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1 BULLETIN DU CEGES n° 37 / Printemps 2002 '30-'50

BullBiblio97 99 - cegesoma.all2all.orgcegesoma.all2all.org/docs/media/Bulletins/bull37.pdf · 4 qualité de nos services et de nos performances. J’estime qu’ils oublient un peu

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    BULLETIN DU CEGESn° 37 / Printemps 2002

    '30-'50

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    ’30-’50’30-’50’30-’50’30-’50’30-’50Bulletin du

    Centre d’Études et deDocumentation

    “Guerre et Sociétéscontemporaines”

    Résidence Palace - Bloc ERue de la Loi 155 - Bte 2

    B - 1040 BruxellesTél.: 02 / 287 48 11Fax: 02 / 287 47 10

    [email protected]

    Heures d’ouvertureDu lundi au vendredi

    de 9 à 12 et de 13 à 17h.

    DirectionJosé Gotovitch

    RédactionIsabelle PontevilleFabrice Maerten

    Traitement de texteMise en pageAnne Bernard

    Impression et brochageMoussa Lasouad

    Editeur responsableJ. Gotovitch

    Rue H. Maubel, 52

    1190 Bruxelles

    Editorial ................................................................................... 3Nos collectionsArchives: Les acquisitions .................................................... 6Microfilmage de journaux et de revues ................................ 13Archives audiovisuelles ........................................................ 14Bibliothèque ......................................................................... 18

    En chantierL'Administration belge de 1940 à 1945 ................................ 19Services de renseignements belges, 1940-1945 .................... 21La politique diamantaire allemande pendant la 2e Guerre .... 22Le maintien de l'ordre à Bruxelles pendant les 2 Guerres .... 23Civilisation ou brutalisation ? La population et les guerres .. 25

    InitiativesExode des Carolorégiens vers le Tarn-et-Garonne ............... 27Les Chemins de la mémoire .................................................. 28Parution du dernier numéro de la série Jours de Guerre ...... 29Jeunesse et Société. Années 30 - Années 60 ........................ 30Séminaires: Bilan 2001 ......................................................... 32Une “guerre totale” ? La Belgique dans la 1e Guerre ........... 34

    Informatique ........................................................................ 36A l'étrangerInstituto de Historia de Cuba ............................................... 37Bretagne et identités régionales pendant la 2e Guerre .......... 38Le colloque “Testing democracy at the margins” à Vienne .. 41La conférence “Boundaries to freedom..” à Middelburg. ..... 42Le colloque “La Caisse des Dépôts et Consignations...” ..... 45Krieg - Kriegserlebnis - Kriegserfahrung in Deutschland .... 47European Science Foundation - Groupe de travail, Oxford . 49Le colloque “Par-delà les frontières...” à Bondues .............. 50Le colloque “Le travail obligatoire en France” à Caen ....... 51

    En BelgiqueVoorwaarts au Parlement flamand ........................................ 52“Omgaan met het verleden” ................................................. 54Fédéralisme et réformes de structures: PCB ......................... 55Le Parti social chétien: histoire et futur ................................ 56

    Gros planCommission d'Etude des Biens juifs: rapport final ............... 58

    DocumentationCatalogue de “Obersalzberg - Orts- und Zeitgeschichte” .... 61

    Les “Bénévoles” du CEGES ........................................... 63

    N° 37 / Printemps 2002

    Dossier:Enfants de résistant ou de collaborateur: Grandir sanspère ou mère

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    2002, une bonne année ?

    Le Bulletin que vous allez lire témoigne d’une activité soutenue duCEGES et annonce une année 2002 dynamique et bourrée de projets. Nos “fidèles”noteront la multiplication des manifestations scientifiques auxquelles les chercheursdu Centre ont prêté leur concours, fruit d’un accroissement sensible des projetsfinancés par les SSTC ainsi que des sponsors extérieurs. Ils remarqueront égalementles accroissements sensibles de nos collections et le perfectionnement continu de notresystème informatique et de sa vedette, le logiciel Pallas que d’autres institutions ontdécidé d’adopter.

    A cela s’ajoutent des publications, en Belgique et à l’étranger, qui portentau loin les résultats de nos travaux. Nous ne rappellerons que pour mémoire la bataillegagnée, grâce au soutien extraordinaire que vous nous avez apporté l’an dernier pourassurer, en 2003 au plus tôt, le transfert du Centre dans les locaux rénovés du Square del’Aviation.

    Nous aurions donc tout lieu de nous réjouir.

    Malheureusement, des plans hasardeux viennent porter ombrage à cebilan satisfaisant, indépendamment de toute réalisation de notre mission de servicepublic, indépendamment de toute satisfaction de ce même public et des objectifsscientifiques assignés à nos institutions fédérales de recherche.

    Les restrictions budgétaires annoncées constituent évidemment unpremier danger. Disons qu’elles sont récurrentes. Mais l’année entamée porte en elleun bouleversement autrement porteur de dangers. Les Etablissements scientifiquesfédéraux jouissent depuis une dizaine d’années d’une organisation relevant del’autonomie de gestion appuyée sur une administration propre à l’identité forte etspécifique: les Services fédéraux des Affaires scientifiques, techniques et culturelles(SSTC). Celle-ci est directement menacée par la “révolution copernicienne” conduitepar des “consultants” privés qui n’ont du service public et encore plus de la recherchequ’une idée que nous qualifierons par euphémisme de “superficielle”.

    C’est le secrétaire général des SSTC, Eric Beka, qui le relevait dans sonmessage de nouvel an, en présence des Ministres concernés:

    “...on ne peut pas dire que les deux années de révolution coperniciennequi s’achèvent ont conduit à un mieux dans la fonction publique fédérale. Rarement,celle-ci a connu un tel degré de démotivation. Certes, les ‘spécialistes’ nous affirmentque, dans tout cycle du changement, il faut passer par une phase de dépression et quenous serions aujourd’hui à la fin de cette phase et prêts, avec l’arrivée des nouveaux‘top-managers’, à nous positionner dans une période ascendante d’amélioration de la

  • 4qualité de nos services et de nos performances.

    J’estime qu’ils oublient un peu vite que, pour moderniser toute organisation, il nesuffit pas de ‘décréter’ et de bouleverser les structures et les hommes et les femmes quiles dirigent. Il y a aussi (….) nécessité de gérer autrement les ressources humaines etnécessité de motiver les différentes catégories d’agents à la définition et à la réalisationdes objectifs de la modernisation.

    Or, sur ces plans-là, de nouvelles réglementations vont venir, brutalement et sansconcertation, s’ajouter aux précédentes sans nécessairement les abroger ou les simplifier.Il ne faudrait pas après avoir désorganisé la structure de l’Administration fédérale quel’on en arrive à constater son incapacité à gérer le changement dans un contexte rendutrop rigide par un excès de procédures de contrôle et d’évaluation…”

    Devant les menaces de tous ordres qui visent la recherche fédérale etles Institutions qui la portent, à la demande du ministre de tutelle, les directeurs desEtablissements fédéraux et les SSTC ont élaboré un Livre Blanc, intitulé Horizon2005, qui définit avec clarté et audace les projets et besoins des Etablissementsfédéraux, dans une perspective modernisatrice pensée par les hommes et les femmesqui mènent sur le terrain ce combat à valeur humaniste, scientifique et universelle,dans la connaissance des matières traitées et des besoins publics. Ce livre blanc doitservir de base à une réflexion et à des décisions gouvernementales qui s’avèrerontdécisives pour l’avenir.

    Il ne faudrait pas que cet Horizon 2005 soit celui de la ruine dupatrimoine exceptionnel que représentent nos institutions, sacrifiées aux calculsétroits et incompétents des chevaliers du “management” roi.

    José GotovitchDirecteur

    Février 2002

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    In memoriam

    François Bedarida, fondateur et premier directeur de l’Institut d’Histoire du Tempsprésent, est mort le 16 septembre 2001.

    S’il s’était fait connaître par ses travaux sur la société anglaise, c’est l’histoire de laRésistance et de la guerre qui l’avait porté au premier plan de la recherche et de lanotoriété scientifique. Il avait donné à l’histoire de la Résistance une base théorique àlaquelle chacun faisait appel pour aborder le thème et dirigé plusieurs grandes entrepriseséditoriales consacrées à la période. Homme engagé, il consacra de nombreuses réflexionsà la responsabilité sociale de l’historien.

    Succédant à Henri Michel dans des conditions difficiles, il avait donné dès le départau tout nouvel IHTP, créé en 1978, un lustre et une renommée tant nationale qu’inter-nationale. Il fut aussi un très habile et efficace secrétaire général du Comité internationaldes Sciences historiques. Il appuya de sa personnalité et de son entregent les débuts del’histoire orale en France.

    Nous voudrions souligner ici que François Bedarida fut dès le départ un ami attentifpour notre Centre. Dépourvu de la condescendance fréquemment témoignée à Parisenvers les “petits Belges”, il veilla à nous faire participer à toutes les grandes initiativesprises par son Institut et accepta d’épauler de sa présence nos propres colloques etjournées d’études.

    Nous répétons ici à Madame Renée Bedarida, elle-même spécialiste de l’histoire deTémoignage chrétien, nos condoléances émues et toute notre sympathie.

    José Gotovitch

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    ArchivesLes acquisitions

    Au cours de l’année académique 2000-2001 ont été acquis 60 nouveaux fonds d’ar-chives et 241 nouveaux journaux personnelset manuscrits. Tous peuvent être retrouvéssur le site www.cegesoma.be (voir “catalo-gue gén.”). Que tous les donateurs et dépo-sants en soient chaleureusement remerciés.

    Pour ce qui a trait aux fonds d’archives, leplus grand nombre (presque la moitié) pro-viennent, comme de coutume, de personnesprivées; une dizaine ont été formés par desinstitutions/organisations officielles et unnombre équivalent constituent des collec-tions de documents. Par ailleurs, des fondsisolés émanent de structures militaires bel-ges, d’instances d’occupation allemandes,d’organisations non officielles et d’archivesétrangères. On remarquera en outre que l’ex-tension de la période couverte par le CEGESapparaît aussi de manière toujours plus évi-dente dans les collections d’archives.

    Quelques acquisitions méritent qu’on s’yarrête, en particulier parmi celles issues dela belle moisson des archives privées.

    De la famille, nous avons reçu l’autorisationde microfilmer une partie des archives dusecrétaire général des Affaires étrangèresFernand Van Langenhove. Ces documentsconsistent en des classeurs plus ou moinsstructurés par ordre chronologique, compre-nant des projets de mémoires et d’autrestravaux commencés après sa carrière; entreet au dos de ces pièces se trouvent des docu-ments d’époque. Tout cela jette un éclairageneuf sur l’environnement d’un haut diplo-

    mate et sur la politique étrangère belge àl’époque du second conflit mondial et dela guerre froide (mic 207 et AA 1691).

    De la veuve d’Edouard Pilaet, une desfigures majeures de la résistance lors de lalibération d’Anvers, nous avons reçu unedizaine de dossiers qui concernent aussi laproblématique d’après-guerre relative à cesujet (AA 1710).

    La veuve d’Alphonse Escrinier nous aoffert ses archives en rapport avec la ligned’évasion Eva et le secteur UZH du servicede renseignement et d’action clandestinPortemine/Zéro (AA 1742).

    Les documents Catherine Salomon,évoquant sa vie et celle de sa famille sousl’occupation, fournissent un témoignagepoignant sur l’antisémitisme et la persécu-tion des Juifs (AA 1738).

    Après nous avoir transmis ses archivesconcernant le Congo, Jean Van Lierde afait de même avec ses volumineuses archi-ves relatives au service civil, aux objecteursde conscience et au mouvement pour la paix(Confédération du Service civil de la Jeu-nesse, War Resisters International, Mouve-ment international de la Réconciliation). Lefonds est incontournable pour l’étude decette matière dans la Belgique d’après-guerre (AA 1726).

    Comme on le sait, depuis une période récen-te, le Centre accorde aussi son attention auxarchives personnelles en rapport avec la Pre-

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    V. Darchambeau, Cabinet du ministre des Colonies à l'Office américain du Commerce:la collaboration économique avec les Etats-Unis au Congo est primordiale pour lemonde libre. (CEGES, Archives Van Langenhove)

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    L'avantage de travailler dans les mines.(CEGES, Archives Arbeidsambt Lier)

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    mière Guerre mondiale. Ainsi, nous avonsacquis une partie des papiers du lieutenantde réserve Emile Vervloet concernant le 1er

    Grenadiers à l’Yser, sa visite de propagandeaux USA en 1919 avec le détachement belgeauprès du Liberty Loan Committee, et la viedes associations d’anciens combattants (AA1698). Des archives de la famille Audenaer-de-Vanderlinden sont parvenus à nouveaudes documents concernant entre autres ladétention comme prisonnier politique pen-dant la 1ère Guerre mondiale et la vie quoti-dienne dans l'entre-deux-guerres (AA 1713).

    Enfin, dans les plus petits fonds person-nels, sont surtout abordés les thèmes de

    la résistance et de la captivité de guerre.

    Qu’en est-il dans les autres groupes d’ar-chives ?

    Le dossier d’enquête du US War CrimesGroup, European Command fournit desprécisions pénibles sur la capture et l’assas-sinat de huit aviateurs américains par descollaborateurs et des Allemands près deChimay en avril 1944 (AA 1696) (groupeAutorités alliées).

    Notons une acquisition importante dans legroupe Institutions officielles: les archives1940-1944 de l’Office du Travail de Lier

    Rapport de renseignements: l'Union des Fraternelles de l'Armée de Terre et l'Ordre nouveau. (CEGES, Archives Sipo-SD, Bruxelles)

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    (une mise en dépôt des AGR). Les Officesdu Travail dépendaient de l’Office nationaldu Travail qui ressortissait du Ministèredu Travail et de la Prévoyance sociale(AA 1729).

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    sCitons encore des dépôts des AGR: unepartie des archives des Centrales de l’Ali-mentation et un fonds du ministère desAffaires économiques relatif aux produitscomestibles sous l’occupation (AA 1734).

    La Belgique envoie ses fils: remerciements au lieutenant Vervloet pourson action dans le succès du “Prêt de la Liberté” américain.

    (CEGES, Archives Vervloet)

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    Le groupe Organisations / Institutions d’in-térêt général s’est enrichi de l’importantfonds d’archives de l’Association des Cais-ses d’Allocations familiales, instructif surl’histoire de la naissance des allocationsfamiliales (AA 1716).

    Dans le groupe Militärbefehlshaber, ontrouve un curieux dossier de la Sipo-SD deBruxelles, consistant en des rapports politi-ques confidentiels concernant des personneset des organisations, probablement œuvre deLuis Mercader, délégué de la Phalange àBruxelles (AA 1688).

    Pour ce qui est du groupe Collections dedocuments, il convient de mentionner queles dossiers de correspondance entre le se-crétariat du CEGES et des témoins de mai1940 et de l’exode sont désormais consulta-bles; ceux-ci paraissent surtout intéressantspour l'éventuelle relecture des événementsaprès la guerre (AA 1711 et 1712).

    D’un tout autre ordre, est la petite maisprécieuse collection de documents d’AndréMoyen concernant l’anticommunisme enBelgique avant la guerre (AA 1728).

    Dans les séries d’archives étrangères, ontété acquis des comptes rendus sur la situa-tion dans le Nord / Pas-de-Calais en 1939-1940 en provenance de la Préfecture duNord, où il est aussi question de la Belgique(mic 118). Du plus haut intérêt sont les dos-siers personnels d’espions allemands etautres infiltrés en Grande-Bretagne, qui ontaussi été actifs en Belgique ou qui ont tran-sité par notre pays, dossiers confectionnéspar le MI5 et microfilmés pour nous par lePublic Record Office (mic 205). Il s’agit icide matériel secret récemment déclassifié.

    Par ailleurs, comme mentionné plus haut,241 journaux personnels et manuscrits ont,

    cette année, complété nos collections. Unetelle moisson s’explique, en grande partie,par l’acquisition, en septembre 2000, de latranscription de 185 témoignages orauxréunis par le Niçois Michel El Baze en 150‘récits de vie’ (AB 1754 à 1903). De 1981 à1995, cet ancien pied-noir d’origine juivemarqué par la Seconde Guerre mondiale etcelle d’Algérie, a en effet collecté les sou-venirs d’acteurs de ces conflits, mais ausside la Grande Guerre et de celle d’Indochine(voir évocation de l’entreprise et résumésdes textes en AB 1753). Les 17.806 pagesainsi rassemblées font surtout la part belle àla Seconde Guerre mondiale (165 témoinss’y réfèrent), mais on y trouve aussi 26évocations du premier conflit, 25 de laguerre d’Indochine et 15 de celle d’Algérie.Pour ce qui a trait à la guerre 1940-1945,l’accent est surtout mis sur la résistance (66cas), la captivité (27 cas), les évasions (21cas) et la déportation (18 cas). Presque tousfrançais, les témoins interrogés sont aussi,dans 83 % des cas, des militaires. Enfin,on ne s’étonnera pas que les événementsrelatés aient surtout trait au départementdes Alpes maritimes, et, dans une moindremesure, à la France coloniale, en particulierà l’Algérie.

    La collection des journaux personnels etmanuscrits a aussi bénéficié cette année del’apport de quelques dizaines de textes enprovenance de dossiers administratifs oude fonds d’archives. Cette intégration dedocuments parvenus le plus souvent auCentre dans les années 70 fausse évidem-ment les statistiques. Les préoccupations decette époque se retrouvent dans les thèmesabordés, qui concernent le plus souvent laSeconde Guerre mondiale : la campagnedes 18 jours vient en tête (13 cas ½), devantla résistance (13 cas), l’exode (11 cas), lesBelges en France (9 cas ½), la collaboration/

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    sépuration (8 cas ½), les prisonniers de guer-re (8 cas) et les Belges en Grande-Bretagne(7 cas). Malgré le poids toujours prépondé-rant de la dernière guerre, on note cependantavec satisfaction le nombre croissant dejournaux personnels qui ne concernent pascette période (11 cas). Un petit regret tout demême: que seuls quatre d’entre eux traitentde la Première Guerre mondiale. Avis doncaux généreux donateurs !

    Parmi ces divers documents, on attirerasurtout l’attention sur les mémoires du hautfonctionnaire au ministère des Affairesétrangères, Fernand Van Langenhove (AB1923-1925), qui couvrent de manière in-complète les années 1926-1980 et qu’il fautmettre en relation avec ses archives (voirplus haut). En dehors de ces mémoires, d’unvolumineux journal relatif à la vie quoti-dienne d’une Anversoise durant la PremièreGuerre mondiale (AB 1961) et d’une longuelettre fournissant des renseignements trèsprécis sur l’état d’esprit des Sarrois aumoment du rattachement de la Sarre àl’Allemagne (AB 1976), les manuscrits ànotre avis les plus dignes d’intérêt, se rap-portent tous à la Seconde Guerre mondiale.Citons pêle-mêle des extraits de notes prisespar Hubert Pierlot entre novembre 1939 etmai 1940 (AB 1944), un petit historique del’Office des Approvisionnements, 1939-1940 (AB 1942), le journal de mai 1940d’un membre de la Commission provincialedu Brabant de la protection des œuvres d’arten cas de guerre (AB 1965), des notes prisesen septembre 1940 lors d’une réunion ras-semblant diverses personnalités de la droiteautoritaire (AB 2002), un rapport de mai1941 du commissaire d’arrondissement,Pierre Derriks, relatif à l’état d’esprit dans leLimbourg (AB 1976), l’historique du réseau

    de renseignements Brave-Bravery (AB1932), les mémoires d’un agent de rensei-gnements passé au service de l’Abwehr(AB1921), le témoignage de la résistancesyndicale dans une entreprise anversoise, laMercantile Marine Engineering (AB 1952),l’histoire revisitée par son fils du procès dubourgmestre rexiste de Fleurus (AB 1941),et la réaction de Wim Geldof à l’ouvrage deLieven Saerens sur Anvers et ses Juifs (AB1978).

    En ce qui concerne le rayonnement denos fonds d’archives, il est naturellementagréable de pouvoir signaler qu’outre deschercheurs, des étudiants et des médias, lemonde de la politique a aussi, l’année écou-lée, fait amplement usage des documents duCEGES. Ainsi, les experts de la commissionparlementaire Lumumba ont accordé uneattention particulière aux archives EdouardPilaet relatives au Congo et à la fameuseopération “liquidation de Congo-meuble”(préparation d’un attentat contre Lumumba).La conférence de presse tenue à l’occasionde la remise de la seconde partie des archi-ves de Jean Van Lierde et de l’achèvementde l’inventaire de ses archives sur le Congo– la parution est prévue pour 2002 – a don-né une nouvelle fois l’occasion aux jour-nalistes d’interviewer Van Lierde sur sescontacts avec Lumumba.

    Enfin, il va de soi que l’opération visant àl’accès détaillé à nos fonds se poursuit etse reflète sur notre site internet. Une cher-cheuse temporaire a en outre été engagéepour accélérer l’introduction des listes etinventaires existants dans notre base dedonnées Pallas (à consulter via le siteinternet mentionné plus haut). Un atout deplus pour le service public scientifique.

    Dirk Martin & Fabrice Maerten

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    Nouveaux collègues

    Florence Degand (17.02.1977) est arrivée au Centre le 1er octobre 2001pour une durée d’un an en tant qu’attachée. Licenciée en Histoire etdiplômée en sciences du livre – section bibliothécaire de l’UCL, elle estchargée de l’intégration des listes et des inventaires d’archives dans Pallas,moteur de recherche du Centre sur internet.

    Frank Caestecker (29.06.1960), licencié en Histoire de l’Université deGand, prolonge son cursus universitaire en étudiant pendant plusieursannées à Varsovie, à Florence et aux Etats-Unis. En 1994, il défend avecsuccès sa thèse de doctorat qui a pour sujet “Alien Policy in Belgium,1830-1940. The Creation of Guest Workers, Refugees and IllegalAliens”. Son expérience professionnelle est variée. Il passe du Musée d’Artmoderne de Bruxelles au Haut Commissariat aux Réfugiés, de la VrijeUniversiteit Brussel au Vlaams Centrum Integratie Migranten Brussel,et par bien d’autres endroits encore. Auteur de nombreuses publicationsconcernant principalement les phénomènes de migration, il a rejoint leCEGES le 1er février 2002 pour un mandat de recherche de quatre ansportant sur “L’analyse de la politique belge d’expulsion (1875-1975) et,en particulier, sur l’influence des deux guerres mondiales sur lephénomène”.

    En mars 2001 a démarré un projetcommun à la Bibliothèque royale et auCEGES de copie de journaux et de revuessur microfilm. Cette opération poursuittrois buts. Le premier, la conservation: lesoriginaux, qui pendant et au lendemain dela guerre ont souvent été imprimés sur dupapier de qualité douteuse ne doivent plusêtre consultés, et donc ne courent plus lerisque d’être détériorés ou soumis à dé-gradation. Un deuxième avantage est legain de place: les originaux peuvent êtrerangés et stockés dans un moindre espace.Un troisième avantage est l’extension descollections. La Bibliothèque royale et le

    CEGES ont recours aux collections dupartenaire pour, dans la mesure du pos-sible, combler les vides dans les séries dechaque institution. En outre, des titres ontété échangés. Techniquement, les micro-films sont réalisés par la Bibliothèqueroyale. La bibliothèque du CEGES reçoitune copie de chaque film. A l’heure ac-tuelle, 37 titres ont été filmés. Les micro-films sont directement accessibles à larecherche via Pallas, de telle manière quele lecteur puisse retrouver titre et lieu deconservation via les terminaux de la sallede lecture ou via le site internet www.cegesoma.be, Catalogue gén.

    Dirk Luyten

    Microfilmage de journaux et de revues

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    Archives audiovisuellesPhotothèque: Acquisitions

    Le CEGES vient d’acheter une impor-tante collection privée composée en toutde 771 photos. Celle-ci provient d’unsoldat allemand qui a séjourné, de 1940 à1943, dans différents lieux de Belgique.Cette collection est pour deux raisons degrande valeur: d’une part, elle donne uneimage authentique – sans aucune intention

    Photos non datées

    Numéro de série Sujet Nombre de photos

    839/16/1 Alost 1 2 Blankenberge 19 3 Bruges 15 4 Gentbrugge 1

    5 Ledeberg 2 6 Melle 3 7 Overmere-Donk 3 8 Matériel de guerre belge capturé 7 9 Soldats allemands pendant la pause de midi 710 Transport des troupes par train 711 Réservoirs d’essence en feu 312 Distribution des distinctions 413 Vues et scènes de rue non localisées 3013/1 Cimetières et tombes 2313/2 Photos de soldats allemands 8513/3 Varia 27

    Photos datées

    A) 1940

    839/16/14 Deinze (27 décembre) 1 15 Termonde (23 septembre) 16 17 Gand. Exposition d’art (13 juillet) 2 18 Gand. La vie dans un quartier de soldats (le séminaire) (juill.-oct.) 13 19 Lokeren (7 octobre) 2

    B) 1941

    839/16/20 Bruxelles. Relève de la garde allemande devant le Palaisroyal de Laeken (10 avril) 3

    21 Bruxelles. Le port de Bruxelles (10 avril) 3 22 Bruxelles. Vues et scènes de rue (1941) 10

    de propagande – de la vie quotidienned’une unité militaire allemande dans notrepays, et, d’autre part, elle nous permet dedécouvrir à travers la mémoire visuelle etpersonnelle d’un simple soldat allemandce qui l’a profondément touché dans noscontrées.

    Ci-dessous l’inventaire de cette collection.

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    En juin 1940, une cantine, installée sur la petite place devant le théâtre municipal brugeois, attireun grand nombre de soldats allemands et de Brugeois affamés.(Collection CEGES)

    Dans lesenvirons deGand: deuxmilitairesallemandsadmirent, enmars 1941, lerudimentaire“abri public”.(CollectionCEGES)

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    s23 Bruxelles. Les Palais du Heysel (1941) 724 Bruxelles. Défilé de la Garde flamande (1941) 525 Bruxelles. Départ des troupes allemandes du Collège Saint-Michel

    (1941) 726 Bruxelles. Prisonniers militaires français dans l’école des Cadets de

    Laeken (1941) 127 Bruxelles. Officiers allemands dans l’école des Cadets de Laeken (1941) 227/1 Geel (?). Kermesse (25 août) 228 Gand. Vues et scènes de rue (mars-juin) 6529 Gand. Quartier de La Coupure (avril-juin) 630 Gand. Célébration du Führers Geburtstag (avril) 1031 Gand. Parc communal (mars-juin) ?32 Gand. La vie dans un quartier de soldats (le séminaire) (23 mai) 1533 Courtrai. Vues et scènes de rue (1941) 2634 Courtrai. Soldats allemands qui fêtent Noël (déc.) 1835 Lokeren (9-13 avril) 636 Oostakker (20 avril) 237 Canal Gand - Terneuzen (avril-mai) 838 Canal Gand-Bruges (13 avril) 639 Maisons le long de la route Anvers-Maria-ter-Heide (16 avril) 340 Arrêt le long d’un canal (24 mai) 541 Promenade le long de la Lys (24 mai) 342 Départs de soldats allemands (28 mai) 943 Idem (28 décembre) 12

    C) 1942

    839/16/44 Dinant. Vues et scènes de rue (février) 3145 Dinant. Troupes allemandes (février) 1746 Bivouac sur le Mont-de-l’Enclus (juillet) 4347 Knocke. Vues et scènes de rue (mars-avril) 1648 Knocke. Troupes allemandes (mars-avril) 849 Courtrai. Vues et scènes de rue (juillet) 650 Courtrai. Soldats allemands au repos dans le Soldatenheim (3 juillet) 1051 Roulers. Kermesse (juillet) 352 Roulers. Vues et scènes de rue (juillet) 653 Roulers. Le long du canal (juillet) 554 Rumbeke (juin) 1355 Soldats allemands et épluchage de pommes de terre (10 mai) 356 Départ le long d’un canal (13 mai) 557 Démission du Hauptmann Janson (28 mai) 1258 Fêtes de Noël 4

    D) 1943

    839/16/59 Soldats allemands avec du muguet (17 avril) 360 Soldats allemands dans un camp sous tentes (8 juillet) 2761 Soldats allemands en marche (23 juillet) 662 Inspection des armes (août) 1263 Sur la Lys 2

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    Nous remercions vivement le chevalierRaynier van Outryve d’Ydewalle, deBeernem, pour son aimable prêt dequarante photos exceptionnelles surLéon Degrelle et le rexisme dans lesannées trente. Ces documents photo-graphiques ont été scannés et pourrontdésormais être visualisés sur notre site

    Internet (www.cegesoma.be, Cataloguegén.).

    Nous avons également reçu des photosintéressantes sur la 1ère Guerre mondiale,de Jacques Drouart et Emmanuel De-bruyne, et sur le Groupe G (secteur Ath),de Fabrice Maerten.

    Frans Selleslagh

    Durant l'été 1942, civils endimanchés et Allemands en uniforme impeccable se promènentle long des attractions foraines à Roeselaere.(Collection CEGES)

    Mandat de recherche reconduit

    Bénédicte Rochet a entamé sa troisième année de rechercheau CEGES sur “L’Administration belge de 1940 à 1945:

    refuge et berceau de modernisation ?”.

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    Au cours de l’année écoulée, la biblio-thèque a pu procéder à l’achat de 916ouvrages récents, le présent dénombre-ment ayant été arrêté à la date du 1er

    décembre 2001.

    Faut-il le dire, les études ayant directe-ment trait au second conflit mondial sontà présent devenues minoritaires: elles neconcernent plus ‘que’ 326 titres, mêmesi différents travaux peuvent encore serattacher plus ou moins à cette époque del’histoire, qu’il s’agisse du franquisme etde la guerre d’Espagne, du Komintern oudes extrêmes droites européennes. Il fautnoter que dans cet ensemble, la part destravaux en provenance d’outre-Rhin, asubi une hausse sensible. Nous avonsen effet accordé une attention toute par-ticulière aux dernières productions del’historiographie allemande concernantla violence sociétale en général et la cri-minalité de guerre en particulier. Est-il

    Bibliothèque

    Evolution des collections:

    besoin de préciser que cet intérêt n’estpas le fruit du hasard: il a été stimulépar la présence en nos murs d’une équipede jeunes chercheurs qui s’attachent àréévaluer l’impact des conflits sur lasociété civile au niveau de leurs retom-bées (dites) périphériques (délits de droitcommun, prostitution, violences politi-ques, etc...).

    Pour le reste, si nous n’avons plus eu labonne fortune d’intégrer dans nos col-lections des ensembles livresques aussimassifs que naguère – hormis les piècesencore récoltées dans la bibliothèquepersonnelle de Jean Van Lierde – notreéquipe s’est trouvée heureusement com-plétée par l’arrivée de Max Adelsdorfer,engagé pour un contrat d’un an commedocumentaliste. Il a réussi en peu detemps à fournir une aide appréciable àHilde Keppens pour la numérotation et leclassement des livres en question.

    Alain Colignon

    Chantal Kesteloot et Dirk Luyten,tous deux chercheurs au CEGES, ont été promus

    au rang de premier assistant.

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    Depuis l’apparition du capitalisme, lelibéralisme économique était de mise,seuls les jeux de l’offre et de la demandedéterminaient les facteurs économiques etl’Etat ne s’en préoccupait guère. Mais lesdonnées du jeu vont se modifier fin desannées 20, début des années 30. La criseéconomique qui déstabilise le monde etles nombreuses revendications socialespoussent l’Etat belge à redéfinir son rôlevis-à-vis de la société et à se convertir enun Etat interventionniste. Cette interven-tion grandissante implique non seulementune expansion de l’administration, auniveau des services et du personnel, maisaussi une nouvelle conception de sa poli-tique et de ses méthodes. Partant, des or-ganismes de concertation entre travailleurset employeurs sont inaugurés sous l’égidede l’administration. Mais ce n’est encorequ’une première approche aux résultatspeu concrets, cette concertation n’étantpas officiellement institutionnalisée. L’ob-jet de la recherche, élaborée sous les aus-pices du CEGES et des SSTC depuis octo-bre 1999, est de déterminer l’impact de la2ème Guerre mondiale dans cette mouvan-ce dirigiste de l’Etat, dans la modernisationde la pratique administrative et la mise enplace de l’organisation économique etsociale de l’après-guerre. Il ne s’agit pasd’aborder les politiques ou les systèmeséconomiques et sociaux de la guerre et del’après-guerre mais plutôt d’analyser l’éla-boration et la gestion de ces politiques parl’administration centrale.

    L’occupation allemande amène la suppres-sion des instances de concertation entreemployeurs et travailleurs. Dorénavant,les conditions de travail, les salaires, lesprix, l’organisation industrielle,… sontgérés par l’Etat, plus exactement par desservices administratifs d’ordre nouveau.Le paysage administratif se modifie: uneénorme bureaucratie supplémentaire semet en place et les nouvelles recrues amè-nent avec elles des conceptions socio-économiques modernes. Celles-ci donnentlieu à de nombreuses réflexions et étudessur les politiques étatiques à adopter ausein des services d’étude des départementsmais aussi dans les réseaux d’études extra-ministériels, dans les milieux industriels etacadémiques. L’administration belge veutrenforcer la coordination et la planificationde la politique gouvernementale: obtenirUNE seule politique afin d’éviter les con-flits de compétences, les directives qui secontredisent. L’unification et la simplifica-tion des lois, des règlements et des métho-des administratives doivent faciliter la ges-tion et le contrôle de cette politique. L’ad-ministration a besoin de développer sa po-litique sur des bases scientifiques précises,imprégnées des nouvelles théories écono-miques et sociales. Elle doit recruter unpersonnel qualifié et faire appel aux inter-ventions extérieures comme les Universi-tés qui ont une influence déterminante.

    Elaborer la politique est une chose, encorefaut-il l’appliquer et veiller au respect de

    L’administration belge de1940 à 1945

    “Refuge et berceau de modernisation ?”

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    son exécution par la société belge. Cetteétude se concentre sur la politique desprix et salaires, deux éléments détermi-nants dans la vie quotidienne de la popu-lation qui mobilisent de tout temps la so-ciété. Souvent étudié au niveau des chif-fres (cfr P. Scholliers), le problème de lafixation des prix et salaires et de leurapplication n’a pas encore fait l’objetd’une étude approfondie. Cette politiqueest intéressante car elle implique plusieursinstances administratives, surtout durant laSeconde Guerre: Ministère des Affaireséconomiques, Ministère du Travail et dela Prévoyance sociale, Ministère desFinances et Ministère de l’Intérieur. Cettemultitude de services compétents rendlaborieuse la tâche de l’élaboration, del’exécution et du contrôle de la politique.Les conflits de compétences sont légionentre les services, une Militärverwaltunginterventionniste et un monde patronalimbu de sa puissance retrouvée. Les théo-ries et politiques diverses foisonnent et lessanctions pour non-application du règle-ment envahissent les cours et tribunaux.

    L’administration de la guerre vit d’unepart dans un contexte particulier lié auxcirconstances du conflit qui supposentl’adaptation aux contraintes, l’arrivée denouvelles têtes. Mais, d’autre part, ellen’est pas en totale rupture avec son passéet l’évolution qui s’est ébauchée dans les

    années 30. Le rôle d’intervention qui luia été assigné dans ses rapports avec lasociété est poursuivi de manière accrue.En 1940, l’absence de contrôle du légis-latif et l’existence d’un exécutif dont lessommets, les Secrétaires généraux, sontrestreints dans leurs prérogatives par laMilitärverwaltung et par l’applicationd’une politique du moindre mal, entraî-nent les services à se libérer des entravesde la hiérarchie. Ceux-ci sont cependantlimités par les rouages de contrôle quel’administration s’est imposée: le contrôlebudgétaire du Ministère des Finances ausein de l’exécutif, par l’intermédiairenotamment des inspecteurs des Finances,est un véritable instrument de pressionface aux nouvelles politiques. Le tout estde déterminer dans quelle mesure cetteprise d’autonomie des services a eu lieu etsurtout d’évaluer quelles traces celle-ci alaissées après le conflit. En 1944, lesinstances officielles reprennent leur place,il est nécessaire de remettre de l’ordredans l’administration: choix des hommes,choix des services et organismes. Il fautréorganiser le tout dans une perspective derationalisation qui permette la reprise enmain rapide d’un monde socio-économi-que qui inévitablement a changé. L’Etat nepeut plus être autre chose qu’un WelfareState, ce qui implique une politique coor-donnée, planifiée mais aussi déléguée à denouvelles instances.

    Bénédicte Rochet

    Le Comité international d’Histoire de la Deuxième Guerremondiale bénéficie d’un site Internet hébergé par le site del’Institut d’Histoire du Temps présent (Paris): www.ihtp.cnrs.fr

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    Voici un peu plus d’un an que le projet‘Service de renseignements’ a débuté.Au-delà de l’histoire événementielle etorganisationnelle de ces services, l’accentest mis sur la recherche du tissu social àl’origine des ces différents services. Quisont les agents ? De quel milieu socio-économique sont-ils originaires ? Dansquelle mesure ce milieu influence-t-illeurs activités ? La question de la repro-duction d’une certaine hiérarchie socialeau sein de celle du réseau, principalementpar le biais du recrutement, est elle aussiposée. Les cadres traditionnels, économi-ques, politiques, culturels ou spirituels,seront-ils ceux des réseaux ? Et quellesera la place de la femme, ou celle desjeunes gens ? L’engagement de ces per-sonnes est motivé par la défense d’uncertain nombre de valeurs. Retrouve-t-onune certaine ‘pilarisation’ dans le recrute-ment des différents services, ou le patrio-tisme suffit-il à rassembler sans distinctionl’ensemble des agents ? A son tour, cepatriotisme est-il concurrencé par d’autresvaleurs, comme l’anti-fascisme ?

    Services de renseignementsbelges, 1940-1945

    Pour répondre à ces questions et à biend’autres encore, nous avons notamment ànotre disposition un grand nombre defonds d’archives, personnels ou issus desorganisations résistantes. Mais la plus ri-che documentation provient très probable-ment des dossiers de liquidation des Ser-vices de Renseignements et d’Action et deleurs agents, déposés au CEGES par laSûreté de l’Etat. Nous constituons actuel-lement une importante banque de donnéessur base d’un large échantillon (20 %) desdossiers personnels de cette collection.Celle-ci permettra une approche quantita-tive solide du phénomène, qui ne prendratoutefois sa pleine mesure que combinéeaux apports plus qualitatifs des autressources que nous exploitons. Parmi cesdernières, il importe de mentionner lessources orales ainsi que de nombreuxjournaux personnels.

    Une première esquisse de cette approchesociétale des services de renseignementsest récemment parue dans le n° 9 desCHTP sous le titre “Services de rensei-

    gnements et société: lecas du réseau Tégal,1940-1944”.

    Emmanuel Debruyne

    Service Beagle [1944 ?].A l'extrême droite, AlbertToussaint, chef du service.(Coll. CEGES)

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    La politique diamantaireallemande pendant la Seconde

    Guerre mondialeLa politique diamantaire allemandefut inspirée en grande mesure par uneimportante pénurie en diamants quirégnait dans l’industrie de guerre duReich. Le diamant est la matière pre-mière naturelle la plus dure qui soit.Dans ses catégories de moindre qualité,le diamant est donc particulièrementpropice au polissage ou au forage dansles industries stratégiques de précisionet d’armements. Il existe donc, à côtédu commerce de diamants de luxe, unmarché pour le diamant industriel qui,grâce à son importance stratégiquegrandissante, connut un essort remar-quable pendant la Seconde Guerre. Lapénurie de diamants en Allemagnenazie concernait en premier lieu ce typede diamant. Il va de soi que les alliés,eux aussi, et surtout les Etats-Unis, déve-loppèrent un appétit grandissant pour ceproduit.

    Dans ce cadre, l’étude de l’industriediamantaire belge en temps de guerrese révèle particulièrement intéressantequand l’on prend en compte le fait quela première société d’extractiondiamantifère au monde, la Sociétéinternationale forestière et minière duCongo (Forminière), opérait justement

    au Congo belge et que son actionnaireprincipal était l’Etat belge. La distribu-tion de diamants bruts à usage industrielproduits par la Forminière, était priseen charge par le cartel monopoliste dudiamant sous la tutelle de la sociétéDe Beers d’Afrique du Sud. Pour éviterque ce produit stratégique ne tombe auxmains des pays de l’Axe, sa distributionfut soumise au contrôle du gouvernementbritannique. Il apparaît ainsi de plus enplus clairement que le gouvernementbelge en exil à Londres, en sa qualitéd’actionnaire principal du plus grandfournisseur de diamants industrielsd’une importance capitale sur le planstratégique, ne perdait pas de vuel’imminente libération du territoirenational, et se trouvait de ce fait dansune position idéale pour défendre lesintérêts de l’industrie diamantaireanversoise.

    Pendant ce temps, les institutionsd’Ordre nouveau instaurées à Anverstentaient désespérément d’endiguer ladécrépitude du secteur en freinant dansla mesure du possible le pillage allemanddes réserves diamantaires et la déporta-tion des ouvriers spécialisés vers leReich.

    Eric Laureys

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    Avec le livre récent de Sophie deSchaepdrijver (De Groote Oorlog.Het koninkrijk België tijdens de EersteWereldoorlog), la Première Guerremondiale est revenue au centre del’intérêt des historiens belges. Lerenouveau historiographique de cettepériode a été lancé il y a une une bonnedizaine d’années par la création du Centrede Recherche de l’Historial de la GrandeGuerre. Par son approche internationale(historiens allemands, anglais et français),il a réussi à créer un courant européen quitente de présenter une histoire sociale etculturelle de 14-18 écrite en oppositionà l’histoire militaire classique qui domi-nait jusque peu l’historiographie de laPremière Guerre mondiale. La rechercheréalisée dans le cadre du projet ‘Violence,criminalité et guerres: une approchecomparée des deux conflits mondiaux’financé par les SSTC est fortementinfluencée par ce nouveau courant.Néanmoins nous avons tenu à intégrerégalement la Seconde Guerre mondialedans ce projet.

    La comparaison explicite entre les deuxconflits permettra d’une part de constaterles continuités dans les préoccupationsde l’occupant, dans les réactions del’administration et dans la mise en placed’un système mixte de surveillance. Etd’autre part, elle permettra d’identifierles différences entre les deux conflits

    qui tiennent à la radicalisation du régimed’occupation allemand, aux change-ments intervenus dans la société belgedans l’entre-deux-guerres et à l’évolu-tion des corps chargés du maintien del’ordre.

    Pendant la Première Guerre mondiale,les autorités allemandes semblentconstituer un bloc assez uniforme(même si les études sur le fonctionne-ment de l’occupation à l’arrière du frontsont encore peu nombreuses). A côté dela police militaire qui intervient chaquefois que des soldats sont impliqués, lesautorités militaires créent, en 1915,une police des mœurs pour contrôlerla prostitution. Du côté de l’Etat belge,les autorités nationales se sont réfugiéesau Havre; l’administration provincialetourne au ralenti; seules les communesassurent une continuité de l’Etat belgedans le quotidien. Dès août 14, lesautorités communales de la Ville deBruxelles assument un rôle de repré-sentation régionale et nationale (cfr lapersonnalité d’Adolphe Max, l’impor-tance de Bruxelles pour la création duComité central qui s’appellera ensuiteComité national). Pendant la guerre,seul le Comité national, qui aspired’une certaine manière à devenir ungouvernement officieux, contesterason autorité. Parmi les quatre vecteurstraditionnels du maintien de l’ordre, la

    Le maintien de l'ordre àBruxelles pendant les deux

    guerres mondiales En c

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    police communale est la seule à subsis-ter en territoire occupé. Son histoireest “un terrain d’étude quasi vierge” 1,même si on dispose pour Bruxellesd’études sur l’avant-14. A la veille dela guerre, la police communale deBruxelles est une institution bien établiequi arrive à exercer un contrôle étroitdu territoire. Elle est probablement laplus puissante en Belgique. L’arméeet la gendarmerie sont retranchéesderrière l’Yser et la garde civique estdissolue. Les autorités communalesbruxelloises créent cependant de nou-velles unités pour seconder la policecommunale, à savoir la garde bour-geoise et la garde ouvrière. Le corpsdes pompiers est également intégrédans des tâches de surveillance.

    Durant la Seconde Guerre mondiale,le nombre des acteurs est beaucoupplus important à tous les niveaux. Certesle Militärbefehlshaber est théorique-ment seul maître à bord et dispose avecla Feldgendarmerie, la Geheime Feld-polizei et l’Abwehr de trois corps de

    police pour assurer l’ordre. Mais ilne restera pas seul. Très rapidementd’autres institutions allemandes commele NSDAP, la Sipo-SD ou les SS semanifestent en Belgique et exigent uneparticipation au maintien de l’ordre.Au niveau étatique belge, une sorte degouvernement national subsiste avec laprésence des Secrétaires généraux quideviennent une courroie de transmissiondes ordres allemands. De plus, lesautorités provinciales et communalescontinuent également de fonctionner.Cette politique de présence se traduitsur le plan policier par la continuité.Contrairement à la Première Guerremondiale, un quatrième acteur apparaîten 1940-1944: les mouvements de colla-boration et de résistance. Pendant laguerre, les mouvements de collaborationvont créer des milices privées, boule-versant l’équilibre entre les forces del’ordre belges et allemandes. Si la résis-tance devient par son action armée unfacteur de ‘désordre’, son aspiration àun rôle actif dans le maintien de l’ordreintervient à la fin de la guerre.

    Benoît Majerus

    1 Lode VAN OUTRIVE, Yves CARTUYVELS & Paul PONSAERS, Les polices en Belgique. Histoire socio-politique du système policier de 1794 à nos jours, Bruxelles, 1991, p. 107.

    Date à retenir !

    Les 28 et 29 novembre 2002, le CEGES organise un colloqueinternational sur le thème de “Guerre et économie”.

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    Sous l’influence du développement d’unesérie de phénomènes au sein de la société,l’intérêt scientifique pour le problème dela violence s’est accru de façon énormedans le courant des années 90. Le termeviolence devient également peu à peu unenotion centrale dans l’historiographie.Dans le débat historique se dessinent deuxtendances apparement opposées. Le pointde cristallisation du débat est le classe-ment des expériences de violence extrê-mes pendant les deux guerres mondiales.

    Un premier groupe est issu de la théoriede la civilisation du sociologue allemandNorbert Elias 1. Elias part de l’idée qu’onassiste à une diminution progressive del’utilisation de la violence physique de-puis l’époque moderne. Il attribue ce phé-nomène à un développement du Zwangzum Selbstzwang, qui trouve son originedans une différenciation croissante dutravail (et dans la prolongation des chaî-nes d’interdépendance qui y sont liées) etdans la naissance de l’état moderne (mo-nopole de la violence). Dans plusieurspays d’Europe de l’Ouest, des études,basées sur le long terme, semblent étayerquantitativement les théories d’Elias. Laplupart d’entre elles accordent peu d’at-

    tention à la guerre, considérée comme unfacteur à court terme, quoi qu’un éminent“éliasien” comme Abram de Swaan penseque des explosions de violence pendantdes périodes de guerre pourraient parfai-tement s’intégrer dans la théorie de lacivilisation.

    On trouve un tout autre son de clochechez les chercheurs de l’Historial de laGrande Guerre à Péronne. Annette Bec-ker et Stéphane Audouin-Rouzeau consi-dèrent la notion de ‘violence’ comme undes concepts essentiels pour une bonnecompréhension de la Première Guerremondiale. Tous deux accordent une gran-de valeur au concept de ‘brutalisation’,développé par George Mosse. SuivantMosse la vie politique allemande pendantl’entre-deux-guerres est devenue plusbrutale suite aux expériences de violencependant la première guerre, notamment aufront 2. Becker et Rouzeau appliquent leconcept à toutes les sociétés européen-nes 3. Par la description qu’ils donnent desdiverses formes de violence (thick de-scription), ils s’opposent à un discourshistorique “sans émotion” sur la guerre.Leur point de vue s’inscrit totalement dansl’histoire culturelle.

    Civilisation ou brutalisation ?La population belge et les deux

    guerres mondiales

    1 N. ELIAS, Über den Prozess der Zivilisation. Sociogenetische und psychogenetische Untersuchun-gen, Bâle, 1939.

    2 G. MOSSE, Fallen Soldiers. Reshaping the Memory of World Wars, Londres, 1990.3 S. AUDOIN-ROUZEAU & A. BECKER, 14-18 retrouver la Guerre, Paris, 2000, p. 48-49.

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    L’objectif de cette étude est d’estimerl’impact de l’expérience de la guerre surla société belge du point de vue de laviolence. La recherche doit se positionnerface au dilemme brutalisation-procès decivilisation. Les deux thèses doivent êtreconfrontées avec des sources concrètes,sans tomber dans une vision téléologique.Naturellement, la recherche ne doit pasrestée limitée à une éventuelle augmenta-tion ou diminution de la violence. Uneanalyse qualitative est également néces-saire. D’un point de vue historique, lesapproches sociologiques et anthropologi-ques de la violence sont les plus utilisa-bles. Concrètement, la recherche est cir-conscrite à un espace géographique relati-

    vement limité. Cette limite est nécessaire,car sans connaissance détaillée des cir-constances, les violences peuvent semblervides de sens et incompréhensibles.

    Un premier aperçu a été donné par lacollecte des statistiques de causes dedécès non publiées par l’INS. Ces don-nées permettent d’esquisser de manièredifférenciée l’évolution à long terme deshomicides (modèles régionaux, armes ducrime, sexe des victimes,…). Pour unebonne interprétation de ces données, ellesont été confrontées avec d’autres sourcesstatistiques. L’objectif final est d’aboutirpour la période 1900-1960 à une analyseétoffée des homicides.

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    Europe in Exile. European Exile Communities in Britain 1940-1945, éditépar Martin CONWAY & José GOTOVITCH, Oxford, Berghahn Books, 2001, 288 p.

    Durant la Seconde Guerre mondiale, Londres fut transformée en ville européenne.Petit à petit, elle devint, de façon inattendue, un endroit de refuge pour des milliersd’Européens, qui par choix ou poussés par les événements gagnèrent la Grande-Bretagne,fuyant les campagnes militaires menées sur lecontinent européen. Soldats, Premiers ministres,monarques, bureaucrates, femmes et enfants,tous furent confrontés aux incertitudes et auxpérils d’une existence au sein d’une culturequi ne leur était pas familière. Ce phénomène‘d’exil européen’ en Grande-Bretagne a jus-qu’ici été négligé par la recherche historiqueconsacrée à la Seconde Guerre mondiale. Danscet ouvrage novateur, une équipe internatio-nale d’historiens s’est penchée sur les groupesd’exilés issus de Belgique, de France, des Pays-Bas, de Pologne, de Norvège et de Tchécoslo-vaquie.

    L’ouvrage est en vente chez Berghahn Books Ltd., 3

    Newtec Place, Magdalen Rd., Oxford, OX4 1RE; tél.:+44(0)1865 250011, fax: +44(0)1865 250056,courrier: [email protected]

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    Du 10 au 14 mai 2000, l’association“Arkheia. Histoire. Mémoire du 20e

    siècle” et la ville de Montauban (Tarn-et-Garonne) ont organisé un colloqueintitulé “La France du repli: les réfugiésdans le Midi,1940” 1 avec une quaran-taine d’intervenants français et étrangers(voir Bulletin du CEGES ’30-’50, n°35,p.35-36). L’objectif du colloque étaitd’analyser l’exode des populations belges,françaises, espagnoles et autres dans leSud-Ouest de la France. Ces journéesont révélé la prédominance des réfugiésbelges dans la région au début du secondconflit mondial. L’accent fut égalementmis sur les nombreuses initiatives d’aideet de secours prises tant par les admi-nistrations locales françaises que par lesBelges eux-mêmes. Plus particulière-ment, un témoignage a rapporté le replide l’administration communale de laVille de Charleroi, conduite par AlfredMichotte, alors secrétaire communal,dans la ville de Montauban en mai 1940.Ce groupe de mandataires et de nombreuxcivils carolorégiens avaient fait ce longpériple dans les camions de pompiers etles bennes à ordures.

    Cette anedocte fut confirmée et étofféelors du Salon “Vacances Loisirs” à Char-leroi. Au grand étonnement du personnelde l’Office du tourisme du Tarn-et-Garon-ne, présent au Salon, des Carolorégienss’adressèrent à ce stand pour évoquer leurexil dans le Sud-Ouest et les bonssouvenirs qu’ils avaient gardés de larégion et de ses habitants.

    Le colloque et les divers témoignagesont conduit la Ville de Charleroi et leConseil général du Tarn-et-Garonne àprendre contact afin d’étayer ces souve-nirs d’un temps oublié.

    Par le biais de Max Lagarrigue, histo-rien et organisateur du colloque, et dePaul Rousseau, directeur adjoint à l’ani-mation urbaine-loisirs de Charleroi, unprojet a été mis sur pied. L’idée était deretrouver des ‘exodés’ carolorégiens des-cendus dans le Tarn-et-Garonne à partir demai 1940, de recueillir leurs témoignageset par la suite de les remettre en contactavec leur famille d’accueil de 1940, ouavec les descendants de celle-ci, grâce àun voyage dans le Tarn-et-Garonne dansle courant du mois de mai 2002.

    Un appel à témoins dans la presse localea permis de recueillir une cinquantaine denoms et adresses d’enfants et/ou de pa-rents, originaires de Charleroi, partis endirection du Sud-Ouest lors de l’invasionallemande. Un premier contact a eu lieuau Château de Monceau-sur-Sambre, le 19octobre 2001. La journée, organisée par laVille de Charleroi, a donné aux témoinsnon seulement l’occasion de se rencontrermais également de relater brièvementleurs souvenirs. Cette rencontre fut fruc-tueuse tant du point de vue des données etdes documents apportés que sur les plansrelationnel et émotionnel; plusieurs per-sonnes parties ensemble en exode se sontretrouvées plus de 60 ans après.

    Exode des Carolorégiens vers leTarn-et-Garonne en mai 1940

    Un travail de mémoire et une occasion de retrouvailles…

    1 Les Actes du colloque sont publiés dans 1940, la France du repli. L’Europe de la défaite,Toulouse, Editions Privat, 2001, 384 p.

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    s Le CEGES a été invité à participer àce projet pour y apporter un soutienscientifique: contextualisation de laSeconde Guerre mondiale et plusspécifiquement de l’exode, apport dedocuments et mise au point sur lestechniques d’interviews à caractèrehistorique.

    L’objectif final est de réaliser une vidéoretraçant l’exode des Carolorégiens sur lesroutes de France à partir des interviews fil-mées, ainsi qu’une publication. Les enquê-tes auprès des témoins vont être menéespar deux étudiants en communication del’IPSMA-Charleroi en partenariat avecl’Atelier-Vidéo 3e Age de Charleroi.

    Bénédicte Rochet

    Les Chemins de la MémoireInitié par le Mémorial de Caen, ce projetréunit six partenaires européens – Haus derGeschichte der Bundesrepublik Deutsch-land, Allemagne; CEGES, Belgique; MuseoGernika, Espagne; Mémorial de Caen, Fran-ce; Istituto beni artistici, culturali e natura-li, Italie; D-Day Museum, Royaume-Uni –qui se proposent de baliser ensemble les‘Chemins de la Mémoire’ des deux conflitsmondiaux et de la guerre civile espagnole.Dans l’air du temps, ce projet, peaufinélors de réunions préparatoires à Bruxelles(mars 2001) et à Paris (septembre 2001),a obtenu l’aval de la Commissioneuropéenne, qui intervient, de manièresubstantielle, dans son financement.

    A terme (octobre 2002), le projet doitdéboucher sur l’élaboration d’un siteinternet accessible dans les langues des6 pays partenaires. Celui-ci offrira unesélection raisonnée (non exhaustive) delieux de mémoire, liés aux deux conflitsmondiaux et à la guerre civile espagnole.Exclusivement situés sur le territoirenational, les lieux retenus sont regroupésen thèmes communs, arrêtés de concertpar les différents partenaires. Ces thèmessont ensuite déclinés en sujets laissés à lalibre appréciation des institutions partici-pantes. L’ensemble devrait s’articuler demanière cohérente en vue d’illustrer un

    récit général des conflits, principalementdestiné au grand public et aux établisse-ments scolaires.

    Chaque lieu sera présenté à l’aide d’unefiche qui se composera d’une noticehistorique et d’une notice touristique,destinée à promouvoir un tourisme demémoire (musées, mémoriaux, cimetières,etc.). Elle sera, de préférence, agrémentéed’illustrations d’époque, et renverra versd’autres sites internet pertinents.

    En dehors des réunions de concertation(Caen, oct. 2001 et Bologne, nov. 2001),la mise en commun du travail s’opère àl’aide de l’extranet. Cet outil, conçu surmesure pour répondre aux besoins despartenaires, leur permet d’échanger desinformations, de participer à des forumsde discussion en ligne et d’alimenter unebanque de données commune, qui consti-tuera le fondement du site internet. Lefrançais en est la langue véhiculaire.

    A ce stade, une centaine de lieux de mé-moire ont été sélectionnés en Belgique.Répartis sur l’ensemble du territoire, ilsévoquent les principales étapes et problé-matiques des 1e et 2de Guerres mondiales.La rédaction des notices a aujourd’huicommencé: elle devrait se poursuivre delongues semaines encore.

    Anne Godfroid

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    Pour saluer la parution du dernier volumede la série “Jours de Guerre”, Dexia et leCEGES ont organisé le 3 décembre 2001,

    à l’auditorium de Ligne, une après-midide réflexion et de bilan. Près de 250personnes y ont assisté, signe de la vitalitéde la collection et de l’intérêt qu’elle asuscité. Entamée en 1989, la série compteà présent 24 volumes, soit une véritableencyclopédie de 4.000 pages (et plus de2.000 photos) consacrées à la SecondeGuerre mondiale en Belgique.

    Initialement, la publication devait accom-pagner la série télévisée mais il est rapi-dement apparu qu’une publication écritedevait également offrir des articles desynthèse et donc aller au-delà des évoca-tions, des témoignages et des analysestélévisées. Aujourd’hui, l’ensemble

    unique contient à la fois des articles devulgarisation, des synthèses de recherchesantérieures mais aussi des contributionsoriginales qui n’ont fait l’objet d’aucuneautre publication. La dernière livraison,“Jours de Paix”, contient des articles surles enjeux politiques de la libération, surla répression des collaborations, sur leretour des prisonniers, sur les rapportsentre la Belgique et les alliés. L’ensembleest complété d’une orientation bibliogra-phique sur la Seconde Guerre mondialeen Belgique et d’un index des noms citésdans l’ensemble de la série. Un numérodont la sortie se devait d’être épinglée.

    Trois thèmes ont été abordés au cours decet après-midi présidé par José Gotovitch.Renaud Gahide (Dexia) a exposé ladémarche qui a amené l’une des princi-pales banques belges – à l’époque, encorele Crédit communal – à se lancer dans pa-reille aventure éditoriale. Outre le rappeldes faits, l’orateur avait également réservéquelques surprises à l’assistance: en l’oc-currence, le projet de réédition de l’ensem-ble – aujourd’hui épuisé – sous forme de e-book et surtout la préparation, sur le mê-me support, d’une version néerlandaise.

    Francis Balace (Ulg), qui a dirigé lacollection, a évoqué la question de lavulgarisation en histoire et le public ciblépar la collection. Avec le talent oratoirequ’on lui connaît, il a retracé la genèsede la série tout en abordant la difficultéd’écriture d’une période de l’histoire siparticulière en termes d’engagements etd’enjeux de mémoire individuels et

    Même les bonnes choses ont une fin…Parution du dernier numéro de la série Jours de Guerre

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    s collectifs. Il a rappelé le rôle essentiel destémoignages dans l’élaboration de la sérietout en précisant que ces témoignagesseuls n’auraient pas permis la mise surpied d’une telle initiative.

    Enfin, Pieter Lagrou (IHTP-CNRS) areplacé l’initiative dans une perspectiveplus générale, comparant la série avec des

    initiatives du même ordre en France et auxPays-Bas, montrant que la Belgiquen’avait nullement à rougir de la démarchetout en regrettant la faiblesse de sa diffu-sion à l’étranger.

    La séance s’est clôturée par des échangesavec la salle, signe de l’intérêt persistantpour la période.

    Chantal Kesteloot

    Jeunesse et Société.Années 30 – Années 60

    Au printemps 2001, les Cahiers d’His-toire du Temps présent consacraient unnuméro spécial au thème “Jeunesse etsociété”. Cette numéro voulait à la foisoffrir un état de la question tout en servantde tremplin pour de nouvelles rechercheset en alimentant la discussion scientifique.C’est également cette double optique qui amotivé l’organisation par le CEGES, le 13décembre 2001, d’une journée d’étude por-tant sur les périodes plus spécifiques desannées trente et soixante. Ces deux pério-des constituent en effet des moments pri-vilégiés en termes d’engagement et d’en-thousiasme. La journée a été introduite parLouis Vos qui a envisagé la problématiquesous un angle théorique. Plusieurs aspectsont été développés: la différentiationsexuée, le phénomène générationnel et lesmodèles respectifs de socialisation, lepoids des facteurs objectifs et subjectifs,les stéréotypes associant jeunesse et pro-gressisme versus vieillesse etconservatisme.

    Qui sont ces jeunes qui se sont engagés etquel(s) type(s) d’engagement ont-ils privi-légié ? Tel était le questionnement de la

    première partie de la journée. Cette appro-che, plus traditionnelle, a exploré la thé-matique de l’engagement à travers lesdifférents courants politiques, de l’ex-trême droite (Francis Balace) à la mou-vance communiste (José Gotovitch) enpassant parles milieuxcatholiques(PaulWynants)et socialis-tes (AlainColignon).Quellessont lesvaleurs quiont nourril’engage-ment,quellessont lesspécificitésqui peuventêtre déga-gées etcommentse sont-

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    elles traduites ? Des éléments particulière-ment intéressants ont été épinglés tels lecaractère quasiment révolutionnaire desélites de la JOC à la fin des années 60,plutôt en rupture par rapport à une baseplus traditionnelle, ou encore l’importance

    du sentiment d’adhésion à travers l’unifor-me des Jeunes Gardes par exemple. Lerôle ou l’absence du père a également étéavancé pour expliquer certains types d’en-gagement. Si l’expérience de la PremièreGuerre à travers la figure du père paraîtavoir été un facteur déterminant pour lesjeunesses d’extrême droite, notons le rôlede formateur, de matrice des cadres com-munistes que représentait le passage parles écoles de Moscou.

    La seconde partie de la journée abordait,elle, la question sous un angle plus nova-teur : celui des jeunesses en délinquance,une question envisagée à la fois du pointde vue du législateur (Jenneke Chris-tiaens) mais aussi des acteurs et plus par-ticulièrement des jeunes filles (Margo DeKoster). Les notions de normes et de va-leurs sont essentielles pour comprendrel’attitude de parents qui ont recours àl’institution judiciaire comme “redresseurde torts”.

    L’émergence d’une culture, d’une mode,d’un engagement jeunes sont caractéris-tiques des sixties. Marc Hooghe a évoquéla mobilisation de la jeunesse et son enga-gement à travers ce que l’on a qualifié de

    nouveaux mouvements sociaux.

    Marnix Beyen a animé une table rondeautour des thèmes de la tradition et desdimensions générationnelles, de la jeu-nesse comme avant-garde et de lacréation de nouvelles sous-cultures.Enfin, Gita Deneckere et Rudi VanDoorslaer ont tiré les conclusions dela journée en insistant sur la nécessitéd’une contextualisation sociale, sur lerôle des facteurs de genre et de sexe etsur la diversité des approches compara-tives.

    Nous pouvons, d’ores et déjà, annoncerque les actes de cette journée serontpubliés dans le onzième numéro desCahiers d’Histoire du Temps présent duCentre.

    Chantal Kesteloot

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    C’est avec enthousiasme qu’AntoonVrints a tiré les conclusions de sonmémoire de licence consacré à l’activismeà Anvers au cours de la Première Guerremondiale. Considérée comme “La Mec-que” de l’activisme, la métropole abritaiten effet un noyau de flamingants offensifsmais combien étaient-ils et qui étaient-ils ? L’orateur a repéré quelque 1.700noms. Si l’on croise les diverses sourcesdisponibles, on en arrive à l’idée que 1 %de la population a été touchée par le phé-nomène. Parmi ce pourcentage se trou-vaient essentiellement des fonctionnaireset des employés et peu d’ouvriers dansl’ensemble. Ce sont évidemment lesmilieux confrontés à la francisation quise retrouvent les mieux représentés.

    C’est un curieux séminaire qu’est venuprésenter Alain Brose. Médiéviste deformation, il a réalisé un mémoire delicence sur le mythe de Charlemagne vupar les nazis. Sujet en apparence passion-nant: chaque régime politique n’est-il pasen quête de légitimation ? S’agissant deCharlemagne, la question est évidemmentintéressante: quelle vision du grand hom-me le régime nazi a-t-il cherché à promou-voir ? Quels sont les auteurs qui s’y sontintéressés ? Autant de questions dont nousespérions des tentatives de réponse. Notreattente n’a hélas pas été rencontrée: aucu-ne de ces questions n’a été véritablementdéveloppée et jamais la notion même dumythe n’a été véritablement abordée. Uneoccasion manquée.

    Ce sont les résultats de ses travaux derecherche menés dans le cadre du CEGESque Wolfgang Bregentzer a développés.L’exposition universelle de 1958 marqueun tournant essentiel dans l’histoire de laBelgique d’après 1945. La page de la guer-re est définitivement tournée: on véhicule

    l’image d’un monde de progrès. On metaussi en scène une Belgique sûre d’elle, nepercevant pas combien le sol va se dérobersous ses pieds à brève échéance (indépen-dance du Congo, grande grève de l’hiver1960-1961). L’exposition exalte enfin lanation dont pourtant le caractère unitaireva être de plus en plus mis à mal durantles sixties.

    Gerhard Hirschfeld, directeur de la Bi-bliothek für Zeitgeschichte, a focalisé sonexposé sur l’évolution de l’historiographieallemande. Il s’est centré sur la période dela Première Guerre mondiale, incontesta-blement la période qui, dans ces dix der-nières années, a connu les plus grands bou-leversements en Allemagne comme ail-leurs. Il a évoqué les nouveaux sujets maisaussi le renouvellement des perspectives.

    La séance de clôture du dernier séminaired’histoire contemporaine de l’UCL, a étél’occasion, pour le Centre, d’accueillirFabrice Virgili; il y a quelques annéesdéjà, celui-ci était venu nous entretenirde ses recherches alors balbutiantes. Onlui doit aujourd’hui une importante thèsede doctorat sur le thème des femmes ton-dues. Au cours de la séance, il a évoquéce phénomène particulier dont il a faitla géographie mais a également replacél’enjeu à travers d’autres conflits du XXesiècle, la Première Guerre mondiale et laGuerre d’Espagne notamment.

    Le 17 mai, Godfried Kwanten est venuprésenter les résultats de sa thèse de doc-torat consacrée à l’homme d’Etat, AugustDe Schrijver (1898-1991). Catholique issud’un milieu bourgeois francophone, l’hom-me n’en apparaît pas moins comme pro-flamand et sensible à la question sociale.Député à partir de 1928, un mandat qu’ila conservé jusqu’en 1965, il a exercé de

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    nombreuses responsabilités ministérielles.Il a également joué un rôle actif dans lafondation du PSC/CVP après-guerre. Lorsde son exposé, l’orateur s’est focalisé surle rôle joué par De Schrijver comme figu-re de consensus notamment dans la miseen œuvre de la législation linguistique desannées trente et dans la gestion du dossiercongolais en 1960.

    Durant l’entre-deux-guerres, la Belgique aaccueilli de nombreux réfugiés russes. Cesgroupes se distinguent évidemment trèsnettement du courant de gauche que consti-tuaient les Russes exilés avant 1914. Du-rant l’entre-deux-guerres, notre pays ser-vait d’ailleurs de quartier général effectifdes armées blanches en exil. Ce sont cesréfugiés qui ont été au cœur du séminairede Wim Coudenys (10 septembre). L’ora-teur, un des meilleurs spécialistes de cetteémigration, nous a éclairé sur quelques-uns de ses aspects, à commencer par l’im-portance des mythes dans l’histoire de cephénomène, comme celui relatif au profilsociologique de ces exilés. Il a relevé laprésence de nombreux militaires très en-gagés dans l’anticommunisme et a évoquéles rapports particuliers entre l’Eglisecatholique et ce milieu orthodoxe.

    En novembre, le CEGES a eu le plaisird’accueillir pour la première fois dans lecadre de ses séminaires, Michel Dumou-lin, professeur d’Histoire contemporaine àl’UCL et président de l’Institut d’Etudeseuropéennes, chaire Jean Monnet. A l’oc-casion de la parution, aux éditions Com-plexe, de l’ouvrage consacré à LéopoldIII, l’orateur s’est penché sur les stratessuccessives de l’analyse de la Questionroyale et de la personnalité du Roi. Il aabordé les formes littéraires de l’évocationcaractéristiques des années cinquante, cel-les télévisées des fameux “Télé-mémoires”avant d’aborder “le temps des historiens”.Selon l’orateur, ce temps a surtout pris sonenvol au début des années 1970, période

    au cours de laquelle les polémiques de-meuraient vives. Il constate combienaujourd’hui le sujet demeure populaire etsensible, et combien certains n’hésitenttoujours pas à faire montre d’une con-descendance persistante à la lecture destravaux historiques.

    Benoît Mihaïl (aspirant FNRS ULB) a ana-lysé, à l’aide de quelques séquences choi-sies, l’importance pour l’histoire du ciné-ma mais aussi en termes de sensibilitésnationales et morales de La kermesse hé-roïque. Lors de sa sortie, le film a suscitéde vives réactions dans le monde catholi-que et du côté flamand. Chahuts et mani-festations se sont déroulés dans diversesvilles flamandes. Pour rappel, ce film évo-que l’attitude des habitants de la ville deBoom à l’annonce de la venue de l’ambas-sadeur d’Espagne et de sa suite et durantleur séjour. Le film met en évidence lalâcheté des édiles communaux à laquelles’oppose la qualité de l’accueil des fem-mes de Boom.

    Au cours du dernier séminaire de l’année2001, Frank Seberechts a développé unaspect des recherches menées dans le cadrede sa thèse de doctorat soutenue à l’Uni-versité de Gand en juin dernier. Il a évoquéles relations économiques entre le portd’Anvers et l’Allemagne au lendemain dela Seconde Guerre mondiale. Cette problé-matique s’inscrit dans une perspectivebeaucoup plus large qui est celle de l’atti-tude à adopter à l’égard de l’Allemagneaprès 1945: faut-il l’isoler ou l’intégrerdans le champ des nations ? A cette ques-tion se greffe dans le contexte anversois,la question du redéploiement économiquedu port dans une période de concurrenceaccrue avec les ports néerlandais. Sanssurprise, ce sont donc somme toute desconsidérations économiques qui ont moti-vé une reprise rapide des contacts com-merciaux et la recréation d’une chambrede commerce allemande à Anvers.

    Chantal Kesteloot

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    Une “guerre totale” ?La Belgique dans la Première Guerre mondialeNouvelles tendances de la recherche scientifique

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    Colloque internationalorganisé par la section d’Histoire de l’ULB en collaboration avec le CEGES16-17 janvier 2003

    Au cours des dernières années, lesrecherches sur la Première Guerre mon-diale ont connu un développement rapidetant en Belgique qu’à l’étranger. Béné-ficiant de l’ouverture de nouveaux fonds,les chercheurs ont exploité des pistes quijusque-là n’avaient guère retenu l’atten-tion. Leurs travaux ont débouché sur unerelecture des différents aspects du conflit.Ils ont notamment permis de mieux me-surer l’impact de celui-ci sur la sociétébelge dans son ensemble en soulignant àquel point le conflit a touché profondé-ment toute l’organisation de la sociétécivile.

    Le colloque de janvier 2003 a pour objectifde faire le point sur ces nouvelles tendan-ces de la recherche historique en centrantplus particulièrement son approche surtrois thèmes: “les communautés nationales

    dans la tourmente”, “guerre et intimité” et“le monde culturel, artistique et scientifi-que”. Ces thèmes seront examinés tantpour la période du conflit que pour l’im-médiat après-guerre. Cette approche per-mettra de mieux comprendre ce que l’on aappelé la “culture de guerre” et ses consé-quences sur la société belge d’après 1918.

    En conviant à cette manifestation denombreux chercheurs étrangers, lesorganisateurs visent surtout à bien mettreen perspective les recherches menéesaujourd’hui en Belgique avec les travauxréalisés ailleurs dans le monde. La con-frontation permettra ainsi de mieux souli-gner les nouveaux chantiers de recherchequi s’ouvrent aux historiens de ce débutde siècle. Dans cette optique, le colloqueveillera également à accorder une placeparticulière aux jeunes chercheurs.

    1. Les communautés nationales dans latourmente

    La Belgique de l’intérieur- La mise en place des processus de

    solidarité (CNSA…)- La mobilisation contre l’ennemi (les

    réseaux de résistance…)- Le patriotisme: une valeur partagée par

    tous ?

    - Les rapports avec l’ennemi (viepolitique et syndicale en Belgiqueoccupée, la répression, la collaboration)

    - Les processus discriminatoires à l’égarddes étrangers pendant le conflit et dansl’immédiat après-guerre

    - La répression de la collaboration et lajustice populaire au lendemain duconflit.

    Appel à communications

    Thèmes proposés

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    sLa Belgique de l’extérieur- Les déportés- Les prisonniers- Les réfugiés- L’image de la Belgique dans le monde

    pendant et après le conflitLe front- La justice militaire- Le “shell shock” (traumatismes

    psychiques…)- Les déserteurs- Les permissionnaires- Les anciens combattants dans la société

    d’après-guerre2. Guerre et intimité- La cellule familiale

    Serge Jaumain et Michaël Amara,Université libre de Bruxelles, Sectiond’Histoire / CP 175, 50 av. Roosevelt,1050 Bruxelles (Belgique), tél.: +32-2-6503803, fax: +32-2-6503919, courriel:[email protected] & [email protected]

    - La morale sexuelle- Le choc traumatique du deuil- La gestion de l’absence du “chef de

    famille”- L’impact du conflit sur la situation de la

    femme3. Le monde culturel, artistique,

    scientifique- La perte des repères dans le monde

    intellectuel- L’influence sur la littérature, le théâ-

    tre - Le rôle et l’action de la censure

    allemande- Les tentatives de germanisation de la

    culture

    Comité organisateur

    Michaël Amara (ULB),Serge Jaumain (ULB),

    Benoît Majerus (CEGES),Antoon Vrints (CEGES).

    Comité scientifique

    Adresses de contact

    José Gotovitch (CEGES), Laurence vanYpersele (UCL), Eliane Gubin (ULB),Pierre-Alain Tallier (AGR), Sophie deSchaepdrijver (Pennsylvania StateUniversity), Patrick Lefèvre (MRHM),

    Annette Becker (Paris X-Nanterre etHistorial de Péronne), Alan Kramer(Trinity College Dublin), Gerd Krumeich(Heinrich Heine Universität-Düsseldorf).

    Benoît Majerus et Antoon Vrints,CEGES, Résidence Palace / Bloc E, Ruede la Loi 155 / Bte 2, B-1040 Bruxelles,tél.: +32-2-2874714, fax: +32-2-2874710,courriel: [email protected] &[email protected]

    www.ulb.ac.be/philo/histoire/colloques.html

    Les langues utilisées lors du colloque seront le français, le néerlandais et l’anglais.Les propositions de communications doivent être soumises aux organisateurs avant le30 juin 2002.

    Site Web

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    Info

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    Pendant l’année écoulée, la celluleinformatique du CEGES a surtout travailléau cœur du système. Ainsi, l’OPAC a étéréécrit en profondeur pour rendre possiblela consultation simultanée de plusieursbanques de données Pallas (vous ne vousen serez naturellement pas beaucouprendu compte sur le site du CEGES).On a en outre œuvré intensivement àla réécriture complète du module archi-vistique, dont la nouvelle version seraprête dans le courant du premier semestre2002. Par ailleurs, de nombreux contactsexternes ont été pris dans le but de distri-buer le système sur une grande échelle, cequi devrait se faire à partir de septembre2002, et l’équipe s’est perfectionnéetechniquement à l’occasion de OracleOpenWorld, une manifestation de grandeenvergure pour “DBA’s” et autres tech-niciens de l’informatique organisée par lafirme du même nom à Berlin du 18 au 21juin.

    Pallas a aussi été présenté à la bourse dela Conférence du Patrimoine (Erfgoed-conferentie) tenue au musée des Beaux-Arts d’Anvers les 18, 19 et 20 novembre.Lors de cette conférence, différents grou-pes de travail composés de spécialistesont tenté de formuler des recommanda-tions pour une meilleure définition etgestion du ‘patrimoine’, ainsi que pourles méthodes et les outils qui conviennentle mieux à cet effet. Une de ces nouvellesformes de patrimoine, les créations artisti-ques publiées sur internet, sont ainsi trèsdifficile à ‘saisir’ et à conserver du fait deleur caractère passager et de l’évolutionrapide de la technologie. Enfin, les 26 et27 avril, des discussions ont eu lieu àAmsterdam avec les institutions sœurs àl’étranger (NIOD, IHTP, Institut fürZeitgeschichte) à propos de l’installationet de l’entretien de sites web; on y a enoutre réfléchi aux possibilités d’un projetcommun dans un cadre européen.

    Patrick Temmerman

    Informatique

    APPEL URGENT !

    Le CEGES recherche un objet très commun et pourtant devenutrès rare !

    Nos collections manquent cruellement d’un type d’ouvrage d’une rarebanalité: l’annuaire téléphonique ! Si vous disposez encore d’anciensannuaires datant de la première moitié du 20e siècle, quelle quesoit la région qu’ils recouvrent, ou de tout autre ouvrage comprenantdes listes d’adresses, commerciales ou privées, sachez qu’ils vien-draient à point compléter notre documentation.

    D’avance, un grand merci !Emmanuel Debruyne

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    Instituto de Historia de Cuba, LaHavane, 25-27 avril 2001

    Cuarto Taller Cientifico Internacional, communication “Lassolidaridades internacionales, obreras y revolucionarias del siglo 20”

    L’embargo décrété et maintenu par lesEtats-Unis sur la République de Cuba n’apas eu que des conséquences économi-ques. Les difficultés de communications,la pauvreté en moyens informatiques voireen papier constituent des éléments très ma-tériels qui brident le développement desrecherches et la circulation de celles-ci.Un pays qui a investi prioritairement dansl’éducation et qui connaissait un rayonne-ment intellectuel et artistique incompara-ble en Amérique latine s’est trouvé bloquébrutalement dans son développement. Cesdifficultés ont été un élément déterminantdans le raidissement idéologique qui pèsedésormais lourdement sur la vie intellec-tuelle cubaine. Comme toujours dans lespays où la bataille idéologique fait rage,l’histoire, principalement contemporaine,est placée sous haute surveillance. Touteouverture sur le monde ne peut qu’être bé-néfique à la décrispation, ne peut qu’aiderà diminuer le sentiment de “forteresse as-siégée”, porteur d’agressivité et d’intransi-geance intellectuelle. C’est pourquoi il estimportant de pratiquer une politique deprésence et de répondre aux invitationsdes institutions cubaines de recherche.Cette coopération renforce égalementceux qui se battent au sein de ces institu-tions contre sectarisme et dogmatismes.

    Ayant eu la chance de vivre quelquessemaines à Cuba en 1960, j’ai eu quelquepeine à retrouver en 2001 la ferveur quirégnait alors dans tous les domaines. Fer-veur et rigueur forment souvent un coupleétrange. Au sein de l’Institut d’Histoire de

    Cuba, organisateur du colloque auquelnous étions conviés, la ferveur s’attachaitencore à la parole, la rigueur relevait destechniques de documentation utilisées,sans que les deux correspondent toujours.En clair, le langage militant quelque peusimpliste, s’appuie sur des projets derecherche, de récolte et de classement desarchives dans la tradition scientifique etarchivistique la plus pure. Ainsi l’Institutrassemble les archives de la période révo-lutionnaire, une très grande bibliothèqueet des collections de périodiques qui re-montent au XIXe siècle. Il poursuit l’éla-boration d’une grande histoire de Cubadepuis les origines. Il développe un impor-tant projet d’histoire des femmes, poursuitles recherches sur l’histoire de la classeouvrière et des paysans cubains.

    Conscients des dangers de l’isolement,l’Institut développe un programmesystématique de rencontres et journéesd’études, principalement centrées surl’Amérique latine. Dans ce cadre, au coursdu quatrième atelier scientifique interna-tional tenu fin avril 2001 à La Havane,nous avons présenté, Anne Morelli et moi,une double communication consacrée auxorganisations de solidarité internationaleen Belgique, avant et après la SecondeGuerre mondiale.

    Nous avons pu constater à cette occa-sion, combien la recherche européenneest peu consciente de l’immensité et dela vitalité du domaine historiographi-que hispanique, en particulier latino-américain. Or nous disposons, dans les

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    Bretagne et identités régionalespendant la Seconde Guerre

    mondialeDu 15 au 17 novembre 2001 s’est tenu àBrest, à l’Université de Bretagne occiden-tale, un colloque consacré à la Bretagne etaux identités régionales pendant la Secon-de Guerre mondiale. Organisé par Chris-tian Bougeard, le colloque abordait à lafois la question sous l’angle breton maisaussi par une mise en perspective avecd’autres régions de France et d’Europeoccidentale. Quelque 450 personnes y as-sistaient – le colloque se tenait à ‘bureauxfermés’ – signe d’un intérêt significatif dela société bretonne pour cette période deson histoire. Plus de cinquante ans aprèsles faits, le sujet demeure chargé commeen ont d’ailleurs encore témoigné quelqueséchanges lors de la discussion. C’est quele réveil d’un mouvement breton plutôtprogressiste dans les années soixante abrouillé les cartes et qu’il est des aspectsde l’engagement de militants bretonsdurant l’occupation dont on n’aime guèrese souvenir, voire qu’eux-mêmes ontpréféré oublier.

    La question de l’identité régionale et del’engagement des mouvements autonomis-tes n’est évidemment pas spécifique à laBretagne. Une analyse à l’intérieur desfrontières de l’hexagone et au-delà decelles-ci a montré combien les courantsautonomistes ont, de manière générale, étéconfrontés à des choix similaires même sibien évidemment chaque cas s’inscrit dansun contexte régional et national spécifique.Il s’agit dès lors d’appréhender la questionrégionale non seulement à travers ceux quila posent explicitement – les militants ré-gionalistes – mais aussi à travers les socié-tés de manière générale. C’est ainsi qu’ex-plorant le cas breton, le colloque a porténon seulement sur le mouvement bretonmais aussi sur la société bretonne. Parrapport à l’engagement résistant, celle-cin’est apparue ni décalée ni en pointe parrapport aux autres régions françaises.Malgré les atouts indéniables dont elledisposait, la Révolution nationale n’afinalement guère fait recette en Bretagne,

    “Rencontres L’Histoire en Débat”organisées à Saint-Jacques-de-Compostelle depuis de nombreusesannées, d’une sorte de forum dynami-que multiforme qui nous amène cettehistoriographie quasi à domicile, unesorte de Congrès international desSciences historiques du Monde his-

    panique 1. Les Cubains en sont partieprenante.

    Il y aurait là occasions à saisir pour leshispanistes. En ce qui concerne Cuba,nous encourageons tous nos collègues àfaire parvenir tra