),professeur d’Histoire de l’Art à

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l’Université de Trier (1998-2003),titulaire de la Chaire RichardKrautheimer de la Biblioteca Hertziana(Rome, 2001-2002). Depuis 2003 il dirigele Kunsthistorisches Institute de Florence(Max-Planck-Institute). Il a étéégalement Visiting Professor auprès desUniversités de Berlin (1994-1995), de

Vienne (1996-1997), de Bâle (2000-2001),de Buenos Aires (2002), de Mexico (2003)et de Harvard (2008).Ses recherches ont trait à l’histoire del’art et à la culture des images en Italie etdans le monde méditerranéen, dans uncontexte global, de l’Antiquité tardive àla première Renaissance ; aux échanges

artistiques entre le Mexique et l’Europe ;aux influences croisées desreprésentations artistiques et scientifico-naturalistes de l’univers ; àl’anthropologie historique des images. Il a notamment publié : Salus populiromani. Geschichte römiscer Kultbilder imMittelalter (Weinheim, 1990) ; Schleierund Spiegel. Traditionen des Christusbildesund die Bildkonzepte der Renaissance(Munich, 2002) ; Ikonologie desZwischenraums : der Schleier als Mediumund Metapher (avec J. Endres et B. Wittmann, Munich, 2005)En outre, Gerhard Wolf a organisédiverses expositions, à Rome, Gênes etTbilisi (Géorgie).

15h10

Une revelatio revisitée. Reprises de la

Madone Sixtine par George Grosz et

par Kurt Schwitters

Par Brigid Doherty, Princeton University,Princeton

Cette conférence a pour objetl’«utilisation» (ou, pour mieux dire peut-être, le «réemploi») de reproductionsimprimées de la Madone Sixtine deRaphaël (1512-1513) dans troiscollages/montages réalisés en Allemagneautour des années 1920 : le montageDada du berlinois Georges Grosz,Germania ohne Hemd et les collages Merzde Kurt Schwitters, Engelbild etMerzzeichnung 151. Wenzelkind Madonnamit Pferd. Dans ce cadre, nous nousréférerons aux travaux de Louis Marin et

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Mandylion (Gênes, San Bartolomeo degli Armeni), détail : chute d’un idole, cadre byzantin du 14e siècle. © Fotothek desKunsthistorischen Instituts Florenz Max-Planck-Institut.

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de Daniel Arasse, notamment à leursenquêtes sur le «dispositif de présentationde la représentation», ainsi qu’auxconcepts d’usage, de barbarisme, d’aura,de qualité graphique et de«perceptibilité» (Anschaulichkeit), autantde notions attachées à la théorie esthétiquede Walter Benjamin, lequel (et ce n’est pasun hasard) s’intéressa d’ailleurs de près àl’art de Grosz et de Schwitters.

Note biographique

Avant de rejoindre l’université dePrinceton en 2003, Brigid Doherty aenseigné en tant que Associate Professorof the History of Art and Humanities àl’Université Johns Hopkins. En 2005, elle a dirigé au Courtauld Institute of Art deLondres une série de séminaires sur l’artdes XIXe et XXe siècle et l’artcontemporain. Membre du SteeringCommittees of the Programs in Media &Modernity, des European CulturalStudies ainsi que des Women’s Studies àPrinceton, elle consacre ses recherches etson enseignement à l’étudeinterdisciplinaire de l’art moderne etcontemporain, de la littérature et de l’artcinématographique, et toutparticulièrement aux rapports entre lesarts visuels, la littérature et la théorieesthétique dans la modernité allemande.Elle a reçu le soutien et obtenu desbourses notamment de la FondationGetty, de la Fondation Fulbright etautres. Elle a publié dans des revues tellesque Critical Inquiry, MLN, October,

Artforum ; des catalogues d’expositions :Hanne Darboven (1999), Jay DeFeo(1989), Rosemarie Trockel (1991 ; 2005)et de nombreux ouvrages collectifs. Sonpremier livre, Montage : The Body and theWork of Art in Dada, Brecht, andBenjamin a été édité par l’Université deCalifornie en 2007. Elle prépareactuellement deux autres ouvrages :Writing as Making Present : The Art ofHanne Darboven, 1966-2000 etHomesickness for Things, une étude sur lesrapports que les personnes entretiennentavec les œuvres d’art mais aussi avecd’autres sortes d’objets dans la poésie deRilke, la peinture de Paula Modershon-Becker, le cinéma de Marlene Dietrich etde Joseph von Sternberg, et l’artcontemporain de Hanne Darboven etRosemarie Trockel. Avec ses collèguesdu Département d’Etudes Germaniques,Michael W. Jennings et Thomas Y.Levin, elle prépare actuellement l’éditionde Walter Benjamin’s Media Theory(Harvard, à paraître).

15h50

Remploi et référence : assemblage et

Nouveau Réalisme, 1955-1965

Par Alex Potts, University of Michigan,Ann Arbor

Par remploi, on entend d’ordinaire lenouvel usage que font les artistesd’images et de motifs appartenant à despériodes plus anciennes de l’histoire de laculture, et notamment à l’Antiquitéclassique. Je voudrais signaler une autre

espèce de redéploiement de motifspréformés, en me concentrant sur lemilieu du XXe siècle. On assiste à cetteépoque à la confrontation de deuxapproches distinctes et souvent opposéesde la pratique artistique : d’un côté unprocessus d’élaboration de signesmettant l’accent sur l’engagementimmédiat de l’artiste vis-à-vis de sonmoyen d’expression ; de l’autre, lesprocessus d’assemblage ou de montagepar lesquels l’artiste redéploie des imagesou des montages déjà en circulation dansla culture contemporaine. Dans cedernier cas, il s’agissait d’incorporer àl’œuvre d’art l’empreinte instantanée etmanifeste d’une réalité extra- artistique,en recourant à des motifs d’un autreordre, situation où l’unité du champ

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Kurt Schwitters, Merzzeichnung 151. Wenzelkind Madonnamit Pferd, 1921, collage, 17,1cm x 12,9 cm, SprengelMuseum, Hannover © photo Adagp, Paris 2008

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pictural se trouvait interrompue par laprésence de matériaux hétérogènesintroduisant leur propre réalité. Cettedémarche correspond clairement auximpératifs de la culture visuelle etartistique de cette époque. Néanmoins unparallèle avec l’art des périodesantérieures peut s’avérer instructif.

Note biographique

Alex Potts est Max Loehr CollegiateProfessor au Département d’Histoire del’Art de l’Université du Michigan, AnnArbor. Il est l’auteur de Flesh and theIdeal : Winckelmann and the Origins of Art

History (1994 et 2000). Il a consacré desarticles à l’art et à l’esthétique de lasculpture du milieu du XIXe jusqu’à nosjours, aux reviviscences modernes duclassicisme, à l’art et à sa théorie auxtemps des Lumières et du Romantisme,ainsi qu’à divers aspects de l’art de laseconde moitié du XXe siècle. Directeurde recherches, il a préfacé la nouvelletraduction anglaise de l’Histoire de l’Artde l’Antiquité de Winckelmann (2005) etcoédité une anthologie de textes relatifs àla sculpture moderne, The ModernSculpture Reader (2007). Il écritactuellement un livre sur la cultureartistique américaine et européenne del’Après-Guerre, Art and Non-Art :Experiments in Modern Realism.

16Le goût néogothique

en France

Lundi 19 mai 2008 à 18h30

La pucelle, la patrie,

la princesse : Jeanne d’Arc

et la monarchie de Juillet

par Nora M. Heimann, TheCatholic University of America,Washington D.C.

Lundi 26 mai 2008 à 18h30

Moyen Âge et peinture

d’histoire

par Marie-ClaudeChaudonneret, CNRS, CentreAndré Chastel

Lundi 2 juin 2008 à 18h30

Comme au temps des dames

et des chevaliers :

décors intérieurs et

salons néomédiévaux

par Jean-Michel Leniaud, Ecolepratique des hautes études

Une conférence clôturera cecycle au château de Chantilly Samedi 7 juin 2008 à 15h

Châteaux néogothiques en

France, l’exemple angevin

par Guy Massin Le Goff,conservation des Antiquités etObjets d’art, Angers

Renseignements au 03 44 62 62 63

Prochainementwww.louvre.fr

Robert Rauschenberg, Sanstitre, 1961, aquarelle, goua-che, 58,5 cm x 73,5 cm,musée national d’Artmoderne - Centre GeorgesPompidou, Paris© Untitled Press, Inc./Adagp, Paris .Crédit photographique : Photo CNAC/MNAM, Dist.RMN / Béatrice Hatala

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