39
Revue des francs-maçons du Grand Orient de Suisse Zeitschrift der Freimaurer des Grossorients der Schweiz Rivista dei liberi muratori del Grande Oriente della Svizzera Cahiers bleus Blaue Hefte Quaderni blù Sommes-nous tous Frères ? N° 78 04 / 2014

N° 78 04 / 2014 - Weebly

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: N° 78 04 / 2014 - Weebly

Revue desfrancs-maçons

du Grand Orient de Suisse

Zeitschrift derFreimaurer

des Grossorientsder Schweiz

Rivista deiliberi muratori del

Grande Orientedella Svizzera

Cahiers bleus

Blaue Hefte

Quaderni blù

Sommes-nous tous Frères ?N° 78

04 / 2014

Page 2: N° 78 04 / 2014 - Weebly
Page 3: N° 78 04 / 2014 - Weebly

Sommaire - Inhalt

Cahiers bleus Blaue Hefte Quaderni blùRevue des francs-maçons du Grand Orient de Suisse

Zeitschrift der Freimaurer des Grossorients der SchweizRivista dei liberi muratori del Grande Oriente di Svizzera

No 78 - 04 / 2014

Impressum GOS - Cahiers bleus Blaue Hefte Quaderni blù. Editeur: Grand Orient de Suisse: GOS - c/o Coopérativel’Acacia, Av. H.-Dunand, 14,1205 Genève Site internet: www.g-o-s.org. Rédacteur: René Mathey ([email protected]).La rédaction n’est nullement responsable des documents qui lui sont envoyés. Les articles expriment l’opinion personnel-le de leurs auteurs et n’engagent en aucun cas le GOS. Sauf avis contraire, les noms des auteurs ne sont pasindiqués.Copyright: reproduction autorisée avec la mention visible de la source et l’envoi d’un justificatif.

G∴O∴S∴

Éditorial: à propos de migration... 2

L’histoire du CLIPSAS 4Qu’est-ce que ECOSOC? 7

Le GIEC? 8Les flux migratoires: positifs ou négatifs? 9-12

Flux migratoires-Principes humanitaires et valeursmaçonniques: l’exemple du CICR 13-15La différence entre la migration et les réfugiés 16-18

Sommes-nous tous égaux? 19Quelques réflections sur les phénomènes migratoires 20

La culture maçonnique 22-23

La Franc-Maçonnerie libérale en Suisse 24L’adogmatisme 25La boîte de Pandore 26-27

En grande pompe verss un monde meilleur 28Peut-on définir le bonheur? 29-30

Déclaration universelle des droits de l’homme 32-33Agenda du GOS 2014 34

Tenue Blanche Fermée 35Agenda des LL du GOS 36

www.g-o-s.org

1

Page 4: N° 78 04 / 2014 - Weebly

Éditorial

À propos de migration ...

L’homme, a-t-on dit, fuit, quand il le peut, lesrégions où il souffre et c’est là l’origine desmigrations. Ce phénomène complexe peut s’ana-

lyser en quelques idées maîtresses.Il est indispensable tout d’abord de se rendre compte quele problème des migrations implique la reconnaissancedu principe de la libre circulation des personnes; il estensuite nécessaire de reconnaître la permanence du pro-blème des migrations, soit qu’on l’étudie sous ses aspectsd’urgence ou sous ses aspects à long terme. Je viens deciter un extrait d’une étude de la Professeure MarcelleBreton-Jokl écrit en septembre … 1959, soit l’année defondation du Grand Orient de Suisse. Voyez-vous uneévolution positive depuis plus de 50 ans?

Pour cette année 6014, le Conseil de l’Ordre du GrandOrient de Suisse a choisi comme matière générale:«Phénomènes migratoires et Droits de l’Homme; sommes-nous tous Frères?» Vous comprenez que ce thème noustouche particulièrement, mais attention, en aucun cas nousne voulons nous immiscer dans les méandres de la poli-tique, bien au contraire. Le désir est que ce thème soit tra-vaillé de manière maçonnique, mais également d’un pointde vue social. L’idée est d’aller encore plus loin dans lesréflexions, les analyses, et pourquoi pas l’apport d’idéesnouvelles, l’apport réel d’une pierre à l’édifice de l’huma-

nité en partant du principe que nous pouvons aussi faire unpeu d’opératif en franc-maçonnerie.

La migration ou plutôt les migrations sont un peu notrepavé mosaïque, tout n’est pas blanc ou noir et toutes lesmigrations ne sont pas une épreuve; les 100’000 Françaisayant migré en Suisse n’ont quand même pas tous des pro-blèmes fiscaux avec l’Hexagone. Il y a aussi des déména-gements volontaires, sans entraves imposées.

Néanmoins, il est vrai que notre planète trouve quelquesdifficultés à vivre en bonne harmonie; nous trouvons desfacteurs économiques malaisés dans certaines régions duglobe, des conflits armés qui malheureusement apportentplus de 10 millions de réfugiés, ceci rien que l’année der-nière, et les facteurs environnementaux qui vont encores’accroître chaque année, même dans notre belle Europe sil’on analyse le dernier rapport du GIEC (Groupe d’expertsintergouvernemental sur l’évolution du climat). Tout cecisans parler de l’augmentation phénoménale de la popula-tion mondiale qui devrait passer de 7 milliards aujourd’huià 9,7 milliards en 2050.

Nous, francs-maçons, avons des possibilités insoupçon-nées. Certes, nous ne sommes pas les seuls à pouvoir pren-dre le temps de réfléchir, de philosopher sur les consé-quences, les complications, les avantages; mais pourquoipas nous? Pourquoi ne pas montrer le chemin et prendre àla lettre la citation de Victor Hugo: «il vient une heure oùprotester ne suffit plus, après la philosophie, il faut l’ac-tion». De plus, je vous rappelle qu’il n’y a rien de nouveauou de révolutionnaire à ces propos, car vous trouverez dansles règlements du CLIPSAS la phrase: «considérantcomme mission de la franc-maçonnerie de rassembler lesgens, le franc-maçon devant être l’élément décisif pourvivre en harmonie avec tous les hommes». Vous remarque-rez également un appel qui dit en substance «que tous leshabitant de la Terre s’unissent dans des actions favorisantl’émergence d’une vraie solidarité humaine; qu’ils s’élè-

2

Page 5: N° 78 04 / 2014 - Weebly

vent contre tout intégrisme, contre toute agression, contretoute exclusion; qu’ils travaillent au développement har-monieux de tous les êtres humains dans la liberté de cons-cience et le respect mutuel».

Oui, mes biens chers Frères, ceci sont de belles paroles,à nous de rendre concret les souhaits de nos anciens, à nousde reprendre le flambeau et d’avancer réellement dans larecherche de solutions. Nous devons œuvrer même si l’in-détermination prévaut et l’enchevêtrement des déterminis-mes entraîne une grande imprévisibilité dans nos existen-ces. Avant d’avoir l’impression d’entrer dans l’avenir àreculons, n’oublions pas qu’une utopie n’est qu’un projet àlong terme pas encore réalisé.

Suis-je fou pensez-vous peut-être? J’avoue que je préfè-re la folie des passions à cette soi-disant sagesse qui nousinterdit de rêver et qui m’ennuie profondément.Réécoutons Martin Luther King quand il disait: «appre-nons à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allonsmourir comme des idiots».

Pour atteindre ces buts, il est nécessaire que chaque Frèrey croie et le désire; c’est par la somme de nosintelligences que nous pouvons avancer,apporter une nouvelle lumière à la société.Nous devons identifier des mesures concrètespour renforcer la coopération et les avantagesde la migration internationale à la fois pour lesmigrants, mais aussi pour les pays d’origine etd’accueil.

Oui, le métissage de nos contrées est uneréalité, il n’y a pas à être pour ou contre, c’estsimplement une évidence, à nous de ne plusavoir peur de ce que ne connaissons pas bien etde procéder avec eux afin d’avancer sur le che-min de la lumière. Chacun doit faire l’effortd’aller vers l’autre, quand je dis chacun, je nepense pas qu’à vous, mes bien chers Frères,mais à l’ensemble des protagonistes, aussi bienles migrants que les pays d’origine et d’ac-cueil. Nous devons aider, construire, sansaccepter tout et n’importe quoi.

Même pour construire une cathédrale, le maçon com-mence par les fondations et, rassurez-vous, je ne vais pasvous proposer de construire opérationnellement parlantune cathédrale, non, j’aimerai que nos pierres érigent desponts, des ponts entre nous pour commencer, puis desponts pour l’humanité. La conscience personnelle ne peutprendre racine que dans une conscience collective, car ma

conscience est le cheminement fait à votre contact. Alaindisait: «ne vouloir faire société qu’avec ceux qu’onapprouve en tout est chimérique, c’est le début du fanatis-me». Nous sommes et resterons adogmatiques.

Un seul mot, osons. Osons aller de l’avant, osons lebonheur.

Philippe LangGrand Maître du Grand Orient de Suisse

3

Page 6: N° 78 04 / 2014 - Weebly

Par quelle bizarrerie, deux siè-cles et demi après la créationen 1717 de la maçonnerie

philosophique, dont le dessein étaitde former une fraternité universelle,les francs-maçons en étaient-ilsencore en 1961 à lancer un Appel deStrasbourg?La réponse est dans l’histoire del’Association maçonnique interna-tionale (A.M.I.) dont le derniercomité exécutif s’était tenu à Parisles 12 et 13 mai 1949. Avant l’AMI,il y avait le Bureau international derelations maçonniques créé enSuisse par le Frère ÉdouardQuartier-la-Tente, Grand Maître dela Grande Loge Suisse Alpina de1900 à 1905.

La Grande Guerre (1914-1918) balaieces efforts. La maçonnerie françaiseaccuse les Frères allemands de s’êtremis au service du Kaiser. Le GrandMaître du Grand Orient de Belgique,Charles Maguette, est déporté pouravoir demandé une enquête des obé-diences neutre sur les atrocités commi-ses par les Allemands dans les territoi-res occupés. Mais la GLS Alpina,magnifique de dévouement, prend enmains les relations entre les Frères pri-sonniers et leur famille. Les maçons,épris de paix, ne désespèrent pas.

Du 28 au 30 juin 1917, un congrèsest organisé à la Rue Cadet de Paris oùseize corps maçonniques sont présentsdont l’Argentine, le Brésil, la Serbie,

4

le Portugal, l’Espagne, l’Italie, laSuisse, la Belgique et naturellement laFrance. Les Grandes Loges del’Arkansas et de l’Ohio ont adresséleur soutien, mais la Grande Loge Unied’Angleterre poursuit sa politique de lachaise vide malgré les circonstances.Les francs-maçons rêvent de la paixfuture et échafaudent un système desécurité collective. C’est ce 28 juin1917 qu’est révélé le détail du projetde Société des Nations.

Dès la fin de la guerre, ÉdouardQuartier-la-Tente et Reverchon, GrandMaître d’Alpina, réunissent à Genèveles délégués de 17 puissances maçon-niques. L’Association maçonniqueinternationale (AMI) naît, nous som-mes en 1921 et une fois de plus, laGLUA est absente.

En 1929, la réconciliation, maçon-nique et gouvernementale, franco-alle-mande est en marche, mais leBritannique Philip Snowden affirmeviolemment son désaccord et c’estdans cette atmosphère de bruit et defureur que la GLUA, inquiète du rap-prochement continental et du succès del’AMI, élabore un ultimatum en huitpoints qu’elle proclame sous le nom de«Basic Principles».

L’AMI et les corps maçonniques sontalors confrontés à un adversaire d’aut-re dimension : le nazisme aussitôt par-venu au pouvoir en Allemagne (1933)a mis la maçonnerie hors-la-loi

L’histoire du CLIPSASL’histoire du CLIPSAS

CLIPSAS: Centre de liaison et d’information des puissances maçonniques signataire de l’Appel de Strasbourg.

comme, en Italie, Benito Mussolini l’a-vait fait dès le 26 novembre 1925. AuPortugal, la fraternité est frappée àmort en 1934. En Espagne, d’abordmis en sommeil, les Frères se réveillentà la victoire du Frente Popular. Ils vontêtre les victimes des nationalistes et del’Église catholique. Des familles entiè-res sont fusillées quand la rumeurpublique les considère comme enfantsde la Veuve. En Suisse, un encourage-ment inouï vient du peuple qui par515’000 voix contre 235’000 a refuséleur interdiction demandée par leColonel mussolinien Fonjallaz et aainsi donné aux Frères suisses uneexceptionnelle onction démocratique.

Dès la fin des combats, l’ancienGrand Maître d’Alpina, EdmondJomini se précipite à Londres en espé-rant une aide considérable à la recons-truction de la maçonnerie européennepar les maçons britanniques et améri-cains. Mais l’accueil fut glacial et laGLUA pose immédiatement trois exi-gences:

Démolir l’A.M.I.● Interdire aux membres d’Alpina

d’adhérer à la LUF● Rompre avec le Grand Orient de

France● Mais faire connaître ces diktats

provoquerait un vent d’insoumis-sion, peut-être même une scission.Personne, au niveau des Loges, nesaura rien jusqu’au 2 mai 1955.

Page 7: N° 78 04 / 2014 - Weebly

qu’une des trois Lumières soit le Livresacré d’une religion révélée doit êtrelaissé à l’appréciation de chaque Logeet de chaque Obédience,DÉCIDENT:d’établir entre elles des relations frater-nelles et d’ouvrir les portes de leurstemples, sans condition de réciprocité,à tout franc-maçon ayant reçu la lumiè-re dans une loge juste et parfaite,FONT APPEL:à tous les francs-maçons pour qu’ils sejoignent à cette chaîne d’union fondéesur une totale liberté de conscience etune parfaite tolérance mutuelle.

Nul n’a l’illusion que ce sera facile.Peu de corps maçonniques importantssont représentés. Plusieurs Obédiencessont minoritaires dans leur pays. On esten droit d’élever des doutes quant àl’engagement italien. N’importe! L’es-prit de construction est là. En bonnefranc-maçonne, l’Union de Strasbourgva connaître son apprentissage dans lesannées soixante et son compagnonnagedans les années septante pour atteindrela maîtrise dans la décennie huitante.

Le problème de l’admission desObédiences mixtes et féminines ne s’é-tait pas expressément posé au momentmême où se signait l’accord du 22 jan-vier 1961. Et pourtant ce n’était pas unproblème à venir, puisque l’une despuissances signataires, la Grande Loged’Italie, avait déjà pris la décision deprocéder à l’initiation de femmes.Dans beaucoup de pays, lesObédiences féminines et mixtes fai-saient partie intégrante du panoramamaçonnique national, depuis plus d’undemi-siècle pour certains.

Il fallait bien qu’un jour le problèmesoit posé, et l’Assemblée Générale deBerne en novembre 1981 en fut l’occa-sion. Une ère nouvelle s’était ouvertepour le CLIPSAS, pour la Maçonnerieaussi peut-être, avec la création l’annéed’après de deux Obédiences «pluralis-tes», au Luxembourg puis en France,c’est-à-dire qui admettent dans leur

Paul-Emile Chapuis, un des pèresfondateurs de l’Appel de Strasbourg de1961 raconte dans ses mémoires «Ledifficile chemin vers la fraternité»comment la GLUA est parvenue à sesfins. L’instrument fut le Granl Maìtred’Alpina, Albert Natural, qui se livra àune escalade en sept marches, véritablemodèle de tactique politique. LaGLUA avait déjà «excommunié» en1950 la Grande Loge de l’Uruguayavec cette sentence:

La maçonnerie n’est pas unmouvement philosophique. Ce

doit être une religion monothéiste quiexige la croyance en Dieu commeÊtre Suprême, la maçonnerie est unculte ».

La maçonnerie mondiale a atteintson nadir, Londres ayant réussi à trans-former le problème des relationsmaçonniques en débat théologique.

Le sabordage de l’AMI donne nais-sance à un vide. Des conversationss’engagent un peu partout pour recréercet indispensable espace de liberté. Lespourparlers se multiplient entre corpsmaçonniques. Le 11 octobre 1958, àBruxelles, sept Grands Maîtres seréunissent. Il y a là l’Allemagne, laFrance (GODF et GLF), les Pays-Bas,la Belgique, le Luxembourg, mêmeAlpina siège à côté des Français.

Autre rupture, en Suisse et auLuxembourg. Le 26 juin 1959, lesFrères suisses qui ont quitté Alpina seregroupent au sein du Grand Orient deSuisse autour de Paul-Émile Chapuiset Jean-François Perrin. Le 26 novem-bre 1959, la Grande Loge duLuxembourg se scinde à son tour.

En octobre 1960, toute la maçonnerieeuropéenne est aux aguets. Dans lesparvis, on ne parle que d’un appelimminent que vont lancer Belges etFrançais. Le 17 novembre, GeorgesBeernaerts, GM du GOB et Marcel

5

«

Ravel, GM du GODF, invitent «toutesles puissances maçonniques dumonde à l’édification d’un vaste ras-semblement maçonnique universeldont la nécessité est plus impérativeque jamais».

C’est sûr, l’acacia refleurira, laGrossloge AFAM von Deutschland, laGrande Loge des Pays-Bas, les GrandsOrients du Luxembourg et de Suisserépondent en premier. Belges etFrançais proposent une rencontre àStrasbourg (carrefour de l’Europe) le22 janvier 1961.

C’est un dimanche d’hiver àStrasbourg. Partagés entre l’enthou-siasme et la prudence que les déléguéspassent entre les deux Mariannes dutemple au décor gréco-romain et sedemandent quels interlocuteurs ils vonttrouver. C’est sous la désignation deprésident que Georges Beernaerts,après un tour de table, annonce l’ac-cord général pour une maçonnerie anti-dogmatique. Ce ne sera pas une charte,mais un appel: l’Appel de Stras-bourg.

Les puissances maçonniques souverai-nes réunies à Strasbourg le 22 janvier1961:

CONSIDÉRANT:1 qu’il est impérieux de rétablir entre

tous les francs-maçons la chaîne d’u-nion rompue par de regrettablesexclusives contraires aux principesdes Constitutions d’Anderson de1723,

2 qu’il importe à cet effet de rechercheren commun, en tenant compte detoutes les traditions, de tous les rites,de tous les symboles, de toutes lescroyances et dans le respect de laliberté absolue de conscience, lesconditions qui déterminent la qualitéde franc-maçon,

ESTIMENT:que le fait de placer les travaux sousl’invocation du G.A.D.L.U. et d’exiger

Page 8: N° 78 04 / 2014 - Weebly

6

sein des Loges féminines, mas-culines et mixtes. N’est-ce pas lapréfiguration de la structuremaçonnique de demain, celle quirespecte le mieux la liberté dechacun, en regroupant dans desfédérations maçonniques desLoges permettant à chacun devivre son propre choix?

Le 26 janvier 1989, la GLUA,accusée par l’Église anglicane depratiquer une religion, ce livre àune révision déchirante. Elleréforme les Huit principes debase, son ultimatum du 4 sep-tembre 1929 et jette par-dessusbord le Grand Architecte del’Univers.

Vivre ensemble, est-ce enco-re possible? Voici une métho-de: «Il y a, au sein desObédiences et même de nosLoges, des Frères qui ne veu-lent pas de femmes ou qui dési-re la mixité, ils défendent unGrand Architecte ou se l’inter-disent, qui prescrivent uneexpression dans le monde pro-fane ou veulent se plier à uneréflexion qu’ils considèrentcomme l’objectif premier de lamaçonnerie, la réflexion dumaçon sur lui-même». Se ras-sembler autour de ces valeursmorales, c’est accepter cettediversité de philosophie; c’estaccepter que les uns fassentune chose qui peut surprendreles autres, mais reconnaîtrequ’en commun, nous avonsune histoire et des référencescommunes.

Lors de l’Assemblée Généraledu 20 mai 2012 à Casablanca, leCLIPSAS a reçu son admissionen qualité d’observateur auConseil Economique et Social del’ONU. La Serenisima GranLogia de Lengua Espanola a été

choisie comme représentante à NewYork, comme le Grand Orientd’Autriche à Vienne et le Grand Orientde Suisse à Genève. L’année dernièrele Bureau du CLIPSAS donne laresponsabilité au Passé Grand Maîtredu Grand Orient de France, JoséGulino, d’être le trait d’union entre leCLIPSAS et l’ÉCOSOC.

En 2015, le CLIPSAS devra faireune présentation lors de la session quidevrait se tenir à Genève, donc sous laresponsabilité conjointe du Frère JoséGulino et du Grand Orient de Suisse.Lors de la prochaine AssembléeGénérale qui se tiendra à Bruxelles du29 mai au 1er juin, les Obédiences pré-sentes devront se déterminer sur «Lerôle du CLIPSAS dans l’ÉCOSOC» etsur le thème qui sera développé lors dela session onusienne de 2015.

Aujourd’hui, le CLIPSAS est com-posé de 75 Obédiences, venant deFrance (7), Brésil (6), USA (5),Belgique, Colombie, Liban (4),Autriche, Chili, Équateur, Espagne,Grèce, Roumanie (3), Argentine, Italie,Madagascar, Pérou (2), Allemagne,

symbolisme de l'Acacia(source: info-france.fr)

Bénin, Cameroun, Canada, Congo,Côte d’Ivoire, Danemark, Haïti,Luxembourg, Maroc, Pays-Bas,Portugal, Puerto Rico, San Salvador,Suisse, Togo, Turquie, Uruguay etVenezuela (1 Obédience nationale).Deux Obédiences françaises, une deMadagascar et une de Bulgarie sont enliste d’attente.

Vous trouverez d’autres renseigne-ments sur le site internet www.clip-sas.com, mais souvent dans un françaistrès « googlerisé ».

Sources de ces informations:Roger X. Lanteri et Paul Gourdotdans CLIPSAS, 30 ansRèglements et statuts du CLIPSAS

Page 9: N° 78 04 / 2014 - Weebly

7

Qu’est-ce que ECOSOC?

Le Conseil économique et socialdes Nations Unies (ECOSOC)est avant tout un organe de

coordination, qui cherche à réglerles activités des 14 agences spéciali-sées onusiennes, des 10 commissionsfonctionnelles et des 5 commissionsrégionales. En outre, ECOSOC exa-mine les rapports de fonds et pro-gramme de l’ONU et adresse desrecommandations aux organismesonusiens ainsi qu’aux États memb-res.

Selon la Chartre des Nations Unies,ECOSOC est responsable de la promo-tion de standards de vie supérieurs, duplein emploi, de progrès économiqueset sociaux; il doit également identifierdes solutions aux problèmes écono-miques, sociaux et de santé; il doitfaciliter la culture internationale et lacoopération en matière éducative; ildoit encourager le respect universeldes droits de l’homme et des libertésfondamentales. Pour mener à bien sonmandat, ECOSOC consulte les milieuxacadémiques, des affaires et les 2200ONG accréditées. Le Conseild’ECOSOC est formé par 54 représen-tants d’États membres responsablesd’élire le Bureau d’ ECOSOC.

ECOSOC et les ONG

Une ONG accréditée peut participeraux programmes de travail et objectifsdes Nations Unies. Cela lui permetnotamment de jouer le rôle d’expert

technique, de conseiller et de consul-tant auprès des gouvernements et duSecrétariat ainsi que de participer auxtravaux du Conseil et de ses diversorganes subsidiaires, avec le suivi deleurs réunions, et aussi par des inter-ventions orales et des déclarations écri-tes sur les points à l’ordre du jour deces organes. L’ONG sera égalementinvitée à participer aux conférencesinternationales convoquées par l’ONU,et aux sessions extraordinaires del’Assemblée générale. Trois statutspeuvent être attribués aux ONG :

1 Le général (très grande ONG)2 Le spécial (grande majorité pour les

ONG petites, structures simples,mais connaissant un essor particu-lier)

3 Le roster (ONG qui ne peuvent entrerdans les deux autres statuts)

Devoirs des ONG accréditées

Il y a actuellement2236 ONG accré-ditées. Ces ONGpeuvent venir dusecteur écono-mique, environne-ment, droit del’homme, santé,université… LesONG qui déposentune requête d’ad-hésion doivents’engager à pro-mouvoir le travail

et les idéaux des Nations Unies,notamment en matière de droits del’Homme. Il faut avoir fait ses preuvesdans ce domaine-là. Tous les 4 ans, lesONG soumettent un rapport détaillé àECOSOC afin de renouveler leur sta-tut. Si les activités de promotion desprincipes de la Charte de l’ONU sontinsuffisantes, le statut peut dans le piredes cas être retiré. ECOSOC peut inter-peller une ONG afin d’obtenir desinformations sur une situation, undroit, un pays, etc.

Première session de ECOSOC tenue àChurch House de Londres, le 23 jan-vier 1946.

Page 10: N° 78 04 / 2014 - Weebly

8

Après une semaine de discus-sions où chaque mot a étésoigneusement pesé et soupe-

sé, les scientifiques du GIEC ont puprésenter à la fin septembre de l’andernier, à Stockholm, un état deslieux du changement climatique sousla forme d’un résumé à l’intentiondes décideurs.

Ce texte d’une vingtaine de pages,reposant sur les contributions de 250scientifiques, confirme et amplifie letableau déjà sombre dressé lors du pré-cédent rapport de 2007. Passant enrevue les différents paramètres qui per-mettent d’évaluer l’état de santé clima-tique de la planète, les experts ont faitdes projections pour l’an 2100 en fonc-tion de quatre scénarios de développe-ment (du plus sobre au plus émetteuren gaz à effet de serre). Préalablement,le GIEC a précisé que l’influencehumaine est à 95% la cause principaledu réchauffement climatique. Ce pour-centage n’était que de 90% en 2007 etde 66% en 2001.TempératuresLe GIEC estime probable que la Terrese réchauffe entre 0,3 degré et 4,8degrés par rapport à la températuremoyenne de la période 1986-2005. Lafourchette est certes encore très large.La cause de cette incertitude se trouvedans la quantité de gaz à effet de serrequi sera envoyé dans l’atmosphère aucours des prochaines décennies. Pourmémoire, le réchauffement moyendepuis 1880 s’établit à 0,85 degré.

Rappelons aussi que la Communautéinternationale s’est fixé comme objec-tif de contenir le réchauffement de laplanète à +2 degrés par rapport auxniveaux préindustriels, seuil au-delàduquel le risque d’emballement clima-tique devient extrêmement sérieux. Or,seul le scénario le plus sobre, le plusimprobable aussi, permettrait de ne pasdépasser cette limite de 2 degrés.Niveau de la merLes experts du climat estiment que leniveau de la mer pourrait monter de 26à 82 cm, voire davantage, jusqu’à 1mètre dans le scénario le plus catastro-phique. Des chiffres à comparer avecceux de la période 1900-2010, où leniveau des océans s’est élevé enmoyenne de 19 cm. Depuis 2007,année du précédent rapport, les scienti-fiques ont pris davantage en compte lafonte des glaces de l’Arctique, des gla-ciers du Groenland, mais également del’accélération de la fonte d’une partiede l’Antarctique. À plus long terme, lafonte totale de la calotte glacière duGroenland pourrait conduire à une élé-vation du niveau de la mer de 7 mètres.Mais cela prendra certainement quel-ques centaines d’années !Cette élévation progressive du niveaudes mers va bien sûr toucher en pre-mier lieu les États insulaires duPacifique. Mais la revue NatureClimate Change vient de montrer queces inondations pourraient rapidementtoucher pas moins de 136 villes côtiè-res de plus de 1 million d’habitants.Des villes comme Londres ou New

York risqueraient alors gros.Événements extrêmesLes experts du GIEC s’attendent égale-ment à ce que le réchauffement clima-tique provoque des événements extrê-mes plus intenses. Pour ThomasStocker, de l’Université de Berne etvice-président du groupe du GIEC,«les vagues de chaleur vont proba-blement se produire plus fréquem-ment et durer plus longtemps. Nousnous attendons à voir les régionsactuellement humides recevoirdavantage de précipitations et lesrégions sèches en recevoir moins.»Le résumé de ce premier volet serasuivi par d’autres rapports. Au prin-temps de cette année seront publiés destextes sur les impacts du réchauffe-ment, puis sur les moyens de les atté-nuer. Et finalement, en octobre sortirala synthèse globale qui sera remise auxgouvernements. C’est ce document quiservira de base à la grande conférencesur le climat qui se tiendra à Paris en2015 et qui aura pour mission de par-venir à un accord international applica-ble à tous les pays en 2020.

Sources :Philippe Dumartheray, 24heureswww.ipcc.ch

Le GIELe GIECC ??Groupe d’experts intergouvernemental

sur l’évolution du climat

Page 11: N° 78 04 / 2014 - Weebly

Les flux migratoireLes flux migratoiress :

positifs ou négatifs?

9

Ces réflexions reposent sur lelivre «Exceptional People:How Migration Shaped Our

Wolrd ans Will Define Our Futur»du Professeur Ian Goldin del’Université d’Oxford. En lisant lesquelques lignes ci-après, vous n’allezpas trouver un texte maçonnique,mais un écho sur l’économie mon-diale. J’ai trouvé intéressant de join-dre ces commentaires afin d’avoirune vision encore plus globale sur lesavantages et les inconvénients quenous pouvons trouver dans la pro-blématique migratoire.

Les flux migratoires ont toujours cons-titué un moteur de progrès humain etde dynamisme. Il est en effet démontréqu’ils aident les économies, tant déve-loppées qu’en voie de développement.Les débats autour de cette questionreposent toutefois souvent sur despeurs plutôt que sûres des faits. IanGoldin porte un regard nuancé sur laquestion.

Deux visions s’affrontent aujourd’-hui. La première suggère que lesmigrants affluent à nos frontières etqu’ils volent nos emplois et, ce faisant,compromettent nos modèles sociaux.La deuxième défend l’idée qu’en dépitde troubles mineurs à court terme, lesmigrations internationales sont unbienfait : elles sont génératrices d’in-novation et de dynamisme et alimen-tent la croissance économique à longterme. Le Professeur Goldin pense queces deux caricatures sont trop simplis-

tes. Le poids des migrations se ressentlocalement à court terme. Comme pourle commerce, où les instincts des pro-tectionnistes ont tendance à mettre decôté le besoin à long terme de sociétésplus ouvertes, le rôle principal desmigrants dans le développement éco-nomique est souvent mis à l’écart pardes mesures défensives visant à conte-nir l’immigration. Les répercussionséconomiques sont claires: les fluxmigratoires sont économiquementbénéfiques à la fois aux pays dévelop-pés et aux pays en voie de développe-ment. Comme pour le commerce, et auroyaume de la libre circulation desidées, le repli sur soi est dommageable.

Une population croissante et plus defrontières

Globalement, les 232 millions demigrants estimés dans le monde repré-sentent près de 3% de la populationmondiale. Avant l’utilisation générali-sée des passeports, il y a une centained’années, et notamment au XIXe siè-cle, où les flux migratoires étaient trèsimportants, jusqu’à un tiers desEuropéens ont émigré et plus d’unquart de la population américaine étaitissue de l’immigration. Même si nossociétés comptent aujourd’hui une pro-portion de migrants moins importantequ’aux siècles précédents, leur nombreest en augmentation. Cela s’expliqueen partie par la multiplication par qua-tre du nombre de pays indépendants aucours du siècle dernier. Les personnesqui se déplaçaient au sein d’un pays,

comme l’Union soviétique, sont deve-nues des migrants. Au-delà de la multi-plication par quatre du nombre depays, la population mondiale compteaujourd’hui plus de sept milliards depersonnes. Le nombre croissant defrontières et de personnes implique uneaugmentation du nombre de migrants,même si leur contribution relative ànos populations et à nos économiesdiminue.

Tendances récentes des flux migra-toires.

Fin 2012, trois migrants sur quatrevivaient dans un petit groupe de 24pays, les États-Unis accueillant le plusgrand nombre d’entre eux. Environ 70millions de migrants ont migré d’unpays développé à un autre, et près de65 millions sont partis de pays en voiede développement pour s’installer dansdes pays plus riches. Environ 55millions de migrants sont passés d’unpays de l’OCDE à un autre et un nom-bre croissant de personnes (actuelle-ment près de 20 millions) a quittél’OCDE pour aller dans des pays émer-gents, où les offres d’emplois se multi-plient le plus rapidement. L’Unioneuropéenne est le plus grand terraind’expérimentation de libre circulationdes travailleurs. Même si l’émigrationde pays comparativement moins richescomme la Roumanie et la Pologne aété importante, l’Allemagne, l’Italie etle Royaume-Uni ont été des sources etdes destinations majeures de migra-tion. L’expérience de l’Europe montre

Page 12: N° 78 04 / 2014 - Weebly

10

que peu de gens migrent, avec des fluxrarement beaucoup plus élevés quelorsque la circulation entre les paysétait plus réglementée. Compte tenu dutaux de chômage des jeunes de plus de50% en Grèce et en Espagne, il estétonnant qu’aussi peu de jeunes aientmigré. Cela confirme que les argu-ments autour de cette question sontsouvent basés sur des peurs plutôt quesûres des faits. Les opportunités en ter-mes d’emploi et de logement et d’aut-res composantes clés de la demandesont au moins aussi importantes queles facteurs de répulsion du côté del’offre qui contribuent aux migrations.

Pourquoi partent-ils?Il est dangereux de généraliser les

phénomènes migratoires. Sur le fluxannuel de près de 15 millions demigrants, la plupart peuvent être assi-milés à une catégorie de mouvementstransfrontaliers sur quatre: écono-mique, pour les études, social et en tantque réfugié / demandeur d’asile. Il y aenviron 5 millions de migrants écono-miques chaque année. Les migrantshautement qualifiés amènent uneexpertise ou des formations dans d’au-tres pays pour pallier à des manques de

la main-d’œuvre locale. Les migrantspeu qualifiés pallient généralement unepénurie de main-d’œuvre pour desemplois physiques ou des emplois queles locaux sont moins désireux d’ac-cepter. Environ 3,5 millions d’étu-diants migrent chaque année. Alors quecertains pays, comme le Royaume-Uni, demandent aux étudiants de partir,d’autres, comme l’Australie et lesÉtats-Unis, ont profité des compéten-ces de certains en leur permettant derester. Par exemple, 68% des étudiantsétrangers ayant obtenu un doctorat auxÉtats-Unis en 2000 y étaient encorecinq ans plus tard. Près de 2 millionsde personnes migrent pour des raisonssociales ou familiales chaque année,les couples et les familles souhaitant serapprocher. C’est surtout le cas dansles pays bâtis par des générations plusrécentes d’immigrants (USA, Canadaet Australie), ainsi que dans les anciensempires coloniaux (notamment leRoyaume-Uni et la France).

Les conflits et les climats de persécu-tion poussent les gens à quitter leurpays. Les réfugiés et demandeurs d’a-sile représentent en moyenne près de 2millions de migrants chaque année. Fin2012, on dénombrait 15,4 millions de

réfugiés reconnus dans le monde, dont80% accueillis dans des pays en voiede développement, contre 70% il y adix ans. Le nombre de migrants sanspapiers dans le monde est impossible àdéterminer. Aux États-Unis ils sonttoutefois estimés à environ 11 millionssur un nombre total de migrants deprès de 50 millions, soit environ 22%du total.

La guerre pour les talentsAu milieu des années 1990, plus de

30% des immigrants légaux aux États-Unis étaient hautement qualifiés. Destendances similaires ont été observéesen Europe. L’Allemagne a lancé unprogramme de «carte verte» en 2000pour inciter l’immigration des tra-vailleurs et combler des manques,notamment dans les secteurs de lasanté et des technologies de l’informa-tion. La France a également pris desmesures pour attirer des universitaires,des scientifiques et des informaticiens.Le pourcentage de migrants qualifiésvers l’UE est ainsi passé de 15% audébut des années 1990 à 36% dans les14 pays d’origine de l’UE en 2011.Cette augmentation des migrations detravailleurs hautement qualifiés reflèteles priorités des entreprises. Ellesreconnaissent la guerre des talents danslaquelle elles sont engagées avec leursconcurrents. Les gouvernements lesplus ouverts aux flux migratoiresaccompagnent leurs entreprises, dansune démarche avantageuse pour tous.Les entreprises sont plus souples, plusflexibles et rentables. Les gouverne-ments reçoivent des revenus plusimportants et tirent parti du dynamis-me des migrants hautement qualifiés.Les migrants hautement qualifiés nesont toutefois pas les seules ressourcesvitales. Aux États-Unis, les migrantssans qualifications sont indispensablesdans les secteurs de la construction etdes services. Au Moyen-Orient, ledéveloppement de Dubaï ou d’autresémirats et du Qatar repose sur plus de90% de main d’œuvre composée demigrants qualifiés et non qualifiés.

Cartographie des grands flux migratoires

Page 13: N° 78 04 / 2014 - Weebly

11

En finir avec les mythes sur lesmigrations

Si les migrants jouent un rôle siessentiel, pourquoi tant d’inquiétudes?Le premier mythe est que les migrantsprennent des emplois et détruisent leséconomies. La réalité est à l’opposé decette croyance: les flux migratoiresrendent les économies plus dyna-miques, créent des emplois et déclen-chent de la croissance à long terme.Aux États-Unis, les migrants ont créédes entreprises comme Google, Intel,PayPal, eBay et Yahoo. Les migrantsqualifiés représentent en effet plus dela moitié des start-ups de la SiliconValley et plus de la moitié des brevetsdéposés, alors qu’ils ne représententqu’environ 15% de la population. Il ya eu trois fois plus d’immigrants quede natifs lauréats du Prix Nobel, mem-bres de l’Académie Nationale desSciences et directeurs de films oscari-sés. Ces résultats anecdotiques trou-vent systématiquement un écho àgrande échelle. Des études menées parla Réserve fédérale de San Franciscoont récemment révélé que les «immi-grants développent la productivité deséconomies en stimulant les investisse-ments et en incitant à se spécialiser…Cela génère des gains d’efficience etfavorise les revenus par travailleur».

économies développées en éloignantles talents des pays qui en ont le plusbesoin. Il y a une part de vrai. Parexemple, des diplômes universitaires

du Maroc (65%), de Gambie (60%),d’Iran (25%) et des Philippines (10%)quittent leur pays d’origine, générale-ment pour migrer vers des pays déve-loppés. La « fuite des cerveaux » esttoutefois à relativiser pour deux rai-sons.

La «fuite des cerveaux» peut deve-nir un «gain de cerveaux»

Premièrement, lorsque ces paysdeviennent des centres de formationprofessionnels, ils peuvent produirebeaucoup plus de travailleurs qualifiésau niveau national qu’avant le débutde la «fuite». Les Philippines formentpar exemple le plus grand nombred’infirmières migrant vers les paysdéveloppés. Cependant, le pays comp-te aujourd’hui plus d’infirmières parhabitant que des pays comparables oudes pays plus riches comme laGrande-Bretagne. Deuxièmement,l’argent envoyé (par les travailleursmigrants pour leurs familles et amis)de l’étranger est fondamental pourbeaucoup d’économies en voie dedéveloppement. L’argent envoyé per-met à beaucoup de gens de sortir de lapauvreté. Son impact, s’il est utilisépour créer des entreprises ou investirdans le pays, est souvent bien supé-rieur à sa valeur initiale. En 2012, lesflux estimés d’argent envoyé de l’é-tranger vers les pays en voie de déve-loppement atteignaient 401 milliardsde dollars US. Pour le Tadjikistan, cesflux représentent presque la moitié duPIB et pour le Liberia et le Lesothoprès de 30%. Bien gérée, avec unegouvernance appropriée et des inves-tissements intelligents, la «fuite descerveaux» peut devenir un «gain decerveaux» pour les pays en voie de

Des études sur l’impact fiscal net del’immigration de migrants polonais,tchèques et autres au Royaume-Unimontrent que la contribution fiscaledes migrants est nettement plus impor-tante que les avantages et services dontils ont bénéficié. À l’échelle mondiale,selon la Banque mondiale, une haussede 3% des flux migratoires des tra-vailleurs dans les pays développésentre 2005 et 2025 générerait des gainséconomiques mondiaux de 356milliards de dollars US, certains éco-nomistes pensent que si les frontièresétaient totalement ouvertes et que lestravailleurs pouvaient aller où ils lesouhaitent, l’économie mondiale pour-rait gagner jusqu’à 39’000 milliards dedollars US sur 25 ans.

Des inquiétudes légitimes, mais exa-gérées

L’immigration à grande échelle sou-lève toutefois des craintes légitimes.L’éventualité de bouleversementssociaux est bien réelle. Comme pour lamondialisation – une force positivepour le monde – les aspects positifssont diffus et souvent intangibles, alorsque les aspects négatifs sont violentspour une minorité de personnes. Ledeuxième mythe concerne l’effet des-tructeur supposé des migrations sur les

La «fuite des cerveaux» peutdevenir un «gain de cer-veaux»»

Page 14: N° 78 04 / 2014 - Weebly

12

développement. Promouvoir la circu-lation des cerveaux, qui permet auxmigrants qualifiés de revenir dans leurpays d’origine avec des technologieset des opportunités d’investissementliées à leurs expériences migratoires,peut également jouer un rôle nonnégligeable en termes de croissanceintérieure, comme l’ont démontréTaïwan, Israël et la région duBangalore en Inde.

En conclusionL’offre de travailleurs va devoir se

renforcer dans les temps qui viennent,et devra compter avec des travailleursétrangers. La population mondialevieillit. En 1950, la population de plusde 80 ans n’était que de 14 millions depersonnes. Ils sont plus de 100millions aujourd’hui, et les projectionsactuelles prévoient près de 400millions de personnes de plus de 80ans d’ici 2050. La main d’œuvre dansles pays de l’OCDE devrait passer de800 millions à près de 600 millions detravailleurs à l’horizon 2050 et lestaux de dépendance augmenter rapide-ment en raison du recul des taux denatalité en deçà des niveaux de renou-vellement dans toutes les régions àl’exception de l’Afrique. Le phénomè-ne touchera particulièrement l’Europe,l’Amérique du Nord et le Japon. Lespays en développement seront égale-ment affectés; d’ici 2050, les projec-tions estiment à près de 20% et 31% la

ne base statistique commune à des finsd’analyses sur lesquelles reposeraientdes politiques communes. Le deuxiè-me objectif est de définir des règlesd’assistance aux migrants, notammenten termes de permis de travail tempo-raire et de droits de base. Les migra-tions ont toujours été un moteur clé duprogrès humain et de dynamisme. Àl’ère de la mondialisation, la mise enplace croissante de barrières contre lesmigrants menace la croissance écono-mique et la durabilité de nos écono-mies et de nos sociétés. La libre circu-lation des personnes, comme des mar-chandises, demeure une perspectiveutopique, même si certaines régions,comme l’Europe, ont prouvé que celapouvait fonctionner.

population indienne et chinoise,respectivement, de 65 ans et plus.La tâche colossale d’accompagne-ment des flux transfrontaliers depersonnes

Bien que les flux migratoires soientun élément essentiel du développe-ment mondial, aucune organisationn’est en place à l’échelle mondialepour accompagner les flux transfronta-liers de personnes. Les migrationsinternationales sont orphelines dans levaste monde des institutions de gou-vernance mondiale. L’Organisationinternationale pour les migrations nefait pas partie des Nations Unies etpourrait être amenée à jouer un rôleconstitutionnel mondial plus actif. Lapremière chose à faire est de s’entend-re sur une définition des migrations etde développer une base de donnéesmondiale, sachant qu’il n’existe aucu-

Titre : Flux migratoire (2012)Artiste : Geneviève MercureCette œuvre illustre la communi-cation et les liens qui nous rassem-blent. Le pont, fort par son symbo-lisme, démontre un passage entredeux mondes, entre deux lieux.Habité par un flux migratoire, lepont rappelle la communicationentre les gens, servant d’étapedans leur cheminement. Le pontest soutenu par un et utilisé partous, l’humain devient le pilier desa construction, de sa vie.

Page 15: N° 78 04 / 2014 - Weebly

Flux migratoires - Principes humanitaireset valeurs maçonniques: une proximité

peu surprenante:

L’exemple du CICR

13

En cette année 2014, le GOSsensible aux tensions que pro-voque chez nos concitoyens

l’équilibre parfois difficile à trouverentre défenses de la souveraineténationale, succès de notre économieet maintien de nos valeurs tradition-nelles d’accueil et de respect desdroits humains, a choisi d’inviter nosloges à plancher sur le thème desflux migratoires. La récente votationqui a montré l’acceptation par unefaible majorité de citoyens de l’ini-tiative populaire «Contre l’immi-gration de masse» et qui de fait ascindé le pays en deux, en est unetrès bonne illustration. Dans cecontexte, il m‘a paru utile de parta-ger avec nos lecteurs quelquesréflexions sur la proximité desengagements maçonniques et lesvaleurs qui guident le travail d’unedes plus nobles organisations huma-nitaires internationales, qui contri-bue à la fierté de la Suisse et à sonimage de terre de paix et d’asile.

Institution suisse née à Genève il y a unpeu plus de 150 ans, le ComitéInternational de la Croix Rouge(CICR) fait partie de notre patrimoinenational. La plupart d’entre nousconnaissent son mandat humanitaire auservice des victimes des conflits arméset ont parmi leurs connaissances ouleurs proches quelqu’un qui a consacréquelques mois ou quelques années desa vie au service de cette noble cause.Inspiré par l’ambition courageuse de

son fondateur Henry Dunant, lesvaleurs fondamentales qui sous-ten-dent son action sont souvent très pro-ches de celles qui fondent notre démar-che initiatique et inspirent nos effortspour tailler inlassablement notre pierreet contribuer ainsi au progrès de l’hu-manité. Que l’on parle d’Indépen-dance, de Neutralité ou d’Impartialitédans le domaine de l’action humani-taire, de Fraternité, de Tolérance ou deRespect de la différence en ce quiconcerne les valeurs de la Maçonnerie,on est au cœur d’une approche quimontre clairement que les deux démar-ches sont issues d’un même courant depensée.

C’est sur le champ de bataille deSolférino au nord de l’Italie qu’HenryDunant a pris conscience de l’énormecruauté et gâchis que constituait le faitde laisser agoniser sans soins les bles-sés des armées en présence, alors quehors de combat ils ne représentaientplus de danger à leurs ennemis réci-proques. Mobilisant les bonnes volon-tés alentour il improvisa l’embryon dece qui formerait plus tard les servicesde santé des armées en campagne. Cegeste humanitaire impartial visant àvenir en aide aux blessés tant amisqu’ennemis nous rappelle le sermentprononcé lors de l’initiation quant ilest demandé au profane de prêterassistance à tous ses FF en toutescirconstances en lui disant:

«Monsieur, s’il vous arrivait dereconnaître, parmi les FF et les SS

réunis autour de vous, un hommeou une femme que dans votre vieprofane antérieure vous auriez puconsidérer comme un ennemi,n’hésitez pas à lui serrer la main,de la même manière qu’il n’hésite-rait pas à serrer la vôtre.»

Réunissant d’abord ses amis proches àGenève pour les sensibiliser à cetteidée, puis mobilisant avec leur aide lesbonnes volontés des gouvernementsde l’Europe de l’époque, HenryDunant réussit à encourager la mise surpied d’une série de conférences inter-nationales visant à codifier de nouvel-les normes humanitaires. Les quatreConventions de Genève de 1948 etleurs protocoles additionnels, aujour-d’hui ratifiés par la quasi-totalité despays du monde, constituent l’essencedu «Droit International Humanitaire»qui définit les règles visant à protégeret assister les innombrables victimesdes conflits armés qui continuent defaire rage dans tant de parties duMonde.

Si tant est que plusieurs civilisationssur tous les continents eussent su créer,

Page 16: N° 78 04 / 2014 - Weebly

propres crises parfois très sérieusessont considérés comme des terres d’a-sile prospères et accueillantes, paraîttrès enviable pour beaucoup d’entreeux. Et la pression démographiqueainsi que les multiples défis que repré-sente l’intégration de certains groupesdans les pays d’accueil ne sont pasnégligeables. L’Europe entière chercheaujourd’hui à trouver ce juste équilibreentre libre circulation des personnes àl’intérieur des frontières d’une com-munauté d’états qui se veut solidaire etsauvegarde des intérêts nationaux.Rien de plus naturel. Le danger vientpourtant de l’amalgame simplificateurtrop souvent encouragé pour des rai-sons de politique partisane, entre desgroupes vulnérables très différents lesuns des autres et dont les raisons d’é-migrer sont très diverses. C’est sanscompter bien sûr, sur tous ces tra-vailleurs immigrés de plein droit (et ilssont nombreux), qui ne cherchentaucunement une aide humanitaire,mais viennent simplement apporterun savoir-faire tant recherché par noséconomies prospères!

Les maçons, quelles que soient leurssensibilités propres et la traductiondémocratique de leurs choix dans lesurnes, se doivent de procéder de lafaçon la plus objective qui soit et dansle plein respect de leurs engagementsde Tolérance et de Fraternité, à l’exa-men objectif de ces différences. Ainsichacun pourra en son âme et conscien-ce, dans l’équilibre nécessaire de sesconvictions personnelles et de sesengagements de Franc-Maçon trouverla réponse qui convient aux défishumains complexes qui se posent ànous, sans les confondre avec desenjeux politiques et économiquesmajeurs, pas moins importants, maisd’une tout autre nature.

Le CICR, quant à lui, prenant acteque l’efficacité de ses interventions estdirectement liée à sa capacité à analy-ser les crises humanitaires dans leur

Depuis 150 ans l’idée d’HenryDunant a fait son chemin et s’est beau-coup développée. La transformationprogressive des conflits armés et desméthodes de combat a vu la nécessitéde faire évoluer le droit et les méthodesd’interventions opérationnelles pourrépondre de façon plus efficace auxsouffrances et aux besoins de nouvel-les catégories de victimes.Des sociétés de Croix-Rouge ou deCroissant-Rouge (qui travaillent selondes critères et principes identiques) sesont créées dans tous les pays dumonde. Selon les pays, leurs traditionsou leurs cultures spécifiques, des pro-grammes sont mis en place non seule-ment pour faire face aux situations deguerres, mais aussi pour répondre auxbesoins croissants des victimes decatastrophes naturelles toujours plusdévastatrices, ou encore de celles quisont tout simplement dans le besoin ensituation de paix.

Parmi les groupes les plus vulnéra-bles, figurent depuis la Seconde Guerremondiale les civils, victimes bien plusnombreuses des conflits modernes queles combattants. Autre phénomène enaugmentation exponentielle : les mou-vements de populations. Aux nomb-reux groupes de personnes déplacéesà l’intérieur des frontières de leur pro-pre pays s’ajoutent des millions deréfugiés. Ces gens prennent souvent laroute de l’exil par crainte pour leurvie (persécution, guerres – exemplerécent : la Syrie) ou pour cause de cata-strophes naturelles (tremblements deterre, inondations par exemple). Àceux-ci vient s’ajouter le nombre crois-sant de ceux qu’une situation écono-mique précaire et a priori sans avenirchez eux pousse à prendre de trèsgrands risques pour leur vie pour tra-verser mers et frontières dans l’espoird’un sort meilleur dans un pays d’ac-cueil.

La situation de pays (la majorité dunord), qui bien que traversant leurs

14

parfois des siècles auparavant, des nor-mes humanitaires visant à respecterl’ennemi, à fixer des règles de com-portement des combattants et à épar-gner la vie de ceux qui ne participaientpas ou plus au combat, c’est l’œuvre dela Croix-Rouge qui a permis de rendreaujourd’hui ces règles pratiquementuniverselles.

Il est intéressant de se pencher parailleurs sur l’influence qu’a eue laFranc-Maçonnerie sur les réflexionsfaites par Henri Dunant et ses pairsdans leur conception de ces normeshumanitaires. Une chercheuse MmeAnne Piraux s’y est employée dans unrécent mémoire en vue de l’obtentionde son “Master in Advances Studies”,brillamment récompensée par le Prixde la Francophonie en 2013. Il s’inti-tule: «Hétérodoxie de la compassion:influence de la franc-maçonneriedans l’émergence de l’action humani-taire sécularisée au XIXe». Le lecteurintéressé peut le consulter sur Internetà l’adresse suivante: http://www.cerah-geneve.ch/recherche/memoires/HistoryHumanitarianism/CERAH-disserta-tion- Anne-Piraux.pdf.

Anne Piraux y analyse les nombreuxpoints de convergence entre la penséemaçonnique et celle des fondateurs dela Croix-Rouge ainsi que d’autres cou-rants humanitaires de l’époque. Elletente, comme de nombreux chercheursavant elle, mais hélas sans plus desuccès, de confirmer la rumeur selonlaquelle Henry Dunant était Franc-Maçon.

Page 17: N° 78 04 / 2014 - Weebly

complexité globale et systémiques’est engagé depuis longtemps au côtéde ces populations migrantes vulnéra-bles en complément du travail consi-dérable fourni par les agences interna-tionales ou nationales qui ont desmandats spécifiques dans ce domaine.Son devoir se limite pourtant à destricts critères de besoins humanitaireset s’arrête là ou les décideurs poli-tiques doivent prendre le relais sanspour autant porter atteinte au respectfondamental des droits de l’homme.

Son Directeur-Général, MonsieurYves Daccord (voir annonce page 35)a accepté l’invitation que lui a faite laRL Le Labyrinthe à venir s’exprimerlors d’une exceptionnelle TenueBlanche Fermée qui sera organisée lesamedi 3 mai prochain au grand tem-ple du Cercle Maçonnique de la rue dela Scie à Genève. Cette importantetenue, qui se tiendra sous l’égide duGOS est coorganisée avec nos FF desRR LL «Apollonius de Tyane», «Évo-lution», «Mozart et Voltaire» et«Venoge». Nous espérons avoir leplaisir d’y accueillir de très nombreuxFF de notre obédience ainsi que denombreux visiteurs. Elle sera l’occa-sion de porter un regard neuf sur cesquestions humanitaires essentiellesqui n’ont jamais laissé les Suissesindifférents et dont les principes fon-damentaux font un écho si évident ànotre engagement maçonnique.

F∴ A∴ V∴ M∴ en chaire de la R L«Le Labyrinthe» à l’Or∴ duGenevois.

15

Bataille de Solférino, 24 juin 1859: Napoléon III ordonne au futur maréchalRegnaud d'engager le combat avec la garde impériale.

Ossuaire de SOLFERINO (plus de 7000 soldats français, italiens et autrichiensmorts pour la Patrie en 1859 reposent ici ...ensemble...pour l'éternité.)

Source: Danny Fischer (24.04.2011).

Page 18: N° 78 04 / 2014 - Weebly

16

Quelques définitions: Unemigration humaine est undéplacement du lieu de vie

d’individus. C’est un phénomène pro-bablement aussi ancien que l’huma-nité. (Wikipédia)Un réfugié au sens de la Conventionrelative au statut des réfugiés et desapatrides est une personne qui setrouve hors du pays dont elle a lanationalité ou dans lequel elle a sarésidence habituelle; qui craint avecraison d’être persécutée du fait de sa«race», de sa religion, de sa nationa-lité, de son appartenance à un certaingroupe social ou de ses opinions poli-tiques, et qui ne peut ou ne veut seréclamer de la protection de ce paysou y retourner en raison de laditecrainte. Les personnes essayant d’ob-tenir le statut de réfugié sont parfoisappelées demandeurs d’asile. Le faitd’accueillir de telles personnes estappelé asile politique. Les demandes

d’asile faites dans les pays industriali-sés se fondent le plus souvent sur descritères et des motifs politiques et reli-gieux. (Wikipédia)La Convention du 28 juillet 1951 rela-tive au statut des réfugiés, diteConvention de Genève, définit lesmodalités selon lesquelles un État doitaccorder le statut de réfugié aux per-sonnes qui en font la demande, ainsique les droits et les devoirs de ces per-sonnes (HCR-ONU).Les Accords de Schengen et de Dublinont pour objectif de coordonner lesefforts des Etats membres de l’UE envue de renforcer les libertés indivi-duelles des citoyens et, parallèlement,d’améliorer la sécurité en Europe. End’autres termes, cela signifie que lagarantie de la sécurité intérieure, toutcomme la maîtrise des flux migratoi-res dans le domaine de l’asile, ont été,depuis longtemps, reconnues commedes problèmes auxquels on ne peut

plus faire face à l’échelon national etqui doivent donc être résolus par unedémarche concertée et cohérente detous les Etats. (ODM)https://www.bfm.admin.ch/content/bfm/fr/home.html

DéveloppementsDepuis son apparition, il y a environ

200’000 ans, l’homo sapiens sapiensest un migrant par nature, voici envi-ron 80’000 ans, ce chasseur cueilleurquitta son Afrique natale sur les pas dequelques prédécesseurs hominidés,comme l’homo erectus avant lui. Ilconquit les continents aidé par le basniveau des océans causé par les glacia-tions, franchissant des gués ou des ban-quises. Son ingéniosité fit le reste, lapirogue à balancier par exemple, luipermit de coloniser l’Australie et laPolynésie. Son aspect physique et lacouleur de sa peau se transformèrentau gré des actions conjuguées des

La différence entre la migrationet les réfugiés

Page 19: N° 78 04 / 2014 - Weebly

17

conditions climatiques et du taux demélanine en rapport avec l’ensoleille-ment. Bien qu’un peu mélangé auxnéanderthaliens au court de ses péré-grinations, l’homme moderne demeu-re l’unique espèce humaine vivant surle globe. Nous sommes donc tousissus de la même lignée, fruits d’uninstinct nomade et d’une pressiondémographique générale. Une frater-nité migrante en quelque sorte.

L’histoire de l’homme est indisso-ciable de la migration; ainsi les réfu-giés sont aussi des migrants au mêmetitre que les personnes déplacées suitesaux guerres asymétriques. Cettemigration est polymorphes, elle peutprendre des formes nouvelles émer-gentes comme celle de réfugiés clima-tiques ou/et écologiques y comprisdans des pays développés. Pour rappelles accidents nucléaires de Tchernobylen 1986 (375 000) et Fukushima en2011 (125 000). Ainsi chaque année sesont des millions de personnes quisont forcées de partir dans l’urgence,le plus souvent sans grand espoir deretour. Tous les réfugiés ont desbesoins d’assistance communs etbasiques en eau, nourriture, en soins etsurtout en abris. Sans parler des soinsmédicaux d’urgences, nécessitant sou-vent des interventions chirurgicales.Ils finissent le plus souvent dans descamps de toile dressés à la hâte; danslesquels malheureusement les condi-tions de vie et d’hygiène demeurentprécaires ainsi que la sécurité aléatoiresurtout pour les plus faibles, les agres-sions et les viols y sont monnaie cou-rante.

Les migrants «réguliers» migrentsous certaines conditions (visas,contrats de travail, études, etc.). Engénéral pour des raisons socio-écono-miques et de confort personnel, répon-dant surtout aux besoins du primaireou du tertiaire des pays d’accueils(dans le médical, la construction oul’hôtellerie par exemple). La plupart

ont des plans à plus ou moyen termede retourner vivre dans leur pays deprovenance ou de s’établir de manièredéfinitive dans le pays d’accueil, nonsans avoir fait venir leurs famillesauprès d’eux. Ces migrations sontorchestrées souvent par les paysdemandeurs (annonces de recrute-ment, loterie de cartes vertes, facilitésd’immigration, etc.).

Ce fût le cas, par exemple, dans lesannées 70 où des milliers d’ouvriersitaliens et espagnols furent appelés àvenir en en Suisse. Leur statut de sai-sonniers, aboli depuis lors, ne leur per-mettait pas le regroupement familial etles forçait à quitter 3 mois par année lesol helvétique.

Les migrants «clandestins» et bonnombre de réfugiés préférant quitterdes camps surpeuplés ou des condi-tions de vie insoutenables et sans ave-nir, tentent leur chance. Pour eux c’estle travail et le séjour illégal qui lesattendent avec la crainte d’être pris àtout moment. La vie dans la clandesti-nité n’est pas chose aisée. Certains ris-quent le tout pour le tout pour un«eldorado» que beaucoup n’attein-drons jamais, les plages de Lampedusapeuvent en témoigner. Les clandestinspartagent les mêmes routes migratoi-res, filières gérées par la criminalitéorganisées. Souvent ses «migrants de2e classe» se voient confisquer leursdocuments par les passeurs ou eux-mêmes préfèrent s’en débarrasseravant d’entrer dans l’espace Schengen.Parfois il faut travailler en court deroute plusieurs années pour pouvoirpayer son passage. Il n’est pas rare quecertains essaient 3 ou 4 fois. Les pluschanceux arrivant à passer aux traversdes mailles du filet, vont se fondrepour beaucoup dans la nature une foisarrivés en Europe, vivant d’expé-dients, de cueillette de fruits ou d’aut-res petits boulots pour des salaires demisères, sans assurances ni normes desécurité (à qui se plaindre?). D’autresdéposent de manière spontanée une

demande d’asile auprès des organes decontrôle à la frontière ou lorsqu’ils seferont prendre inopinément.

La demande déposée, débute le trai-tement de la procédure qui débouche-ra ou non sur le sésame tant espéré ousur la non entrée en matière (NEM).Bien difficile de discerner la vraisem-blance ou la véracité des auditions. Deplus certains s’égarent eux-mêmes àforce d’alias et d’histoires inventées.Flot de misère et de détresse humaineoù se mêlent parfois victimes et bour-reaux, gens de bonne fois, criminels etimposteurs. Soulignons au passagel’énorme travail qu’accomplit l’Officefédéral des migrations. Pendant les 3premiers mois, les requérants d’asileont l’interdiction de travailler, cettepériode peut être amenée à 6 moisselon les cas. Par devoir de réserve, jene me prononce pas sur ces délais quiont certainement leur raison d’être;faut-il simplement constater que pourle citoyen lambda, voyant «flâner» lesréfugiés dans les rues, son préjugé de«réfugié=profiteur» risque d’en êtreexacerbé.

Les faitsLa majorité des requérants d’asile

ou de migrants ne posent pas de pro-blème d’intégration. Sans cette immi-gration, la Suisse, tout comme d’aut-res pays européens ne connaîtraientpas la prospérité. Quelle famille suissen’est pas issue toute ou partie de lamigration ou n’a pas de membres oud’amis proches étrangers. De grosses

Centre de Vallorbe

Page 20: N° 78 04 / 2014 - Weebly

La 2ème la neutralité active. La Franc-Maçonnerie a un devoir de souvenir dece qu’elle a vécu durant le IIIe Reich,quand les nazis inventèrent le conceptde complot «Judéo-maçonnique» et sesaboutissements. Pensons à nos Frèrespersécutés de nos jours dans certainspays. Il y a une analogie avec les per-sécutions qu’ont pu endurer desmigrants dans leurs pays.La 3ème d’ordre personnel, les migrantset les réfugiés ont besoin d’empathie.Voir simplement en eux des humainscomme les autres avant tout. Faire leurconnaissance, communiquer et échan-ger tout en appelant un chat un chat.

entreprises fondées par des migrantsou des personnes arrivées commeréfugiées sont devenues les fleuronsde l’industrie suisse.

Malheureusement il ya toujours unezone d’ombre, il est vrai qu’une faibleminorité d’étrangers (migrants et réfu-giés confondus) profitent des servicessociaux de manière éhontée, s’adon-nent à toutes sortes d’activités délic-tueuses et criminelles nuisant à lasociété dans son entier. Pis, il fond leschoux gras d’une certaine presse quileur trouve des circonstances atté-nuantes. Les partis populistes enflentet instrumentalisent leurs méfaits etles cancans du café «du commerce»ravivent des braises encore fumantesd’un eugénisme qui a plongé l’Europedans l’obscurantisme voici une bonneseptantaine d’années.

Conséquences pour la Franc -Maçonnerie

Il n’y a pas de baguette magiquemais néanmoins je vois trois pistes oùla Franc-Maçonnerie peut intervenirpour diminuer les facteurs aggravantsde cette situation migratoire difficile-ment contrôlable. La 1ère d’ordre de la maçonnerie uni-verselle; lorsque dans les conflitsarmés impliques des Frères dans les 2camps. Ne pourrait-on pas leur rappe-ler la signification du signe de détres-se?

18

Une chose importante est aussi deconsommer intelligemment en choi-sissant les produits au moindreimpact environnemental et surtoutrenouvelables, car les conditions cli-matiques tout comme il y a 80 000ans sont redevenues un importantfacteur de migration.

F∴ BEST

Lampedusa, réfugiés ou migrants

Page 21: N° 78 04 / 2014 - Weebly

Sommes-nous tous égaux?

(Un livre, une idée)

19

L’égalité est le leitmotiv de ladémocratie. Dès lors, com-ment accepter que certains

hommes soient naturellement plusdisposés que d’autres à prendre lepouvoir? Pierre-Henri Tavoillotdécrypte la source de l’autorité dans«Qui doit gouverner?»

Le spectacle de l’égalité humainen’est visible guère plus de deux joursdans le cours d’une existence: celui dela naissance et celui de la mort. Rien neressemble plus à un nouveau-né qu’unautre nouveau-né; rien ne ressembleplus à un moribond qu’un autre mori-bond. Mais entre les deux, c’est l’iné-galité qui règne. Les différences dephysique, de talents, de condition, devolonté, de chance: tout cela entraîned’innombrables petites hiérarchies quel’on accepte de plus ou moins bonnesgrâces et qui sont source d’envie, deressentiment et de conflits. Le rôle dela politique consiste à les neutraliserou, du moins, à les maintenir dans deslimites acceptables et surtout accep-tées. Ce qui peut se faire selon deuxlogiques opposées:

soit, on affirme l’égalité de droitentre tous les hommes en consi-dérant les hiérarchies commeinessentielles et secondaires, c’estla solution démocratique moder-ne;

soit, au contraire, on «durcit»une hiérarchie particulière pouren faire le principe incontestable

d’organisation de la société, c’estla solution aristocratique ancien-ne.

Mais, dans les deux cas, il faut pro-duire un discours puissant et convain-cant montrant, pour le premier, que leshommes sont égaux en dépit des diffé-rences évidentes; et, pour le second,qu’il y a des hommes supérieurs endépit du fait qu’ils naissent, meurent etvont au petit coin tout comme les infé-rieurs.

L’invention du régime de la domina-tion politique (l’État) va placer l’hu-manité dans ce second cas de figure. Ilva donc falloir imaginer de bonnes rai-sons qui justifient (comme une sorte derationalisation a posteriori) la prise depouvoir de certains hommes sur d’aut-res. Sans doute, les différences de forceou de puissance peuvent jouer, maiselles ne suffisent pas. Car, contraire-ment à ce que dit l’adage, la raison duplus fort n’est jamais la meilleure,puisqu’elle ne dure que ce que dure laforce, c’est-à-dire pas très longtemps.Pour garantir le développement dura-ble du pouvoir, il faut donc trouver lemoyen pour qu’il s’impose même enl’absence physique de son détenteur: ilfaut inventer un pouvoir abstrait. Cequi exige d’apporter une réponse àdeux problèmes: sur quel principerepose la domination politique (c’est laquestion de l’autorité souveraine ou dela légitimité)? Et selon quelles modali-tés doit-elle s’effectuer (c’est la ques-

tion du meilleur régime ou de l’artpolitique)?

Pour dire autrement: d’où provientl’autorité et comment doit-elle s’exer-cer? Leur apparition inaugure la lon-gue histoire de la justification du pou-voir, bien ailleurs qu’en Grèce et bienavant le IVe siècle. Cette histoire conti-nue d’être la nôtre.

Pierre-Henri Tavoillot est philosophe,spécialiste de l’histoire de la philoso-

phie politique.

Page 22: N° 78 04 / 2014 - Weebly

20

Quelques réflexions sur lesphénomènes migratoires.

F∴ Edouard Mancini

Le phénomène migratoire estune conséquence, un effet, dûà des variations de condi-

tions: économiques, climatiques,conflictuelles extérieures à l’homme,ne permettant plus à une populationde vivre sous ces conditions à l’endroitoù elle se trouve. Des milliers d’annéesd’Histoire des hommes ont fait appa-raître que l’homme est un animalmigratoire parce qu’il doit se confor-mer aux quatre paramètres qui carac-térisent la vie humaine: les nécessités,les possibilités, les résultats, et lesconséquences à long ter-me.

La plus ancienne et la moins connue estla migration des indo-européens.Selon l’hypothèse kourgane de MarijaGimbutas, le foyer originel des Indo-Européens serait localisé en Europe del’Est, dans la steppe pontique située aunord de la mer Noire. De ce berceau,l’expansion indo-européenne se seraitfaite à partir d’environ 4 000 ans av. J.C.selon un mode guerrier, par soumissionde populations d’agriculteurs préexistan-tes, vers l’ouest pour les Européensactuels, vers le sud pour les anciensAnatoliens et vers l’est pour une partiedes Indiens actuels, pour les Iraniensactuels, et pour le peuple disparu desTokhariens.

Les légendes ancestrales disent queles peuples migrateurs n’ont fait que sui-vre les moutons qui cherchaient de l’her-be nouvelle; dans certains cas, les mou-tons ont même été précédés par des cava-liers–guerriers.

Ce n’était plus de la migration, mais del’invasion.

En 10.000 ans, les exemples ne man-quent pas où les hommes à cheval ou àpied ont suivi ou précédé les moutonsqui, eux–mêmes, suivait la course dusoleil.

Curieusement, la plupart des migra-tions se sont faites dans le sens Est–Ouest, comme le déplacement du Soleil.

D’autres à cause de difficultés géolo-giques ont suivi le sens Ouest–Est; c’estle cas de ce qui s’est passé pour justifierla construction de la Grande muraille deChine; elle devait empêcher les Mongolset les Mandchous de pénétrer en Chine,mais aussi empêcher les Chinois de sor-tir.

Autre exemple: à l’une des époquesglacières, il y a plus de 60.000 ans, ledétroit de Behring, entre les îlesAléoutiennes et l’Alaska, fut entièrementcouvert par un épais glacier et cela per-mis à des peuples mongols et mandchousde franchir le détroit et se répandre danstout le continent américain jusqu’àUshuaia.

C’est certainement la plus importantemigration connue, sur un espace énormeet sur les deux hémisphères.

En Europe, souvenons-nous de l’hiverde l’année 406 où en décembre la tempé-rature fut tellement basse que le Rhingela depuis Bâle jusqu’à Mayen-ce.

L’épaisseur de la glace fut telle que lesnombreuses tribus stationnées sur la rivedroite du fleuve purent le franchir avechommes, femmes, troupeaux et bagageset ils vinrent ainsi se répandre sur la rivegauche et sur l’Est du monde Gallo –Romain de la Gaule Belgique.

Les Francs saliens et Mérovingienss’installèrent en Belgique et dans ce qui

deviendra la France; les Visigots conti-nuèrent jusqu’en Espagne; les Ostrogotssuivirent la vallée du Rhône et allèrentpiller Rome en 410; les Angles traversè-rent la Manche et s’établirent enAngleterre en lui donnant leur nom.

Les Alamans restèrent sur la rive gau-che du Rhin, mais débordèrent jusqu’aunord de la Suisse; les Burgondes vaincuspar les Francs s’établirent le long desAlpes jusqu’à Lyon .

Ce fut l’un des leurs qui devint Roi desBurgondes en 480 jusqu’en 516 etinstalla son château à Genève.

Il est l’auteur de la Loi Gombette ou laréforme du droit romain.

La nièce de Gondebau Clotilde épousaClovis roi des Francs, celui-ci se conver-ti au christianisme en 496 après sa vic-toire sur les Alamans à la bataille deTolbiac.

Une nouvelle émigration se mettait enplace, le christianisme se répandait danstoute l’Europe l’Empire romain avaitdisparu, l’Europe de l’Ouest en pleinedéshérence allait se réorganiser selon lafoi chrétienne.

Nous en sommes encore les héritiersau XXIe siècle.

L’histoire des migrations demanded’importants développements. Si néces-saire, il y a matière à raconter.Cependant, je m’en tiendrai pour lemoment à ce rappel des migrations qui aété un des foyers de notre héritage cultu-rel et civilisateur.

Page 23: N° 78 04 / 2014 - Weebly

Humour... quoi que?

La fin des clubs exclusivement réservés aux hommes?

F∴ P. A.

21

La règle « men only » cède-t-elle du terrain ? Souventdiscuté ces dernières années,

le fait qu’une partie des clubs quiorganisent le British Open de golf necomptent que des membres mascu-lins, continue à être un sujet brûlant.Au début de l’année, Giles Morgan,directeur de marketing chez HSBC,un des plus importants sponsors duBritish Open, a constaté que ce nesera pas une «situation facile» pourson entreprise de soutenir un tournoiqui discrimine certaines couches dela population.

Depuis quelques années, l’organisateurdu British Open est exposé à une cri-tique grandissante parce qu’au RoyalTroon, à Muirfield ainsi qu’au RoyalSt.George’s les femmes continuent àne pas être admises comme membres.Peter Dawson, directeur du R&A, estparfaitement conscient de cette problé-matique. Il vient de commander unsondage auprès de tous les sponsors dece tournoi du grand chelem pour situerl’importance des problèmes entre euxet les clubs exclusivement masculin.L’année dernière au British Open deMuirfield, pour la première fois desmembres du gouvernement avaientrenoncé à assister au tournoi car ilsn’étaient pas d’accord avec la politiquedes conservateurs de Muirfield.

On s’attend généralement à ce que leR&A procède à un changement défini-tif avant le British Open de 2016 au

Royal Troon. Contrairement au RoyalLiverpool où l’Open aura lieu du 16 au19 août 2014 et qui ne connaît pas derestrictions pour les golfeuses, Troonest réputé pour être particulièrementdiscriminatoire envers la gent fémini-ne.

Le R&A, quant à lui, n’a pas de pro-blème avec ce sujet. L’organisateur del’unique tournoi du grand chelem euro-péen est une société économique fon-dée en 2004, qui a été séparé du Royaland Ancient Golf Club de St.Andrews,lui aussi un club exclusivement mascu-lin.

L’année dernière, une pression sup-plémentaire a été mise sur les deuxresponsables britanniques, suite à ladécision de l’Augusta National GolfClub (USA) d’accepter des femmes.Après les vives protestations pendantla phase préparatoire de l’US Masters

de ces dernières années et surtout lapression des milieux politiques, onavait décidé d’accepter deux femmesau sein du célèbre club américain, àsavoir l’ancienne ministre des Affairesétrangères américaine CondoleezzaRice et la banquière d’investissementDarla Moore.

Est-ce bien régulier de ne pasaccepter les dames pour des partiesde golf ? A vous, Messieurs lesanglais de ne pas toujours tirer enpremier !

Page 24: N° 78 04 / 2014 - Weebly

22

Le GOS a envoyé un sondagedemandant à tous les FF quicomposent cette obédience de

répondre par oui ou par non àquelques questions. Parmi toutes cesquestions, un constat, préambule àune série d’autres, à plus particuliè-rement retenu mon attention :Un grand nombre de francs-maçonsmanquent de «culture maçonnique»,est-ce dû au fait :1. Leur intérêt principal se porte

plus sur la fraternité que la sym-bolique, la philosophie ou l’histoi-re maçonnique?

2. Que les nouveaux Frères (Appren-tis et Compagnons) n’ont pas suf-fisamment été encadrés, n’ontpas bénéficié d’un enseignementmaçonnique de qualité?

3. Que les attentes des nouveauxFrères sont différentes, ont évo-lué?

Ainsi, un grand nombre de francs-maçons manquent de «culturemaçonnique»?

Nous appartenons à un groupe socialcaractérisé par des traits distinctifs,spirituels et matériels, intellectuels etaffectifs. Et il est constaté que de nom-breux FF manquent de connaissance,de repères et d’appréciations parcequ’ils ne se sont pas assez instruitset/ou curieux sur les us et coutumes denotre société.

Il est effectivement souhaitable pourprofiter pleinement de notre démarchespirituelle maçonnique d’acquérir une

culture maçonnique, qui sera d’autantmieux utilisée si son sens originel enest compris.

Soit, mais pour devenir un maçonlibre dans une loge libre, il n’est pasnécessaire d’être un historien et de toutconnaître! D’abord parce que c’est durd’être historien, il faut de la mémoireet une bonne faculté de synthèse,ensuite parce que chaque loge à lachance d’avoir un ou des FF un peuplus curieux toujours enclins de fairede l’explication de texte.

Véritables, FF voyants pour leurs FFaveugles ils seront toujours ravis departager leurs connaissances durantune tenue et de donner comme desgriots dépositaires de la tradition oraledes explications nécessaires à notrebonne compréhension, en prenant soin,comme de bien entendu, de ne pasrégaler leur ego!

Ce dernier point est important, carparfois cela peu décourager certains FFqui devant de telles réflexions verbaleset intellectuelles n’ont qu’une envie dece la coincer définitivement de peur depasser pour de ridicules ignorants, s’ilsleur venaient à l’idée d’intervenir.

Alors, de quoi avons-nous peur aujuste? D’une perte de nos valeurs et denos marques parce que la mémoire col-lective, le savoir-faire disparait au fildes années?

Je ne le crois pas et je dirais mêmeque si certains FF ont peu de culturemaçonnique cette lacune est remplacéepar d’autres qualités que nous ressen-tons bien souvent dans l’égrégore qui

se dégage des tenues que nous faisons.Et de toute façon quoiqu’il arrive etque nous fassions nous restons éternel-lement des apprentis et nous savonstous que nous savons qu’une seulechose, c’est que nous ne savons rien!

Passons à présent MM FF aux troisquestions sur lesquelles j’ai réponduaffirmativement.1. L’intérêt principal porte plus sur

la fraternité que la symbolique, laphilosophie ou l’histoire maçon-nique?

Il me semble que le monde danslequel nous vivons aujourd’hui est unmonde en constante mutation surlequel nous n’avons peu ou pas deprise.

Selon le sociologue allemand,Hartmut Rosa:

«L’homme contemporain remontedésespérément une pente qui s’é-boule. Nous fonçons pour rester àla même place, dans un présent quifuit sans cesse. Car si nous arrêtonsune seconde de courir après le tra-vail, nos courriels, nos rendez-vous, nos obligations, notre argent,après le temps qui file, nous tom-bons.»« Les couples ne durent pas, lesfamilles se recomposent, l’ascen-seur social descend, le court termerègne, les événements glissent.C’est la course contre la montre: lerepos, la stagnation désignent unesorte d’anomalie suspecte.Comment s’arrêter, se reposerquand tout continue toujours plus

La culture maçonnique

Page 25: N° 78 04 / 2014 - Weebly

23

vite? Peur d’être dépassé, débor-dé». Je ne peux m’empêcher de penser à

un tableau de Goya où l’on voit unmonstre avide de sang dévorer desenfants, ce tableau s’intitule «Kronosdévorant ses enfants».

Aussi je ne doute pas que les francsmaçons du XXIe ont d’autres aspira-tions, ô combien plus légitimes queceux du XIXe à trouver une forme deplénitude, de sérénité, de respirationdans la fraternité maçonnique.

Car le monde profane, comme jeviens de l’évoquer, incite les gens àune attitude individualiste. C’est uneattitude pour se protéger pour garantirl’accomplissement de soi, satisfaire unépanouissement personnel qui peumême parfois aller jusqu’à l’égoïsme !

Une question me vient à l’espritMMFF: l’individualisme est-il le fruitamer que l’on récolte suite à la montéedu matérialisme?

Un vieux Maçon décrivait laMaçonnerie comme «un égoïsme par-tagé».

Pour moi c’est une belle définition,car la Franc-maçonnerie est un ordreinitiatique fondé sur la fraternité. Lafraternité maçonnique n’est pas unefraternité imposée, mais une fraternitéchoisie, reposant sur le partage devaleurs communes et la croyance en unmême idéal humaniste. C’est un égoïs-me partagé, car le travail du Maçon estd’apprendre à se connaître soi-même,entreprendre une recherche personnel-le, souvent solitaire, en partageant avecses FF ses joies et ses difficultés danscette difficile recherche. Ce sont deschoses que l’on ne peut pas trouverdans la vie profane, monde qui com-munique sans communiquer.

La symbolique, la philosophie, l’his-toire maçonnique viennent après la fra-ternité; ils en découlent.

Comme une pyramide de Maslow oules besoins maçonniques serait hiérar-chisée, il me semble que le FM d’au-jourd’hui entre en Francs-Maçonneried’abord pour la fraternité, thème sou-

vent dénué de sens dans la vie profane,puis il en découvre les symboles, véri-tables tremplins à des réflexions quipeuvent être philosophiques. Et toutnaturellement en voulant connaître lessources et l’histoire des symboles et deleurs utilisations par les différents riteset tenues, ils étudient l’histoire de laFrancs-Maçonnerie.2. Que les nouveaux Frères (Appren-

tis et Compagnons) n’ont pas suf-fisamment été encadrés, n’ont pasbénéficié d’un enseignementmaçonnique de qualité ?

Là, je dois dire que je me suis faitmal pendant quelques instants enlisant cette phrase !

J’ai un sentiment de culpabilité parrapport à cette question.

Je suis un Maçon qui ronronne et jecache ma paresse sous des prétextesfallacieux.

Sans jouer le professeur, je pense queje pourrai partager davantage mamodeste expérience de 24 années deFranc-Maçonnerie avec les jeunes FF.

En d’autres termes, il est de mondevoir, par tous les moyens, de provo-quer le désir des nouveaux FF à se for-mer aux us et coutumes de cette socié-té, tout simplement, et comme indiquéprécédemment, pour mieux en jouir.

Mais peut-être que je ne le fais pasparce que je ne suis moi-même pasassez formé !

Voilà une question bien embarras-sante qui montre à quel point nousdevons apporter des mesures correcti-ves!

Les méthodes d’entraînement à unediscipline sportive sont de plus en plusutilisées pour la formation des mana-gers, car elles ont beaucoup de simili-tudes avec les concepts de valeurs et devertus qui permettent, l’abnégation, ledon de soi, la réussite, la performancepour l’atteinte d’un but.

Quelle que soit la discipline sportive,un athlète passionné se perfectionnerapour se dépasser et trouver un but dansla réalisation de sa démarche.

Pour les mêmes raisons les maçons

d’expériences se doivent d’être desentraîneurs, des coachs pour inciter lesnouveaux FF à se dépasser dans leurquête maçonnique.

Chacun de nous a le devoir d’œuvrerà son niveau pour un monde meilleur.Et pour ce difficile exercice ne devons-nous pas nous entraîner régulièrementdans notre loge?3. Que les attentes des nouveaux Frè-

res sont différentes, ont évolué?Dans la vie de tous les jours, nous

utilisons de nombreuses choses dontnous sommes bien incapables d’endécrire le mode de fonctionnement.

Dans ce monde ou Kronos dévoreses enfants, peut être que certains FFentrent en Francs-Maçonnerie pourretrouver des valeurs essentielles, éga-rées dans la vie profane.

Sans en connaître les rouages etconditionnés par notre monde de vites-se et du tout tout de suite, nous voulonsallez droit au but le plus rapidementpossible avec un maximum d’atouts denotre côté.

Malheureusement la sauce parfois neprend pas et l’impatience peut rapide-ment faire place à la déception, car enaccédant à la Francs-Maçonnerie nousentrons dans un autre espace-temps.Cela s’apprend, se cultive, se mature,dans une intemporalité… Mais, il fautdu temps.

Pour apprivoiser la fraternité pourlutter contre la désunion et l’individua-lisme.

Il faut beaucoup de temps pour com-prendre le symbolisme tremplin du spi-ritualisme comme réponse au matéria-lisme.

Une vie entière pour adopter la phi-losophie comme réponse à l’obscuran-tisme

Pascal disait: «Il appartient à la rai-son de comprendre et d’éclairer lesvérités de la foi».

Comme il appartient à l’histoire de laFrancs-Maçonnerie de comprendre etd’éclairer notre monde d’aujourd’hui.

Page 26: N° 78 04 / 2014 - Weebly

re libéral. En 1967, lors de l’agré-gation de trois Loges genevoises(Mozart et Voltaire, Fidélité etLiberté et Apollonius de Tyane), leGrand Orient de Suisse changed’appellation. Devenu la GrandeLoge de Suisse, il reviendracependant, depuis le Convent denovembre 1995, à sa dénomina-tion première de Grand Orient deSuisse et compte actuellementdix-sept Loges.

4. En 1976, la Grande Loge Fémi-nine de Suisse, Obédience libéra-le féminine, est constituée à partirde Loges de la Grande LogeFéminine de France. Elle compteactuellement vingt Loges, et lacréation d’une vingt et unième estimminente.

La Franc-maçonnerie libérale sur leterritoire suisse compte encore deuxLoges du Grand Orient de France, etdeux Loges, l’une à Genève (L’Amitié)et l’autre à Penthalaz (Septentrion) rat-tachées respectivement en 2008 et2012 à Lithos Confédération de Loges(Obédience mixte internationale cen-trée en Belgique). On relève aussil’existence de quelques Loges indé-pendantes masculines, féminines etmixtes au nombre desquelles la Logede recherche Sub Rosa, fondée en 1971à Genève.

Le groupe de reconnais-sance «Franc-Maçonnerie Libérale deSuisse» (FMLS) regroupe trois

La Franc-maçonnerie libéraleen Suisse est apparue trèsprécisément en 1896, à

Zurich, avec la fondation de la pre-mière Loge suisse du Droit Humain,en présence du Frère GeorgesMartin (la Soeur Maria Deraismesétait passée à l’Or. éternel deux ansplus tôt).

Un peu plus d’un demi-siècle plustard, il existera en Suisse plusieursLoges ainsi que plusieurs Obédienceslibérales au nombre desquelles quel-ques Loges du Grand Orient de Franceà Lausanne et à Genève, la GrandeLoge Suisse de Memphis-Misraïmavec des Loges à Lausanne, Genève,Bienne, et Zurich, la Fédération Suissedu Droit Humain avec des Loges àZurich, Berne, Bellinzone, Genève etLausanne, ainsi que le Grand Orient deSuisse fondé en 1959.

Il me paraît important que les «jeu-nes» Maçons, toutes Loges et Obé-diences confondues, aient les idéesclaires sur l’histoire du courant libéralde la Franc-maçonnerie en Suisse.C’est pourquoi, dans les lignes qui sui-vent, je m’appliquerai à mettre en exer-gue les repères chronologiques som-maires qui en constituent les moments-clés.

1. La toute première Loge maçon-nique libérale en Suisse relève duDroit Humain apparu à Zurich en1896. Cette Obédience, à la fois

La Franc-Maçonnerie libérale en Suisse

F∴ Jacques H∴

24

internationale et mixte, est mono-rite (Rite Écossais Ancien etAccepté). La Fédération suisse duDroit Humain a été constituée en1963 et elle encore en activitéaujourd’hui.

2. La Grande Loge Suisse du RiteAncien et Primitif de Memphis-Misraïm (Obédience libéralemonorite) s’implante en 1962 àpartir d’une Loge lausannoise(Les Frères Inconnus deMemphis); elle réunit des Logesmasculines et des Loges fémini-nes. De cette Obédience, dontl’histoire s’avère d’une rare com-plexité, il subsiste aujourd’hui uneGrande Loge Symbolique Helvé-tique formée de quatre Ateliersdont deux sur territoire français. Ilexiste encore en Suisse d’autresLoges de ce Rite qui ont choisi lerattachement à des Obédiencesfrançaises, dont la Grande LogeFrançaise de Memphis-Misraïm.

3. Le Grand Orient de Suisse, fédéra-tion de Loges et de Rites,Obédience libérale masculine, naîtle 24 juin 1959 de l’union de deuxLoges lausannoises (Évolution etAnderson) et d’une Loge Zuri-choise (Zur Leuchtenden Flamme)toutes trois opposées à la subordi-nation de la Grande Loge SuisseAlpina à Londres et soucieuse defonder en Suisse une Puissancemaçonnique souveraine à caractè-

Page 27: N° 78 04 / 2014 - Weebly

25

Obédiences nationales: Grand Orientde Suisse, Fédération Suisse du DroitHumain et Grande Loge Féminine deSuisse. Ces Obédiences, au même titreque Lithos Confédération de Loges etle Grand Orient de France, appartien-nent aussi à des groupes internationauxde reconnaissance dont le plus ancienest le CLIPSAS, fondé en 1961.

Au total, la Maçonnerie libérale surle territoire helvétique regroupe un peuplus de cinquante Loges et près demille membres. La Grande LogeSuisse Alpina quant à elle regroupe 84Loges et un peu plus de 4000 mem-bres.

Source:www.masonic.ch

été un concept développé, associé àl’interdit de parler de religion et depolitique en loge. La politique apparaîtdéjà, comme non pas exclusivementune source de conflit éventuelle, maiscomme un ensemble de dogmes, quidurant de nombreuses années ne pou-vaient être dissociés de la religion.

Bien que d’une part l’adogmatismesoit un des points forts de la maçonne-rie libérale et que nous trouvons uncertain dogme formulé par la GrandeLoge d’Angleterre, il est certain quebeaucoup d’Obédiences dites réguliè-res sont réellement adogmatiques.Tous, ou presque, considérons que leGrand Architecte de l’Univers est unsymbole de mystère de la création.Certes, il est invoqué à l’ouverture dechaque tenue, mais chaque membrepeut l’interpréter avec une totale liber-té de conscience.

Les Constitutions d’Anderson refu-saient l’athéisme, car tout simplementil était interdit en Angleterre. Lesfrancs-maçons vivaient dans uneépoque où la religion était une loi d’é-tat et non pas uniquement une convic-tion personnelle. Mais «l’invention»de l’adogmatisme était malgré tout unepetite révolution dans le sens qu’elleadmettait des hommes de toutes reli-gions de se mettre ensemble dans unemême pièce. Cette idée était d’autantplus révolutionnaire que l’Église deRome ne pouvait pas même l’imagineret condamna la Franc-maçonnerie en

1738 déjà…

L’adogmatisme est toujours avant-gardiste, elle est toujours une réponsede paix à la violence et à l’intransi-geance religieuse.

Fondement de plusieurs démocraties,l’adogmatisme a toujours été une desmeilleures réponses à l’avancée desintégristes religieux, l’adogmatismeest rejeté pour ce qu’elle n’est pas et nepourra jamais être : l’expression d’unepensée unique. Il est et sera toujours larecherche d’un pluralisme culturellepour des femmes et des hommes libres,égaux en droit et en raison.

Le terme adogmatique est unenouveauté créée par le pas-teur Desmons lors du

Convent de 1878 où il proposa d’a-bandonner toute référence au GrandArchitecte de l’Univers, ceci au nomde la liberté de pensée. Le pasteurDesmons, du courant du protestan-tisme libéral, pensait que l’obliga-tion de croire était une absurdité,car le fait de croire n’était qu’unehabitude de pensée sans réelle adhé-sion. Le sens du mot adogmatiqueest absence de dogme. De ce fait, tou-tes sociétés, associations ou autresqui n’imposent pas de dogme à sesmembres, deviennent adogmatiques.

Historiquement, la franc-maçonneriea toujours été adogmatique, ceci dèsses débuts. Les premiers francs-maçons, dans une Angleterre secouéepar des conflits religieux incessants,réunissaient dans un seul endroit deshommes de toutes religions.

La nécessité faisant loi, l’adogmatis-me – refus que les uns et les autresimposent un point de vue religieux – a

L’adogmatisme

F∴ P ∴A∴

Frédéric Desmons, né le 14 octobre1832, à Brignon, et mort le 4 janvier

1910, à Paris.

Page 28: N° 78 04 / 2014 - Weebly

26

La boîte de Pandore

Un peu de symbolisme

Dans la mythologie grec-que, Pandore est la premiè-re femme. Elle est associée à

la légende de la «boîte de Pandore»(en fait, une jarre). Elle est parfoisappelée Anésidora, «celle qui faitsortir les présents des profondeur»,en fait «la Déesse de la terre qui pré-side à la fécondité».

MythePandore fut créée sur l’ordre

de Zeus qui voulait se venger des hom-mes pour le vol du feu par Prométhée.Elle fut ainsi fabriquée dans de l’argileet de l’eau par Héphaïstos; Athéna luidonna ensuite la vie, lui apprit l’habile-té manuelle (elle lui apprit entre autresl’art du tissage) et l’habilla; Aphrodite luidonna la beauté; Apollon lui donna letalent musical, Hermès lui apprit lemensonge et l’art de la persuasion etlui donna la curiosité; enfin, Héra luidonna la jalousie.

Zeus offrit la main de Pandore à Épi-méthée, frère de Prométhée. Bien qu’ileût promis à Prométhée de refuser lescadeaux venant de Zeus, Épiméthéeaccepta Pandore. Pandore apporta dansses bagages une boîte mystérieuseque Zeus lui interdit d’ouvrir. Celle-cicontenait tous les maux de l’humanité,notamment la Vieillesse, la Maladie, laGuerre, la Famine, la Misère, la Folie,le Vice, la Tromperie, la Passion, ainsique l’Espérance.

Une fois installée comme épouse,

Pandore céda à la curiosité qu’Hermèslui avait donnée et ouvrit la boîte, libé-rant ainsi les maux qui y étaient conte-nus. Elle voulut refermer la boîte pourles retenir; hélas, il était trop tard! Seu-le l’Espérance, plus lente à réagir, yresta enfermée. La boîte qu’elle ouvritse nomma alors Boîte de Pandore.

InterprétationC’est l’Iliade qui, aux vers 527 et

suivant du chant XXIV, utilise ceterme: dans la maison de Zeus, il yavait deux jarres, l’une enfermant lesbiens, l’autre les maux. La Théogo-nie d’Hésiode ne l’évoque pas, elle secontente d’énoncer que sans femme, lavie de l’homme n’est pas vivable, et,avec une femme, guère plus. Dans LesTravaux et les Jours, Hésiode décritPandore comme un «si beau mal».

La raison de la présence del’Espérance parmi les maux est à cher-cher dans une meilleure traduction dutexte grec. Le terme exact est elpís, quise définit comme l’attente de quelquechose; on l’a sûrement traduit à tort

par espoir. Une meilleure traductionaurait été l’appréhension, voire lacrainte irraisonnée; ainsi les Elpi-des sont les divinités des craintes.Grâce à la fermeture opportune de lajarre par Pandore, l’humanité ne souf-frira que des maux, et non pas de l’at-tente de ces maux, qui est probable-ment le pire de tous.

L’humanité ne vivra pas dans lacrainte perpétuelle des maux à venir.Prométhée se félicite ainsi d’avoir déli-vré les hommes de l’obsession de lamort. En effet, une autre interprétationsuggère que ce dernier mal est deconnaître l’heure de sa propre mort etl’abattement qui s’ensuivrait parmanque d’espérance.

Un autre symbole est à rechercherdans ce passage. La jarre n’est pasqu’une simple amphore: c’est un trèsgros vase, qui sert à stocker le grain.Ce vase ne peut être rempli de grainque par l’effort, le travail au champ, etson contenu est alors une symboliquede la condition humaine. Par la suite,ce sera la femme qui l’ouvrira et s’yservira, pour nourrir la famille.

Comparaisons mythologiquesUn rapprochement de ce mythe peut

être fait avec la chute d’Adam et Ève,dans la Genèse (Ancien Testament).Dans ces deux mythes, c’est la femme,pourtant avertie (par Dieu dansla Bible ou, ici, par Prométhée etZeus), qui commet une irrémédiable

Page 29: N° 78 04 / 2014 - Weebly

27

erreur (en mangeant le fruit défendudans la Bible ou, ici, en ouvrant laboîte de Pandore), plongeant ainsil’humanité dans une vie faite de mauxet de douleurs. Si la version bibliquesemble a priori plus indulgente pour lafemme (qui est poussée à la faute parle serpent tentateur et qui ne porte pasla faute seule, puisque le fruit est par-tagé avec l’homme), la conséquence (ilne s’agit pas à proprement parler de«punition») de ce péché originel est lefait qu’elle devra désormais «enfanterdans la douleur». Cependant, le versetappelé «Protévangile» promet la vic-toire finale de la femme sur le serpentqui l’a trompée: Genèse chapitre 3,verset 15: «Je ferai régner la haineentre toi (le démon = le serpent) et lafemme, entre ta postérité et la sienne:celle-ci te visera à la tête et toi, tu l’at-taqueras au talon.»

L’islam adopte une vision plus neut-re: l’homme et la femme mangent dufruit; il n’est pas dit que la femme enmange avant l’homme. De plus, leconcept de péché originel n’existe pasdans l’islam.

La mentalité polythéiste voitPandore comme celle qui donna àl’homme la possibilité de s’améliorerdans les épreuves et l’adversité (ce queles monothéistes appellent les maux).Elle lui donna aussi la force d’affronterces épreuves grâce à l’espoir.

Dans la philosophie païenne,Pandore est, à la fois, la source desmaux, de la force, de la dignité et de labeauté, puisque l’être humain ne peuts’améliorer sans adversité.

Base de la statue de la Vierge à l'Enfant, trumeau du portail de la Vierge,Façade ouest de Notre-Dame de Paris.

Page 30: N° 78 04 / 2014 - Weebly

28

En grande pompe versun monde meilleur

Des mots sur les sons

F∴ P∴A∴

Le jeune représentant dumouvement Sturn undDrang, Friedrich Schiller,

n’aurait même pas osé rêver que sachanson à boire, son Hymne à la joie,accéderait quarante ans plus tard aurang d’hymne au «progrès de l’hu-manité par la joie et la raison».

Beethoven fut fasciné par ce texteexalté, le remania, le raccourcit, puislui donna le potentiel de se muer enpierre angulaire d’une religion séculiè-re de substitution, via une mélodie onne peut plus simple sur le plan harmo-nique, sur les paroles « Freude, schö-ner Götterfunken » (Joie ! Belle étin-celle divine).

Après une ou deux écoutes, cettemélodie se chante et se siffle commeun refrain populaire. C’est dans sa sim-plicité que réside le génie de

Beethoven. L’histoire de la réceptionillustre l’éclat et la misère desLumières en Occident. Trop souvent eneffet, l’idée d’un ordre social parfaitcar reposant sur la raison a été exploi-tée de manière abusive par des minori-tés oligarchiques.

L’hymne de Beethoven n’a cessé derefaire surface pour être détourné à desfins politiques.

La Neuvième symphonie deBeethoven est bien plus qu’un Hymneà la joie. Elle est un macrocosme de lacondition humaine et des sentimentsqui lui sont liés. Déchirement, révolte,feux follets, pardon, résignation,recueillement, joie, euphorie, fascina-tion: la Neuvième symphonie est untableau des traits humains dont la den-sité n’a plus jamais été atteinte.

La ferveur humaniste de l'Ode à lajoie de Friedrich von Schiller fascina

Beethoven sa vie durant.Frédéric-Guillaume III (3 août 1770 àPotsdam - 7 juin 1840) régna commeroi de Prusse du 16 novembre 1797 à

sa mort.

Page 31: N° 78 04 / 2014 - Weebly

29

Peut-on définir le bonheur?

F∴ P∴A∴

Tous les hommes recherchent àêtre heureux. Cela est sansexception, quelques différents

moyens qu’ils y emploient. Ils tendenttous à ce but. Ce qui fait que les unsvont à la guerre et que les autres n’yvont pas est ce même désir qui estdans tous les deux, accompagné dedifférentes vues. La volonté ne faitjamais la moindre démarche que verscet objet. C’est le motif de toutes lesactions de tous les hommes.Pascal, Pensées

Selon la définition du dictionnaire, lebonheur est un état essentiellementmoral généralement atteint par l’hom-me lorsqu’il a obtenu tout ce qui luiparaît bon et qu’il a satisfait pleine-ment ses désirs, accompli totalementses diverses aspirations, trouvé l’équi-libre dans l’épanouissement harmo-nieux de sa personnalité. Contraire-ment au désir, dont l’assouvissementest éphémère puisque sans cesserenouvelé, le bonheur s’associe sou-vent à l’idée de continuité. Mais il estenvisagé parfois comme un état trèsbref: dire «je suis heureux» signifieque c’est un état présent dont on n’aaucune assurance qu’il peut durer dansle futur. Tiraillé entre la longue duréeet son évanescence, le bonheur est unenotion paradoxale.

Dès l’Antiquité, les philosophesgrecs comme Platon, Aristote ou Épi-cure ont fait du bonheur un élémentcentral de leur réflexion, car, à travers

lui, c’est bien le sens de la vie humainequi est questionné.

Aristote définit, dans son Éthique àNicomaque, le bonheur comme «unecertaine vie pratique de la partie ration-nelle de l’âme» en accord avec lavertu. Il s’agit d’un état absolu, de l’a-boutissement d’une pratique réussie.Le bonheur, qui se gagne dans la durée,serait en même temps un but placé horsdu temps, hors de la série d’événe-ments qui y conduisent.

Par ailleurs, l’étymologie du motpermet de souligner un problème aucœur de la définition du bonheur. Lebonheur ou «heur bon» est dérivé dulatin bonum augurium, le bon augure,le bon présage, la bonne chance.L’anglais happiness souligne cetteracine aléatoire: le mot provient duverbe happen qui désigne ce qui arrive,qui advient.

But ultime de l’homme, le bonheurdépend de nos efforts à développer auquotidien puisqu’il est, aux dires de

Pascal, «le motif de toutes les actionsde tous les hommes». Or, il est absolu-ment dépendant du hasard, de la façondont les événements sur lesquels onn’a pas toujours prise vont favoriser ounon l’atteinte de cet objectif. C’est latension entre ces deux aspects qui faitavancer l’homme.

Si personne ne vise le même bon-heur, c’est que personne n’en conçoitla même idée. Ainsi, l’idée du bonheurest-elle différente des moyens qui sontmis en œuvre pour la concrétiser.

Emmanuel Kant souligne dans lesFondements de la métaphysique desmœurs le caractère vague et fluctuantdu concept de bonheur, c’est-à-dire ducontenu que l’on place derrière ce mot:«Un concept si indéterminé, que, mal-gré le désir qu’a tout homme d’arriverà être heureux, personne ne peut jamaisdire en termes précis et cohérents ceque véritablement il désire et il veut.»

Kant revient sur le caractère de per-manence qui est au cœur de l’idée debonheur: une fois atteint, le bonheurexige d’être complet dans la durée. Ence sens, il ne peut y avoir de petit bon-heur, de demi-bonheur. Or cette idéed’achèvement entre en conflit avec ledomaine du vécu, de l’inachevé. Dansle même texte, le philosophe deKönigsberg poursuit: «La raison en estque tous les éléments qui font partie duconcept de bonheur sont dans leurensemble empiriques, c’est-à-dire

Page 32: N° 78 04 / 2014 - Weebly

30

qu’ils doivent être empruntés à l’expé-rience; et que cependant pour l’idée debonheur, un tout absolu, un maximumde bien-être dans mon état présent etdans toute ma condition future, estnécessaire.»

Difficile donc d’arriver à formulerpour soi ce qui nous rendrait véritable-ment heureux. Il faudrait que l’hommesoit omniscient selon Kant, qu’il aitune vue d’ensemble de lui-même et dumonde, or il ne l’a pas. «On ne peutdonc agir, pour être heureux, d’aprèsdes principes déterminés, mais seule-ment d’après des conseils empiriques.»Le bonheur relève d’une sagesse pra-tique qui repose sur le questionnementde ses propres actes et inclinations.

Le bonheur est bien essentiellementdépendant de la volonté de l’homme deréaliser ses désirs, c’est même le pointd’orgue de son existence. Mais leconcept échappe au langage humain.Le fait de parvenir à être heureux estlui-même un désir, mais un désir dequoi? Quel est son objet?

Le bonheur serait ainsi le cadre del’activité humaine, mais le problème

demeure: déterminer son contenu.

En disant vouloir être heureux, onvise un état de plénitude, sans se rend-re compte que les moyens dont ondispose sont eux-mêmes fluctuants, carils dépendent à la fois de nous et denotre bonne fortune.

Paul Ricoeur donne une définitionnégative du bonheur dans sa relationavec la satisfaction des désirs: «Lebonheur est, en quelque sorte, ce quimet un point d’arrêt à la fuite en avantdu désir.» Comme c’est dans la naturedu désir assouvi de céder la place à unautre, s’agit-il là d’un objectif réalistepour la vie humaine? Avec Kant, ilconviendrait d’accepter l’idée que lebonheur n’est pas de l’ordre du réel,mais plutôt un idéal de l’imagination,une boussole pour l’homme dont ilreste à trouver le Nord.

Source:Questions philo

Page 33: N° 78 04 / 2014 - Weebly

31

Déclaration universelle des droits de l’homme

Préambule Considérant que lareconnaissance de la dignitéinhérente à tous les membres

de la famille humaine et de leursdroits égaux et inaliénables constituele fondement de la liberté, de la jus-tice et de la paix dans le monde.Considérant que la méconnaissanceet le mépris des droits de l’hommeont conduit à des actes de barbariequi révoltent la conscience de l’hu-manité et que l’avènement d’unmonde où les êtres humains serontlibres de parler et de croire, libérésde la terreur et de la misère, a étéproclamé comme la plus haute aspi-ration de l’homme.Considérant qu’il est essentiel que lesdroits de l’homme soient protégéspar un régime de droit pour quel’homme ne soit pas contraint, ensuprême recours, à la révolte contrela tyrannie et l’oppression.Considérant qu’il est essentiel d’en-courager le développement de rela-

tions amicales entre nations.Considérant que dans la Charte lespeuples des Nations Unies ont pro-clamé à nouveau leur foi dans lesdroits fondamentaux de l’homme,dans la dignité et la valeur de la per-sonne humaine, dans l’égalité desdroits des hommes et des femmes, etqu’ils se sont déclarés résolus à favo-riser le progrès social et à instaurerde meilleures conditions de vie dansune liberté plus grande.Considérant que les Etats Membresse sont engagés à assurer, en coopé-ration avec l’Organisation desNations Unies, le respect universel eteffectif des droits de l’homme et deslibertés fondamentales.Considérant qu’une conception com-mune de ces droits et libertés est dela plus haute importance pour rem-plir pleinement cet engagement.L’Assemblée générale proclame laprésente Déclaration universelle desdroits de l’homme comme l’idéal

commun à atteindre par tous lespeuples et toutes les nations afin quetous les individus et tous les organesde la société, ayant cette Déclarationconstamment à l’esprit, s’efforcent,par l’enseignement et l’éducation, dedévelopper le respect de ces droits etlibertés et d’en assurer, par desmesures progressives d’ordre natio-nal et international, la reconnaissan-ce et l’application universelles eteffectives, tant parmi les populationsdes Etats Membres eux-mêmes queparmi celles des territoires placéssous leur juridiction.Article premier

Tous les êtres humains naissent lib-res et égaux en dignité et en droits. Ilssont doués de raison et de conscienceet doivent agir les uns envers les autresdans un esprit de fraternité.Article 21. Chacun peut se prévaloir de tous les

droits et de toutes les libertés procla-més dans la présente Déclaration,

Page 34: N° 78 04 / 2014 - Weebly

32

sans distinction aucune, notammentde race, de couleur, de sexe, de lan-gue, de religion, d’opinion politiqueou de toute autre opinion, d’originenationale ou sociale, de fortune, denaissance ou de toute autre situation.

2. De plus, il ne sera fait aucune dis-tinction fondée sur le statut politique,juridique ou international du pays oudu territoire dont une personne estressortissante, que ce pays ou terri-toire soit indépendant, sous tutelle,non autonome ou soumis à une limi-tation quelconque de souveraineté.

Article 3Tout individu a droit à la vie, à la

liberté et à la sûreté de sa personne.Article 4

Nul ne sera tenu en esclavage ni enservitude; l’esclavage et la traite desesclaves sont interdits sous toutes leursformes.Article 5

Nul ne sera soumis à la torture, ni àdes peines ou traitements cruels, inhu-mains ou dégradants.Article 6

Chacun a le droit à la reconnaissanceen tous lieux de sa personnalité juri-dique.Article 7

Tous sont égaux devant la loi et ontdroit sans distinction à une égale pro-tection de la loi. Tous ont droit à uneprotection égale contre toute discrimi-nation qui violerait la présenteDéclaration et contre toute provocationà une telle discrimination.Article 8

Toute personne a droit à un recourseffectif devant les juridictions nationa-les compétentes contre les actes violantles droits fondamentaux qui lui sontreconnus par la constitution ou par laloi.Article 9

Nul ne peut être arbitrairement arrê-té, détenu ou exilé.Article 10

Toute personne a droit, en pleineégalité, à ce que sa cause soit entendueéquitablement et publiquement par un

tribunal indépendant et impartial, quidécidera, soit de ses droits et obliga-tions, soit du bien-fondé de toute accu-sation en matière pénale dirigée contreelle.Article 11

Toute personne accusée d’un actedélictueux est présumée innocente jus-qu’à ce que sa culpabilité ait été léga-lement établie au cours d’un procèspublic où toutes les garanties nécessai-res à sa défense lui auront été assu-rées.

Nul ne sera condamné pour desactions ou omissions qui, au momentoù elles ont été commises, ne consti-tuaient pas un acte délictueux d’aprèsle droit national ou international. Demême, il ne sera infligé aucune peineplus forte que celle qui était applicableau moment où l’acte délictueux a étécommis.Article 12

Nul ne sera l’objet d’immixtionsarbitraires dans sa vie privée, safamille, son domicile ou sa correspon-dance, ni d’atteintes à son honneur et àsa réputation. Toute personne a droit àla protection de la loi contre de tellesimmixtions ou de telles atteintes.Article 131. Toute personne a le droit de circuler

librement et de choisir sa résidence àl’intérieur d’un Etat.

2. Toute personne a le droit de quittertout pays, y compris le sien, et derevenir dans son pays.

Article 141. Devant la persécution, toute person-

ne a le droit de chercher asile et debénéficier de l’asile en d’autrespays.

2. Ce droit ne peut être invoqué dans lecas de poursuites réellement fondéessur un crime de droit commun ou surdes agissements contraires aux butset aux principes des Nations Unies.

Article 15Tout individu a droit à une nationali-

té.Nul ne peut être arbitrairement privéde sa nationalité, ni du droit de changer

de nationalité.Article 161. A partir de l’âge nubile, l’homme et

la femme, sans aucune restrictionquant à la race, la nationalité ou lareligion, ont le droit de se marier etde fonder une famille. Ils ont desdroits égaux au regard du mariage,durant le mariage et lors de sa disso-lution.

2. Le mariage ne peut être conclu qu’a-vec le libre et plein consentement desfutursépoux.

3. La famille est l’élément naturel etfondamental de la société et a droit àla protection de la société et del’Etat.

Article 17Toute personne, aussi bien seule qu’encollectivité, a droit à la propriété.Nul ne peut être arbitrairement privéde sa propriété.Article 18Toute personne a droit à la liberté depensée, de conscience et de religion ;ce droit implique la liberté de changerde religion ou de conviction ainsi quela liberté de manifester sa religion ousa conviction seule ou en commun, tanten public qu’en privé, par l’enseigne-ment, les pratiques, le culte et l’accom-plissement des rites.Article 19Tout individu a droit à la liberté d’opi-nion et d’expression, ce qui implique ledroit de ne pas être inquiété pour sesopinions et celui de chercher, de rece-voir et de répandre, sans considérationsde frontières, les informations et lesidées par quelque moyen d’expressionque ce soit.Article 201. Toute personne a droit à la liberté de

réunion et d’association pacifiques.2. Nul ne peut être obligé de faire par-

tie d’une association.Article 211. Toute personne a le droit de prendre

part à la direction des affairespubliques de son pays, soit directe-ment, soit par l’intermédiaire dereprésentants librement choisis.

Page 35: N° 78 04 / 2014 - Weebly

33

2. Toute personne a droit à accéder,dans des conditions d’égalité, auxfonctions publiques de son pays.

3. La volonté du peuple est le fonde-ment de l’autorité des pouvoirspublics ; cette volonté doit s’expri-mer par des élections honnêtes quidoivent avoir lieu périodiquement,au suffrage universel égal et au votesecret ou suivant une procédure équi-valente assurant la liberté du vote.

Article 22Toute personne, en tant que membre dela société, a droit à la sécurité sociale ;elle est fondée à obtenir la satisfactiondes droits économiques, sociaux et cul-turels indispensables à sa dignité et aulibre développement de sa personnali-té, grâce à l’effort national et à lacoopération internationale, comptetenu de l’organisation et des ressourcesde chaque pays.Article 231. Toute personne a droit au travail, aulibre choix de son travail, à des condi-tions équitables et satisfaisantes de tra-vail et à la protection contre le chôma-ge.2. Tous ont droit, sans aucune discrimi-nation, à un salaire égal pour un travailégal.

3. Quiconque travaille a droit à unerémunération équitable et satisfaisantelui assurant ainsi qu’à sa famille uneexistence conforme à la dignité humai-ne et complétée, s’il y a lieu, par tousautres moyens de protection sociale.4. Toute personne a le droit de fonderavec d’autres des syndicats et de s’affi-lier à des syndicats pour la défense deses intérêts.Article 24Toute personne a droit au repos et auxloisirs et notamment à une limitationraisonnable de la durée du travail et àdes congés payés périodiques.Article 251. Toute personne a droit à un niveau

de vie suffisant pour assurer sa santé,son bien-être et ceux de sa famille,notamment pour l’alimentation, l’ha-billement, le logement, les soins

médicaux ainsi que pour les servicessociaux nécessaires ; elle a droit à lasécurité en cas de chômage, de mal-adie, d’invalidité, de veuvage, devieillesse ou dans les autres cas deperte de ses moyens de subsistancepar suite de circonstances indépen-dantes de sa volonté.

2. La maternité et l’enfance ont droit àune aide et à une assistance spéciale.Tous les enfants, qu’ils soient nésdans le mariage ou hors mariage,jouissent de la même protectionsociale.

Article 26Toute personne a droit à l’éducation.

L’éducation doit être gratuite, au moinsen ce qui concerne l’enseignement élé-mentaire est fondamental.1. L’enseignement élémentaire est

obligatoire. L’enseignement tech-nique et professionnel doit être géné-ralisé ; l’accès aux études supérieu-res doit être ouvert en pleine égalité àtous en fonction de leur mérite.

2. L’éducation doit viser au plein épa-nouissement de la personnalitéhumaine et au renforcement durespect des droits de l’homme et deslibertés fondamentales. Elle doitfavoriser la compréhension, la tolé-rance et l’amitié entre toutes lesnations et tous les groupes raciaux oureligieux, ainsi que le développementdes activités des Nations Unies pourle maintien de la paix.

3. Les parents ont, par priorité, le droitde choisir le genre d’éducation àdonner à leurs enfants.

Article 271. Toute personne a le droit de prendre

part librement à la vie culturelle de lacommunauté, de jouir des arts et departiciper au progrès scientifique etaux bienfaits qui en résultent.

2. Chacun a droit à la protection desintérêts moraux et matériels décou-lant de toute production scientifique,littéraire ou artistique dont il est l’au-teur.

Article 28Toute personne a droit à ce que règne,

sur le plan social et sur le plan interna-tional, un ordre tel que les droits etlibertés énoncés dans la présenteDéclaration puissent y trouver pleineffet.Article 291. L’individu a des devoirs envers la

communauté dans laquelle seul lelibre et plein développement de sapersonnalité est possible.

2. Dans l’exercice de ses droits et dansla jouissance de ses libertés, chacunn’est soumis qu’aux limitations éta-blies par la loi exclusivement en vued’assurer la reconnaissance et lerespect des droits et libertés d’autruiet afin de satisfaire aux justes exi-gences de la morale, de l’ordrepublic et du bien-être général dansune société démocratique.

3. Ces droits et libertés ne pourront, enaucun cas, s’exercer contrairementaux buts et aux principes des NationsUnies.

Article 30Aucune disposition de la présenteDéclaration ne peut être interprétéecomme impliquant pour un Etat, ungroupement ou un individu un droitquelconque de se livrer à une activitéou d’accomplir un acte visant à la des-truction des droits et libertés qui y sonténoncés.

Page 36: N° 78 04 / 2014 - Weebly

34

Agenda du Grand Orient de Suisse 2014

12 avril Réunion des VVMM et du CO à Fribourg

3 mai Tenue Blanche Fermée à Genève (voir page 35)

20 juin Conférence fermée franco-suisse avec le GM du GODF à Lausanne

13 septembre Réunion des VVMM et du CO

Septembre Conférence ouverte

8 novembre Convent du GOS à Neuchâtel

Un acte citoyen

« La rédaction des Cahiers Bleus recherche activement des FF∴ se proposant à la tra-duction de français en allemand et d’allemand en français.

Les textes en allemand , italien ou espagnol sont aussi les bienvenus.Nous vous remercions de prendre contact avec le rédacteur ou sur le mail:

[email protected] »

Page 37: N° 78 04 / 2014 - Weebly

35

Page 38: N° 78 04 / 2014 - Weebly

36

Evolution

Valentin 62 bis

1004 Lausanne

2e et 4e jeudis

Venoge

Le Lavoir

1305 Cossonay-Gare

1er et 3e lundis

Phoenix

Rue du Port 11

1815 Clarens

2er et 4e jeudis

Odyssée

Valentin 62 b1004 Lausanne

1er et 3e

mercredis

Carpe Diem

Le Lavoir

1305 Cossonay-Gare

1er et 3e mardis

Agenda des Loges du Grand Orient de SuisseArbeitsplan der Logen des Grossorients der Schweiz

Fidélité & Liberté

14, av. H.-Dunant

1205 Genève

1er et 3e jeudis

Apollonius de Tyane

14, av. H.-Dunant

1205 Genève

2e, 3e et 4e lundis

Mozart & Voltaire

14, av. H.-Dunant

1205 Genève

2e et 4e vendredis

Les Trois Temples

14, av. H.-Dunant

1205 Genève

2e et 4e jeudis

Les Amis de St-Jean

14, av. H.-Dunant

1205 Genève

1er vendredi

et 3e lundis

Le Labyrinthe

Rte de Colovrex, 25

1218 Genève

1er et 3e mardis

José de San Martin

Rue de l’Athénée,12

1206 Genève

4e vendredi

Genève Vaud Neuchâtel

Bern

Zürich

Zug

Aristote

Rue du Temple 5

2014 Bôle

1e et 3e lundis

Zum Flammenden Stern

Zentweg 19

3001 Bern

1. und 3. Freitag

Heinrich Pestalozzi

Falkenstrasse 23

8008 Zürich

1.,3. und 5. Mittwoch

Libertas et Progressus

Eschenweg 14

6340 Inwill/Baar

1. und 3. Donnerstag

Saint-Gall

Officium et Fidelitas

7320 Sargans

Page 39: N° 78 04 / 2014 - Weebly